taux on trouve le Jardin-Royal des plantes.
Louis XIII. a établi ce jardin en 132.6. Il eft embelli
âe grandes ferres chaudes & froides, & d’un
très-beau cabinet d’Hiftoire naturelle ; on fait chaque
année dans ce jardin des cours de Botanique, de
Chimie, & d’Anatomie,
Ôn defcend de-là vers l’Hôpital - général, appellé
la Salpêtrière , vafte maifon qui peut renfermer quatre
à cinq mille perfonnes; fon églife eft çlédiee à
faint Denis : en montant un peu plus haut, au fortir
dé la Salpêtrière, on trouvé une grande place oii
l’on tient le marché aux chevaux.
La maifon des Gobelins eft prefque la derniere du
fauxbôurg faint Marceau , lequel étoit un quartier
entièrement féparç de la v ille, dans le tems que Paris
étoit moins étendu qu’il ne l’eft aujourd'hui.
L ’églifè de faint M arcel, qu’on voit dans ce faux-
bourg, a été fondée par Rolland, comte de Blaye,
neveu de Charlemagne, qui fit beaucoup de bien
aux chanoines qu’il y mit. Cette églife étoit autrefois
fous le titre de famt Clément ; mais le corps de
faint Marcel, évêque de Paris, y ayant été trouvé,
elle en prit le nom qu’elle â toujours confervé depuis
; c’éft uhé des quatre collégiales dépendantes de
l’archevêché. Pierre Lombard, furnommé le Maître
des ftnuncês, eft enterré dans le choeur de cette églife;
les bacheliers en licence font obligés d’aflifter
au. fervice folemnel qu’on dit pour lui tous les ans,
& ceux qui y manquent font condamnés à une
amende ; il eft bon de çonnoître la durée des folies
humaines.
Le couvent des Cordeiieres eft dans ce quartier.
Thibaut VII. comte de Champagne &c de Brie le fonda
premièrement à T royes , d’où, il fut transféré à
Paris peu de tems après. Marguerite de Provence,
femme de faint Louis, fit commencer l’églife, &c
Blanche fa fille , veuve du roi de Caftille, qui y prit
le voile, donna de grands biens pour l’augmenter;
ces religieufes font hofpitalierés &: fuivent l’ordre de
faint François : faint Médard eft la paroiffe de tout
ce quartier.
On trouve enfuite l’églife de S. André des EcofTois,
dans laquelle on a élevé un monument pour y mettre
la cervelle d,é Jacques II. roi.d’Angleterre ; c’eft
une idée bien bifarre.
Le quartier de l’Univerfité, l’un des plus anciens
de Paris, occupe un très-grand efpace, qui fait prefque
la quatrième partie de la cité, il en étoit même
feparé autrefois comme un lieu particulier, avec lequel
la communication n’étoit pas tout-à-fait libre,
parce que les écoliers faifoient fouvent des tumultes
qu’il n’étoit pas âifé d’appaifer. Philippe - Augufte ,
avant fon départ pour la Paleftine, où il alla avec
Richard, coeur de lion, roi d’Angleterre, pour faire
la guerre aux Sarrafins, ordonna qu’on enfermât ce
quartier de murailles, ce qui fut exécuté en 1190. Il
fut entourédé folles profonds, & de murs très-foli-
des, foutenus. de tours d’efpace en efpace avec des
portes, qui étant autant de petites fortereffes, à la
faveur defquèllés on pouvoit fe défendre vigoureu-
fement, avant qu’on eut inventé l’artillerie. Il ne
rèfte plus rien de ces murailles, & l’on a comblé les
folles'fur lefquels on a élevé des maifons.
Le college des Bernardins qui a donné fon nom à
la rue, eft d’ancienne fondation, appartient à l’ordre
de Cîteaux. L ’édifice de l’églife eft un des beaux go^-
thiques qu’il y ait en France. En fortant des Bernardins
, ôn trouve à main gauche l’églife de S. Nicolas
du Chardonnet, ainfi nommée à caufe que le premier
bâtiment fut pofé dans un lieu inculte & tout rempli
de chardons. Les chanoines de faint Vittor à qui ce
terrein appartenoit, le donnèrent vers l’année 1143,,
pour y bâtir une paroiffe: leféminaire qui eft à .côté,
de cette églife eft le plus anciende tout Ram. A iine.
petite diftance eft un autre féminaire dit des Bons-
enfans, dirigé par les peres de la Mil'éricorde de faint
Lazare.
