fe tenir debout, à gefticuler, à danfer, 6c. Uours
fimvage ne fuit pas à l’afpeâ de l’homme ; cependant
on prétend qu’il s’arrête , & qu il fe leve fur les
pies de derrière lorfqu’il entend un coup de fifflet.
On prend ce tems pour le tirer, mais fi on le manque
, il vient fe jetter fur le tireur, 6c l’embraffant
les pies de devant, il l’étoufferoit s’il n’étoit feeou-
ru. On chaffe 6c on prend les ours de plufieurs façons
en Suede, en N orvège, en Pologne, 6c. On
les enivre en jettant de l’eau-de-vie fur le miel
qu’ils cherchent dans les troncs d’arbres. Les ours
noirs de la Louifiane & du Canada nichent dans des
vieux arbres morts fur p ié, 6c dont le coeur eft pourri
: ils s’établiffent rarement à rez de terre, quelquefois
ils font à 30 ou 40 piés de hauteur. On met le
feu à l’arbre pour les faire fortir. Si c’eft une mere
avec fes petitis, elle defcend la première , & on la
tue avant qu’elle foit à terre : les petits defcendent
enfuite, on les prend en leur paffant une cordeau
cou. Leur chair eft délicate &c bonne : celle de Y ours
eft mangeable, mais il n’y a guere que les piés qui
foient une viande délicate, parce qu’ils ont moins
d’huile graiffeufe que le relie du corps. La peau de
Y ours eft de toutes les fourrures groflieres celle qui a
le plus de prix,& la quantité d’huile que l’on tire d’un
feul ours eft fort confidérable. « On met d’abord la
>> chair 6c la graiffe cuire enfemble dans une chau-
»> diere ; la graiffe fe fépare enfuite, dit M. du Pratz
» dans Yhißoire de la Lou'fianne, tom. page 89. On la.
« purifie en y jettant, lorfqu’elle eft fondue & très-
» chaude, du fel en bonne quantité, & de l’eau par
» afperfion : il fe fait une détonation, & il s’en élé-
u ve une fumée épaiffe, qui emporte avec elle la
» mauvaife odeur de la graiffe. La fumée étant paf-
» fée, & la graiffe étant encore plus que tiede, on la
» verl’e dans un pot, oit on la laiffe repofer 8 ou 10
» jours : au bout de ce tems, on voit nager deffus
» une huile claire qu’on enleve avec une cuillier.
» Cette huile eft aufli bonne que la meilleure huile
„ d’o live , 6c fertaux mêmes ufages. Au-defiouson
» trouve un fain-doux aufii blanc j mais un peu plus
„ mou que le fain-doux de porc ;,il fert aux befoins
» de la cuifine, & il ne lui relie aucun goût défa-
„ gréable, ni aucune mauvaife odeur ». La quantité
de graiffe dont Y ours eft chargé le rend très-léger à
la nage, auffi traverfe-t-il fans fatigue des fleuves 6c
des lacs. Hiß. nat. gen. & part. tom. FU I . Voyt1
QUADRUPEDE. =(/ )
Ours , (Hiß. nat’ d*5 quadrupèdes.') M. Lyonnet a
fait une obfervation judicieufe, que je crois devoir
ajouter ic i, parce qu’on peut l ’appliquer à quantité
d’autres points de l’hiftoire naturelle.
Plufieurs auteurs ont écrit comme une chofe avérée
, que Y ours malade d’indigeftion , enduit fa langue
de miel, l’enfonce dans une fourmilière , 6c lorf-
que les fourmis s’y font attachées, il la retire, les
avale, & fe trouve guéri. Quand on lit des faits fi
curieux, on eft fâché de voir que les auteurs qui nous
les racontent, ne fe foient jamais fouciés de nous apprendre
par quels moyens ils font venus à bout de
s’affurcr de la vérité de ces faits. S’ils avoient bien
voulu prendre cette peine,. ils auroient prévenu
par-là toutes les objections qu’on peut leur faire naturellement,
6c qui forment autant de doutes contre
la vérité de leurs récits. Lorfqu’on lit , par exemple,
ce qui eft ici rapporté de Yourst il eft naturel de fe demander
: Dans quel pays Ypurs eft-il affez traitable
pour laiffer de fi près épier fa conduite? Aquelfigne
voit-on qu’il eft malade ? Comment fait-on qu’il eft
malade d’indigeftion ? Si c’eft de miel qu’il enduit fa
langue, oit trouve-t-il le miel fi fort à portée ? Y
a-t-il des endroits oit les abeilles fauvages ne prennent
pas foin de mettre leurs rayons à couvert de
toute infulte? Comment fait-il pour n’en être pas pique
? Toutes ces fortes de queftions que l’on fe fait,
& auxquelles on manque deréponfe, nous difpofent
louvent à rejetter. comme fabuleufes des relations
que nous aurions peut être c ru , fi les auteurs qui les
rapportent, avoient pris foin de prévenir les objections
qu’ils dévoient prévoir qu’on pourroit leur faire.
