396 OEIL
furface eft Toupie , drapée 6c couverte d’une liqueur
baveufe 6c gluante : tout cela la rend propre à s’in-
linuer dans les moindres inégalités des rochers, auxquels
ce poiffon s’attache li fortement, que ne pouvant
lui faire lâcher prife , on fe fert d’un couteau
pointu pour l’en détacher.
Ce mufcle eft coriace , épais d’environ trois lignes
, & long ordinairement d’un pouce , tout fem-
blable au mufcle peftoral des limaçons de terre : la
furface intérieure du mufcle peéloral de l'ail de bouc
eft lifte , luifante , creufée en gouttière, au fond de
laquelle eft placée un tendon qui'le fépare en deux
ventres, 6c auquel vient aboutir de chaque côté un
plan de fibres tranfverfes, chargé verticalement des
libres qui forment le mufcle : ce même mufcle eft
entouré d’une bordure ou fraife, laquelle fe meut
fort vite indépendamment du mufcle , lorfqu’on la
pique ; elle eft compofée , quelque mince qu’elle
l'oit, de fibres tranfverfes , rangées du centre à la
circonférence ; ce qui pourroit faire foùpçonner ,
qu’elle feroit détachée, fi par fon tendon elle n’étoit
auffi adhérente qu’elle l’eft à la coquille ; car pour
l ’en détacher , il faut la cerner entièrement avec
un couteau.
La tête du poiffon fort d’une efpece de coëffe frangée
6c frifée, produite par l’allongement de la frai-
lé dont on vient de parler ; cette tête qui reffcmble
en quelque maniéré à celle d’un petit cochon , a
quatre ou cinq lignes de longueur, fur moitié moins
de largeur , arrondie par-deffus, terminée par une
bouche roufsâtre , large de deux lignes, 6c bordée
d’une groffe levre. Des côtés du front fortent deux
cornes qui s’allongent 6c fe racourciffent à-peu -
près comme celles des boeufs.
Les autres parties de cet animal font renfermées
dans un fa c , où l’oefophage vient aboutir; ce fac
long d’environ un pouce 6c demi, large de neuf ou
dix lignes , arrondi fur le dos , rétréci vers la tête ,
eft tout-à-fait couché fur la gouiiere du mufcle pectoral
, 6c renferme une fubftance mollaffe , bonne à
manger, parfemée de vaiffeaux noirâtres , dans laquelle
l’oefophage s’allonge en un conduit courbé
en plufieurs finuofités.
Le mufcle peftoral tient lieu de jambes 6c de pies
à ces animaux , de même qu’à tous les limaçons 6c
à tous les poiffons , dont la coquille eft d’une feule
piece. Lorfque les yeux de bouc veulent avancer, ils
appuient fortement fur le bord anterieur de ce mufcle
; c’eft le point fixe vers lequel tout le refte du mufcle
qui eft dans le relâchement eft amené , au lieu
que lorfqu’ils veulent reculer , ils fe cramponnent
fortement fur le bord poftérieur du même mufcle;
6c alors le devant qui eft dans l’inaélion eft obligé
de s’approcher vers cette partie , où le point d’appui
fe trouve dans ce tems-là.
Nous renvoyons au mot patelle à établir le caractère
eftëntiel de ce genre de coquillage qui forme la
première famille des coquilles univalves , & là nous
en indiquerons les différentes efpeces. Voyer Patelle.