. La place Maubert, que l’on trouve au bas de la rué
faint Viétor, a tiré fon nom, fuivant quelques hifto-
riens, d’Albert le grand, qui fut en fon tems la gloire
de l’Univerfité de Paris. On dit que ce doâteur, après
avoir enfeigné à Cologne, vint ici continuer les mêmes
exercices, & que la claffe n’étant pas affez fpa-
cieufe pour contenir tous les écoliers qui le venoient
écouter, il fut obligé de faire fes leçons au milieu de
cette place, qui en a été appellé place Maubert, comme
qui diroit place de maître Aubert ; c’eft aujourd’hui
un des marchés de la ville.
Les Carmes qui ont leur couvent dans ce lieu-là ,
ont été originairement fondés par faint Louis qui les
avoit amenés de la Paleftine. La reine Jeanne, femme
de Philippe-le-Long, leur laiffa de très - grands biens
par fon teftament de l’année 1349.
En montant plus haut on va an college de Navarre,
fondé l’an 1304, par la reine Jeanne de Navarre,
% im e de Philippe-le-Bel : la fondation de l’églife
de faint Etienne du Mont, fituée au-deffus de ce college
, eft fi ancienne qu’on n’en connoît pas le tems. ■
De cette églife il y a un paffage de communication
dans celle de fainte Génevieve. Clovis, dit-on , fon
premier fondateur, la dédia à faint Pierre & à faint
Paul, dont elle a long-tems porté le titre : il y mit
des chanoines féculiers qui y demeurèrent jufqu’à
l’onzieme fiecle ; comme leur conduite étoit très-
irréguliere, Louis-le-Jeune les obligea de vivre en
communauté, & de prendre la réglé de S. Auguftin.
On fit venir douze chanoines réguliers de S. Viftor
pour établir cette réforme, dont l’abbé Suger eut le
loin, & la réglé de faint Auguftin s’y eft toujours
confervée depuis dans toute fa pureté, enforte que
cette maifon eft devenue la première de cette congrégation
en France.
L’abbaye de fainte Génevieve a été fouvent minée
par les Normands & les Danois , dans le tems'
qu’elle étoit hors de la v ille ; mais les Parifiens, dont
le zele a toujours été fort grand pour leur patrone ,
réparoient prefque auffi-tô't les dommages que ces'
barbares y avoient caufés. L’an 1483, le vendredi 7
Juin, à neuf heures du foir, le tonnere tomba fur le
clocher, bâti depuis plus de neuf cens arts ; les cloches
furent fondues ,& ce clocher, qui étoit couvert
de plomb, demeura confumé. Le corps de fainte Génevieve
eft derrière le grand autel, dans uhe châfTé
foutenue par quatre colonnes ioniques ; le tombeau
de Clovis eft dans le milieu du choeur.
L’églife de faint Hilaire, paroiffe d’une partie de'
cé quartier, eft d’une ancienne fondation. On va delà
dans la nie faint Jacques, qui commence au petit
Châtelet, à l’extrémité du petit Pont. Le petit Châtelet
eft une maniéré de fortereffe antique, compo-
fée d’une groffe maffe de bâtiment , ouverte dans le
milieu, qui fervoit autrefois de porte à la ville, au'fîî-
bien que le grand Châtelet, dans le tems qu’elle
n’avoit point d’autre étendue queFîle du Palais; ce
bâtiment fut réparé par le roi Robert.
En montant vers la porte où finit la rue S. Jacques
eft l’églife faint Séverin, fort ancienne, puifque le
fondateur dont elle porte le nom vivoit du tems de
Clovis, qui le fit venir de Savoye pour le guérir,
d’une fièvre dangereufe ? dont il le traita par des
prières, & il fé rétablit. L’églife de faint Yves eft un
peu plus haut ; elle fut bâtie l’an 13 4 7 , par une con-.
frairie de Bretons1 qui étoit alors à Paris.
En avançant dans la même rue ,-on trouve'l'e couvent
& l’églife des M'athurins , ou Trinitaires. L e .
couvent fut fondé par faint Louis ; &c Robert Gaguin,
général de l’ordre, fit bâtir l’églife , qu’on a embellie
depuis.quelque tems. On paffe enfuite devant l’églifé4
Lde faint B enoît, dont on dit que faint Dénis \ évêque
de Paris, a été lé fondateur. Le bâtiment, eft fort
fimple & fort groflier.