(D. J .)
O u rs, (Criiiq. facrée.) Comme cet animal étoit
fort commun dans la Paleftine où il faifoit de grands
ravages, l’auteur des Prov. 28. lâ. compare à Yours ,
un homme inhumain 6c cruel. If. x j. y. décrivant le
bonheur du régné du Melïie , dit qu’alors on verra
l’ours & le boeuf paître amicalement enfemble,
( D . J. )
O urs , ( Pelleterie. ) La peau d'ours eft une forte
de pelleterie fort eftimée, 6c dont on fait un commerce
affez confidérable ; celles des vieux ours fervent
ordinairement aux caparaçons & aux houffes
des chevaux ; à faire des facs pour tenir les piés
chauds pendant l’hiver. Celles des ourfons font employées
à fabriquer des manchons 6c autres fortes
de fourrures. On appelle ourfons, les petits ours. On
donne le même nom aux manchons faits de la peau
d’un jeune ours.
O urs ou sa in t G al , ( Hijl. mod. ) nom d’un
ordre de chevalerie en Suiffe, que l’empereur Frédéric
II. inftitua en 1213 dans l’abbaye de faint
G a l, fous la protection de faint Urfe, capitaine de
la légion thébaine , martyrifé à Soleure. Ce prince
voulut par-là récompenser des fervices quel’abbéde
faint Gal 6c les Suiifes lui avoient rendus dans fon
éledion à l’empire, il donna aux principaux fei-
gneurs du pays des colliers & des chaînes d’o r , au
bout defquelles pendoit un ours d’o r , émaillé de
noir ; 6c il voulut qu’à l’avenir cet ordre fût conféré
par l’abbé de faint Gal. Mais il a été aboli depuis que
les Suiffes fe font fouftraits à la domination de la
niaifon d’Autriche. Favin , thèat. d’honn. 6* de chevalerie.
OURSE , f. f. (Aflron. ) nom de deux conftella-
tions voifines du pôle Septentrional ; l’une portant
le nom de grande ourfe, l’autre celui de petite ourfe.
Cette derniere eft celle oùfe trouve l’étoile polaire ,
ainfi nommée prrce qu’elle n’eft qu’à deux degrés du
pôle. Foye{ Pôle , Éto il e 6 C o n s t e l la t io n .
La grande ourfe eft compofée, fuivant Ptolomée,
de 35 étoiles ; fuivant Tycho , de 56 ; mais dans le
catalogue britannique, elle en a 115.
O urse d’a r t im o n , (Marine.) Foye^Ho u rc e.
O urse, ( Mythol. ) Onvientde voirqu’ondonne
ce nom, en Aftronomie , à deux conflellations fep-
tentrionales voifines du p ô le , dont. Fune eft ajjpel-
lée la grande ourfe , en latin , arclus major , helice ,
phtnice; 6c l’autre, la petite ourfe, cynofura : l’une
fu t , au dire des Poètes, Califto, fille de Lycaon ,
roi d’Arcadie; & l ’autre, une des nourrices de Jupiter.
