
NUAGE , f. m. n’eft autre chofe qu’une petite
nuée. VoyefFfuee.
Nuage g r a n d , l e , (Aftronom.') nom donné
par les Aftronomes à une tache blanchâtre 8c confi-
dérable qu’on voit dans la partie auftrale du ciel ,
femblable en couleur à la voie laftée ; avec cette
différence que celle-ci eftcompofée d’un grand nombre
de petites étoiles, au lieu que l’on n’en découvre
aucune dans le grand nuage , ni à la vue limple, ni
avec les plus longues lunettes, avec lefquelles même
on ne la diftingue pas du refte du ciel.
N u ages , f. m. pl. ( Médec. ) les médecins nomment
nuages les corpufcules qui flottent furlafurface
de l’urine. On remarque dans les nuages les mêmes
variétés par rapport à la continuité 8c la divilion ,
l’égalité & l’inégalité, l’épaiffeur 8c la ténuité , la
qualité 8c la diverfité de couleur que dans le fédi-
ment de l’urine ; mais comme c’eft le propre des
nuages d’être compofés de particules graffes 8c hui-
leufes, c’ eft par cette raifon qu’ils flottent & demeurent
fufpendus étant plus légers.
Nu age , ( Médec. ) en grec nephelion , en latin
nubecula , maladie de l’oeil ; c’eft un ulcéré allez léger
de la cornée tranfparente, femblable à celui que
l’on nomme brouillard , mais un peu plus profond ,
plus blanc, 8c qui occupe fouvent moins de place ;
comme dans cet ulcéré la fuperficie de la cornée eft
attaquée, il relie après fa guérifon une cicatrice légère
qui incommode un peu la v u e , quand elle fe
trouve au-deffus de la prunelle. Les anciens ont ap-
pellé cet ulcéré nuage, parce qu’il eft plus épais que
celui qu’ils nomment brouillard, en grec achlys , en
latin caligo oculi ; ce dernier n’eft proprement qu’un
commencement d’ulcération de la fur-peau qui recouvre
la cornée, & après fa guérifon il ne relie
aucune cicatrice , parce que cette fur-peau fe reproduit
aifément. (D . /.)
Nu ag e , f. m. ( terme de Blafon. ) ce mot fe dit
des pièces qui font repréfentées avec plulieurs ondes
, finuolités ou lignes courbes, foit fafces , foit
bandes.
NUA1SON , f. f. ( Marine. ) c’eft la durée d’un
tems égal & uni.
NUANCE, (terme de Teinturier.) adoucilfement,
diminution d’une couleur , depuis la plus fombre
jufque à la plus claire de la même efpece.
Il a des nuances de rouge , de verd , de bleu, de
gris-de-lin, de jaune, &c. & chaque nuance contient
huit ou neuf dégradations de couleurs.
Les maîtres & gardes des teinturiers en foie font
obligés par leurs ftatuts & réglemens de teindre tous
les deux ans deux livres de foie de feize fortes de
nuances en cramoili ; favoir , quatre rouges, quatre
écarlates, quatre violettes & quatre canelles, pour
fervir d’échantillons matrices fur lefquels les dé-
brouillis des foies de pareilles nuances doivent être
faits.
Nu an c e , ( Peinture. ) font les paffages infenfi-
bles d’une couleur à l’autre , ou du clair aux bruns.
On ne fe fert cependant guere de ce terme en peinture.
Nuances , m arque de (Soirief) billets attachés
à la gavafline pour indiquer à l’ouvrier la couleur
qu’il doit mettre quand une fleur, une feuille commence.
Nuance , ( ouvrage d’OurdiJfage. ) s’entend de
toute couleur qui paffe par gradation du foncé au
p â le , & cela par différens degrés imperceptibles; il
faut avoir attention que ces gradations ne foient pas
trop tranchantes, ce qui choqueroit l’oe il, 8c détrui-
roit l’harmonie qui doit toujours regner dans l’union
des couleurs.
