au romain & au corinthien, mais plus beau que l’io-'
sîicjiie. Vsyq Ordre allemand»
Parmi les architeôes italiens , Vignole , Palladio
& Scamozzi fe font particulièrement diftingués
à faciliter Pillage des ordres. Vignole fur-tout a rendu
cet ufage beaucoup plus facile qu’il n’étoit avant
lui par une réglé générale , qui fert à déterminer
toutes les parties des colonnes. Cette réglé eft telle,
le piédeftal eft toujours le tiers, & l’entablement le
quart de toute la colonne. Ainfi en diyifant l’endroit
©ii l’on veut mettre la colonne en dix-neuf parties
égales, on en donne quatre au piédeftal, douze à la
colonne , & trois à l’entablement. Si l’on ne veut
point de piédeftal, on divife cet endroit en cinq
parties, dont on donne une à l’entablement & quatre
à la colonne. C ’eft à caufe de cette divifion facile
que la plupart des ouvriers fuivent les réglés
de cet architeéîe : mais fur quoi font - elles fondées
?
Palladio eft de tous les Archite&es celui qui a fu
le mieux joindre les membres des ordres ; & Scamozzi
eft fmgulierement eftimé par la proportion qu’il
leur a donnée. Nicolas Goldman dans fon traité de
âylométris, & dans fes infiituûons d'Architecture, a
tâché de remplir ces trois objets. M. Perrault a donné
un très-bel ©uvrage fur les ordres , intitulé : Ordonnance
des cinq efpeces de colonnes. Roland Fréard
de Chambray, Gharles-Philippes Dieuffard, François
Blondel & Seyler ont publié des éclairciffe-
niens fur les cinq ordres. L’ouvrage de ce dernier
auteur peu connu eft intitulé : Parallelifmus archite-
c lo rum celebriorum : mais il faut décrire par gradation
du fimple au compofé les ordres que nous avons
confidérés jufqu’ici fous un point de vue général.
Ordre tofean. C ’eft le premier , le plus fimple &
le plus folide de tous les ordres, la hauteur de fa
colonne eft de fept diamètres pris par le bas. Cette
folidité ne comporte ni fculpture , ni autre ornement
; aulîi fon chapiteau & fa bafe ont peu de
moulures, & fon piédeftal qui eft fort fimple, n’a
qu’un module de hauteur. On n’emploie cet ordre
qu’aux bâtimens qui demandent beaucoup de folidité
, comme font les portes des forterelTes, des
ponts, des arfenaux, des maifons de force, &c. On
garnit fouvent fes colonnes de boffages ou de pierres
entrecoupées, qui font ou piquées également
par-tout, ou trouées comme des pierres rongées ,
ou du bois vermiculaire, qu’on appelle rujlique vermicide
; mais cet ufage n’eft pas approuvé par tous
les Architeétes.
L'ordre , dont nous venons de parler , eft de l’invention
des Latins, on le nomme tojcan , parce qu’il
a pris fon origine dans la Tofcane.
Ordre dorique. Cet ordre eft plus ancien que l’ordre
tofean , quoiqu’on le place le fécond , parce qu’il
eft plus délicat, & en quelque façon plus compofé
que celui-ci. Vitruve rapporte dans fon architecture,
liv. IV. chap. iij. que Dorus, roi d’Achaïe, s’en eft
fervi le premier pour un temple qu’il éleva à Argos
en l’honneur de Junon ; mais on n’y avoit obfervé
qu’une mefure arbitraire. Les Athéniens ayant voulu
employer cet ordre dans un temple qu’ils confa-
crerent à Apollon, crurent que le rapport de la hauteur
d’un homme à la longueur de fon pié étoit la
proportion la plus convenable. Or la longueur du
pié d’un homme étant la fixieme partie de fa hauteur
, on donna à la colonne de cet ordre fix de fes
diamètres. Le P.Vilalpande le trouveftrop beau pour
en faire honneur aux hommes ; il croit qu’il vient
. immédiatement de Dieu. Il en donne les raifons
dans fon commentaire fur le prophète Ezéchiel,
tome I II. Mais fans nous arrêter à ces puérilités,
fixons le caraélere de l'ordre dorique.
La hauteur de la colonne eft de huit diamètres ;
elle n’a aucun ornement ni dans fon chapiteau \ ni
dans fa bafe , & la frife eft ornée de triglyphes &
de métopes.
