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' On trouve quelquefois dans les ovaires desveucu-
les g u i contiennent une humeur aqueufe, & qui font
quelquefois plus 'greffes que les oeufs mêmes ; mais
qui ne-s’eridurcïffent point' quând on les fait cuire :
ce font‘de’ faux oeufs qu’on appelle des hydatides.
Les oeufs different beaucoup les; Uns -dès" autres
dans un même ovaire. Dans les femmes leS plus gros
oeufs ne paffent pas la grofléur d’iin pois : on les trouv
e dans tous les animaux. L’âge & la groffefle y apportent
un grand changement; car dans les-’jeunes
animaux ils font fort petits , & plus gros dans ceux
qui font âgés. On en trouve quelquefois jufqu’à 20
dans un ovaire, enfermés chacun dans une petite cellule
, à laquelle fe terminent beaucoup de veines &
d’arteres, tant pour porter la nourriture à l’oe u f,
que pour remporter le fuperflu.
Dans l’ouverture des cadavres des femmes , on a
trouvé quelquefois un des ovaires de la grofleur du
poing , rempli d’une humeur gluante, verdâtre, 6c
quelquefois plein de cheveux. On a trouve ^encore
ces mêmes ovaires charnus , & d’autres fois d’un vo lume
fi confidérable, qu’ilscontenoient ^lufieurs livres
d’eau : 'quelquefois on y a rencontré de petites
pierres ydu fuif & chofes femblables. Dans une femme
âgée de 24 ans, M. Ruyfch y a trouvé des dents,
entr’autres une dent molaire. Voyc{ aujji Us mém.de
l'acad.des.Sciences, ann.-iy43. ^
La plûpart des anatomiftes modernes croient que
ces oeufs étant rendus féconds , lorfqu’ils font pénétrés
par la partie fpiritueufe de la liqueur fémina-
le font portés des ovaires des femmes dans la matrice
par les trompes de Fallope, oit les petites découpures
du morceau frangé les ont engagés ; qu’ils s’ac-
croiffent dans fa cavité de ce vifcere par la nourriture
qui leur eft fournie, 6c que la matière intérieurement
contenue dans ces oeufs, fert à former le
foetus 6c fes enveloppes à produire l’arriere-faix.
Ils étalent plufteurs raifons pour appuyer leur
fyftème, que le foetus fe forme de cet .oeuf qui fe
détache de Y ovaire. i ° . Tous les animaux ont des
ovaires: 20. Riolan, Graaf, Eitfoltzius , rapportent
qu’ils ont trouvé le foetus dans les tuyaux par où
paffent ces oeufs : 30. on a trouvé un foetus dans les
trompes , d’oîi il a été retiré âgé de 21 mois, & la
mere n’eft pas morte dans l’opération....f'byqr auffi
l’obfervation de M. Littré dans les Mém. de L'acad.
des Scienc. ann. 1701. 40. M. Ruyfch a fait voir un
oeuf détaché récemment de la trompe, tournée vers
Y ovaire pour recevoir cet oeuf : 50. l’expérience de
Nuck appuie fortement cette opinion. Il prit une
chienne, & quelques jours après l’avoir fait couvrir,
il trouva deux oeufs qui étoient fort groflis dans IV
vairei il lia la corne de la matrice qui regardoit ces
oeufs, il referma la plaie ; &; a i jours après ayant
rouvert cette chienne, il vit deux foetus dans la
corne entre la ligature 6c Yovaire. 6°. Enfin les femelles
ne fauroient concevoir fans les ovaires ; car
les chiennes qu’on a coupées ne conçoivent pas, 6c
n’ont plus aucun penchant à l’amour, comme fi les
ovaires feuls les y excitoient.* (D . /.)
O v aire ,piefre , (Hifi.nat.) Lapis ovanus ; pierre
formée par un affemblagede petits globules femblables
à des oeufs de poiffon. Voye^ O o l it E; ( - ) t
O V A L E , f. f. (Botan.) on appelle en Botanique
un fruit ovale, non feulement celui qui approche de
la figure d’un oe uf, mais encore celui dont la coupe
d’un bout à l’autre reffembie à une ovale méehani-
que , 6c quelquefois les deux bouts en font pointus.
( D . J . ) ( ■
O v a l e , (Géom.) eft une figure curviligne.oblon-
gue, dont les deux diamètres font inégaux , ou une
figure renfermée par une feule ligne courbe , d’une
rondeur non uniforme , & qui eft plus longue que
large, à-peu-près comme un oeuf, ovum, d’où lui
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eft venu le nom à'ovale. Voyeç Allongé.
