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de foin , les moyens clairvoyans s’appercevroient I
de l’artifice. . . . . .
Si l’on a perdu le globe de l’oeil par extirpation,
la cavité de l’orbite eft plus ou moins remplie d une
chair vermeille dont les bourgeons ont ete tournis
nar les grailles qui entouroient l’oeil extirpe. Dans
ce cas F mil artificiel doit avoir poftérieurement une
furface plus ou moins convexe ; ordinairement U
lui faut à-peu-près la figure d’un noyau d abricot,
mais fi les chofes, étoient difpofees de façon que rien I
ne pût tenir dans l’orbite , il y auto.J encore une
reflourcepour éviter le defagrément d etre défiguré,
faute de pouvoir faire ufage d un ml artificiel. Am,
broife Paré a prévît ce cas ; il fait porter 1 ad artificiel
à l’extrémité d’un fil de fer applatti & couvert
de ruban qui paffera par-deffus l’oreille & autour de
la moitié de la tête. Dans le cas où l’on, anroit ete
obligé d’extirper les paupières cancereufes avec
l ’oe i l , ou en confervant l’oeil fain, on pourroit, au
lieu d’une lame d’acier élaftique, porter un oeil gar- |
ni de paupières, ou feulement de paupières artifi- I
cielles.Le befoin fuggérera tous les artifices capa-
blés de réparer les difformités. . , .
CEil simple , terme de Chirurgie , bandage con- I
tentif pour l’oeil. Voyt{ Mono cu le. I
OEil double , terme de Chirurgie, bandage contentif
pour les deux yeux. Pour faire ce bandage,
après avoir appliqué fur les yeux les plumaceaux,
compreffes & autres, peees d’appareil neceffaires,
on prendunebande.de quatre .à cinq aunes de long,
roulée I deux chefs. Lé plat de la.bande s applique
fur le front ; on conduit le globe qui eft dans chaque
main à la nuque où on les croife ; on les change de, J
main, on revient de chaque cote par-deffousil o-
reille, fur la joue ; on monte obliquement croiier la
bande au-deffus de la racine du nez I en Rangeant
encore les globes de main ; on conduit la bande de
chaque côté fur les parties latérales de la tete, on
v a croifer à la nuque; on revient en devant en tai,-
fant un doloire fur la joue, & on continue pour faire
comme auparavant un troifieme doloire, & on fimt
la bande par des circulaires autour de la tète, qui
affermiffent & foutiennent les tours de bande qui
ont paffé obliquement fur les pariétaux & fur les
joues pour couvrir les deux y.eux. Voyei nos r i . de
jChirUrzie. ( Y') . a -
OEil des in s e c t e s , l’ , {Hijl.nat. des Infectes.)
organe de la vûe des infichs. La plupart des înlec-
tes ont la. faculté de voir ; leurs yeux font de for-
me très - différente : les uns ont le luftre & prel-
que toute la rondeur des perles ; les autres font he-
înifphériques, comme font ceux des gçillons lauva-
«es ; & d’autres tiennent de la fpheroide, I
B Ils n’ont pas tons la même couleur ; 1 on voit plu-
fieurs papillons qui ont. les yeux blancs comme la
neige; ceux des araignées font tou t-à - fa it noirs ;
ceux des pucerons de noifetiers . font couleur d ambre
jaune ; l’éclat de ceux des petites demoifelles ,
eft femblable à celui de l’o r ; ceux des fauterelles
vertes ont la couleur d’une émeraude ; ceux des
pucerons de tilleul, font Comme du vermillon. Il y
en a une autre efpece qui les ont d’un rouge brun
de jafpe : enfin, l’on en voit dont les y eux ont autant
de feu & d’éclat, que ceux des chats pendant
la nuit. La plupart perdent peu-à-peu après la mort,
le brillant de ces couleurs ; elles en viennent meme
au point de fe ternir totalement ; c’eft ce qu’il eft
bon de favoir, afin qu’on ne fe figure pas que les
yeux des infeôes vivans foient femblables auxyeux
ternis des infeûes morts que l’on trouve dans les cabinets.