Les Architeôes ont toujours trouvé de grandes
difficultés fur la divifion exaCte qu’on doit obferver
dans cet ordre, parce que l’axe de la colonne doit
l’être en même tems du triglyphe qui eft au-defïus,
& que les entreglyphes ou métopes doivent toujours
former un quarré exaô. Ces circonftances leur
ont paru fouvent impoffibles dans tous les entre-
colonnemens , & fur-tout dans les colonnes accouplées.
Le même inconvénient a lieu dans les édifices
quarrés. Auffi les plus célébrés ont été réduits ou
à faire des fautes aux bâtimens dans lefquels ils ont
employé cet ordre , ou à omettre tout-à-fait les triglyphes
dans la frife ; deux extrémités fâcheufes ,
qu’il n’appartient qu’à des habiles gens de conci-,
lier.
Les anciens ont confacré cet ordre à l’héroïfme.'
En conféquence ils en ont fait hommage à leurs divinités
mâles , telles que Jupiter , Apollon , Hercule
, &c. & ils en ont décoré leurs temples. C ’eft
pourquoi on l’emploie fort convenablement aux
monumens, aux bâtimens héroïques, aux portes
des villes, aux arfenaux, &c.
Ordre ionique. Cet ordre tire fon nom de l’Ionie
province d’Afie. C ’eft le fécond des Grecs, qui l’ont
inventé pour orner un temple confacré à Diane. II
n’eft ni fi mâle que le dorique , ni fi folide quede
tofean : fa colonne a neuf diamètres de hauteur, fon
chapiteau eft orné de volutes, & fa corniche de
denticules.
Dans fon origine, cet ordre n’avoit que huit diamètres
de la colonne , parce qu’ils avoient voulu
le proportionner félon le corps d’une femme , comme
ils avoient proportionné Yordre tofean fuivant
le corps d’un homme. Pouffant plus loin l’imitation,
ils copièrent les boucles de leurs cheveux : ce qui
donna lieu aux volutes, & enfin ils cannelerent la
colonne pour imiter les plis de leurs vêtemens. Voyeç
l’architeàure de Vitruve, liv. IV. chap.j.
Ordre corinthien. C’eft, félon les époques de l’invention
des ordre, le fécond ordre, & , félon la proportion
la plus délicate, le dernier des quatre. II
fut inventé à Corinthe par Callimaque , fculpteur
athénien. Voyeç A canthe & C h a p ite au . Son
chapiteau eft orné de deux rangs de feuilles, & de
huit volutes qui en foutiennent le tailloir ; fa colonne
a dix diamètres de hauteur, & fa corniche
eft ornée de modifions. Vilalpande , toujours pieux
dans fes origines , foutient que les Grecs ont pris
cer ordre au temple' de Jérufalem , & que par.confé-.
quent Dieu l’avoit révélé au roi Salomon.
Ordre compojite. Cet ordre eft ainfi nommé, parce
que fon chapiteau eft compofé de deux rangs de
feuilles du corinthien, & des volutes de l’ionique ;
on l’appelle italique ou romain , parce qu’il a été inventé
par les Romains. Ce fut dans le tems qu’Au-
gufte donna la paix à toute la terre : fa colonne a
dix diamètres de hauteur, & fa corniche eft ornée
de denticules ou modifions fimples.
Ordre Allemand. C ’eft un ordre de l’invention de
L. C.Sturm, qui l’appella d’abord ainfi;mais ayant
fait attention qu’il pe lui convenoit point de difpo-
fer du nom d’une nation , il lui donna un nom plus
modefte , celui d'ordre nouveau : fon chapiteau a un
feul rang de feuilles , & feize volutes ; ce qui eft
une nouveauté fort naturelle , car ou les autres
chapiteaux font fans feuilles , ou ils en ont deux
rangs. ; mais cette fimplicité produit-elle un effet
agréable ? C ’eft-ce dont les Architectes jugeront
par la leéture des chapitres x. & xj. de la maniéré
d’inventer toutes fortes de bâtimens de parade du
même Sturm , inventeur de Y ordre allemand, oii il
donne les deffeins des parties inférieures & fimé-
rieures.