L'ovale proprement dite,: vraiment & fèmblable
à un oeuf, eft une figure irrégulière, plus étroite par ■
un bout que par Taittre^, en quoi elle différé de Tel-
lipfe, qui eft une mathématique, egalement
large à fes deux extrémités. ^°ye{ E l l i p s e .
Le vulgaire confond ces'déux efpeces d’cva/es ; les
Géomètres appellent Y ovale proprement dite, faujfe-
ellipfe.
Voici la méthode la plus en ufage parmi les ou --
vriers pour décrire l'ovale, appellée communément
ovale du Jardinier, 6c qui n’eft autre chofe qu’une el-
lipfe. On prend une corde E fm ( Fl. -géom. fig.\
48.) dont la longueur foit égale au grand* diamètre
dé ï'ovaltf 6c dont on attache lés extrémités aux deux
points , ou clous E F , qui font fur le grand diamètre;
enfuitepar le moyen d’un ftile M , on conduit la-
corde autour de cesdeitx points : Y-ovale eft d’autant1
plus oblongue, que les deux points, ou clous E F ,
font plus éloignés l’un de l’autre. Voye[ Ell ip se.' 1
Voici une maniéré de décrire une elpéçe dYovdlej
Ayant décrit {fis- *3 fecï. 'con.) les deux cerclés A
C , foient tirées deux lignes A E , C E , telles que
C E = A E + A B—CZy. Il eft confiant q u e A E + A B ,
fera =CE-\-C D -, 6c qu’ainli du centre E , & du
rayon E D , on pourra décrire un* arc B D , qui
touchera les deux cercles en 5 & en D . Si on en
fait autant de l’autre côté, on aura Y ovale complette
B D d b .
Si les deux cercles A , C-, font inégaux, alors
Y ovale fera plus large à une extrémité qu’à l’autre.
S’ils font égaux, elle fera également large à fes deux
extrémités. Il y a des géomètres qui, dans ce dernier
cas, regardent Y ovale ainfi décrite, comme une
ellipfe ; mais il eft aifé de prouver qu’ils le trompent,
car l’ellipfe n’eft point compoféé d’arcs , de
cercles. Voyc-^ Ell ip se. ( O )
O v a l e , en Anatomie, eft un nom que l’on donne
à différentes parties, qui ont ou la figure d’un oeuf, '
ou d’une ligne qu’on appelle ovale ou ellipfe. Voye1
E l l i p s e .
C’eft dans ce fens qu?on appelle la partie du cerveau
, fitué entre la fubftance tendre 6c les ventricules
latéraux, le centre ovale ; parce que la fubftance
médullaire repréfente un oeuf. Voyeç C erv eau .
Le trou ovale • ou trou botal du coeur du foetus ,
voye^ F oe t u s & C oe u r , 6c le trou ovale des os des
ifles , voyeç O s DES ISLES.
Les trous ovalesde La bafe du crâne. Voyc{ C râne.
O v a l e ralongée ou rampante , (Arc hit.) .dans le
premier cas, c’eft la cherche ralongée de la coquille
d’un efcalier ovale-, 6c dans le fécond, c’eft
une ovale biaife ou irrégulière, qu’on trace pour,
trouver des arcs rampans dans les murs d’é,chiffre
d’un efcalier. Daviler. (D . J.)
O v a l e s , dans torgue, c e f o n t l e s l e v i r e s f u p é -
r i e u r e s d e s t u y a u x d e s t o u r e l l e s . Voye^ M o n t r e de
16 pies , & l e s fig. 1 & 31 Fl- d'orgue.
O v a l e d e J a r d i n i e r , (Jardinage.') c’eft une figure
qui fe trace par le moyen d’un cordeau , dont
la longueur doit être égale aux plus grands diamètres
de Y ovale, 6c qui eu attaché par fes extrémités i
à deux piquets,aufli plantés dans le grand diamètre,.
.pour former cet ovale d’arc. (D . JJ)
O v a l e , machine dont nous avons expliqué l’u-
fage, 6c donné la defcription h l'article D e n t e l l e .
O U -A N G O U , f. m. mets dont les habitans des
îles Antilles font ufage: il fe fait avec de la farine
de manioc bouillie dans de Beau jufqu’à la confif-
tenèe j l ’une pâte molle , mais affez; folide pour pou-:
voir en former des boulettes entre les doigts : on y
ajoute avant la cuifion , un peu de feî & du piment.