( D . J . )
OE il d e boe u f , (P h y f ) le cap de Bonne-Efpé-
rance eft fameux par fes tempêtes, 6c par le nuage
fingulier qui les produit; ce nuage ne paroît d’abord
que comme une petite tache ronde dans le ciel ? &
les matelots l’ont appelle oeil de boeuf. De tous les
voyageurs qui ont parlé de ce nuage, Kolbe paroît
être celui qui l’a examiné avec le plus d’attention ;
voici ce qu’il en dit, tome I. pag. 224. & fuivantes
de la deferiptiondu cap de Bonne-Efpéranee. « Le
» nuage que l’on voit fur les montagnes de là Table,
» ou du Diable, ou du V ent, eft compofé, fi je ne
» me trompe, d’une infinité de petites particules
» pouffées, premièrement contre les montagnes du
h cap, qui font à l ’e ft , par les vents d’eft qui re-
OE I L
» gnent pendant prefque toute ftannée dans la zone
torride ; ces particules ainfi pouffées font arrêtées
» dans leurs cours par ces hautes montagnes, 6c fe
» ramaffent fur leur côté oriental ; alors elles de-
» viennent vifibles 6c y forment de petits-monceaux
» ou affemblages de nuages, qui étant inceffamment
» pouffes par le vent d’eft, s'élèvent au fommet de
» ces montagnes ; ils n’y relient pas long-tems tran-
» quilles 6c arrêtés, contraints d’avancer , ils s’en-
» gouffrent entre les collines qui font devant eu x,
» où ils font ferrés 6c preffés comme dans une ma-
» niere de canal, le vent les preflë au - deffous , 6C
» les côtés oppofés de deux montagnes les retien-
» nent à droite 6c à gauche ; lorfqii’en avançant
» toujours ils parviennent au pié de quelque monta-
» gne où la campag+ie eft un peu plus ouverte, ils
» s’étendent, fe déploient, 6c deviennent de nou-
» veau invifibles ; mais bien-tôt ils font chaffés fur
» les montagnes par les nouveaux nuages qui lont
» pouffés derrière eu x, 6c parviennent ainfi, avec
» beaucoup d’impétuofité, fur les montagnes les
» plus hautes du cap , qui font celles du Vent 6c de
» la T ab le , où régné alors un vent tout contraire ;
» là il fe fait un conflit affreux, ils font pouffés par-
» derrière 6c repoulfés par-devant, ce qui produit
» des tourbillons horribles, foit fur les hautes mon-
» tagnes dont je parie, foit dans la vallée de la Table
» où ces nuages voudroient fe précipiter. Lorfque
» le vent de nord-oueft a cédé le champ de bataille,
» celui de fud- eft augmente 6c continue de fouffler
» avec plus ou moins de violence pendant fon feme-
» ftre ; il fe renforce pendant que le nuage de l'oeil
» de boeuf eft épais, parce que les particules qui vien-
» nent s’y a ma fier par derrière, s’efforcent d’avan-
» cer; il diminue lorfqu’il eft moins épais, parce
» qu’alors moins de particules preffent par derrière ;
» il baille entièrement lorfque le nuage ne paroît
» plus, pareequ’il ne vient plus de l’eft de nouvelles
» particules, ou qu’il n’en arrive pas affez; le nuage
» enfin ne fe diflipe point, ou plutôt paroît tou-
» jours à-peu-près de la même groffeur, parce que
» de nouvelles matières remplacent par-derriere
» celles qui fe difiipent par devant.
» Toutes ces circonftances du phénomène condui-
» fent à une hypothèiè qui en explique fi bien tou-
» tes les parties ; i ° . derrière la montagne de la
» Table on remarque une efpece de fentier ou une
» traînée de légers brouillards blancs, qui commen-
» çant fur la delcente orientale de cette montagne,
» aboutit à la mer, 6c occupe dans fon étendue les
» montagnes de Pierre. Je me fuis très-fouvent oc-
» cupé à contempler cette traînée qui, fuivant m oi,
» étoit caufée par le paffage rapide des particules
» dont je parle, depuis les montagnes de Pierre juf-
if qu’à celle de la Table.
» Ces particules, que je fuppofe, doivent être
» extrêmement embarraffées dans leur marche, par
» les fréquens chocs 6c contre-chocs caufés, non-
» feulement par les montagnes, mais encore par les
» vents de fud 6c d’eft qui régnent aux lieux circon-
» voifins du cap ; c’eft ici ma fécondé obfervation :
» j’ ai déjà parlé des deux moniagnes qui font fituées
» fur les pointes de la baie Falzo, ou fauffe baie;
» l’une s’appelle la Lèvre pendante, 6c l’autre Norvège,
»Lorfque les'part*cu^es cll,e je conçois font pouffées
» fur ces montagnes par les vents d’eft, elles en font
» repouffées par les vents de fud, ce qui les porte fur
» les .montagnes voifines ; elles y font arrêtées pen-
» dant quelque tems 6c y paroiffent en nuages, com-
»me elles le faifoient fur les deux montagnes de la
» baie Falzo, 6c même un peu davantage. Ces nuages •
» font fouvent fort épais fur la Hollande hottentote.,
» fur les montagnes de Stellenbolch, de Drakenf-
OE I L
» tein, 8c de Pierre * mais fur- tout la rtiorttâgne dé
« la Table & fur celle du Diable.
