îo4 N E R
franche Sc graffe ; il aime l’ombre, l’humidité & le
voifinage des eaux ; cependant on peut le faire venir
partout. Si on veut le multiplier, le plus court
fera d’en femer la graine au moment de fa maturité ;
elle lèvera au printems, & les jeunes plants feront
en état d’être tranfplantés l’a-u tonne luivanf. On
n’en fait nul ufage pour l’agrément, il n’eft propre
qu’à faire des haies qui fe garnirent bien Sc affez
promptement. Son feuillage eft affez joli : les infectes
ne s’y attachent point.
Les baies du nerprun font de quelqu’utilité : les
oifeaux s’en nourriffent par préférence Sc ne les
laiffent paslong-tems fur l’arbriffeau. Elles font très-
purgatives ; on en fai: un fyrop qui eft d’un grand
ufage en Médecine. Ses baies font auflî de quelque
refl'ource dans les arts : on en fait une couleur que
l’on nomme verd de vefjîe qui fert aux Peintres & aux
Enlumineurs;
Le nerprun a fi généralement une vertu purgative,
qu’on prétend que les fruits qui ont été greffés fur
cet arbriffeau purgent violemment lorfqu’on en mange.
Quelques auteurs,comme Simon Pauli ScGaridef
afliirent qu’on a greffé avec fuccès le prunier & le
cerifier fur cet arbriffeau ; ce font apparentent des
hafards qu’il eft difficile de rencontrer. On a tenté
quantité de fois ces greffes fans qu’elles ayent réuffi.
Le bois du nerprun eft excellent pour faire des
échalas : ils font d’auffi longue durée que ceux que
l’on fait de bois de chêne.
Il y a plufieurs efpeces de nerprun.
i° . Le nerprun purgatif ordinaire. C ’eft à cette ef-
pece qu’on doit appliquer ce qui a été dit ci-deffus.
2°. Le petit nerprun purgatifs ou la graine d'Avignon.
Cet arbrifleau vient affez communément en
Provence ; il de s’élève guere qu’à quatre ou cinq
pies, on peut aifément le multiplier de branche
couchée, ou de femence comme le précédent, &
il eft prefqu’aufli robufte ; fon feuillage a quelqu’a-
gtémeht de plus, mais fa fleur n’a pas meilleure
apparence, elle vient un mois plutôt, Sc fes baies
font en maturité dès le mois de Juillet, on en fait
ufage pour les Arts. Ce fruit étant cueilli verd fe
nomme graine d’Avignon ; on en fait une couleur
jaune pour la teinture des étoffes ; il fert aufli à
faire ce qu’on appelle le Jiil de. grain pour l’ulàge
des peintres à l’huile Sc en miniature.
3°. Le petit nerprun purgatif à feuille longue.
4°. Le nerprun d'Efpagne à fruit noir.
5°. Le nerprun d’Efpagne à feuille de buis.
6°. Le nerprun d’Efpagne à feuille d olivier.
7 ° . Le nerprun d’Efpagne à feuille de millepertuis.
Ces quatre dernieres efpeces fe trouvent dans
les bois en Efpagne, en Portugal, en Italie & dans
les provinces méridionales de France. Ce font de
petits arbriffeaux de fix ou huit pies de hauteur
qui font affez robuftes pour paffer l’hyver en pleine |
terre dans les autres provinces du Royaume, mais
elles ne font pas plus de refl'ource pour l’agrément
que pour l’utilité.
8°. Le nerprun à feuilles d amandier.
9°. Le nerprun du levant à petites feuilles d amandier.
io°. Le nerprun du levant à feuilles dalaterne.
ï i ° . Le nerprun de Candie à petites feuilles de buis.
Ces quatre dernieres efpeces font d’auffi grands arbriffeaux
que le nerprun commun ; elles font pref-
qu’aufli robuftes, mais peu intéreffantes quoique
rares. 1
12°. Le petit nerprun d'Efpagne à feuilles de buis.
Ce petit arbriffeau eft de fort belle apparence. De
toutes les efpeces du nerprun, c ’eft celle qui a le
plus d’agrément.
13 e . Le nerprun à feuilles de faule. Cet arbriffeau
eft toujours v e rd , il fe trouve fur les bords du
N E R
Rhône & du Rhin, il s’élève à cinq ou fix pies * il
donne au mois de Jtiin une grande quantité de fleurs
herbacées qui n’ont nul agrément, elles font remplacées
par des baies jaunes, qui reftent fur l’a'r-
briffeau pendant tout l’hy ver.
