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verie, 6c de ne plus porter à l’avenir aucun bijou >
feroit une exhortation rilible , lî elle avoit été aclref-
fée à une pauvre pay Tanne. Il eft cependant vrai que
nous ne Tavons rien de la vie de cette illuftre fainte :
les tems font trop éloignés, 6c dans le v. ficelé nos
plus favans chrétiens , nos évêques Te bornoient à
prédire l’avenir par l’infpeâion de la fainte-Ecriture.
Toutefois Nanterre a gagné dernièrement, par la
naiflance de fainte Génevieve , l’établiffement d’un
college , oii les religieux de fon nom inftruifent la
jeunefle. (Z? ./ .)
NANTES , Comté d e , ( Géog. ) ou pays Nan-
loïs ; il eft divifé en deux parties par la Loire : on
nomme l’une la partit d'outre-Loire, 6c l’autre la partie
déen-deçà la Loire. Cette derniete a été réunie à
la Bretagne il y a plulieurs fiecles. La capitale de
tout le pays Nantoiseft Nantes, dont nous parlerons
ci-après. 11 y a dans le comté Nantois une redevance
feigneuriale appellée la quint aine. Voye{ Q u IN-
TAIN E.
Nantes , ( Gèogr. ) ancienne, riche & considérable
ville de France, la fécondé de la Bretagne,
avec un évêché fuffiagant de Tours, & une université.
Elle eft à 15 lieues S. O. d’Angers, 27 N. O.
de la Rochelle , 87 S. O. de Paris, 23 S. E. de
Rennes. Long. fuivant Caflïni, i5 . 62. 46. lat. 4/.
•3 - lo -
Cette ville, que les Latins appellent Condivienum,
civitas Namnetum , Namneta, eft fur la Loire 6c l ’Ar-
dre , ce qui lui donne une heureufe lituation pour
le commet c e , aufti en fait-elle un des plus considérables
du royaume. C ’eft une ville fort ancienne ,
dont Strabon , C é fa r, Pline 6c Ptolomée font mention.
Elle a été fouvent la résidence des ducs de Bretagne
: ils demeuroient dans le château S. Hermine,
qui fubftfte encore.
On dit que faint Clair fut le premier évêque de
Nantesy vers l’an 277 ; cependant il n’eft point parlé
de fes fucceffeurs avant Nonnechius , qui aflifta en
468 au concile de Vannes. Cet évêché vaut 35 à
40 mille livres de revenu. On y compte 212 paroiftés
& huit abbayes.
L’univerfité de Nantes fut fondée vers l’an 1460 ,
mais c ’eft l’univerfité du commerce qui brille dans
cette ville ; ils arment tous les ans plusieurs vaif-
feaux pour la traite des Negres dans les colonies
françoifes. Le débit de toutes fortes de marchandises
eft plus aifé & plus v i f à Nantes que dans les autres
villes du royaume. Ils ont avec les négocians de
Bilbao une Société particulière qui s’appelle la con-
tractation, 6c dont le tribunal réciproque eft en forme
de jurifdiélion confulaire.
Le comté de Nantes eft divifé en deux parties par
la Loire ; l’une qu’on nomme la partie d'outre-Loire ;
eft à gauche en defeendant la riviere, 6c celle d’en-
deçà la Loire eft à la droite.
On fait du fel en très-grande quantité dans le pays
N antois , foit à la baie de Bourgneuf, foit dans les '
marais falans de Guérande & du Croific.
Anne de Bretagne , dont on connoît l’hiftoire,
naquit à Nantes en 1476, & mourut en 1513. La
deftinée de cette princeSTe , comme le remarque M.
le président Hénault, a été fort étrange. Elle fut
femme de Charles VIII. en faifant une efpece de divorce
avec Maximilien, qu’elle avoit époufé par
procureur , 6c elle ne fe maria avec Louis XII. qu’-
aprèsun autre divorce de ce prince avec Jeanne fa
première femme. Il avoit époufé celle-ci avec des
proteftations de la violence que Louis XI. lui avoit
faite. A la mort de Charles VIII. il demanda au pape
que fon mariage fût déclaré nul ; & fur l’aSHrmation
que fit Louis XII. qu’il n’avoit eu aucun commerce
avec Jeanne, la nullité fut prononcée. On a dit que
l inclination de Louis XII. avoit décidé fon mariage i
N A N
avec Anne de Bretagne ; mais Varillas , dont il ne
faut pas toujours rejetter l’autorité, penfe que ce
pouvoit bien être autant un coup politique qu’une
aSFaire de paSfion. Il étoit porté, par le traité conclu
avec les états de Bretagne, que fi Charles VIII. mou-
roit fans enfans avant la ducheSTe, elle épouferoit
fon fucceffeur.