»Enfin, ce qui confirme mon opinion, eft que
» conftamment deux ou trois jours avant que les
» vents de fud-eft fouffLent, on apperçoit fur la tête
» du lion de petits nuages noirs qui la couvrent ;
» ces nuages font, fuivant moi, compofés des par-
» ticules dont j’ai parlé ; fi le vent de nord-oueft
» regne encore lorfqu’iis arrivent , ils font arrê-
» tés dans leur courfe , mais ils ne font jamais
» chaffés fort loin julqu’à ce que le vent de fud-eft
»commence».
OE il DE CHAT, ( Hiß. nat. Minéral.) oculus cuti,
oculus folis, oculus beli, bellochio, c’eft une efpece
d’opale, affez tranfparente, ordinairement d’un
jaune verdâtre ou d’une couleur rougeâtre 6c changeante
, femblable à celle de la prunelle de Yoeil d’un
chat; tenue au jour & remuée elle femble darder
un rayon de lumière. Quelquefois par des accidens
heureux on trouve une tache^noire ou d’une autre
couleur, accompagnée de plufieurs cercles concentriques
, au milieu de cette pierre, ce qui la fait
encore plus reffembler à un oeil: fouvent auffi les
Jouailliers ont des fecrets pour aider la nature , 6c
pour perfectionner cette refl’emblance qu’elle n’a-
yoit fait qu’ébaucher.
Les anciens litographes, à qui les noms ne coii-
toient rien, ont appellé erytrophtalmus les pierres
dans lefquelles il fe trouvoit un cercle rouge ; quand
ce cercle étoit gris ou blanc ils ont nommé la pierre
leucophtalmus ; lorfqu’il y avoit deux yeux repré-
fentés fous la même pierre, ils l’ont appellée dio-
phtalmus : c’eft ainfi qu’ils ont auffi nommé cegro*
phthalmus 6c lycophtalrnus les pierres fur lefquelles ils
ont v u , ou cru voir la reffemblance d’un oeil de chèvre
ou de loup. (—)
. OEil du monde , (Hiß. nat.Minéralogie.') oculus
mundi, lapis mutabilis, pierre précieufe qui eft une
yraie onyx à qui elle reffemble par fa couleur qui
eft auffi celle d’un ongle.
On dit que cette pierre, qui a peu de tranfparen-
c e , préfente un phénomène fingulier ; fi on la laiffe
dans l’eau pendant quelques minutes, elle devient
beaucoup plus tranfparente qu’auparavant, 6c au-
lieu d’êire d’un gris pâle, elle paroît alors d’une couleur
jaunâtre, à-peu-près comme celle de l’ambre;
auffi-tôt qu’elle a été retirée de l’eau 6c fechée, elle
redevient opaque comme auparavant : on prétend
que cette pierre ne fe trouve qu’à la Chine. (—)
OEil de serpent, (Hiß. nat. ) en italien occhio
di ferpe, nom donné par quelques auteurs à la pierre
appellée bufonito ou crapaudine. Voyez cet article.
OEil , (Métallurgie.) ou appelle ainfi dans les
fonderies de métaux une ouverture qui eft au bas
du fourneau, par laquelle la matière fondue s’écoule
pour être reçue dans le baffin qui eft au-deffous.
Pendant la fufion le trou fe bouche avec un mélange
de glaife & de charbon ; lorfque la fonte eft
achevée 6c que la matière eft bien fluide , on perce
cet oeil avec une barre de fer. Quelquefois on fond
par l'oeil : c’eft-à-dire on ne bouche, point ce trou,
& on laiffe découler le métal fondu à mefure qu’il
fe fond: cela convient fur-tout aux métaux qui fe
calcinent aifément, comme le plomb ou l’étain.
Voye^ Étain & Plomb. (—)
OE i l , ( Architeci. civile. ) nom général qu’on
donne à toute fenêtre ronde prife dans un fronton,
un attique , ou dans les reins d’une voûte, comme
il y en a , par exemple, aux deux berceaux de la
grande falle du palais à Paris.
