a N
Enfin on peut demander pourquoi I*on a inféré un
n euphonique dans les cas mentionnés, quoiqu’on
ne l’ait pas inféré dans les autres où l’on rencontre
le même hiatus. C ’eft que l’hiatus amene une interrogation
réelle entre les deux fons confécutifs ,
ce qui femble indiquer une divifion entre les deux
idées : or dans les cas où l'ufage inféré un n euphonique
, lès deux idées exprimées par les deux mots
font fi intimement liées qu’elles ne font qu’une idée
totale ; tels font l’adjeélif & le nom, le fujet & le
verbe, par le principe d’identité; c ’eft la même
chofe de la prépofition 6c de fon complément, qui
équivalent en effetà un feul adverbe ; & l’adverbe
qui exprime un mode de la lignification objeftivedu
verbe, devient auffi1 par-là une partie de cette lignification.
Mais dans les cas où l’ufage laifle fubfifter
l’hiatus, il n’y a aucune liaifon femblable entre les
deux idées qu’il fépare.
On peut par les mêmes principes , rendre raifon
de la manière dont on prononce rien, l’euphonie fait
entendre 1 articulation ne dans les phrafes fui vantes:
je n'ai rien appris , il n'y a rien à dire, rien efi-il plus
étrange? Je crois qu’il feroit mieux de lailfer l’hiatus
dans celle-ci, rien, abfolument rien , n'a pu le dé-
terminer.
3°. Le troifieme ufage de la lettre n , eft d’être
un caraélere auxiliaire dans la repréfentation de
1 articulation mouillée que nous figurons par gn, 6c
les Efpagnols par n : comme dans digne, magnifique,
régné y trogne ,& c . II faut en excepter quelques noms
propres, comme Clugni, Regnaud, Regnard, où n a
fa lignification naturelle, 6c le g eft entièrement
muet.
Au refte je penfe de notre gn mouillé, comme du
/ mouillé; que c’eft l’articulation n fuivie d’une
diphtongue dont le fon prépofitif eft un i prononcé
avec une extrême rapidité. Quelle autre différence
trouve-t-on, que cette prononciation rapide, entre
il dénia y denegavit, & il daigna, dignatus ejl j entre
cérémonial ôcjtgnal ; entre harmonieux 6c hargneux ?
D ’ailleurs l’étymologie de plufieurs de nos mots où
il fe trouve gn, confirme ma conjeélure , puifque
1 on voit que notre gn répond fouvent à ni fuivi
d’une voyelle dans le radical ; Bretagne de Britan-
nia ; borgne de I italien bornio ; charogne ou du grec
Xyüv/ct, lieu puant, ou de l’adjeôif faÛice caro-
mus , dérivé de caro par le génitif analogue caronis
fyncopé dans carnis, &c.
4°. Le quatrième ufage de la lettre n eft d’être
avec le t , un figne muet de la troifieme perfonne du
pluriel à la fuite d’un e muet ; comme ils aiment ils
aimèrent, ils aimeroient, ils aimoient, 6cc.
capital fuivi d un point, eft fouvent l’abregé
du mot nom, ou nomen, & le figne d’un nom propre
qu’on ignore, ou d’un nom propre quelconque qu’il
faut y fubftituer dans la le&ure.
En termes de Marine, N lignifie nord-, N E , veut
dire nord-efi ; N O , nord-ouefi; N N E , nord-nord-
ejl i N N O , nord-nord-oueft; E N E , eft-nord-efl •
O N O , ouejl-nord-ouejl.
N fur nos monnoies, défigne celles qui ont été
frappées à Montpellier.
N chez les anciens , étoit une lettre numérale qui
figmfioit 900, fuivant ce vers de Baronius :
N quoque nongintos numéro dejîgnat habendos.
Tous les lexicographes que j’ai confultés , s’accordent
en ceci, 6c ils ajoutent tous que N avec une
barre horifontale au-deflus, marque 9000; ce qui
en marque la multiplication par 10 feulement, quoique
cette barre indique la multiplication par 1000, à
l’égard de toutes les autres lettres ; & l’auteur de la
méth. lat. de. P. R. dit expreffément dans fon Recueil
4 obfervationsparticulières, chap. I I . num.iv. qu’il y en
N A B
a qui tiennent que lorfqu’il y a une barre fur les
chiffres, cela les fait valoir m ille, comme V ,X , dnq-
nulle dix-mille. Quelqu’un a fait d’abord une faute
dans I expofition, ou de la valeur numérique de N
feule, ou de la valeur de N barré ; puis tout le monde
a répété d après lui fans remonter à la fource. Je
conjeûure, mais fans l’affurer, que £<=900000 félon
la réglé générale. (B . E. R. M.)