On nous a beaucoup vanté l’efprit, la beauté (cela
fe peut) 6c la piété d’Anne de Bretagne ; c’eft-là une
autre affaire. Je fais bien qu’elle fonda les Bonshommes
, 6c qu’elle blâma la guerre que le roi fit au
faint Pere ; mais on m’avouera que fa haine implacable
contre le maréchal de Gié & la comteffe d’An«?
goulême, n’étoit pas trop chrétienne.
M. Henault parle d’une autre chofe Singulière tou*
chant Louis XII. 6c Anne de Bretagne. Elle avoit
aimé Louis XII. quelle époufa après le décès de l'on
mari ; 6c cependant elle fut fi touchée à la mort de
Charles VIII. qu’elle porta fon deuil en noir, quoique
jufque - là les reines l’euffent porté en blanc*
D ’un autre cote , Louis XII. fon fécond mari, qui
porta aufli fon deuil en noir contre l’ufage , fe remaria
l’année fuivante avec Marie d’Angleterre
pour qui fon amour lui coûta la vie. Anne de Bretagne
, à la mort de Charles VIII. mit une cordeliere à
lès armes , 6c cet ufage s’eft confervé.
Nantes n’a pas été trop fertile en gens de lettres,’
du-moins ma mémoire ne m’en fournit que deux
dans le fiecle paffé , j ’entends M. le Pays 6c M. de la
Croze.
Pays ( René le ) , poète françois , naquit à Nantes
en 1636. Son efprit étoit aifé , v if 6c agréable; il
compofoit en vers & en profe avec facilite. En 1664
il publia des lettres 6c des poélies Sous le titre dé amitiés
, amours & amourettes. Il prit en galant homme la
raillerie de M. Defpréaux : S ans mentir le Pays eft un
bouffon plaifant ! Et il écrivit de Grenoble, oîi il
étoit alors, une lettre badine 6c aSTez jolie fur ce fu-
jet. Il fit plus ; étant de retour à Paris, il vint voir
Defpréaux, 6c foutint toujours fon carattere enjoué.
M. Defpréaux fut d’abord embarraffé de la vifite
d’un homme qui avoit eu droit de fe plaindre de lui;
mais M. le Pays le mit à fon aife, & ils fe féparerent
fort amicalement. Il mourut à Paris en 1690, & fut
enterré à S. Euftache, où Voiture, dont on le nom-,
moit le finge, avoit aufli fa fépulture.
De Veifjieres ( Mathurin de la Croire ) né à Nantes
en 16 61 , bénédi&in à Paris. Sa liberté de penfer &
un prieur contraire à cette liberté , lui firent quitter
fon ordre & fa religion. C ’étoit une bibliothèque
vivante , & fa mémoire pafloit pour un prodige.
Outre les chofes utiles & agréables qu’il favoit , il
en avoit étudié d’autres qu’on ne peut fa voir , comme
l’ancienne langue égyptienne. Il y a de lui un
ouvrage fort eftimé, c’eft l’hiftoire du chriftianifme
des Indes, en deux volumes in-12 , imprimé en Hollande
en 1724. On y trouve cent chofes bien cu-
rieufes. Il nous a donné dans cet ouvrage une hiftoire
exaéle de la plûpart des communions orientales ,
entr’autres des chrétiens malabares , qui rejettent la
fuprématie du pape , nient la tranfubftantiation, le
culte des images, 6c le purgatoire. II nous apprend
encore que les brachmanes croient l’unité d’un Dieu,
6c laiffent les idoles au peuple. Quand on leur demande
pourquoi ils ne rendent point de culte au
fouverain Créateur, ils répondent que c’eft un être
incompréhenfible 6c fans figure, duquel l’homme ne
peut fe former d’idées corporelles. En même tems
les guanigueuls , qui font à proprement parler les
fages des Indes , rejettent eux-mêmes le culte des
idoles & les cérémonies extérieures. M. de la Croze
eft mort à Berlin en 1739. (Z>. /. )
NANTEUIL, ( Géogr. ) en latin du moyen âge
Nantogilum, Nantoïlum 6c Nantolium ; tous ces mots
N A N N A P M
barbares viennent de nant, vieux mot dont les Gaulois
6c les Bretons fe fervoient pour, defigner une eau
courante ou une quantité d’eau qui fe ramafloit dans
un lieu. Il y a divers villages en France qui s’appellent
Nanteuil, 6c quelqu’autres lieux dont le non®
formé du mot nant ont la même origine. (Z>. ƒ.)