Ordre astique., petit ordre de pilaftres de la plus
courte proportion , qui a une cqrniche architravée
pour entablement comme l’ordre, par exemple du
château de Verfailles au-deffus de Bionique du côté
du jardin.
Telles font les proportions de l’ordre unique : fa,
hauteur, en y comprenant fon piédeftal & fa corniche,
a ordinairement la moitié de la hauteur de
l’ordre fur lequel il eft é lev é, foit qu’il y ait des. pié-
deftaux ou non. Cette hauteur te divife ainfi t le
piedeftal a le quart.de toute la hauteur : les trois, *
autres quarts fe divifent en quatorze parties qui
font autant de modules. On prend deux de ces par-
ries, dont l’une eft pour la baie ÿ compris le lifteau,
I autre pour le chapiteau ; & on donne un module
f à la hauteur de la corniche , de forte qu’il refte
dix modules ~ pour la hauteur du fût du pilaftre, y
conipris l’aftragale du chapiteau. M. Jacques-François
Blondel a publié fur ces proportions une dif-
fertation dans l’architeâure françoife, 1 .1 . p. 83 ,
qui mérite d’être lue.
Vordre attique étoit connu des anciens , mais il
étoit différent de celui que nous venons de définir.
Pline, dans fon Hijîoire naturelle, liv. X X X V I . dit
que les colonnes de cet ordre étaient quarrées.
M. Perrault, d’après la defeription de Pline, & fur
quelques deffeins que M. Demonceaux lui avoit
communiqués , & que celui-ci avoit fait d’après plu-
fieurs chapiteaux trouvés dans des ruines ; M. Perrault
, dis-je, donne, dans fa traduCHon de l’archi-
teaure de Vitruve ,page 133 , le deffein de cet ordre
qui eft tel : le chapiteau a un collier ou gorgerin ,
avec un rang de feuilles, un rondeau , un o v e , une
plate-bande, une gueule renverfée , & un lifteau.
Le fut eft quatre, & par-tout d’une égale épaiffeur.
Le bas de la colonne confifte dans une plinthe, un
thore, un lifteau, une cymaife dorique, & un rondeau.
Ordre caryatique. C ’eft un ordre qui a des figures
de femmes à la place de colonnes. Voye^ C a rya t
id e s . Il y a un ordre de cette efpece au gros pavillon
du Louvre, dont les caryatides font de M.
Jacques Sarrazin, fculpteur du roi.
Ordre compofé. C ’eft un ordre arbitraire & de pur
caprice, qui n’a aucun rapport avec les cinq ordres
d architeélure. Tel eft Y ordre du dedans dans l’églife
de S. Nicolas du Chardonnet à Paris : les chapiteaux
des huit colonnes dans la chapelle de Gadagne, dans
I eglife des Jacobins à Lyon, font d’ordre compofé,
& ils font tous différens les uns des autres. On voit
encore à Rome des ordres compojcs dans les ouvrages
d’Architeélure du Cavalier Baromini.
O rdre françois , ordre dont le chapiteau eft compofé
d attributs relatifs à la nation françoife, comme
des tetes de cocqs , de fleurs de ly s , de pièces des
ordres militaires, &c. & qui a les proportions corinthiennes.
Il y a un ordre françois dans la grande
galerie de Verfailles ; il eft du deffein de M. le Brun,
premier peintre du roi.
Ordre gothique. C ’eft un ordre fi éloigné des pro-
portions & des ornemens antiques , que fes colonnes
font ou trop maffives en maniéré de piliers ,
ou auffi menues que des perches avec des chapiteaux
fans tnefures, taillés de feuilles d’acanthe épi-
neufe , de choux, de chardons, & c .
Ordre perjique. C ’eft un ordre dorique qui a des
giues d efclaves perfans au lieu de colonnes, pour
porter 1 entablement. On voit dans le parallèle de
r L hk Ure antique avec la moderne de M. de
ïambray, un de ces efclaves qui porte un entablement
dorique , & qui eft copié d’après l’une des •
deux ftatues antiques des rois desParthes, lefquelles
font auxeotés de la porte du falon du palais Farnefe à
Rome. Telteeft 1 origine de l ’ordre perfique : Paufa-
mas, roi des Lacédémoniens, ayant défait lesPerfes,
es vainqueurs eleverem des trophées des armes de
7 ,“ rs 1 1 " lk, repréfenterenr enfuite chargés
des entablemens de leurs maifons. Foyer l ’Arckie.
de Vitruve , Liv. I . chap.j. x
H rufiique ordre qui eft avec des refends
ou boffages. Tels font les ordres du palais de Luxem-
bourg à Paris.