Le ou-angou fe mange rarement feul: on s’en'
fert par préférence au pairç, lorfqu’on veut fe réga-
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1er de calalou, forte de farce compofé.e d’hérbes
potagères, de crabes & de poiffon. Voye\ C ala lou
. ( M . l e R o m a in .)
OU-ARACABA, f. m. c’eft un morceau de bois
en forme de planche fort épaiffe d’environ 3 pies
de hauteur,*fin: autant de largeur à fa partie fupé-
rieure & d’un pié & demi à deux piés par le bas,;
ayant la figiïre d’un trapeze élev.é debout fur le plus
petit deffes côtés, & pofé en travers/ur la proue d’une
pirogue caraÿbe. Cette pieçe;eft ordinairement
l'culptée fur fa furface extérieure, dlune qfpecedebas-
relief, repréfentant une greffe tête,hideufe , de figure
o vale, platç, vue de face, dontles yeux &
la bouche font formés avec dés morceaux de coquillages
incruftés dans le bois. La grandeur énorme de
cette tête ne la'iffe vers le bas de la planche qp’un
efpace d ’environ un pié au plus,;,dans lequel eft
peint à'plat, & fans relief, le corps difproportionné
du monftre, repréfentant à-peu-près celui d’un lézard
à .queue eputte,; le tout barbouillé de blanc &
de noir d’une façon bifarre : c’eft une elpece de ma-
boy a ou idole caraÿbe. Voye^ Maboya. ( M. le
R o m a in .)
OU-AIIOULY, f. m. corbeille trèsrproprement
ouvragée, & tiffue de-brins de latanier & de ro-
feau , .ferrés & paffés les uns entre les autres.
Le fonds de.cette corbeille eft parfaitement quarré,
d’environ un pié de largeur ; mais fes bords de cinq
à fix pouces de hauteur , s’évafent à mefure qu’ils
s’élèvent, 6c Ce terminent en rond autour d’un cercle
, lequel eft furmônté d’une baluftrade à jour, de
2 à 3 pouces de hauteur ; le tout eft fupporté fur 4
petits piés, hauts de 4 à 5 pouces Sc peints en rouge.
Les fauvages emploient le ou-arouly à-peu-près
aux mêmes ufages que le matatou. Voye[ M a t a -
to u . ( M. l e R o m a in . )
OU-ATREGAN , f. m. (HydrJ)- canal que l’on
coupe dans-un terrein afin d’en faire écouler l’eau.
Voye^ C anal , &c. Ce mot, qui n’eft pas fort ufité,
vient de Panglois water, qu’on prononce ouaitre, 6c
qui fignifie eau & gang, amas.
O U A T E , f. f.(Co/72wz.) efpece de coton très-fin
& un peu Iuftré. Quoique quelques auteurs prétendent
que la véritable ouate fe trou ve en orient, au?,
tour de quelques fruits à qui elle lert de première enveloppe
; il eft néanmoins certain que Y ouate eft
produite dans les gouffes d’une plante qui croît communément
en Egypte, & que quelques curieux cultivent
par rareté.
Cette plante fe plaît dans des lieux humides & ma:,
réçageux ; fes feuilles font affez larges, rondes & arrondies
par le bout ; fes fleurs fortent en bouquets,
qui forment une maniéré d’ombelle, & elles ont
leurs feuilles renverlées comme celles de martagon.
L'ouate eft renfermée dans des gouffes qui s’ouvrent
quand elles font en maturité; la femence qui
s’y trouve mêlée eft p etite, ronde , plate, tirant fur
le gris-brun. C ’eft d’Alexandrie que l’on tire cette
marchandife, & elle vient en France par la voie de
Marfeille......
Il y a encore une forte de coton que l’on nomme
aufli ouate, quoiqn’improprement ; ce n’eft autre'
chofe que la bourre ou première foie qui couvre la
coque des vers à foie : on la fait bouillir, & après
cette feule préparation, on la vend pour la véritable
ouate »quoiqu’elle n’en approche en aucune maniéré,
ni pour la fineffe, ni pour la beauté.
Les ouates ne fervent que pour fourrer des robes de
chambre , des courtepointes, & autres meubles ou
habillemens qu’elles rendent très-chauds fans les
rendre pefans. Elles ont communiqué leur'nom à
prefque toutes les autres fourrures qui fe mettent
entre deux étoffes; & l’on appelle communément
ouatée, une robe fourrée, un jupon, 6-c, quoique le
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plus fouvent on n’y emploie Amplement que du co
j ton ordinaire ou de la laine. Savary. (D . J.)
