43z O I G
La ciboule, cep a fijjîlis , 7. R. H.$ Sx. eft une quatrième
efpece d'oignon, qui reffemble par Ion extérieur
à l’échalote , fi ce n’eft que toutes fes parties
font plus grandes. Il fort plufieurs bulbes .grêles &
alongéesd’un feul paquet de racines chevelues, comme
dans l’échalote, dont elles different par leur acrimonie.
On la cultive dans les potagers. Elle a les mêmes
qualités que l'oignon blanc & l’échalote. Son
analyfe nous apprend qu’elle contient un fel ammoniacal
& un efprit fubtil. (D J.) _
Oignon , ( Jardin. ) quoiqu’il y ait différentes
^fpeces Joignons dans les jardins des curieux botanistes
, les jardiniers n’en cultivent que deux ou trois
efpeces ; favoir, l'oignon d’Efpagne, cep a vulgaris
Jloribus & tunicis candidis vel purputafcentibus , C. B.
& l'oignon de Strasbourg. Celui d’Efpagne a la racine
groffe & douce ; l'oignon de Strasbourg eft plus
amer , & fe garde plus long-tems : l’un ta. l’autre
n ’ont aucune différence dans leur culture ;mais il
faut obf'erver que leurs variétés ne font pas durables
: car fi vous femez des graines de l'oignon d’Efpagne
, vous aurez un mélange d'oignon rouge parmi.
h'oignon de Strasbourg ne conferve pas mieux
fa nature ; car il s’applatitinfenfiblement. La même
chofe arrive aux oignons de Portugal dans nos climats
; au bout d’un ou deux ans ils dégénerent au
point, qu’on ne reconnoît plus leur origine.
L'oignon quel qu’il foit vient de graine , & veut
une terre neuve. Cette graine fe jette à plein champ
un peu à claire voie ; puis on la couvre de terre
avec le rateau. On ôte avec foin toutes les mauvaises
herbes; on éclaircit aufii les oignons, afin que
ceux qui reftent viennent plus beaux ; & lorfqu’ils
Ont acquis Une belle groffeur , on en foule les mon-
tans ; quand leurs tiges font fanées , on tire l ’oi-
gnon de terre en coupant l’extrémité de la tige ; on
les fait fécher.dansun terrein bien fec, obfervant de
les tourner chaque jour , pour les empêcher de pouf«
fer de nouvelles racines , ce qu’ils ne manqueroient
pas de faire fur-tout dans un tems humide ; on finit
par ôter toute la terre qui les entoure , & on met
enfemble dans un grenier de la maifon tous ceux
qui font bien fains, fans les trop preffer les uns contre
les autres. Plus on les garantit de l’air , & plus
on les conferve.
Il eft inutile d’entrer dans de plus grands détails
fur une plante fi commune; cependant elle a mérité
l’ attention de Miller ; & fes préceptes font bien fu-
périeurs à ceux de nos auteurs qui fe font attachés à
indiquer la culture de cette plante potagère. (Z?, J.)
OlGNÔN, ( Chim. Diet. & Mat. médic. ) l'oignon
rouge & l'oignon blanc ; le principe v if & très-volatil
qui nage dans le fuc aqueux de l'oignon , & qui
fe répand au loin dès qu’on vient à le couper ou le piquer
, & cela fans le fecours du moindre feu artificiel
; la nature de ce principe , dis-je, n’a pas encore
été déterminée par les chimiftes. Il eft certain feulement
que ce n’eft point de l’alkali volatil , & que
Boerhaave & quelques chimiftes plus modernes fe
font trompés en le croyant du même genre que l’ai—
Icali fpontané des plantes crucifères de Tournefort.
Il eft manifefte encore que ce principe eft beaucoup
plus mobile quel’alkali volatil qui fe trouve dans ces
ilernieres plantes dans l’état le plus concentré.
La racine ou le bulbe de l'oignon porte par excellence
le nom de toute la plante. C ’eft dans cette
partie que réfide principalement le principe dont
nous venons de parler : elle eft encore la feule qui
foit employée comme aliment & comme remede.