14°. Le nerprun de Montpellier, C ’eft un grand arbriffeau
tout hériffé d’épines'extrêmement longues;
il donne dès le mois de Maïs- de petites fleurs blanches
qui reffemblent à celles du bois-joli pti rne^e-
reon, Sc en autonne l’arbriffeau fe renouvelle en
donnant de fécondés fleurs Sc même d’autres feuilles.
On peut les manger en falade dans leur nouveauté
ainfi que la cime dés jeunes réjeftons.
15^. Le nerprun d'Efpagne à feuilles capillaires i
C ’eft un petit arbriffeau de l’orangerie pour ce climat
, il n’a que le mérite de la Angularité, par rapport
à fa feuille qui eft aufli menue qu’un f il, il fe
garnit d’une grande quantité de rameaux flexibles
qui s’inclinent jufqu’à terre. Oh fe fert de fes baies
pour teindre en verd Sc en jaune. Cet arbriffeau fe
plait parmi les pierres Sc même fur les rochers.
Nerprun , ( Pharmacie & Matière médicale ) noir-
prun , bougépine. Les baies de cet arbriffeau font
la feule partie dont on fe fert en Médecine ; elles
font tres-purgatives & de l ’ordre de ces évacuans
que les anciens ont appellés hydradogues, voye£
Purgatifs. Auflifourniflènt-elles un des purgatifs
des plus ufités dans l ’hydropifie, la cachexie, les
bouffiffures édemateufes, &c. Ce remede convenablement
réitéré a fouvent réuffi, lors même que
les malades avoient une quantité d’eau considérable
épanchée dans le ventre. Les différentes'prépa-
rations de ces baies évacuent ces eaux très-puif-
famment.
^ Ces préparations font un rob St ua fîrop préparés
avec les baies récentes, c’eft-à-dire avec leur
fuc ; ce firop eft furtout très-ufité ; il fe donne à la
dofe d’une once jufqu’à d eux, foit fcul foit avec de
la manne dans une décoftion appropriée, foit mêlé
dans les potions purgatives ordinaires ; on peut donner
aufli ces baies mures, defféchées St réduites en
poudre ou bien en décoétion dans de l’eau ou du
bouillon, mais ces formes ne font point ufitées.
Le firop de nerprun entre dans la compofition des
pillules cochées. ( b )
NERTOBRIGA, ÇGéog. anc. ) ancienne ville
de l'Efpagne Tarragonoilè félon Ptolomée, lib. JI.
ch. vj. qui la placé chez les Celtibères, entre Turtaffo
Sc Biblis ; elle étoit confidérable, & fut détruite
dans le tems de l’invafion des barbares. De fes ruines
qui font auprès de Mérida, on en a bâti trois
ou quatre bourgades. ( D . J. )
NERVÉ, adj. terme de Blafon. Il fe dit de la fougère
Sc autres feuilles dont les fibres & les nerfs pa-
roiffent d’un autre émail. Les anciens princes d’Antioche
, d’argent à la branche ou feuille de fougere
de fynople , nervée d’or.
NERVER un livre, ( terme de Relieur.') C ’eft
en dreffer les nerfs fur le dos St les fortifier avec
bonne colle Sc parchemin, ce qu’on appefle autrement
endojfer un livre.
Nerver, v . a. ( terme d ouvriers, ) Ce mot fe
dit aufli de divers ouvrages fur jefquels pour les
fortifier, on applique avec de la colle des nerfs de
boeufs battus & réduits en une efpece de filaffe. On
nerve des panneaux de carroffe, des arçons de felle,
des battoirs de longue Sc courte paume, &c. ( D . J. )
NERVEUX, adj. ( Anatomie, ) tout ce qui a rapport
avec les nerfs. .
Nerveux, demi, f. m. (Anatomie.) C ’eft un des
mufcles fléchiffeurs de la jambe, ainfi appelle parce
que fon tendon inférieur eft long Sc reffemblant à
un nerf; il s’attache à là tubérofité de l’os ifehium
Si s’unit avec la longue tête du biceps & va fe terminer
N E R
miner par un tendon long & grêle à la partie antérieure
& fupérieure du tibia, après avoir paffé
par-deffus la partie latérale du condyle interne. ( l )
Nerveux, adj. ( Maréchal.) un cheval nerveux,
eft celui qui a beaucoup de force. Javart nerveux,
voye[ Javart.