I «
Il n’eft pas furprenant qu’ils fe ternilient totalement
; la cornée tes yeux des infeftes eft écailleu-
fe U tranfparante comme le verre. Ce ne font que
les humeurs colorées qui fe trouvent fous cette cornée
, qui la font paroître avec les couleurs qu’on lui
voit. Ces humeurs venant après la mort de l’infe&e
à fe corrompre & à fe fécher, changent de ^couleur,
& donnent à tout Yoeilh couleur terne qu’elles
ont prife. ^ f
Les yeux des infe&es font ordinairement places
au front fous les antennes : cette réglé n’eft cependant
pas fans exception , puifqu’il y en a qui les
ont derrière ces mêmes antennes. Cnez les uns ,^ils
avancent un peu hors de la tête ; c’eft ainfi qu ils
font dans les grillons des champs : chez les autres ,
ils fortent tellement de la tête, qu’on diroit qu’ils
n’y tiennent que par une articulation ; c’eft ce qu’on
remarque dans les petites demoifelles aquatiques.
Le nombre des yeux' n’eft pas égal chez tous les
infe&es: la plupart en ont deux ; mais il y en a aufli
qui en ont cin q , comme Pabbe Catalan l’a oblerve
dans les mouches. Ces yeux s’appellent ordinairement
des yeux à réfeau : M. Lyonnet les a toujours
trouvés à toutes les efpeces d’infe&es ailes , mais
rarement aux infeftes qui n’avoient pas encore iubi
leur derniere transformation.
Les araignées ont ordinairement huit yeux, qui ne
font pas rangés chez toutes les efpeces dans le meme
ordre. Il en faut cependant excepter quelques
araignées à longues jambes , dont les antennes ref-
femblent aux pattes d’écréviffes, qui n’ont que deux
j yeux. Il y a quelques infeâes dont 1 es yeux reffem-
blent à deux demi-globes, éleves fur les deux cotes
de la tête , & l’on apperçoit dans ces yeux une infinité
de petits exagones de la figure d,es alvéolés des
abeilles. Dans chacun de ces exagones, il y a des I cercles en forme de lentilles , qui font tout autant I à'y eux, dont le nombre par-là devient prefqu’in- I nombrable. Par ce moyen, ces infe&eS jouiffent , I non-feulement des avantages„de la v û e , mais il y a
I apparence , qu’ils Pont plus claire & plus forte que les autres animaux : cela étoit fans doute neceffair®
I à caufe de la rapidité de leur v o l , & de la neceffite I où ils font de chercher leur nourriture de côté 6c
I d’autre en volant. r
Les yeux des infeûes ne font, ni environnes d ’os,' I ni garnis de fourcils, pour les garantir des accidens I extérieurs ; mais en échange la tunique extérieure ,
| qu’on nomme cornée , eft affez dure pour mettre leurs
j yeux hors des dangers qu’ils auroient à craindre fans
cela. Ariftote en a fait la remarque. L. I L departib.
anim. c. xiij. ' . .
Il réfulte affez de ce détail, que les yeux des m-
fe&es font des morceaux furprenans de méchanif-
me *, mais leur ftruaure & leur difpofition ne nous
auroient jamais été connues, fans le fecours du mi-
crofcope : il nous fait voir que les efearbots, les
abeilles, les guêpes, les fourmis, les mouches , les
papillons & plufieurs autres infeôês, ont deux bourrelets
immuables, qui forment la plus grande partie
de leur tête & renferment un nombre prodigieux de
petits hémifpheres ronds , placés avec une extrême
régularité en lignes qui fe croifent & qui reffemblent
à des filets. .
C ’eft un amas de plufieurs y eu x, fi parfaitement
unis & polis, que comme autant de miroirs, ils re-
fléchiffent les images de tous les objets extérieurs.
On peut voir à leur furface l’image d’une chandelle
multipliée prefque une infinité de fois , chan-
, géant la direftion de fes rayons vers chaque oeil,
félon le mouvement que lui donne la main de l’ob-
fervateur. Tous ces petits hémifpheres font tesyeux
réels , qui ont chacun au milieu une petite lentille
I tranfparente, une prunelle par oîi îes objets paroif-
| fent renverfés comme par un verre convexe ; ils I forment aufli un petit telefcope, lorfqu’on les place I à la diftance préçife du foyer qui leur eft commun
avec la lentille du microfcope. Il y a lieu de croire
que chacune de ces ^petites lentilles répond à une
blanche diiîincte des nerfs optiques, & que les ob-
jets n’y parodient qu’un à un, tout comme nous ne
voyons pas un objet double, quoique nous ayons
deux yeux.