L 'oignon eft d’autant plus doux , c’eft-à-dire dépourvu
de ce principe a£tif & volatil, qu’il croît dans
des pays plus chauds. L'oignon cultivé en Languedoc
ou en Provence diffère fi fort à cet égard de la même
efpece cultivée aux environs de Paris, que le pi-
O ï G
quant de ces derniers eft un objet abfolument nouveau
pour les habitans des premières provinces. Un
payfan languedocien qui a mangé fort communément
dans fon pays un ou deux gros oignons cruds, ne fau-
roit manger fans répugnance ou fans effort une feule
feuille de ceux de Paris. La même différence s’obferve
dans la même proportion entre les oignons de Languedoc
& ceux d’Efpagne,de l’île Minorque, 6-c.Onpeut
couper ces derniers extrêmement près du nez & des
y e u x , fans qu’ils picotent ces organes d’une façon
incommode. J’ai obfervé encore que la qualité mal-
faifante de l 'oignon crud , dont nous allons parler
dans un inftant, étoit aufli dire&ement proportionnelle
à l’abondance & à la vivacité de ce principe ;
en forte que l'oignon qui en eft prefque abfolument
privé, n’eft plus qu’un aliment plein d’une eau douce
, d’un goût agréable, relevé par un parfum léger ;
&c que les oignons d’Egypte étant vraiffemblable-
ment dans ce degré extrême de perfettion , il n’eft
pas étonnant que les Juifs qui abandonnèrent ce
pa ys, en aient tant regretté cette précieufe pro-
duélion.
Cette mauvaife qualité de l'oignon crud de notre
pays , dont nous parlions tout-à-l’heure , eft de eau-
fer l’affoupiffement & le vertige aux perfonnes qui
ne font pas accoutumées à cet aliment, de ne Subir
qu’une digeftion longue & pénible >& enfin de cau-
fer des vents & des rapports fort dégoûtans. Les
payfans fur-tout dans les pays chauds , & pendant
les plus grandes chaleurs de l’été,mangent beaucoup
d'oignons cruds , qu’ils affaifonnent avec beaucoup
plus de fel qu’aucun autre aliment que je connoifle.
Cette nourriture convient aux organes de ces hommes
robuftes, & aide à les foutenir dans leurs travaux
pénibles ; elle les défend utilement fur-tout
contre le relâchement qu’opéreroit fur leur corps la
chaleur du climat & de la faifon. Voye^ Climat,
Médecine.
Par les raifons du contraire, un pareil aliment eft
inutile, & peut même être nuifible aux tempéra-
mens plus délicats , & fur - tout à ceux qui ont les
nerfs fenfibies, & qui font facilement échauffés.
L 'oignon cuit fous la cendre, l'oit à l’eau, foit dans
les potages, ou avec le jus des viandes, qui a été
abfolument dépouillé dans cette opération , de fon
principe volatil, & dont le fuc a peut-être reçu d’ailleurs
une élaboration utile.; l'oignon cuit, dis-je, eft
au contraire un aliment rrès-fain qui fe digéré facilement
, qui peut même, fi l’on veut, être regardé
comme adouciffant, peéloral, &c.
Quant aux ufages médicinaux de l'oignon, le fuc
récent de l ’oignon crud eft compté parmi les diurétiques
les plus puiffans. L ’infufion de l'oignon dans le
vin blanc eft aufli recommandée pour la même vertu.
Il eft fort fingulier que Chomel, qui vante ce
remede , exige , comme une circonftance effentiel-
le , qu’il foit pris les trois derniers jours de la lune ,
& que Geoffroi rapporte cette prétention fans la
réfuter. .
La qualité anti-peftilentielle attribuée à l'oignon
par le peuple , & par quelques médecins, n’eft rien
moins que démontrée.
L'oignon crud eft encore vanté pour faire revenir
les cheveux ; .autre qualité peu éprouvée. On applique
aufli extérieurement l'oignon crud & pilé fur
la tête, pour en calmer les douleurs opiniâtres, fur
les oedemes, qu’il guérit quelquefois en excitant les
urines,& fur le ventre dans l’ateite & la leucophleg-
matie , qu’il diflîpe par la même voie : ce font encore
là des vertus célébrées dans les livres, & trop
peu confirmées par l’expérience.
L 'oignon cuit & réduit en forme de cataplafme
eft un très-bon émollient &réfolutif. Gette derniere
O I N
propriété eft prouvée par une expérience journalière.