Ovide dit que Califto étant devenue enceinte
de Jupiter fur les montagnes -noanériennes en Arcadie
, fut changée en ourfe par Junon. Comme en cet
état elle fut perfécutée par les chaffeurs ; elle fe réfugia
dans un temple où perfonne n’ofoit entrer ;
là , elle impiora le lecours du maître des dieux, q ui,
touché de fa pofition 6c du danger auquel elle etoit
expofée , la plaça dans le firmament. Aratus tranf-
porte à la petite ourfe la fable qui regarde la grande
; ourfe ; à lui permis : c’eft affez pour nous d’en avertir
, 6c de remarquer que le nom de Phénice lui a été
donné, parce que les Phéniciens ont commencé à
régler le cours de leur navigation par cette conftel-
lation la plus proche du pôle du nord. (D . J )
OURSIN j f. m .(-Hif. nat. Botan.) echinopus ;
genre de plante à fleur globuleufe, compofée de
plufieurs fleurons profondément découpés & foute-
nus par un embryon ; ces fleurons ont chacun un caliceécàilleux,
& ils font attachés à la couche. L’embryon
devient dans la fuite un fruit renfermé dans
une enveloppe qui a fervi de calice à la fleur. Tour-
nefort, injl. rei herb. Foye^ Plan t e . ( / )
O ursin , Hérisson de mer , C hâtaign e
de m e r , echinus marinus; animal marin qui tire
fon nom du grand nombre de pointes dont tout fon
corps eft entouré , ce qui lui donne quelque reffem-
blance avec le hériffon. Il y a beaucoup de différentes
efpeces d’ourfns. Les anciens naturaliftes
proyoient avec raifon que les pointes des ourfîns leur
tenoient lieu de jambes, & qu’ils s’en fervoient pour
marcher ; mais M. Gandolphe, mémoires de L'acad.
royale des Sciences, ann, /yoi) , a cru voir que les
ourfîns avoient de vraies jambes difpofées autour de
leur bouche. Ilprétendoit que les pointes de ces animaux
ne contribuoient en rien à leur mouvement
progreflif. M. deReaumur a reconnu depuis le contraire
; il a vû très-diftinélement que les ourfins ne
fe fervent que de leurs pointes pour aller en-avant ;
il a obfervé aufli les parties que M. Gandolphe avoit
pris pour des jambes, ce font des efpeces de cornes
Semblables à celles des limaçons, dont l’ufage eft
très-différent de celui que M. Gandolphe leur a attrib
u é , puifqti ’elles fervent à fixer & à arrêter l’animal
, qui s’attache avec ces parties fur quelque corps
Solide, au point que fi on veut le féparer de ce
Corps par force, on caffe ordinairement une partie
de ces cornes. M. de Reaumur donne le nom de corne
à ces parties, parce que Yourfin s’en fert pour tâter
les corps qu’il rencontre dans fa marche, comme
font les limaçons avec leurs cornes ; celles de Yourfin
ne font bien apparentes que lorfqu’il eft dans
l’eau, & l’animal ne fait paroître au-dehors que celles
qui font pofées fur la partie du corps qui eft en-
àvant quand il marche. Si au contraire il eft arrêté ,
il n’y a d’apparentes que celles dont il s’eft fervi pour
fe fixer à quelque corps fôlide. L’enveloppe dure de
Yourfin eft couverte en entier de ces fortes de cornes.
M. de Reaumur eft parvenu à favoir le nombre
de ces cornes , en comptant les petits trous qui pénètrent
l’enveloppe , qui font beaucoup plus appa-
rens fur la Surface intérieure que fur l’extérieure ; il
fait monter le nombre de ces cornes jufqu’à environ
treize cent, qui eft le nombre aufli des trous d’où elles
fortent, car il n’y en a qu’une feule dans chaque
trou. Le même ourjin avoir environ deux mille cent
pointes. Ces pointes fervent de jambes à l’animal,
celles dont il fait le plus d’ufàge font fituéês autour
de fa bouche ; comme elles le meuvent toutes en
différens fens, il peut avancer de tous les côtés avec
la même facilité. 'C’eft fur Yourfin commun des côtes
du Poitou que M. de Reaumur a fait les observations
précédentes. On voit à la Pi. X F I 1I. plufieurs
figures de différentes efpeces d'ourfîns. Mémoires de
Vacad. royale des Sciences , parlA. de Reaumur, ann.
iy iz . Foye^TESTACÉ.
O ursin de mer , ( Conchyliol. ) genre de coquille
multivalve, de forme ronde, o v a le , à pans ,
irreguliere, quelquefois plate, armée de pointes ,
de boutons, quelquefois même toute unie.
On appelle eh françois cette coquille Yourfin, le
bouton , ou le hériffon de mer , quelquefois châtaigne
de mer, à caufe de fa figure hériffée.
Ariftote & Pline ont mis les ourfîns parmi les poif-
fons cruftacés, tels que font les étoiles de mer & les
crabes : d’autres les ont placés dans les coquillages
durs, hes ourfîns de la mer Rouge & ceux de l’Amérique
font d’une confiftance affez forte pour y tenir leur
rang ; il y en a qui penfent que les ourfins tiennent
le milieu entre les cruftacés 6c les teftacés.