OVATION , -f. f. (Aruiq. ram.) ovatiô - petit,
triomphe, qui ne confiftoit qu’en une affez modique
pompe, comparée à celle du, grand triomphe. Ici je
vainqueur, vêtu feulement d’iino robe blanche bor—-
dee de poupre., marehoit à.piç, ou à cheval, à la tête
; de fes troupes , fans autre marque de fes fu,ccès, que ,
les acclamations populaires,.que quelques couron-
_ nés de myrte, 6c qu iine partie de fon armée qui le
i precedoit au fondes flûtes.. Le fenat néanmoins, les -
; chevaliers, & les .principaux citoyens, affiftoient à
fqn triomphe ., dont la marche fe terminoit au capitule,,
où l’on facrifioit aux dieux des brebis blanches
; mais dans le grand triomphe lq vainqueur,
monté fur un char, étoit couronné de lauriers , 6c
précédé de lauriers ; il parcouroit la vifl® jonchée
cle.fleurs, & fe rendoit au capitole, où il facrifioit un
taureau.
Cependant la même liberté. qu’avolent* les fol-
dats. de brocarder leurs généraux dans les grands
triomphes, regnoit aufli dans les.ovations. Le con-
ful Valérius ayant-fait des levées malgré la fadion
de Ménenius tribun du peuple, 6c ayant repris par
fa valeur la fortereffe de Caravantane fur les ennemis
, le fénat lui décerna l’honneur du petit triomphe.
Il crut devoir le lui accorder, quoiqu’il fut mal
voulu du peuple Ôc de l’armée, tant à caufe de l’op-
pofition qu’il avoit faite à la loi agraire, propofée
parle même tribun Ménenius, que parce qu’il avoit
mis tout, le butin dans le tréfor de l’épargne. Lefol-
dat.ne manqua pas, dit Tite-Live, d’ulèr de fa licence
ordinaire, & de brocarder fon général dans
deschanfons groflier.es , où il affeéla d’élever le mérite
du tribun par une infinité de louanges, auxquels,
les le peuple qui étoit accouru en foule, répondit à
l’envi par fes acclamations. Les nouveaux applau-\
diffemens du peuple jetterent plus d’effroi dans le
fénat, que n’avoit fait l’infolencedu foldat à l’égard
du conful.
Le petit triomphe a été nommé ovation, dit Denis
d’Halicarnaffe , d’un mot grec que les Romains
ont corrompu : le mot grec dont Denis d’Halicarnaffe
prétend que les Romains firent celui d'ovatio,
eft iuxffpoç, qui fignifie clameur 011 cri de joie , que
pouffent les loldats après le gain d’une bataille. La
corruption de ce mot eft le changement de 1’« en o ,
qui n’eft pas extraordinaire chez les Grecs. Ce fen-
timent eft appuyé de Feftus : quaji vero romani, dit
cet auteur, tva.çjuov , grcecorum voçem, quceclamorem
Jignijicat, ovationis nomine voluerint imitan ; « com-
» me fi les' Romains, dit-il, enflent voulu imiter
» des Grecs, le mot îuaç/j.o'ç, qui fignifie cri de joie,
» par celui à'ovatio ».
Pour donner encore une interprétation plus pré-
cife du mot grec iuxçpo'ç, ou ivxçrnç, d’où les Romains
formèrent le terme d'ovatio, quelques fa-
vans croient pouvoir le tirer de l’ancien cri dé joie
îvoi ou îuàv, que les Grecs faifoient retentir dans les
bacchanales en l’honneur de Bacchus. Les Romains
dans ce nouveau genre de triomphe, empruntèrent
ces mêmes termes ivoî, Ivdv, par lefquels ils ap-
plaudiflbient au vainqueur, éc pour en conferver
l’ origine, ils le nommèrent ovatio ; & de même que
les Grecs firent le mot iùxÇtiv, pour lignifier applaudir,
les Latins firent pareillemenr celui d^ovari, pour
lignifier la même chofe. D'où vient qu’on lit dans
Virgile, liv. VI. de l'Enéide:
Evantes orgia circum
Ducebat phrygias.
Enfuite du verbe m/ri,les Romains firent le nomeva-
tiones, pour rendre 1 euac/^sçdes Grecs. Enfin par une
corruption qui fit perdre de vue l’ancienne étymologie
, ils firent le mot ovatio.