Tous ceux qui ont un microfcope, fe font amufés
à confiderer ces petits yeux ; mais il y en a peut-
être peu qui en ayent confideré la nature ou le
nombre. M. Hook a trouvé quatorze mille hémifpheres
dans les deux yeux d’un bourdon , c’eft-à-
dire, fept mille dans chacun. M. Leeuwenhoek en
a compté fix mille deux cens trente-fix dans les deux
yeux d’un vers à foie , lorfqu’il eft dans l’état de
mouche ; trois mille cent quatre-vingt-un dans chaque
oeil de l’efcarbot ; & huit mille dans les deux
yeux d’une mouche ordinaire. Mais la mouchedra-
gon eft encore plus remarquable par la grandeur &
la fineffe de lesyeux à réfeau. Voye^ Mouche-dra-
G O N .
Si l’on coupe l'oeil d’une mouche - dragon , d’un
bourdon , d’une mouche commune ; qu’avec un pinceau
& un peu d’eau claire on en ôte tous les vaif-
feaux ; qu’on examine ces vaiffeaux au microfcope,
leur nombre paroîtra prodigieux. M. Leeu'wenhoek
ayant préparé un oeil de cette maniéré , le plaça un
peu plus loin de fon microfcope qu’il ne faifoit,
lorfqu’il vouloit examiner un objet ; enforte qu’il
fit concourir le foyer de fa lentille avec le foyer
antérieur de cet oeil ; alors regardant à-travers ces
deux lentilles qui formoient un telefcope , le clocher
d’une églile qui avoit 300 piés de hauteur , &
à la diftance de 750 p iés, lui parut à-travers de chaque
petite lentille renverfé, mais pas plus grand que
la pointe d’une aiguille fine ; enfuite dirigeant fa
vûe vers une maifon voifine à-travers ce grand nombre
de petits hémifpheres, il vit non-feulement le
devant de la maifon »’•mais encore les portes & les
fenêtres ; & il fut en état de diftinguer fi lgs fenêtres
étoient ouvertes ou fermées.
On ne peut pas douter que les p ou x, les mites &
plufieurs autres animaux encore plus petits, n’ayent
des yeux façonnés de maniéré à diftinguer des objets
quelques milliers de fois plus petits qu’ils ne
font eux-mêmes ; car les petites particules qui les
nourriffent, & plufieurs autres chofes qu’il leur importe
de diftinguer , doivent certainement être de
cette petiteffe. Combien donc leurs yeux ne doivent
ils pas groflîr les objets ; & quelle découverte
ne feroit-on pas, s ’il étoit poflible d’avoir des lentilles
de cette force, pour découvrir par leur moyen
ce que ces petits animaux découvrent clairement.
Jean-Baptifte Hodierna a fait un examen très-curieux
des yeux des infeftes dans fon traité italien :
Vocchio délia mofea, o difeorfo fijîco ihtorno ail anato-
mia del ocç/ii di tutti gh animali annulojî detti Jafetti ,
recentemente feoverta Panormi 1644.
■ On peut voir aufli de belles obfervations curieu-
fes fur les yeux des infe&es, par l’abbé Catelan dans
le journal des Savans , 1680 & 1681, &c. (D . ƒ.)
OEil , (Critiq. facrée.') dans le langage de l’Ecriture
, Y oeil mauvais , oculus nequam, vovnpoç, lignifie
l’envie & l’avarice, an oculus tuus nequam ejl, quia
ego fum bonus ? Matth. xx. t5. Marc, vij. 22.. L u c ,
x j. 24 . Etes-vous envieux de ce que je fuis bon? Oculus
malus ad mala9 l’homme avare ne tend qu’au
mal, Eccl. xiv. 10. U oeil fimple , «Vx«V, Yoeil bon ,
marque au contraire la libéralité , l’inclination à la
bénéfîcence, vir boni oculi9 une ame liberale, Prov.
Mettre fes yeux fur quelqu’un , indique, quelquefois
la colere ; ponam oculos meos fuper eos, fouvent aufli
ces mots défignent les bienfaits ; oculi ejus fuper gen-
tes refpidunt, Pf. 65. 7. Jofeph dit à fes freres de lui
amener Benjamin, afin qu’il mette les yeux fur lu i,
c’eft-à-dire, qu’il veut lui faire du bien. Oculo coeco
ejfe dans Job.xxjx. 16. c’eft une exprefîionqui lignifie
généralement prendre foin des affligés & îes iecou-
rir dans leurs befoins. Eruere oculos alterius9 num. 1y»
z4. fe dit métaphoriquement de ceux avec qui on
traite comme avec des aveugles. Jofephusponet ma-
nul fuasfuper oculos tuos^Genef. xlvj. 4 . Jofeph vous
fermera les yeux à votre mort ; cérémonie en ufage
chez les anciens. Ad oculum fervire, Colof. iij. 2 2 .