De l’autre côté de la rue, fe trouve le college
royal, qui doit fa fondation à François I. Les profef-
feurs, au nombre de dix-neuf, font gagés du R o i, &
-font une efpece de corps féparé de; l’uni verfité, à laquelle
ils ne laiffent pas d’etre fournis.
A quelque diftance de là , eft ia place,du puits
.certain, au haut de la rue Saint-Jean-de-Beauvais.
Ce puits fttt fait vers l’an 15 56 par Robert Certain,
pour lors d ire de l’églife de faint Hilaire, & nommé
premier principal du college de -fainte Barbe. Cette
eglife a été bâtie dans la cenfive du chapitre de faint
^Marcel ; & comme ce chapitre avoit autrefois droit
de juftice haute, moyenne & baffe dans tout ce quartier
là , e’étoit au puits Certain que fe faifoient ordinairement
les punitions corporelles, en exécution
des fentences de la même jurifdi&ion , & principalement
lorfque quelque criminel avoit été condamné
;à mort.
En rentrant dans la rue Saint-Jacques, & montant
un peu plus haut , on voit le college du Pleffis, qui
eft un des plus beaux de l’uni verfité ; le cardinal de
Richelieu ayant laiffé une fomme confidérable pour
le faire rebâtir. A cinquante pas de ce college, eft
Celui qii’on appelloit encore il y a deux ans, des
Jêflûtes, & qti’on avoit nommé fort longtems, le
college de Clermont. Vis-à-vis eft le grand couvent des
Jacobins, nommés originairement les Freres Prêcheurs
de l’ordre de faint Dominique.
Au fortir des Jacobins, on vient à faint Jacques
de Haut-Pas,, paroiffe de tout ce quartier. Le femi-
naire de faint Magloire, aujourd’hui gouverné par
les peres de l’Oràtoire, eft prefque Contigu à cette
églife. On trouve enfuite le .couvent des Urfidines,
celui des Feuillantines , & des Carmelites. L’églife
de ces dèrnieres eft décorée de tableaux des plus
grands maîtres ; de la Magdeleine de le Brun, de
la Salutation Angélique du Guide ; & toute la voûte
de l’églife eft de Champagne.
Le Val-de-Grace, l ’un dçs. plus fuperbes édifices
qu’on ait élevé en France dans le dernier fiecle, eft
fi tué de l’autre côté des Carmelites, & occupé par
des religieufes de l’ordre de faint Benoît, qui avoient
été fondées autrefois près du village de Bièvre , en
un lieu appellé le val profond, & fort incommode à
caufe des marécages. Elles fe logèrent en 1621 au
faubourg Saint-Jacques ; & la reine Anne d’Autriche,
pour rendre graces à Dieu de fon accouchement de
Louis X IV. après 22 ans de ftérilité, fit jetter les fon-
demens du bel édifice, qui porte le nom de Val-de-
Grace; la coupole de cette églife peinte à frefque par
Mignard, eft d’une grande beauté.
\ En entrant dans la ville par la rue d’enfer,. on
trouve la maifon des peres de l’Oratoire, appellée
Vinjlitution,. & fondée en 16 50 par M. Pinette, fe-
crétaire de Gallon de France , duc d’Orléans.
A peu de diftance de-là.; eh defcendant, eft le
couvent des Chartreux, de la fondation de faint
Louis , qui leur donna le vieux château de Vauvert,
habité felon les hiftorieos de ce tems-là, par les
diables , en forte que la rue en fut nommée la rue
d ’enfer; mais fuivant la vérité, & les vieux titres
dans lefquels oh lit via inferior, ces mots ne lignifient
autre chofe que lame baffe, parce que cétte
rue étoit plus baffe que la rue Saint-Jacques r qu’on
appelloit j a rue haute, via fuperior ; c’eft aufli pour
cette railon que l’églife paroiffiale de faint Jacques
eft nommée du Haut-pas, ab alto pajfu. Lés Cnar- -
treux occupéntun terrein qui eft plus grand qu’aucune
autre des maifons religieufes de la ville & des
faubourgs de Paris. Ce fut de cette maifon que
Henri III. partit le 15 Mars 1:686 avec foixante des
nouveaux pémtèns dont il étoit I’infHtuteùr, peur
aUer | pie proceffionnellement à l ’églife.Notre-Dame
de Chartres, d’où ils revinrent deux fours après.