NUAYHAS, m. (Hfl. nat. Botan. exot.)forte de
rofeau des Indes orientaies^dont les habitans racontent
des merveilles fabuleufes recueillies dans VTIor-
tus malabaricus. Les Indiens affurent que cette planre
ne fleurit qu’une fois au bout de foixante ans , 8c
qu’enfuite elle meurt dans le cours d’un mois, auffi*
tôt que fa graine eft parvenue à maturité; mais ce qui
paroît de plus certain, c’eft que fe s jets ou fon tronc
doivent être d’une prodigieufe hauteur ; caroncon-
ferve peut-être encore à l’univerfité de Leyde une
des tiges de cette efpece de bambou , qui eft de la
longueur de vingt-huit piés ; & il y en a une dans le
mutoeum d’Achmole à Oxford , un peu moins grande
, mais qui a huit pouces de diamètre : cependant
ces jets ne paroiffent être que des portions du tronc ,
parce qu’elles ont à-peu-près la même largeur aux
deux bouts.
NUBÆI, ( Gêog. ancf) peuples d’Ethiopie. P line,
liv. VI. ch. x x x . 8c Ptôlomée , liv. IV. ch. vïij. les
placent au-delà de Méroé , entre l’Arabie pétrée 8c
la rive orientale du Nil. Ces deux géographes n’ont
donc pas prétendu parler fous le nom de Nuboei, des
peuples qui habitent le royaume de Nubie, qui eft
bien plus haut , 8c de l’autre côté du Nil.
NUBECULA , f. f. ( Aflron. )on ne connoît pas
d’autre terme par lequel on ait défigné une tache
dans le ciel près le pôle fud de l’écliptique. Hévélius
a repréfenté la figure de cette tache dans fon Firma-
mentum fobiefcianum , fig. Fff. ( D . J. )
NubÉcule , f. f. ( Chirur. ) petit nuage ; terme
dont on fe fert quelquefois pour marquer une maladie
de l’oe il, qui fait voir les objets comme à-travers
un nuage ou un brouillard. Voye7 Nephelion.
La nubécule femble provenir de quelques particules
groffieres arrêtées dans les pores de la cornée ,
ou qui nagent dans l ’humeur aqueufe ; de forte que
la lumière n’a point fon paffage libre.
Nubécule ou nuée, fe dit auffi de ce qu’on appelle
autrement albugo 8c panus, voye^ Albugo & Pa-
nus.
Nubécule fe dit encore de ce qu’on voit fufpendu
en maniéré de nûage au milieu de l’urine. On l’appelle
auffi quelquefois enaorema. Voye^ Urine.
NUBIE, ( Géog.) grand pays d’Afrique fitué entre
le 45 & 57 degré de long. 8c entre le 1 5 & 23 degré
de lat. Il a plus de 400 milles dans fon étendue du
nord au fud, & plus de 500 de l’eft à l’oueft. Sa
ville principale eftDangala ouDongola.
La Nubie connue anciennement fous le même
nom, eft bornée maintenant à Peft par la côte d’A-
bex ; à l’oueft par le Zaara; au nord par l’Egypte &
une partie du Bilédulgérid , & au midi par l’Abyf-
finie.
Le fol de la Nubie eft fertile dans les cantons qui
font proche du Nil ; mais par-tout ailleurs il eft tout-
à-fait ftérile , 8c parfemé d’affreufes montagnes de
fable : auffi ne trouve-t-on que quelques bourgs 8c
quelques villages fitués fur le bord du Nil. Perfonne.
n’eft encore parvenu dans l’intérieur de cette vafte
région. Les principales denrées du canton de Dan-
gala confiftent en bois de fantal , en civette 8c en
ivoire.
Ce qu’on fait de ce pa ys , c’eft qu’il eft gouverné
par un prince puiffant, qui eft indépendant. Les habitans
ont le nez écrafé, les levres groffes & épaiffes ,
8c le vifage fort noir.
L’air y eft par-tout extrêmement chaud, & il n’y
pleut que très - rarement ; cependant nous n’avons
point d’obfervations faites avec le thermomètre en
Nubie, comme nous en avons de faites au Sénégal ,
où la liqueur monte jufqu’à 38 degrés ; mais tous les
voyageurs s’accordent à dire que la chaleur y eft
exceffive. Les déferts fablonneux qui font entre la
haute Egypte 8c la Nubie, échauffent l’air au point
que le vent du nord des Nubiens doit être un vent
brûlant : d’autre côté , le vent d’eft qui régné le plus
ordinairement entre les tropiques , n’arrive en Nubie,
qu’après avoir parcouru les terres de l ’Arabie,
fur lefquelles il prend une chaleur que le petit intervalle
de la mer Rouge ne peut guere tempérer. On
ne doit donc pas être furpris d’y trouver les hommes
tout-à-fait noirs.
