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fontôrdinairetfiëntièsyallécs.On leur reAdoit à peu-
près le même culte qu’aux naïades* Voye{ Naïades.
. , • . g | j g |H M g H g
NAPEL, f. m. ( Botan.) c’eft l’efpece d’aconit
nomme par Tournefort aconitum coeruleu/n, I. R. H.
42.fr; par Moriffon, aconit a J'picd florum pyramidal'/. ;
& par Linnæus , aconicum foliorum lacimis liricaribus ,
Juperne Litioribus, lima exaratis. Hort. Gliftort, 2.14.
Sa racine qui eft de la grofleur d’un petit n avet,
noire ën dehors, blanchâtre en dedans*:, -produilant
fouvent d’autres navets collatéraux, jette plufieurs
tiges:à :1a.hauteur de trois pies , rondes ordinairement:,
liftes, remplies de moelle, roides, difficiles
.à rompre ; elles font garnies-depuis le bas julqu’en
haut de feuilles amples , ovoïdes, difpofées alternativement
, ou plutôt fans ordre , attachées à des longues
qiieues faites en tuyau, d’un verd obfcur , po*
lie s , nerveufes , découpées profondément, ou fub-
divifées en beaucoup de lanières plus remarquables
que dans toute autre efpece d’aconit.
Aux fommités des tiges fortent plufieurs fleurs
comme en épi, portées chacune lur un pédicule long
d’un pouce ; elles font compofées de cinq pétales
inégaux , dont le fupérieur creulé en façon de calque
cache deux elpeces de cro.de ; les deux feuilles
latérales plus larges reprélëntent les oreillettes , 8c
les deux inférieures la mentonnière d’un heaume ;
ellesdont de couleur bieue , rayées & revêtues en-
dedans de quelques poils..
Quand les fleurs font paffees, il leur fiiccede des
fruits, à plufieurs fourreaux ou gaines membraneu-
fes , lifl'es ; oblongues , difpofces en maniéré de
tête , au nombre de trois , quelquefois de quatre ÔC
de cinq , renfermant plufieurs femences menues,
noires dans leur maturité , anguleufes, chagrinées
ou ridées.
Cette plante croît naturellement fur les Alpes ,
dans la forêt Noire en Siléfie 8c ailleurs , aux lieux
montagneux ; on la cultive auffi dans les jardins.
Elle fleurit en Mai 8c en Juin, quelquefois plus tard
dans les pays froids , 8C donne fa graine en Août. Il
feroit fans doute prudent de bannir de nos jardins
unpoifon auffi dangereux que le napel; d’autant plus
que dans une fi grande abondance de fleurs agréables
8c falutaires, ou qui du moins ne font point nui-
fibles, nous pourrions aifément nous paffer de celle-
ci. De plus , comme fa racine elt très-vivace, de
forte que tranfplantée dans les jardins ou vergers elle
y profpere , 8c y .dure fort long-tems , quelque peu
de foin qu’on en prenne, il ne faudroit point négliger
de la détruire. ( D. J . )
Na pEL , ( Hijl- mcdec. des végét. vénéneux. ) les
Médecins réunis aux Botaniftes , s’accordent à regarder
le naptl&c toutes fes paities comme un des
plus puiffans poifons de la famille des végétaux ;
mais c’eft dans les tranfaftions philofophiques, n°.
43 2 , qu’il faut lire le détail des trilles effets de cette
plante fur un homme bien portant qui en avoit mangé
dans une falade avec de l’huile & du vinaigre;
il en penfa mourir malgré les prompts 6c bons fe-
cours de la Médecine.
Immédiatement après avoir mangé de cette falade
, cet homme fentit une chaleur accompagnée de
picotement fur la langue & le palais , avec une irritation
dans tout le vifage , qui s’étendit jufqu’au milieu
du corps. Ces fymptomes furent bien-tôt fuivis
d ’une grande foibleffe dans les jointures avec des
treffaillemens dans les tendons , 8c une interception
fi fenfible de la circulation du fang , qu’on ne
put s’empêcher de foupçonner qu’il étoit empoifon-
né. Il avala beaucoup d’huile & d’infufion de chardon
béni , qui lui procurèrent le vomiffement de
tout ce qu’il avoit mangé : cependant les vertiges ,
i ’égarément de la v u e , le bourdonnement des orcil-
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les 8£ des fy hic Opes fuccéderent. Le médecin lut Véf^
fa detems à autre dans la bouche quelques gouttes
d’efprit de corne-de-cerf ; 8c dans les intervalles des
vomiffemens, il lui faifoit prendre une quarantaine
de gouttes de fel volaiii & de teinture de lafran dans
du'Vin : enfin il lui preferi vit du petit-lait avec du
vin d’Efpagne St un peu de thériaque. La crife de la
maladie fe termina par une douce chaleur , accompagnée
d’une lueur modérée 8c d’un fommeilde quelques
heures. .