fervir à Yoeil, c’eft ne fervir un maître avec foitl
que quand on en eft. vû. La hauteur des yeux défi-
gne l’orgueil , Ecclef. xxiij. 5. Enfin, oculipLeni adul-
terii, oculi fornicantes, & autres façons de parler
femblables de l’Ecriture , viennent de ce que les
yeux font les organes des pallions. ( D . JY)
OE i l a r t i f i c i e l , ( O p t i q . ) c e t t e m a ch in e qu ’ o n
p e u t v o i r , PI. d ’O p tiq u e 9fig. 9 . n ° . 2 . e ft u n e e fpe c
e d e p e t it g l o b e , à -p eu -p rè s c om m e c e lu i de Y oe i l ,
& t r a v e r f é d an s fa lo n g u e u r p a r u n tu y a u F C q u i
e f t g a rn i d ’un v e r r e le n t ic u la i r e à fo n e x t r ém ité F%
A l ’a u t r e e x t r ém it é C e ft a d a p té u n p a p ie r h u ilé - ,
q u ’ o n p la c e à - p e u - p r è s a u f o y e r d u v e r r e , & fu r
le q u e l v ie n n e n t f e p e in d r e dan s l ’o b fc u r i té le s im ag
e s r e n v e r fé e s d e s o b je t s e x té r ieu r s ; c e t oe i l a r tific
ie l e ft u n e e fp e c e d e c h am b r e o b fc u r e . V o y e ^ C h a m b
r e o b s c u r e , & il r ep r é fen te la m a n ié r é d o n t le s
im a g e s d es o b je t s e x t é r ie u r s fe p e ig n en t au fo n d d e
Y oe i l , q u i e f t lu i-m êm e u n e ch am b r e o b fc u r e n a tu r
e l le . V o y e ^ V i s i o n . ( O )
OEi l , f. m. ( Botan. & Jardin. ) eft un petit point
rond qui vient le long des branches des arbres
d’où fortent les jeunes pouffes, qui produifent les
fleurs ôt les fruits ; il n’y a de différence entre oeil
& bourgeon, qu’en ce que Yoeil demeure long-tems
en repos jufqu’à l’arrivée de la fèv e, au lieu qu’a-
lors le bourgeon s’enfle & fe manifefte ; de forte
qu’on peut dire qu’il eft un oeil animé.
On appelle oeil rond, celui qui eft enflé & propre
à former une branche à fruit.
OEil plat eft celui qui ne donne que du bois ; on
dit encore oeil pouffant, oeil dormant.
Le premier eft employé quand on greffe, dans la
pouffe ou dans le tems de la fève.
Le fécond veut dire qu’on greffe entre les deux
fèves, tems où les yeux ne font point animés. (K)
OE i l d e b oe u f , f. m. ( Hfi.nat.Bot.) buphthal-
mum, genre de plante à fleur radiée, dont le difque
eft compofé de plufieurs fleurons, féparés les uns
des autres par une feuille pliée en gouttière ; la couronne
de cette fleur eft compofée de demi-fleurons ,
placés fur des embryons , & foutenus par un calice
formé de plufieurs feuilles difpofées en écailles. Lorf-
que la fleur eft paffée, les embryons deviennent des
femences qui font le plus fouvent menues & angu-
leufes. Ajoutez aux caraûeres de ce genre, le port
entier de la plante. Tournefort, Infi.reiherb. Voyt%
P l a n t e .
(S.iLfÇConchyol.) terme d’ufage en parlant du centre
de la volute d’une coquille. ( D . J. )
OE i l d e b o u c , n om q u e l ’o n a d o n n é à u n e e fp
e c e d e p a te lle o u d e le p a s . Voye^ L e p a s & C oq
u i l l e .
La coquille de ce poiffon, dit Tournefort, dans
fon voyage du levant, eft un baflîn d’une feule pièce,
d’environ un pouce ou deux de diamètre, prefque
o v ale , haut de huit ou neuf lignes , rétréci en
pavillon d’entonnoir, terminé enjointe, rempli par
un poiffon qui préfente d’abord un grand muicle
peûoral gris-brun, rouffâtre fur les bords, & légèrement
onde. La furface de ce mufcle fe remue de
telle forte , qu’on s’apperçoit de certains points ou
petits grains qui s’élèvent & même s’élancent, comme
.on le remarque , fur les liqueurs qui commencent
à frémir ayant que de bouillir. D ’ailleurs, çette