, OEil de boeuf, petit jour pris dans une couverture,
pour éclairer un grenier ou un faux comble, fait de
plomb ou de poterie : on appelle encore oeil de boeuf
les petites lucarnes d ’un dôme , telles qu’il y en a ,
oe i l m
par exerhpîé, à celui de faînt Pierre dè Retiré ; qui
en a quarante-huit en trois rangs;
OEil de dôme, c’eft l’ouverture qui eft au haut de
là coupe d un dôme , comme au Panthéon-à Rome ^
6c qu on couvre le plus fouvent d’une lanterne*
ainfi que la plupart des dômes;
OEil de volute, c’eft le petit cercle du milieu de la
volute ionique, ou 1 on marque les treize centres
pour en.décrire Jes circonvolutions.
OEil de pont, terme d’architefture hydraulique ;
nom qu’on donne à de certaines ouvertures rondes
au-deffus des piles, & dans les reins des arches d’un
pont, qu’on fait autant pour rendre l’ouvrage léger
que pour faciliter le paffage des groffeseaux, telles
qu’il y en a , par exemple, au pont neuf de la ville
deTouloufe, 6c à ceux que Michel-Ange a bâtis fuf
l’Arno, à Florence. Daviler. (D . J .)
OE il d e p ie , (Marine. ) ce font les trous ou oeib
lets qu’on fait le long du bas de la voile au - deffus
de la ralingue, pour y paffer des garottes de ris. ( Z )
CEILS-YEUX, ou trous de la voile de fivadiere, ce
font deux trous aux deux points d’en-bas de la fiva*
diere , par où s’écoule l’eau que la mer jette dans
la fivadiere. ( Z )
OE il , terme de Manufacture, fe dit du luftre 8c de
l’eelat des marchandifes d’une certaine beauté extérieure
qhi frappe la vu e , 6c qui ne fait pourtant
pas la plus grande perfeflion. Néanmoins comme
l’on eft fouvent plus touché de Yoeil 6c du luftre
d’une étoffe que de fa bonne fabrique, c’en eft aufti
une des meilleures qualités pour le débit, 6c fi les
ouvriers doivent être attentifs à donner cet oeil à
leurs ouvrages, les marchands ne doivent pas
moins l’être à le leur conferver. (D .J . )
OE i l , terme d'Artifans, ce mot s’entend des trous
qui fervent à emmancher plufieurs de leurs outils,
comme Yoeil d’un marteau, d’un pieu, d’un houe,
d’une pioche, d’un déceintroir, d’un têtu, bc*
On dit auffi Y oeil d'un étau, pour fignifier le trou
par où paffe fa vis ; 6c Y oeil d'une louve, infiniment
de fer qui fert à élever des pierres de taille, pour
dire le trou par où pafl'e l’effe du cable.
L'oeil, d'une meule à moulin , eft le trou qu’elle a
dans fon centre.
Les grues, les engins, les chevres, & autres fem->
blables machines à élever des fardeaux, ont aufti
leurs y eu x, ce font les trous par où paffent les cables.
(D . J . )
OEi l , en terme d'Eperonnier, font des trous qui
terminent chacune des branches d’un mors par en-
haut de quelque efpece que ce mors foit, à gorge
de pigeon, à canne, &c. c ’eft dans ces yeux que
paffent la gourmette 6c deux corroyés de cuir qui
arrêtent le mors fur la tête du cheval en fe paffant
derrière les oreilles. Voye^ G o u r m e t t e , &c. Voyeç
les planches de ÜEperonnier.
OE il des caractères d'Imprimerie ; on entend par
oeil la figure de la lettre qui fe trouve à un des deux
bouts du corps: on dit d’un caraélere qu’il eft gros
ail ou petit oeil, parce que fur un même corps on y
fond des lettres un peu plus ou moins groffes qui fe
diftinguent par gros ou petit ail. Voye£ OE il , impr.
OE i l , en terme de Fourbiffeur, c’eft la partie d’une
garde qui eft entre la poignée & la plaque. On la
nomme auffi quelquefois corps.'Elle fe termine en
bas par une batte. Voye[ Ba t t e .
OE il d ’u n RESSORT , s’entend parmi les Horlô*
gers , d’une fente longue faite à chacune des extrémités
du grand reffort d’une montre ou d’une pendule
pour le faire tenir aux crochets du barillet & de
fon arbre. Voye[ Ba r il l e t , A r b r e d e b a r i l l e t ,
R e s s o r t , &c.( T )
OE i l , terme de Joaillerie; ce mot fignifie> en
ftyle de Lapidaire, le brillant 6c l ’éclat des pierres ,