Il paroît que la nature de ce poifori végétal eft
d’intercepter la circulation du fang 8c des efprits ,
8c qu’en conféquence les.fels volatils de:çÇrne-de-
ce r f, les vomitifs tempérés , le poffet du vin d’Efpagne
, ja teinture de lafran 8c la thériaque conviennent
beaucoup pour y, porter remede. (D . 7.)
N APHTE, f. m. ( Hit. nat. Minéral!') en, latin
naphta. C ’eft le nom que les Nàturaliftes donnent à
un bitume bianc , tranfparent, très-fluide & léger qui
lurnage à l’eau. Cetie lubftancc eft très-inflammable
, au point d’attirer le feu même à une certaine
diftance ; fon odeur eft pénétrante ; elle brûle fans
laiffer aucun réfidu.
Il cil très-rare de trouver du naphte dans cet état
de pureté : la.fubftance à qui on donne commune-*
ment ce nom , eft d’un jauqe plus ou moins clair ;
c’eft-à-dire, de la couleur du fuccin , & alors elle
ne paroît point fi pure que celle qui eft parfaitement
blanche.
Le iiaphti doit fon origine a des arbres réfineux
enfevelis lous terre., ainfi que les autres fubftances
bitumineulës, le charbon de terre, le jais, le fuccin,
&c. la feule différence vient de ce que la fubftance
qui produit le naphte femble avoir été filtrée , fondue
6c , pour ainfi dire,, diftillée dans l ’intérieur de
la terre ; en effet, ce bitume a beaucoup de rapport
avec les huiles effentiellcs que la Chimie tire
de certaines plantes. M. Rouelle croit que le naphte
le plus pur & le plus clair vient du fuccin ; lelon ce
favant chimifte , les embrafemens fouterreins nefe
manifeftent point toujours pàr des effets fenfibles 8c
éclarans, ils agiflent fouvent paifiblement & fans
produire d’éruptions dans le fein de la terre ; alors
ils peuvent diftiller & , pour ainfi dire, rectifier les
fubftances bitumineufes folidesqui s’y trouvent, les
rendre fluides, les forcer à s’élever & à fuinter au-
travers des couches de la terre 8c des pierres-mêmes,
8c alors ces fubftances ainfi élaborées fe montrent
fous la forme de naphte, c’eft-à-dire, d’une huile ténue
6c légère que l ’on trouve quelquefois nageante
à la furface des eaux thermales.
Cette conjeÛure très-vraiffemblable paroît confirmée
par plufieurs faits. En effet, on nous apprend
que dans le voilinage d’Aftrakan, pour avoir du
naphte , on n’a que la peine de crcufcr des puits,
quine tardent point à fe remplir de ce bitume liquide.
On s’en fert dans le pays au lieu d’huile pour le
brûler dans les lampes , & même au lieu de bois, qui
eft très-rare, pour fe chauffer & pour cuire les ali*
mens. Pour cet effet, on ne fait que jetter fur l’atre
des cheminées quelques poignées de terre , on les
arrofe de naphte auquel on met le feu ; il s’allume fur
le champ ; & avec la précaution de remuer ce mélange
, on parvient à cuire les viandes plus promptement
qu’on ne feroit avec du bois. Il eft vrai que.
par ce moyen toutes les maifons fe trouvent remplies
de noir-de- fumée 8c d’une odeur défagréable
pour tout autre que des tartares.