L’échalote & la ciboule font fort analogues à l 'oignon.
La première de ces racines l’eft cependant encore
davantage à l’ail. Voyt{ Ail . Ce que nous avons
dit de l'oignon crud convient prefque abfolument à
la derniere. ( b )
O ignon m a r in , ( Mat. médic. ) Voye^ Sc il l e .
O ign on m u sq u é , ( Botan.) genre de plante,
connu des Botaniftes fous le nom de mujeari, Voyer
MüSCARI, Botan.
O ignon , terme de Chirurgie vulgaire, eft une dureté
qui vient au pié à la baie du gros orteil : c’eft
une eîpece de cors. Lorfque fa racine eft Amplement
dans la peau, il n’eft que cutané : quelquefois fes
racines vont jufqu’aux ligamens & au période.
Ces oignons font quelquefois fort douloureux,
s’enflamment fuppurent. J’ai vû un amas de fyno-
vie fous l ’enveloppé calleufë d’un oignon ,* le malade
a guéri par l’uiage de l’efprit de térébenthine introduit
dans la plaie.
Les oignons font en général plus incompiodes que
dangereux : on les diminue en les coupant, après
avoir fait tremper le pié dans le bain tiede ; il ne
faut pas aller trop au v if de crainte d’accident; par
une longue macération réitérée, on parvient à les
détacher fans fe fervir d’inftrument tranchant. •.
Le meilleur topique eft le galbanum ou la gomme
ammoniaque amollie dans le vinaigre & appliqués
en forme d’emplâtre. Voye^ ce que nous avons dit
au mot C o r . (L’)
OINDRE, v. a£L ( Gram.) enduire d’huile ou de
quelque autre fubfta.nce graffe & molle : on oint le
papier , le bois, les corps des animaux. Dans le fe-
tichifme, la plus ancienne, la plus étendue, & la
première de toutes les religions, à les confidérer
félon leur hiftoire hypothétique & naturelle, ceux
qui prenoient pour fétiche une pierre l'oignoient afin
de la reconnoître : de - là vint dans la fuite la coutume
Joindre tout ce qui porta fur la terre quelque
carattere divin & facré; mais avant les prêtres,
les rqis, & long-tems avan t, l'oint fut un morceau
de bois pourri, une paille , un rofeau , un caillou
fans prix, en un mot la plupart des chofes précieu-
fes ou viles , fur lefquelles fe portoit l’imagination
des hommes, frappée d’admiration, de crainte,
d’efpoir, ou de refpeâ:. On dit de Jefus - Ghrift ,
qu’il fut l ’oint du Seigneur. Le Seigneur a dit, gardez
vous de toucher à mes oints : ces oints iont les
rois, les prêtres, les prophètes.
OINGTS, f. m. pl. ( 7/i/?. eccef.) hérétiques an-
glois dans le xvj. fieclé, qui difoient que Je feul péché
qu’on pouvoit faire au monde, étoit de ne pas
embraffer leur doftrine. Genebrard, in Pio 5.,
O ING, f. m. ( Grarnm. ) vieux oing, graiffe de
porc qui fe tient aux reins : c’eft avec cette graiffe
rance qu’on frotte les eflieux des voitures, les rouleaux
des preffés, &c.
y OINOMANCIE, f. f. ( Hijl. anc. ) divination par
le moyen du vin, foit qu’on en confidérât la couleur,
foit qu’en le buvant on s’attachât à remarquer feru-
puleufement toutes les drconftances qui arrivoient
pour en tirer des préfages. Virgile dans le quatrième
livre de l’Enéide nous donne un exemple de la première
efpece.
Vidit tkuricremis cum dona imponeret aris ,
( Horrendum diclu ) latius nigrefeere facros ,
Fufaque in obfccenum fe vertere vina cruorem.
Et dans le Thyefte de Séneque on en trouve un
de la féconde efpece.