Nerveuses, maladies y l’on peut appeller de ce
nom, toutes les affeâions morbifiques, qui dépendent
fur-tout d’une trop grande irritabilité dans les folides
du corps humain, d’une trop grande fenfibilité du
genre nerveux, d’où s’enfui vent différens défordres,
plus ou moins confidérables, dans l’économie animale
qui influent fur toutes les fondions, enforte
que l’efprit en eft ordinairement aufli affe&é que le
corps. Telles font la mélancolie , la paflion hypocondriaque
, la paflion hyftérique , les vapeurs , la
Confomption angloife, qui n’eft autre choie qu’une
fievre lente nerveufe ; les affedions fpafmodiques ,
convulfives, épileptiques, qui font idiopathiques ,
c ’eft-à-dire qui font produites par une difpofition habituelle
à l’érétifme du cerveau , Sc de les productions
, avec beaucoup d’irrégularité dans les effets
qui en font les fuites. Foye{ les articles de ces différentes
efpeces de maladies du même genre chacune
en fon lieu. Foyei Irritabilité, Sensibilité,
Nerfs , Vapeurs.
NERVI ENS , Nervii, ( Géog. anc.) anciens peuples
de la Gaule Belgique. Ils tiroient leur origine
des Germains, félon Strabon, liv. IF . p. /$4. qui
les place au voifinage des Trevir't. C é fa r, liv. I I . c.
iv. en parle comme d’un peuple coufidérable qui
pouvoit fournir jufqu’à 50 mille hommes pour une
guerre commune. En effet, leur cité étoit d’une fi
grande étendue, qu’elle prenoit depuis les Treviri
jufqu’aux Bellovaci. Céfar s’étend beaucoup fur leur
compte Sc fur leur valeur. Ils lui donnèrent une bataille
dont il parle comme de la plus fanglante & de
la plus périileufe où il fe foit trouvé en fa vie. 11
femble que Cameracum, Cambrai , devoit être la
capitale des Nerviens. Le P. Briet, ainfi que C la vier
, leur donne Turnacum, Tournay, Bagacum ,
Bavay en Hainault, Pons Scaldisy C o n d é ,& Fen-
tinianoe, Valenciennes. Il paroît donc que la cité des
Nerviens comprenoit le Hainault, le Cambréfis Sc
la Flandre Frahçoife. (D . J. )
NERVIN, (Méd. thérap.) c’eft un des noms par
lefqueR les Médecins ont défigné une des propriétés
générales des remedes qu’ils ont aufli appellés
ioniques Sc roborans. Foye^ T onique.
NERVIO, ( Géog. )^ riviere d’Efpagne dans la
Bifcaye, Sc la plus confidérable de la province. Les
Bifcayens l’appellent en leur langue Ybay-Cabal, ce
qui fignifie une large riviere. Elle traverfe le milieu
du pays du midi au feptentrion , paffe à Bilbao ,
capitale de la province ; & à deux milles au-deffous
ce cette ville , elle va le jetter dans l’Océan. Les
anciens l’ont appellée Chalybs. Son eau eft excellente
pour la trempe des armes. De-là venoit que
les Cantabres n’eftimoient que celles dont le fer
avoit été trempé dans le Chalybs.
NERULUM, (Géog. anc.) 'itinéraire d’Antonin
la met fur la route de Milan à la Colomne. Tite-Li-
ü ’ Hk^ ch‘ x x > dit que le conlul Emilius la prit
d emblée. ^
NERVURES, f. f. pi. (Archit.) ce font dans les
feuillages des rinceaux d’ornemens, les cètes élevées
de chaque feuille qui repréfentent les tiges des
p antes naturelles. Ce lont aufli des moulures ron-
ueslur le contour des confoles.
tR VURE, en terme de broderie au métier, eft la côÂ
w ! p nte d’une fleur imitée Foye^ Points fendus. Par W points fendus.
ERv u r e , 1. f. terme de Librairie : l’art d’appli-
q ier On le dit aufli des nerfs mêmes quand
N E S 105
ils font appliqués. On appelle dans la Librairie la
nervure dun livre y ces.parties élevées qui paroiffent
lur le dos des livres, Sc qui font formées par les nerfs
ou cordes qui fervent à le relier. CD. J.)