A une lieue de l’endroit où font ces puits d’ôù l’on
tire le naphte, eft un lieu appelle Baku, où le terrein
brûle perpétuellement. C ’eft un efpace qui a environ
un demi-quart de lieue de tour. Le terrein n’y
paroît point vifiblement enflammé ; pour s’apperce-
voir du feu il faut y faire un trou d’un demi-pié de
profondeur^
N A P
profondeur, & alors on n ’a qu’à y préfenter un bon- '
chon de paille, il s’allumera furie champ. Les Gau-
res ou Perfans qui adorent le feu & qui fuivent la religion
de Zoroaftre , viennent en cet endroit pour
rendre leur culte à D ieu , qu’ils adorent fous l'emblème
du feu. C ’cft-là le feu perpétuel de Perfe ; il a
cela de particulier qu’il ne répand , en brûlant, aucune
odeur , ôc qu’il ne laiffe point de cendres. Ce
détail eft tiré d’une lettre allemande, datée d’Aftrakan
le 2. de Juillet 173 5 , & inférée dans un ouvrage
de M. Zimmermann, intitulé Hcadémic minéralogique
.O
n trouve encore du naphte en plufieurs endroits
de la Perfe, de la Chine , de l’Italie, & fur-tout aux
environs de Modene. On en trouve auffi en Allemagne
8c en France ; mais il n’a que rarement la limpidité
6c la tranfparence du naphte Je plus pur.
^ NAPITIA , (Géog. anc.) v ille de la Calabre dans
k pays des Brutiens. Scipion Mazella prétend que
Napitia eft aujourd’hui Pi{{0 , château de la Calabre
ultérieure au royaume de Naples, dans le golfe
Hipponiate, qui eft auffi nommé Napitinus Jinus ,
vulgairement le golfede^ faintc-Euphérnic , environ à
6 milles nord d’Hipponium. ,
NAPLES , ( Ceogr. ) belle , grande 6c ancienne
ville d Italie fur un petit golfe. On fait qu’elle eft la
capitale 6c la métropole du royaume auquel elle don-:
ne fon nom, avec un archevêché, une univerfité 6c
des châteaux pour fa défenfe.
L’avantage de fa fituation 6c la douceur de fon
climat l’ont toujours faite regarder comme le léjour
des délices 8c de l ’oifiveté ; otiofa Neapolis, c’eft l’é-
pithete que lui donne Horace : In otia natam Parthe-
fiopem, dit O vide. Les Napolitains étoient autrefois
ce qu’ils font aujourd’hui, épris de l’amour du repos
6c de la volupté.
Le nom grec de Naples, NtawoX/ç, veut dire la nouvelle
ville, pour la diftinguer de la petite ville Palce-
polis, c’eft-à-dire Vancienne ville , qui en étoit peu
éloignée ; ou plutôt les Chalcidiens originaires de
l’Attique, envoyèrent des colonies en Italie , qui
fondèrent la ville de Cumes , dont une partie des
habitans fe détacha bien-tôt après pour élever une
autre ville qu’ils nommèrent la ville neuve. Elle fut
appelléeParthénope, à caufe, difent quelques-uns, de
Parthénope fille d’Euméléus roi de fheftalie, qui y
mena une colonie des états de fon pere. Quoi qu’il
en foit, Naples pafle pour être plus ancienne que la
ville de Rome , à laquelle néanmoins elle fe fournir.
Elle lui garda toujours inviolablement la fidélité, 6c
en reconnoiflance, la république 8c les empereurs la
mirent au nombre des villes libres 8c confédérées.^
Malgré les affauts terribles que Naples a eflùyés,
c’eft encore une des belles villes du monde , 6c une
des plus également belles. Elle eft tonte pavée d’un
grand carreau d’échantillon. La plupart de fes maifons
font à toits plats, 6c d’une ftruélure uniforme.
La mer y fait un petit golfe qui l’arrofe au midi, 6c
vers le nord elle a de riches coteaux , qui montent
infenfiblement à la campagne-heureufe. Plufieurs de
les églifes font magnifiques , 6c enrichies des ouvrages
des grands peintres. Le dôme de l’églife des Jé*
fuites eft de la main de Lanfranc : la Nativité, du
Guide, 6c outre quatre tableaux de la cene, qui font
de l’Efpagnolet, d’Annibal Carache 6c de Paul V c-
ronefe , ornent le choeur de l’eglife de S, Martin.