La Nubie eft un des pays des plus inconnus qu’il
y ait dans le monde. 11 eft vrai que le P. T e lle z ,
MM. Ludolf & autres , nous ont donné des defcrip-
îions de ce pa ys , fur des mémoires un peu plus
sûrs que les anciens voyageurs qui n’avoient fait
que le défigurer par leur hardiefl'e & leur mauvaife
foi ; mais enfin tous ces auteurs n’ont décrit que
cette partie de l’Ethiopie que nous appelions Abyf-
finie , & non pas celle que nous appelions Nubie.
NUBILE, ad}. ( Gramm, ) qui a l’âge requis par
la nature 8c par la loi pour le mariage. Les filles
font nubiles à douze ans , les garçons à quatorze ;
l’âge nubile eft auffi appellé l’âge de puberté.
NUCERIA, ( Géog. anc.') ville d’Italie dans la
Pouille, prefqu’aux confins des Hirpins, & qui devint
colonie romaine. Cicéron la nomme Lttceria, &
Tite-Live appelle les peuples Lucerini. Cette ville
fe nomme aujourd’hui Lucera. Il y a 20. Nuceria ville
d’Italie dans l’Umbrie en-deçà de l’Apennin , auprès
de la fource du Tinuo. C ’eft aujourd’hui Nocera ca-
mellaria, 30. Nuceria, ville d’Italie dans la Campanie
, aux confins du Picenum , auprès du fleuve Sa-
ru o , eft la ville qu’on nomme à préfent Nocera. 4^.
Nuceriay ville d’Italie dans la Gaule Cifpadane , fur
le P ô , au-deffous de Brixdlum, s’appelle de nos jours
Lurara.
NUCHTLI, ( Hiß. nat. ) fruit d’Amérique, qui
eft affez femblable à une figue, 8c qui comme elle
eft remplie de graine. Il y en a de différentes couleurs
à l’extérieur ; on en trouvé de vertes, de blanches
, de jaunes 8c de panachées ^intérieurement le
fruit eft de couleur de chair ou rouge ; elle colore
en rouge l’urine de ceux qui en ont mangé. C ’eft ,
fuivant les apparences, un nom indien du figuier
d’inde.
N UCK c o n d u i t s De , (.Atiat.) Nuck, médecin
allemand, profeffa l’Anatomie dans l’univerfité de
Leyde ; il a compofé différens ouvrages, & il a découvert
le premier les petits conduits falivaires fu-
périeurs, les conduits aqueux de l’oeil qui portent
fon nom , de même que la glande lacrymale, Voye^
OE i l , S a l i v a i r e , &c. Ses ouvrages font intitulés,
Sialographia, Leyd. 1680 8°. 8c 1722, Adenographia,
Leyd. 1601 6c 1722.
Glande de Nuck , en Anatomie ; ce font plufieurs
petites glandes fituéesdans lesfoffes orbitaires,entre
le mufcle abduâeur, & la partie fupérieure de
l’os de la pommete. Voye^ G l a n d e & C r â n e .
Elles tirent ce nom de leur inventeur Antoine
Nuck, profeffeur en Médecine à Leyde. Ce même
auteur a donné fon nom à un conduit fali vaire, duc-
tusnuckianus. Voye{ S a l i v a i r e & A q u e u x .
NUCTULlUS , f, m. (Mythol,') dieu de la nuit,
diffé rent de Lunus ; mais il n’eft connu que par une
infcription trouvée à Breft, fur une ftatue qui repréfente
ce dieu fous la figure d’un jeune homme, vêtu
à-peu-près comme Aty s , éteignant fon flambeau, &
ayant à fes piés une chouette.
NUDIPÉDALES, (Antiq. rom.) nudipedalia; fête
extraordinaire qu’on ne célebroit à Rome que fort
rarement, 8c toûjours par ordonnance du magiftrat.
On marchoit nus piés dans cette fête pour fe mortifier
à l’occafion de quelque calamité publique, com-
me pefte, famine, inondations, féchereffe & autres
malheurs pareils. Lorfcjue les dames romaines elles-
avo*ent à offrir de grandes fupplications à
ladéeflc Vcfta,elles faifoient leurs procefJiQns nus
pies dans le temple de cétte divinité.