, N e r v u r e , f. f. terme de Tijjiitiers-Rubannitrs ;
c elt aufli un petit paffe-poil d’o r , d’argent, de foie
pu d autre matière que les Tiffutiers-Rubanniers
font, Sc que les marchands Merciers vendent pour
mettre fur les coutures des habits, ce qui y fait une
lorte d ornement. Savari.
à NERZINSKOI , (Géog.) ville des états du grand
duc de Mofcovie en Sibérie, capitale delà province
de Daoufi fur la Nerza. Elle eft fortifiée, munie d’une
bonne garnifon, & habitée par des payens qui y
vivent fous la proteéfion du czar. Long. i jC . zo . lat
à i .3 0 .
NESA , (Géog.) ville d’Afie dans la Perfe, audé-
fert de Kirac , entre Khoraffan Sc le Carezem, à 03 »
deg. z o de long. Sc 48. +5. de lat.
N ESACT1UM, (Géog, anc.) Ptolomée écrit Ne-
^ T ite-Live Nefartium. Il faut lire dans cet
hiftonen la defeription qu’il fait, liv. xlj, chap. xv%
du fiege & d e la prife de cette ville de Tïftrie , par
îi p lin^us ^ Marflhis > l’an 57ç. de la fondation
de Rome. Les habitans manquant d’eau, égorgèrent
leurs femmes Sc leurs enfans Sc jetterent leurs corps
par-deffus les murailles, afin que les Romains euf-
lent horreur de l’extrémité à laquelle ils les rédui-
foient. Mais les afliégeans efcaladerent les murs,
entrèrent dans la ville , Sc firent efclavcs ou paffe-
rent au fil de l’epée le refte des habitans. Le roi Apu-
lo qui s’y étoit renfermé pour la défendre, fe tua
pour s’épargner l’ignominie de la captivité. Nefae-
tium eft aujourd’hui Cajlel-nuovo, à l’embouchure de
l’Arfias. (D . J.)
N E SÆ A , (Géog. anc.) en grec NvmU ; nom que
Strabon donne à une partie de l’Hircanie, au travers
de laquelle coule le fleuve Ochus.
NÉSIS, (Géog. anc.) petite ville d’Italie fur les
côtes de la Campanie, auprès de Pouzzol. Cicéron
en parle dans fes lettres à Atticus, Sc dit que plufieurs
romains y avoient des maifons de plaifance^
Pline vante la beauté des afperges qui y croiffoient»
C ’eft aujourd’hui l’île Nejita.
Néjîs eft encore le nom d’une ville ou lieu de la
Sarmatie afiatique, félon Arrien dans fon Périplée. mlm NESLE, f. f. (Monnaie.) petite monnoie de billon
dont on fe fervoit encore en France vers le milieu
- du xvij, fiecle; elle valoit quinze deniers. I ly avoit
aufli des doubles nèfles qui avoient cours pour fix
blancs ou 30 deniers. Les unes Sc les autres furent
décriées Sc ne furent plus reçues que pour dou*
zains.
On leur avoit donné le nom de neflt, de la tour
de Ne (le où s’en étoit faite la fabrication. Cette tour
étoit vers le fauxboirrg S. Germain , où l’on a bâti
depuis le college Mazarin, vulgairement appelle
college des Quatre Nations , vis-à-vis l’ancienne tour
du louvre.
N e s l e , (Géog.) ou N elle, en latin Nigella; petite
ville de France dans la Picardie, avec titre de
marquifat qui eft le premier de France. Charles dernier
duc de Bourgogne, la prit en 1472. Il s’y eft
tenu un concile l’an 1200. Elle eft fur l’Ingon, à 3
lieues N. E. de Roye, 26 N. E. de Paris, 7 S. O. de
Saint-Quentin. Long. z o . 3 4 . zS . lat, 4g . 46. J o .
( A / . )
NESS, l a c , (Geog.) en anglois Loch-Nefs, lac
d’Ecoffe dans la province de Murray. Ce lac eft un
grand refervoir d’eau douce ; il forme un baffin de
vingt-quatre mille sde long, fur environ un mille de
large, renfermé entre deux parallèles produites par
des chaînes de montagnes, ce qui lui donne l’aii;