NANTIR r v- aéh ( Comm. ).donner des aflnrances
pour le payement d’une dette, foit en meubles, argenterie,
foit en effetsou autre nature de biens qu’on
met actuellement entre les mains de fon créancier.
biclionn. de Comm. Voye.( l 'article fuivant. ( G )
NANTISSEMENT, f. m. ( Jurifpr.) fignifie furet e
& gage. On donne en nantiffement des effets mobiliers,
des titres6c papiers, &c. 6c celui auquel on a
donné des effets en nantiffement n’eft point oblige de
les rendre qu’en lui payant ce qui lui eft dû. Voye.£
Gage.'
Nantiffement fignifie aufli une efpece de tradition
feinte 6c fimulée que l’on pratique dans certains
pa ys , à l’ effet d’acquérir droit de propriété ou d hypotheque
fur un héritage ; c’eft pourquoi ces pays
font appellés coutumes ou pays de nantiffement ,
telles font les provinces de Picardie 6c Champagne.
Le nantiffement fe fait de trois maniérés :
La première eft par deffaifine 6c faifine , autrement
par veft 6c deveft ; pour cet effet le vendeur
ou le débiteur fe dépouille de la propriété de l’héritage
ès mains, du feigneur , & l’acquereur ou créancier
hypothécaire s’en fait enfaifiner par le feigneur
du lieu oit eft limé l’héritage , lequel lui donne un
bâton en figne de tradition 6c de mife en poffeflion.
Cette forme de nantiffement fe pratiqua plutôt dans
les ventes que dans les engagemens 6c obligations des
héritages.
La fécondé efpece de nantiffement fe fait par main
aflife, c ’eft-à-dire que le créancier auquel un héritage
eft obligé , y fait mettre & affeoir la main du
roi ou de juftice , & fait ordonner par le ju g e, le
débiteur & le feigneur appellés, que la main mife
tiendra jufqu’à ce qu’il foit payé de fon dû.
La troifieme fe fait par prife de poffeflion de l’héritage
obligé, lorfque le créancier, en vertu de corn-
million du juge , fe fait mettre de fait en poffeflion
réelle 6c a&uelle de l’héritage qui lui eft hypothéqué
, ayant ajourné pour cet effet le débiteur 6c le
feigneur direét. L’atte de cette forte de prife de pof-
feffion porte: « Nous avons nanti, réalifé & hypothe-
» qué un tel fur tels 6c tels héritages , 6c pour une
» telle fonime».
Le nantiffement produit deux effets.
L’un eft que le créancier acquiert un droit réel fur
là chofe, tellement que l’héritage fur lequel il s’eft
fait nantir ne peut plus être engagé ni aliéné au préjudice
de fon dû , & qu’il eft préféré à tous autres
créanciers hypothécaires qui ne feroient point inf-
crits fur les regiftres du nantiffement, ou qui ne le feroient
qu’après lui.
L’autre effet du nantiffement eû que par fon moyen
le commerce eft plus affuré, en ce qu’étant public ,
celui qui veut prêter avec fureté peut, parle moyen
du nantiffement, connoître l’état des affaires de celui
avec lequel il traite, ou du-moins favoir s’il y a quelque
créancier nanti avec lui.
De quelque maniéré que le nantiffement fe fafle ,
il eft toujours public ; car fi c’eft par veft ou deveft
entre les mains du feigneur , celui-ci doit avoir un
regiftre pour ces fortes d’a â e s , dont il doit donner
communication à tous ceux qui y ont recours.
Les nantijfemens qui fe font par main aflife ou par
mife en pofleflion, font pareillement publics , car il
faut que le créancier fe tranfporte fur les héritages
avec un huiflîer , qui drefîe un procès-verbal de la
main aflife ou de la mife en poffeflion, en confé-
quence de quoi le créancier obtient une fèntence du
juge, qui lui« en donne a&e , le débiteur & .lé feigneur
dûement appellés. O.n. peut par ccmféquent
confulter les regiftres où font ces fortes d e 1 fen-
tènees.