Il eft très-vraiffemblable que les prêtres des Hébreux
alloient nus piés dans le temple du Seigneur,
du moins dans une partie du temple ; car .comme
tous les habits font prefcrits. aux facrificateurs
Exod. xxviij. fans aucune mention des fouliers , que
d’ailleurs Moyfe en s’approchant du buiffon ardent,
ôta les fouliers de fes piés, on a lieu de préfumer que
les facrificateurs faifoient la même chofe dans le temple
oii Dieu réfidoit d’une maniéré extraordinaire
- dans 1 efchekina , fur le propitiatoire. Quoi qu’il en
foit, il refte encore parmi les Chrétiens des traces
je ne dirai pas des nudipédales hébraïques, mais romaines.
(Z), ƒ.)
N UDITÉS , f. f. (Peint. & Sculptf) on nomme
nudités, des figures qui ne font pas couvertes dans
plufieurs parties, ou qui font entièrement immodef-
tes. Toute nudité n’eft pas blâmable dans un tableau,
parce que fouvent le fujet ne permet pas à l’artifte
d’agir autrement. Il feroit ridicule de voir Adam &
Eve habillés ; c’eft pour cela que les ftatues font
prefque toutesnues au milieu de nos places, & que
dans nos églifes même, les vierges ont le fein découvert,
l’enfant Jéfus ainfi que les anges, font toujours
peints nus. Les tableaux de Raphaël, de Michel-
Ange , de Jules Romain & de tous les autres grands
peintres, qui ornent nos églifes, ne préfentent que
des figures d’hommes 8c de femmes nues, parce
que le fujet qu’ils traitoient l’exigeoit néceffai-
rement : ,il y auroit donc de la foibleffe à en être
fcandalifé.
Mais il. ne faut pas que les nudités puiffent faire
rougir ceux qui les regardent. Il ne faut pas repré-
fenter aux. yeux des honnêtes gens, ce qu’on n’ofe-
roitpas faire entendre à leurs oreilles. Ces peintures
impudiques s’appelloient en latin libidines. Parrha-
fius entre les anciens, n’étoit pas moins repréhenfi»
ble à cet égard, que l’eft entre les modernesMarc-i
Antoine Raimond, pour de certaines gravures trop,
connues. Pline dit en parlant de Parrhafius .• pinxit
& ex minoribus tabellis libidines, eo genere petulantis
joci fe reficiens.
Il eft vrai que c’étoit la coutume de peindre les
femmes nues dansles endroits publics de la Grece 8c
de Rome. La Vénus de Médicis eft une nudité admirable
pour l’elégance 8c le beau fini ; mais toutes les
nudités des Grecs 8c des Romains n’étoient pas. des
libidines. Les peintures.obfcenes, dont on porta les
repréfentations en gravure fur l’or,.l’argent, & jufque
fur les pierres précieufes, ità ut in poculis libidines
ccelabant ; de telles peintures, dis-je, ne prirent
faveur qu’avec la corruption. Tite-Live raconte
qu’on voyoit alors fur les murs d’un temple détruit
de Lanuvium, une Hélene 8c une Atalante nues ,
d’une fi grande beauté , 8c en même-tems peintes fi
immodeftement, que dés perfonnes craignant que
ces nudités ne fuffent que propres à allumer des paf-
fions criminelles, vouloient les tirer de-là, mais
qu’un ancien préjugé ne permit pas de Ieslaiffer enlever.
Cependant la Chauffée fe juftifie très-bien d’avoir
mis au jour les monumens obfcenes du paganifme ,
8c Léonard Agoftini n’a pas craint de dédier au pape
fes gemme antiche, parmi lefquelles on en voit plufieurs
qui repréfentent les chofes les plus immodef-
tes. Enfin les peintures d’Herculanum ne font pas
exemptes de nudités licentieufes ; mais il n’étoit pas
poffible de les fupprimer fans tomber dans le ridicule.
(D. J.)
NUDS-PIÉS SPIRITUELS ou SÉPARÉS, f. m.
pl. (Hifl. eccléf.) anabatiftes qui s’éléverent en Moravie
dans le feizieme fiecle, & qui fe vantoient d’imiter
la vie des Apôtres, vivans à la campagne ,
njarchans les piés nus , 8c témoignant une extrèmq