Apres avoir paffé par l’endroit où étoit fa porte
de Saint-Mi chef;; qui a été abattue, on entré dans la
rue de la Harpe , où fe préfente là Sorbonne, vieux
college rétabli magnifiquement de fond en comble
par. le cardinal de Richelieu, & en conlèquence- ce
cardinal y a un tombeau magnifique, un des chefs-
d oeuvre de Girardon, La bibliothèque de cette maifon
eft une des-plus belles de.Paris. On y montré
une tradudion françoife de Tite-Live, mamifcrite,
dediee au roi Jean, &: enrichie de mignatures où
régné 1 or-couleur très-brillant, & dont on ignore la
compolition. • - * . .
Après que l’on eft entré dans la n ie de la Harpe
en traversant la place de Sôrbohhe, on trouve le
college d Harcourt fondé en 1280 par Raoul d’Har-
c®/rt ’ cl\auoine de l’églife de Paris. Plus bas eft l’é-
glife pat-oiffiale de Saint-Côme , bâtie en 1212 par
Jean, abbe de Samt-Germain-des-Prez. Proche cette
egnle, eft la maifon de Saint-Côme, deftinée à l’étude
de l’anatomie chirurgicale. Dans 1a même rue
de la parpe, font les ruines du palais des Thermes k
dont j ai déjà parlé.
A l’ptrémité de la ru® de la Harpe, en tournant
à gauche, on entre dans celle de Saint-André-des^
Arcs , Ou eft l’églife paroiffiale de ce nom. Ce n’étoit
autrefois qu une petite chapelle au milieu d’un champ
plante dé vignes & d’arbrès fruitiers. Quelques antiquaires
croient que cette églife a été appellée Saint*
André-des-Arcs à caufe d’un grand jardin qui étoit
proche de-là, ouïes ecoliers alloient fouvent s’exercer
à tirer de l’arc.
V t II , O , «viii«uu,iavuH ld porte
a laquelle on donnoit le nom du faubourg, la porte
Dauphine, celles de Bufly & de Nefle ayant été abat,
tues, tout ce quartier eft devenu un dés plus grands
de Paris,& au-deffus des plus belles villes de France
tant pour la quantité d’hôtels magnifiques qui le com-
pofent, que pour la multitude du peuple qui s’y rencontre.
J
Ce quartier a pris fon nom de l’abbaye royale de
Saint-Germain-des-Prez, fondée par le roi Childe-
b ert, fils de Clovis. La réforme a été établie dans
cette abbaye en 1631. La bibliothèque eft une des
plus belles du royaume. Cette abbaye étoit autrefois
hors de la v ille , expofée aux incurfions des Normands
, entourée de murailles qu’on a abattues pour
y bâtir les maifons qu’on voit à préfent tout à-f’en-
tour.
Le palais d’Orléans, autrement nommé le palais
de Luxembourg, parce qu’il eft dans un lieu où étoit
un ancien hôtel de cé nom, fait un dès grands orhe-
mens du quartier de Saint-Germain. La reine Marie
de Médicis , veuve d’Henri IV. a fait bâtir cé palais
de fonds en comble. La grande galerie a été peinte
par Rubens , qui s’occupa pendant 2 ans à ce travail.
Le petit hôtel de Bourbon eft dans la rue de Vau-
girard, qui paffe devant le palais de Luxembourg;
c etoit autrefois l’hôtel d’Aiguillon, que le cardinal
dè Richelieu fit embellir pour la ducheffê d’Àiguil-
lon fa niece. Tout proche ëft le couvent des religieufes
du calvaire, de l’ordre de S. Benoît, fondé
en 1620 par la reine Marie de Médicis. Dans la même
rue on trouve le couvent des carmes déchauffés,
vis-à-vis des murs des jardins du Luxembourg. Il fût
fondé en 1611 par les libéralités de quelques bourgeois
qui donnèrent une petite maifon fituée en ce
neu-là à des religieux carmes venus d’ Italie , ■ pouf
apporter en France la réforme que fainte Théréfé
avoit faite en Efpagne de l’ordre du Mont-carmel.
Ces bons moines n’ont pas mal profpéré.