Mais les richefles prodigieufes enfeveiies dans les
églifes de Naples, les dépenfes exceffives que fait
cette ville pour l’entretien du. prince 6c des garnirons
, enfin le nombre exorbitant de couvens , de
anonafteres, de prêtres, de religieux 6c de religieuses
qui fourmillent dans cette ville , la confument 6c
J’appauvrilTent tous les jours davantage. Si l’on y
Tome XI»
n a p n
compte près de trois cent mille âmes ^ il y en a ciri*
quante mille quine vivent que d’herbes, 6c qui n’onfc
pour tout bien que la moitié d’un habit de toile. Gei
gens-là également pauvres 8c mifcrables, tombent
dans l’abattement à la moindre fumée du Véfuve. IU
ont la fotile de craindre de devenir malheureux, dit
l'auteiir de V EJ prit des Lois ; cependant il eft difficile
de ne pas appréhender que la ville de Naples ne vien^
ne à crouler, 6c à difparoître un jour comme Her*.
culanum. Cette ville eft toute creufée par-deflous »
6c bâtie fur un grand nombre de vaftes cavernes, oîi
fe trouvent des abyfmes d’eau & de matières corn-»
buftibles, qui ne peuvent à la fin que s’enflammer
8c renverfer Naples de fond en comble , par quelque
aff eux tremblement de terre ; ajoutez-y le voifinagô
du volcan 8c fes terribles éruptions.
Naples arrofée parla petite riviere que les anciens
nommoient Sebethus , aujourd’hui le Forntllo , eft à
43 lieues S. E. de Rome, 70 N. E. de Palerme, 8<î
S. E. de Florence , 6c iz o S . E. de Venife. Long;
luivant Caffini, 32. n . f o .la t . 40. 481
C ’en eft aflez fur la Parthénope moderne ; parlons
à prélent de quelques gens célébrés dans les lettres
6c dans les arts dont elle a été la patrie ; car leurl
noms embéliflënt l’article de cette ville.
Paterculus Caïus ( d’autres difent Publius ou Mar*
eus ) Velltius, hiftorien latin du premier ordre , naquit
, félon lesapparences, l’an de Rome 735. Il oc*
cupa les emplois qu’il pouvoit fe promettre par feâ
talens diftingués 8c paT lôn illuftre naiffimee. Il fut
tribun des foldats , commanda la cavalerie des légions
en Allemagne fous Tibere, fiiivit ce princa
pendant nèuf ans dans toutes fes expéditions , eii
reçut des récompenfes honorables , 8c devint préteur
de Rome l’année de la mort d’Augufte ; c’eft cé
qu’il nous apprend liii-même avec une tournure qui
montre la firieffe 8c la délicateffe de fon efprit : Quà
tetnpore , dit i l , mihi fratrique meà , candidaùs Coeja-
risproxime à nobilijjimis ac Jacerdotibus vins , dejlinari
preetoribus contigit ; tonfecutis ut neque pojl nos, quern-
quant D . Augujlus , neque ante nos CaJ'ar commendaret
Tiberius. lib. IL cap. exxiv.
Il étoit éclairé par des voyages dans les provinces
de Thrace, de Macédoine, d’Achaïe , de l’Afia
mineure, 8cd’autres régions encore plus orientales,
principalement fur les deux bords du Pont-Euxin ;
on peut juger de-là combien nous devons regretter'
la perte de l’hiftoire entière 6c étendue qu’il promet
fi fouvent, & qui devoit renfermer toutes ces cho-
fes, dont il avoit été non-feulement témoin oculaire
, mais en partie exécuteur ; cependant dans
l’abrégé incomplet de l’Hiftoire romaine qui nous
refte de cet homme célébré, on y apprend beaucoup
de particularités, d’autant plus eftimables ÿ
qu’elles ne fe trouvent point ailleurs, foit par le
filence des autres hifloriens, foit par la perte trop
ordinaire d’une partie de leurs travaux. Il y marqué
avec exa&itude l’origine des villes ôc des nouveaux
établiflemens, 6c tous fes portraits des grands hoirtr
mes font de main de maître.
Son ftyle enchanteur eft du beau langage du fieclè
d’Augufte. U excelle fur-tout quand il blâme ou loue
ceux dontil parle ; c’eft toujours dans les phis beaux
termes 6c avec les expreflîons les plus délicates. J’ai*,
me beaucoup le difeours qu’il met dans la bouché
I du fils de Tigranes à Pompée pour fe le rendre fa*
vorable ; mais entre toutes les figures de rhéroriquè
dont il fe fert, il emploie l’épiphonème à la fin dé
fes narrations'avec tant de grâce 8c de jugement *
que perfonne ne l’a furpaffé dans cette partie ; com*
me perfonne n’a jamais loué plus dignement Cicé*
ron, qu’il le fait dans ce bel endroit de fes écrits,
où il avope que fans un tel perfonnage, la Grecq