N, dans le Commerce, ainfi figurée N°. fignifie en
abrégé numéro, dans les livres des Marchands, Banquiers
& Negocians. N. C . veut dire notre compte.
v °y*{ Abréviation. (G )
N w N ’>XEcriture-) cette lettre confiderée par rapport
à fa figure, a les mêmes racines que Vm. Aoyer-
en la définition à la lettre m, ainfi que la méthode de
fon operation.
N DOUBLE , en terme de Boutonnier, un ornement
ou plutôt un rang de bouillon qui tombe de chaque
cote d'une cordeliere ou d’un epi fur le rofta^e, 6c
qui avec 1 epi ou la cordeliere, forme à-peu-près la
figure de cette lettre de l’alphabet. VoyeÆvi ,Cor-
deliere & Bouillon.
N A
NA ou N A G I , fubft. m. (Hijl. at. Botan.') efpe-
ce,^e laurier fort rare qui paffe au Japon pour un
arbre de bon augure. Il conferve fes feuilles toute
I année. Des forêts oh la nature le produit, on le
tranfporte dans les maifons, & jamais on ne l’expo-
fe à la pluie. Sa grandeur eft celle du cerifier : le
tronc en eft fort droit ; fon écorce eft de couleur bai-
obfcur; elle eft molle, charnue, d’un beau verd
v aP-s . Pefites branches , 6c d’une odeur de fapin
balfamique : fon bois eft dur, foible& prefquefans
fibres; fa moelle eft à-peu-près de la nature du champignon,
6c prend la dureté du bois dans la vieilleffe
de 1 arbre. Les feuilles naiffent deux-à-deux, fans
pédicule ; elles n’ont point de nerfs, leur fubftance
eft dure ; enfin elles reffemblent fort à celles du laurier
d Alexandrie. Les deux côtés font de même couleur,
liffes , d’un verd-obfcur avec une petite couche
de bleu tirant fur le rouge, larges d’un grand
pouce 6c longues à proportion. Sous chaque feuille
fortent trois ou quatre étamines blanches,courtes,
velues, mêlées de petites fleurs qui laiffent, en tom- '
bant, une petite graine rarement dure, à-peu-prês
de la figure d’une prune fauvage, & d’un nair-pur-
Pu™ dans matunté : la chair en eft infipide & peu
epaiile. Cette baie renferme une petite noix ronde
de la groffeur d’une cerife, dont l’écaille eft dure 6c
pierreufe, quoique mince 6c fragile. Elle contient
un noyau couvert d’une petite peau rouge, d’un
goût amer 6c de figure ronde, mais furmonté d’une
pointe qui a fa racine dans le milieu du noyau
meme. J
. NAANSI , ( Géog. ) peuple nombreux de l’Amé-
nque feptentriïSnale, auprès des Nabiri, entre les
Dents & les Cacodatjjjtos;* t-.*
. N AAS, (fiéog.) petite ville d’Irlande dans la pro-
vince de Leinfter, au comté de Kildare , proche la
j , », nord-eft de Kildare. El|e«envoie deux
députés au parlement de Dublin. Long. n . z. lotit
NA A T S M E „nt. Botan. ) c’eft un arbre
du lapon qui eft une efpece de paliurus, que
Koempfer prend pour celui de M M Son
fruit eft de la groffeur d’une prune & d’un goût auf-
tere. On le mange confit au lucre. Son noyau, eft
pointu aux deux extrémités.
NAB, ( Géog. ) riviere d’Allemagne ; elle fort des
montagnes de Pranconie, traverle Ie.palatinat de
Bavière & le duché de Neubourg , & va fe jetter
( o s/ ) Danube un peu au-<leffus de
N A B
NABAB, f. m. ( Hiß, mod, ) c’eft le nom que l’on
donne dans l’Indouftan aux gouverneurs prépofés à
une ville ou à un diftrifl: par le grand-mogol. Dans
les premiers tems ce prince a conféré le titre de nabab
à des étrangers : c’eft ainfi que M. Dupleix, gouverneur
de la ville de Pontichery pour la compagnie
des Indes deFrance, a été nommé nabab ou gouverneur
d’Arcate par le grand-mogol. Les gouverneurs
du premier ordre fe nomment foubas ; ils ont plufieurs
nababs fous leurs ordres.