Un moderne , malgré la quantité de pointes qu’on
remarque à Yourfin, le place dans les coquillages J
univalyes 3 c’eft apparemment parce que ces poin- I
tes ne fe voient d’ordinaire que lorfque le poiffon eft
vivant, & qu’elles tombent fi-tôt qu’il eft hors de
l’eau.
M. Dargenville dit avoir compté fur la fuperiîcie
d -un ourjin de la mer Rouge cinq divifions à deu*
rangs de mamelons , & de grandes pointes au nom-
bré de ioixaiite-dix , fans compter cinq autres rangs
de petites, & toutes les bandes qui féparent les ranls
des mamelons, lefqüelles font percées d’une infinité
de petits trolts; par oli fortent fes cornes : le grand
nombre de pointes que plufieurs ourfihs coafervent
toûjouïs , & qui font partie de leurs coquilles , n’a
pft les: faire mieux placer que parmi les multivalves ■
Charleton fit Aldrovandits les mettent cependant
dans la claffe des ttirbinéés, parce qu’ils n’ont point
de volutes bu de pyramides.
Rondelet en admet cinq efpeces ; Breynius en rapporte
fept, & IClémuis cinquante-huit, comprifes
fous huit genres. v
Nous croyons avec M. Dargenville qu’on peut
rapporter tous les ourfins fous fix genres : favoir t°.
l'iM^z de forme ronde ; on en voit de la Méditerra-
: née & de l’Océan, de rouges -j de verds, de violets.
i ° , Vourjin de forme ovale ; il y en a de la grande
& de la petite efpece. 3°. L'oui-fin de figure â pans
dKjouieur verte ; il y en a auffi de rougeâtres & dé
gris-cendré. 4“ . L’ourjin de forme irrégulière ; ce
genre eft très-étendu rbr. connoît dés ourfins grands
dé petits y faits en forme de tonneau; d’autres en
difque ; d’autres applatis, formant une étoile ; d’autres
fa ilM A fie d e s feftes ; d’autres en coeur A quatre
■ Mg cinq rayons, & à doubles raies. 5». L’o ù fn
plat & étoilé. 6°. l .’ôùrjin de couleur violette , de
formé ronde, à piquans faits en pignons de pommes,
de pin ; ce dernier vient de 111e de France en Amé-
rique.
L'ourfin a dans la cavité de fa coquille un inteftin
qui s’attache en tournant à cinq anneaux : cet inteftin
va fe terminer à une bouche ronde, large, 6c op-
pofée au trou par où fortent les excrémens. Elle eft
garnie de cinq dents aiguës 6c vifibles au bout de
cinq offelets, au centre defquels eft une petite langue
charnue, efpece de caroncule, où eft cette bouche
qui finir en inteftin , tournant autour de la coquille,
fuf'pendue par des fibres délicates. Ces petits offelets
font liés par une membrane fituée au’milieu de
l’inteftin , & forment la figure d’une lanterne.
La forme ordinaire de Yourfin eft ronde, ce qui le
fait nommer bouton ; quelquefois elle eft ovale ,
d ou il a pris le nom <Sechinus oyarius ; quand il eft
revêtu de fes pointes, on l’appelle digitatus. Sa fu-
perficie eft toute couverte d’une immenfe quantité
de petites cornes d’une demi-ligne de groffeur fur
neuf lignes d’étendue, vers la partie la plus renflée
de Yourfin ; les autres qui fortent vers le conduit des
excremens , de même que celles qui approchent de
la bouche, n’ont que trois ou quatre lignes : c’eft
par ces cornes qu’il peut fixer fa maifon.
Tout fon intérieur eft partagé en cinq lobes d’un
rouge foncé, & rempli d’une efpece de chair &
d’une multitude d’oeufs rouges, qui ( dans les ourfins
de la Méditerranée) étant cuits , ont le goût des
écreviffes*, & font meilleurs à manger que l’huître
verte.
On compte près de douze cens cornes dont fe fert
Yourfin pour fonder le terrein qui l’environne, pour
fe fixer contre quelque corps, ou pour fe tenir en
repos. Ses cornes plus longues que fes pointes ne fe
Voient point dans l’eau ; elles s’affaiffent, 6c fe cachent
entre les bafes & mamelons de fes pointes,
qui fe trouvent an nombre de plus de deux mille, &
qui lui fervent à marcher la bouche contre terre
pour prendre fa. nourriture. Il agite tellement fes
pointes ou fes piquans, qui lui tiennent lieu d’une