Admotus ipjis Bacchus à labrisfugit
Circaque diclus ore decepto efjluit,
Ondit que les Perfes étoient fort attachés à cette
Tome X I ,
O I S 433
forte d’augure ou de divination, dont le nom eft
grec & formé à'oivoç, vin, & de /jutvTtnt, divination
OINOPHORE, ( Littéraloinophorum, les oino-
phores étoient de grandes cruches dans lefquelles on
puiibit le vin pour le mettre dans des bouteilles,d’oii
on verfoit à boire dans des gobelets : c’éîoit la cou*
tume à table, quand on a voit vuidé ces cruches,
de les renverfer, ôc de mettre l’ouverture contre
terre. Lucilius dit affez plaifamment à ce fujet :
Vtrtitur oinophoris fundus, fenunùa nobis.
« les cruches fe renverfent notre raifon aufli. ».
(£ > .ƒ .)
O J O , ( Hiß. nat Botan. ) c’eft un grand buis du
Japon ; il a les feuilles ovales, terminées en pointe,
& un peu dentelées: fes fleurs font blanches, à quatre
pétales ronds, garnies d’un calice, & de la grol-
feur d’une graine de coriandre : fes baies font rondes
, couleur de pourpre foncé , renfermant deux,
trois, ou quatre femences, qui font groffes & figu* -
rées comme celles du carvi. On diftingue une tfuge,
qui eft un petit buis, dont les feuilles fe terminent
en pointe par les deux extrémités.
OIRA, (Géog. anc.') ville capitale de la terre
d’Otrante, lituée fur une montagne de l’ancien pays
des Meffapiens, entreTarente & Brindes. Elle a été
colonie des Cretois ; c’eft pourquoi dans fes médailles
on voit le minotaure : on y lit toujours Ypina,
ou Anipy, à la maniéré ancienne que Cadmus apporta
de Phénicie, écrivant de droit à gauche : fon
nom grec & latin eft Uria. On trouve en 9 77, un
André qualifié epifeopus B rundußnus & Uritanusi
L’an 1491 Grégoire XIV. donna un évêque particulier
à Oira , & mit ce nouvel évêché fous la métropole
de Tarente. (D . J .)
OISE, (Géog.) riviere de France, elle a fa fource
dans les Ardennes, aux confins du Hainaut & du
Thiérache, & finit par tomber dans la Seine, entre
Conflans, Sainte-Honorine & Andrefy. Comme
elle eft navigable à Chauny, elle facilite pour Paris
le tranfport des blés & des foins de Picardie ; fon
nom latin eft Ifara, (Sßa, ou Eßa. (D . J .)
OISEAU, f. m. ( Hifl. nat. Omit. y animal couvert
de plumes, qui a deux aîj.e.s, deux piés, un bec
de fubftance de corne, &c. Les oifeaux n’ont point
de vraies dents logées dans des alvéoles, comme
les dents des quadrupèdes, mais dans quelques elpe-
: c e s , par exemple celle des plongeons, le bec eft
dentelé comme une feie. Le bec des oifeaux leur
fert, non - feulement pour prendre leur aliment,
mais ils l’emploient aufli comme une arme offen-
five & défenfive; c’eft avec leur bec qu’ils conftrui-
fent leur nid, qu’ils donnent à manger à leurs petits,
& qu’ils arrangent leurs plumes : quelques-uns, tels
que les perroquets, les bec - croifés, &c. montent
le long des arbres à l’aide de leur bec. Tous les oifeaux
, excepté ceux qui ne fortent que la nuit, ont
la tête petite à proportion de la groffeur du corps.
Les yeux des oifeaux, comme ceux des poiffons.,
ont moins de convexité que ceux des quadrupèdes :
il y a fous les paupières une membrane, membrana
niclitoria, qui fort du grand angle de l’oe il, & qui
recouvre l’oeil en tout ou en partie , au gré de
l'oifeau, quoique les paupières reftent couvertes :
cette membrane fe trouve aufli dans plufieurs
quadrupèdes ; elle fert à nettoyer la furface de l’oeil.
Les oreilles des oifeaux n’ont point de conques à
l’extérieur, 8c dans la plupart le conduit auditif eft
fans aucun couvercle, mais il y en a un dans les
oifeaux de proie nôâurnes, & dans quelques-uns
des diurnes. Les oifeaux qui ont les pattes longues
ont aufli le cou long, autrement ils ne pourroient
prendre leur aliment fur la terre; mais tous ceux
dont le cou eft long n’ont pas les partes longues,
I i i ij