On a tenté plufieurs fois d’établir dans tout le
royaume la formalité du nantiffement, fous prétexte
de rendre les hypotheques notoires, & de prévenir
les ftellionats ; mais cela n’a point eu lieu.
Dans les provinces de Vermandois , Picardie 6c
Artois , on pratique une quatrième efpece.'de nan-
tiffement par un Ample a£te , en la forme qui fuit.:
l’acquéreur d’un héritage ou un créancier-fait nantir
fon titre d’acquifition ou de créance, expédié en
forme authentique fur l'es héritages énoncés, daiis
fa requifition , à l’effet d’ayoir hypotheque deffus,
& qu’il ne foit reçu aucun autre nantiffement y fi ce
n’eft à la charge de fon dû ou: vente , 6c de la priorité
de fon droit. L’aéte de nantiffement doit être délivré
& endoffé en fes. lettres d’acquifition ou de
créance, & doit aufli être enregiftré au greffe des
lieux où font aflis les héritages..
Dans les. coutumes de nantiffement les contrats
quoique pafles devant notaire , n’emportent point
hypotheque contre des tierces perfonnès, s ’ils ne
font nantis & réalifés par les officiers des lieux où
font aflis les héritages ; fans cette formalité ils font
réputés purs perfonnels 6c mobiliers.
Les hypotheques notoires 6c publiques , telles
que les hypotheques légales du mineur fur les biens
de fon tuteur, de la femme furies biens de fon mari
& fur ceux de fon pere qui a promis de la doter ,
n’ont pas befoin de nantiffement, non plus que les
dettes privilégiées, Les foutes de partage, ni les fen-
tences.
Il faut néanmoins excepter l’Artois , où les fen-
tences n’emportent pas hypotheque, parce que l’ordonnance
de Moulins n’y a pas été enregiftrée : on
n’y connoît pas non plus les hypotheques- tacites.
Voye{ Maillart fur Artois , art. 1. n. 3 3 . art. y 2. n.
263. art. 74 . n. 266.
Sur le nantiffement en général, voye^ Louet, lettre
H , fomm. 26. 6c lettre L. fomm. 2S ; l'ordonnance
de tbgc) , art. 82 ,& M. Bourdin ,Jiir l'art. 32 ; M. le
Maitre , traité des criées , chap xx x j. n. 4 ; de Heu ,
Jur Amiens, art. 133 , & Dumolin , ibid. ( A )
NANTUA, ( Géog. ) petite ville de France, la
fécondé du Bugey ; on la trouve nommée en latin ,
Nàntuadis, Namtoacum, Nantuacum. Elle eft fituée
entre deux-hautes montagnes , à l’extrémité d’un
petit lac de même nom , à 9 lieues S. E. de Bourg-
en-Breffe. Long. 3 3 .13 - éat. 4G. g.
C ’eft à Nantua , dans le prieuré de l’ordre de S.
Benoît , que fut enterré Charles le Chauve , mort
en 877 à s 4 ans , dans un village du mont Cenis. II
fut empoifonné par-un juif fon médecin , qui avoit
toute fa confiance. Ce prince ne fut ni défendre les
droits de fa couronne contre les papes , ni fes fujets
contre les in valions des Normands. Il régna 38
ans, 6c avoit été deux ans empereur. (Z>. /. )
NANTW1CH , ( Géog. ) petite ville d’Angleterre,'
remarquable par fes mines de fel. Long. 14. 28. lat,
J3 - ' 2-
NAOPOURA, ( Géogr. ) ville d ’Afie dans l’In-
douftan , au royaume de Décan , fur la riviere de
Tapti. Le terroir y produit du bon riz , du coton 6c
des cannes de lucre. Long. 31.2,0. lat. 21. 26.
NAPARIS , ( Géog anc.') fleuve de la Scythiè, 6c
l’un des cinq qui , lelon Hérodote, lib. IV. chap,
Ixviij. fe jette dans l’ifter.
N APÉES, f. f. ( Mytholog. ) nymphes dans l’antiquité
fabuleufe qui préfidoient aux forêts & aux collines.
Voflius croit qu’elles étoient les nymphes des
vallées feulement, parce qu’il tire leur nom du grec
vatroç oa y<t7rH, qui fignifie un lieu humide, -telles que