Je n’ajoute qu’un mot à ce détail de Daviler fur
les ordres d Architeélure.
Les curieux voyageurs qui nous ont donné le
bel ouvrage des ruines dePalmyre e n m , remar.
quent que dans la diverfitc des ruines qu’ils ont
vues en parcourant l’Orient, ils ont eu occafion
d obferver que chacun des trois W r e s grecs a eu
fon période à là mode. Les plus anciens édifices
ont ete doriques ; à cet ordre a fuccédé l’ionique ,
qui femble avoir ete 1ordre favori“,' non-feulement
en Ionie , mais par toute l’Afie mineure, le pavs dé
la bonne Architeôure dans le tems de la-plus grande
perfeaion de cet art. Enfuite le corinthien eft venu
: *w. > & fa plupart des ' édifices de cet üdre
r o u e trottvefif en 1Gféce femblent poftérieurs à l’é-
tabliffement des Romains dans ce pays-là : enfin a
paru 1 ordre compofé, accompagné de toutes les bi-
larrenes , & ateriSgtffacrifia entièrement les proportions
à la parure & à la multiplicité mal enten-
due des ornemens. (Z>. J. )
; Or d r e , ce mot,en Vénerie, fignifie /’efpeceouïes
qualités des chiens : on dit un bel ordre de chiens.
Ord re, la tour d’ (Géog.) on appelloit ainfi le
phare que les Romains avoient éjevé à Bojiîôgne-
fur-mer, pour fervir.de guide aux vaiffeaux. M. de
Yslglj, l'appelle, je ne fai pourquoi , turrU ordiuis *
qar ni le mot- fran ÿis u pfe , ni le latin ordo , ne font
i’Prigme d’une, pareille dénomination. Ce phare eft:
noxamé odràus phqrus dans la vie de faint Folcuin
! évêque de Terpuanne; c’eft & p c d’ôifooejquepa-
roît venir le mot dW ie ., qu’on donne à cette tour;
mais on ignore également & la lignification & l’é-
■ tymologie de ce met odraiis. (O . J.)
ORDUNA, (Géog.) ville d’Efpagne en Bifcaye,’
dans une vallee agréable, entourée de hautes mon-
ta'|nes. Long. 14. rS. l a t .Æ B CD. J.)
ORDURE,f. f. (Çrarn.) il fe dit de tout ce qui gâ-'
t e , fallt & corrompt. Les ordures d’une maifon, les
ordures du corps humain , les ordures de l’ame, les
ordures du difeours. Dans ce dernier exemple , ordure
eft fynonyme tfobfcénité.
^ ORDURIER, f. m. pelle ou auge de bois, dont
1 ufage dans lès communautés eft de recevoir les ordures
qu’on balaie , pour être tranfportées.
ORÉADES, f. f. (Myih.) nymphes des montagnes;
on donnoit auffi ce nom aux nymphes de la fuite de
Diane, parce que cette déeffe chaffereffe fréquen-
toit beaucoup les montagnes avec un cortege de
nymphes. (JD. / .)
OREB & SINAI, ( Géogr. ) ce font les Melani-
montes que Ptolomée, l. V. c. xvij. place dans l’A rabie
pétrée, le long des déferts, depuis le golfe auprès
de-Pharan, en tirant vers la Judée. Voyez außz
Horeb & Sin aï. ( D . ƒ.)
^ OREBITES , f. m. pl. (Hift. eccl.) hérétiques qui
s’élevèrent dans la Bohême vers l’an 1418 ou 1420,
fui voient les erreurs des Huffites, parce que Zifca &
fes partifans s’étoient cantonnés dans un lieu qu’ils
nommèrent Thabor, & avoient pris le nom de Tha-
borijles: ceux-ci, conduits par Bedricus, appelèrent
le lieu de leur retraite le mont d'Oreb, & fe firent
nommer Orebites. Ils en vouloient fur-tout aux prêtres
orthodoxes, qu’ ils faifoient mourir cruellement.