NABAON, ( Glogr. ) petite riviere de Portugal
dans l’Eftramadure ; elle fe décharge dans le Zézar,
un peu avant que ce dernier mêle fes eaux avec
celles du Tage.
NABATHÉENS, f. m. pl. (Géog. anc.) en latin
Nabathoei , peuples de l’Arabie pétrée, dont il eft
beaucoup parlé dans l’Ecriture. Diodore de Sicile
Uv. X I . ch. xlviij. après avoir vu que l’Arabie eft
fituée entre la Syrie & l’Egypte, & partagée entre
différens peuples, ajoute que les Arabes Nabathai
occupent un pays defert qui manque d’eau, & qui
ne produit aucun fruit, fi ce n’eft dans un très-petit
canton. Les Nabathéens habitoient, félon le même
auteur, aux environs du golfe Elanitique , qui eft à
l’occident de l’Arabie, & en même tems dans l’Arabie
pétrée. Strabon , livre X V I . 6c Pline, liv. VI.
ch. xxviij. difent que la ville de Petra leur apparte-
noit. Jofephe, antiquit. liv. X I I I . ch. j x . nous apprend
que Jonathas Machabée étant entré dans l ’Arabie
, battit les Mabathéens 6c vint à Damas.
N A B E L , ( Géogr. ) autrement Nebel ou Nabis,
comme les Maures l’appellent ; petite ville ou plutôt
bourgade, de l’Afrique, dans la feigneurie de la
Goulette. C ’étoit autrefois une ville très-peuplée,
& on n’y trouve aujourd’hui que quelques payfans.
Ptolomée, l. IV. c. iij. en fait mention fous le nom
de Neapolis colonia ; les habitans la nomment encore
Napoli de Barbarie. Les Romains l ’ont bâtie ; elle eft
fituée près de la mer Méditerranée , à trois lieues
de Tunis , vers l’orient. Long. z8. 24. lat. jtT. 40.
NABIANI, ( Géog. anc. ) peuples errans de Sar-
ntatie afiatique, félon Strabon, qui les place fur le
Palus-méotide.
NABIRI, CGéog. ) peuple de l’Amérique fepten-
trionale dans la Louifiane ; il habitoit au dernier fie-
cle auprès desNaanfi, mais il s’eft retiré plus bas au
nord de la riviere Rou ge, & il a maintenant changé
de nom. ( D . / .)
NABLUM,f. m. ( Mufique des Hébreux. ) en hébreu
;lêbelf infiniment de mufique chez les Hébreux.
Les feptante & la vulgate traduifent quelquefois ce
mot par pfaltérion, lyra, cythara , & plus communément
par nablunï. C ’étoit , à ce que conjeâurent
quelques critiques, un infiniment à cordes, approchant
de la forme d’un A , dont on jouoit des deux
mains avec une efpece d’archet. V sye[ la dijfertation
du P. Calmet fur les inftrumeris de mufique des anciens
Hébreux. ( D . J. )
N ABO, f. m. ( Mythol.') ou Nebo; grande divinité
des Babyloniens , laquelle tertoit le premier
rang après Bel. Il en eft parlé dans Ifaïe , ch. xlviij.
Voflius croit que Nabo étoit la lune, & Bel le fo-
leil ; mais Grotius penfe que Nabo avoit été quelque
prophète célébré du pays, & ce fentiment feroit conforme
à l’étymologie du nom, q u i, félon S. Jérôme,
fignifie celui qui préfide à la prophétie. Les Chaldéens
& les Babyloniens , peuples entêtés de l’Aftrologie,
pouvoient bien avoir mis au rang de leurs dieux un
homme fupérieur en cet art. Quoi qu’il en foit, la
plupart des rois de Babylone portoient le nom de ce
dieu joint avec le leur propre. Nabo-Naffar, Nabo-
poiaffar, Nabu fardan, Nabu-chodonofor, &c. Au
refte leNabahas des Héviens étoit le même dieu que
Nabo. ( D . J .)
Tome X I .
N A C 3
Nabo , ( Géog. ) ou Napon, cap du Japon que les
Hollandois nomment cap de Gorét. C’eft le plus fep-
tentrional de la côte orientale de la grande île Ni-
phon , par les 39*. 45'. de lat. nord. (D . J .)
NABONASSAR, ( Chronologie. ) L’ere de Nabo-
naffar eft célébré : nous ne favons prefque rien de
l’hiftoire de ce prince, finon qu’il étoit roi de Babylone
, & qu’on l’appelloit auffi Belefus,quoique fuivant
quelques auteurs il foit le même que le Baladan
dont il eft parlé dans Ifaïe, xxxjx. & dans le fécond
livre des rois , x x . 12. Quelques-uns même conjecturent
qu’il étoit mede , & qu’il fut élevé fur le
trône par les Babyloniens, après qu’ils eurent fecoué
le joug des Medes.
Le commencement du régné de ce prince eft une
époque fort importante dans la Chronologie, par la
raifon que c’étoit, félon Ptolemée, l’époque du commencement
des obfervations aftronomiques des
Chaldéens ; c’eft pour cela que Ptolemée & les autres
aftronomes commencent à compter les années à l’ere
d eNabonaffar. /^ « {A stronomie.
Il réfulte des obfervations rapportées par Ptolomée
, que la première année de cette ere eft environ
la 747e année avant Jéfus-Chrift, 6c la 3967e de la
période Julienne. Voye{ Epoque.
Les années de cette époque font des années égyptiennes
de 365 jours cnacune, commençant au 29
Février & à midi, félon le calcul des Aftronomes.
Voyci Année. ( G )
NABO TH, oeuf de, ( Anat.') Naboth , profef-
feur de Medecine dans l’univeruté de Léïpfick , a
découvert une efpece d’ovaire près du cou de la matrice,
& on l ’appelle oeuf de Naboth. Nous avons de
lui une differtation intitulée, Mart. Naboth defierili•
tate. Léïpf. 1707. ( Z )
NACARAT, f. m. & adj. ( Teinture. ) rouge clair
6c uni. Les nacarats appelles de bourre, font teints de
gaude & de bourre de poil de chevre, fondue avec
la cendre gravelée, 6c il eft défendu d’y employer
le fuftel.
NACCHIVAN, ( Géog. ) ville d’Arménie, capitale
de la province de même nom. Elle étoit autrefois
très-confidérable, mais Amurath la ruina. On
peut en juger de fon ancienne grandeur par le grand
amas de fes débris. Il n’y a que le centre de la ville
qui foit rebâti : il contient un millier de maifons,avec
des bazars remplis de boutiques de diverfes marchan-
difes. Nacchivan fert de titre à l’archevêque des Arméniens
catholiques. Les Dominicains font leurs feuls
eccléfiaftiques, 6c c’eft parmi eux qu’ils choifjffent
l’archevêque : le pape confirme fon élection. Longit.
marquée fur les aftrolabes perfans, eft de Si. 3 4 .
lat. 38. 40. ( D . J. )
NACELLE, f. f. ( Anat. ) c’eft la cavité qui eft
entre les deux circuits de l’oreille, l’extérieur qui fe
nomme kelice ou hélix , 6c l’intérieur, qui fe nomme
anthelice ou anthelix. Dionis dit de la nacelle que c ’eft
la plus grande cavité de l’oreille.
N a c e l l e , ( Architecture civile. ) On appelle
ainfi dans les profils un membre quelconque, creux
en demi-ovale, que les ouvriers nomment gorge. On
entend encore par nacelle la feotie. Voyer Scotie.
c-0 - ' - ) . g Nacelle, ( Marine.) petit bateau qui n’a ni
mâts ni voiles, & dont on fe fert pour paffer une
riviere. ( Q )
NACHÉS, ( Géogr. ) peuples de l’Amérique fep-
tentrionale dans la Louifiane. Voye{ Natchés.
NACHSHAB, ( Géog. ) ville de la grande Tarta-
rie , dans le Mawaralnahar, fur la frontière , dans
une plaine. Les Arabes la nomment Nafaph. Sa Ion-
gitude, fuivant Albiruni, eft 88. 10. lat. 3 9 . S o . .
NACOLEIA , (Géogr. anc. ) ville de la grande
I Phrygie, félon Strabon 6i Ptolomée. Etienne le géo^
A ij