Tentes. Tl y a dans ces fyftèmes des fexes différens
de principes, de fephiroths, d’éons, parce qu’il y
■ falloir expliquer la génération d’une émanation , 8c
la propagation fucceflive de toutes.
Les principes de Zoroaftre, les fephirots de la cabale
, les éons perdent de leur perfeâion à mefure
qu’ils s’éloignent de Dieu-dans tous ces fyftèmes,
parce qu’il y falloit expliquer l’origine du bien ÔC du
mal phyfique 8c moral.
Quels moyens l ’homme avoit - il de fortir de fa
place, de changer fa condition miférable, & de s’approcher
du principe premier des émanations? C ’étoit
de prendre fon corps en averlion ; d’affoiblir en lui
les pallions ; d’y fortifier la raifon ; de méditer ;
d’exercer des oeuvres de pénitence ; de fe purger ; de
faire le bien ; d’éviter le mal, &c.
Mais il n’acquéroit qu’à la longue, & après de
longues tranfmigrations de fon ame dans une longue
fuccefiion de corps, cette perfection qui l’éle-
voit au-defliis de la chaîne de ce monde vifible.
Parvenu à ce degré, il étoit encore loin de la fource
divine; mais en s’attachant confiamment à fesdevoirs,
enfin il y arrivoit; c’étoit-là qu’il jouifloit
de la félicité complette.
Plus Une doCtrine eft imaginaire, plus il eft facile
de l’altérer ; aufli les Gnoftiques fe diviferent-
ils en une infinité de feCtes différentes.
L ’éclat des miracles & la fainteté de la morale
du chriftianifme les frappèrent ; ils embrafferent
notre religion, mais fans renoncer à leur philofo-
phie, 8c bien-tôt Jefus-Chrift ne fut pour eux qu’un
bon très-parfait, & le Saint- Efprit un autre.
Comme ils avoient une langue toute particulière
, on les entendoit peu. On voyoit en gros qu’ils
s’écartoient de la fimplicité du dogme, & on les
condamnoit fous une infinité de faces diverfes.
On peut voir à l'article Cabale , ce qu’il y a de
commun entre la philofophic orientale 8c la philofo-
phie judaïque ; à l'article PiTHAGORE, ce que ces
feCtaires avoient emprunté de ce philofophe ; à l'article
Pla to n ism e , ce qu’ils dévoient à Platon; à
l'article JESUS-CHRIST AG N O ST IQ UE , ce qu’ils
avoient reçu du chriftianifme ; 8c l’extrait abrégé
qui va fuivre delà doCtrine de Zoroaftre, montrera
la conformité de feurs idées avec celle de cet homme
célébré dans l’antiquité.
Selon Zoroaftre, il y a un principe premier, infini
8c éternel.
De ce premier principe éternel & infini, il en eft
émané deux autres.
Cette première émanation eft pure, aCtive &
parfaite.
Son origine, ou fon principe, eft le feu intellectuel.
Ce feu eft très - parfait & très-pur.
Il eft la fource de tous les êtres, immatériels 8c
matériels.
Les êtres immateriels forment un monde. Les
matériels en forment un autre.
Le premier a confervé la lumière pure de fon
origine ; le fécond l’a perdue'. Il eft dans les ténèbres,
& les ténèbres s’accroiffent à mefure que la diftance
du premier principe eft plus grande.
Les dieux & les efprits voifins du principe lumineux,
font ignés & lumineux.
Le feu 8c la lumière vont toujours en s’affoiblif-
fant ; où ceffent la chaleur 8c la lumière, commencent
la matîere, les ténèbres 8c le mal, qu’il faut
attribuer à Arimane & non à Orofmade.
La lumière eft d’Orofmade; les ténèbres font
d’Arimane : ces principes 8c leurs effets font incompatibles.
La matière dans une agitation perpétuelle tend
fans ceffe \ fe fpirituaüfer, à devenir lucide 8c active.
Spiritualifée, aétive 8c lucide, elle retourne à fà
fource, au feu pur , à mithras , où fon imperfe&io»
finit, 8c où elle jouit de la fuprème félicité.
On voit que dans ce fyftème, l’homme confondit
avec tous les êtres du monde vifible, eft compris
fous le nom commun de matière.
Ce que nous venons d’expofer de la philofophic
orientale y laiffe encore beaucoup d’obfcurité. Nous
connoîtrions mieux l’hiftoire dés héréfies comprifes
fous le nom de gnofifme; nous ‘aurions les livres
des Gnoftiques ; ceux qu’on attribué à Zoroaftre,
Zoftrian, Mefus, Allogène ne ferôiènt pas fuppofçs,
que nous ne ferions pas encore fort inftruits. Comment
fe tirer de leur nomenclature ? comment ap-,
précier la jufte valeur de leurs métaphores ? corn',
ment interpréter leurs fymboles? comment fuivre le
fil de leurs abftrattions ? comment exalter fon imagination
au point d’atteindre à la leur? comment
s’enivrer & fe rendre fou aflcz pour les entendre ?
comment débrouiller le cahos de leurs opinions ?
Contentons-nous donc du" peu que nous en lavons,
& jugeons affez fainement de ce que nous avons,
pour ne pas regretter ce qui nous manque.
Or ien ta l , ( Commerce & Hifi. nat. ) nom donné
par la plupart des joailliers à des pierres précieules*
Cette épithete eft fondée fur la dureté de ces pierres ,
qui eft beaucoup plus grande, dit-on, que celle des
mêmes pierres trouvées en occident ; mais cette réglé
n’eft point fûre , & il fe trouve en Europe quelques
pierres qui ont tout autant de dureté 8c de pureté
que celles d’orient. On prétend aufti que les
pierres qui viennent d’orient, ont des couleurs plus
vives & plus belles que celles qu’on trouve en occident.
Foye{ Pierres préc ieu se s. ( — )
ORIENTER, v . aéfc. ( Afir. & Gnom. ) fe dit prin^
cipalement d’un cadran mobile , que l’on place dans
la fituation où il doit être par rapport aux points cardinaux,
enforte que la méridienne tracée fur ce ca-r
dran , tombe dans le plan du méridien. Voye{ C a^
d ran, Méridien , & c .
O rienter , s’ , à la lettre, c’eft examiner de que!
côté on a l’orient, 8c par conféquent les trois autres
{Joints cardinaux. Mais en général on appelle s'orienter
, s’affurer préçifément, foit fur terre, foits
fur mer , de l’endroit où l’on eft. ( O )
Orienter , ( Archit. ) c’eft marquer fur le ter-
rein , avec la bouffole, ou fur le deffein, avec une.
rofe des ve.nts, la difpofition d’un bâtiment par rapport
aux points cardinaux de l’horifom On dit aufli
s'orienter f pour fe reconnoître dans un lieu, d’après
quelque endroit remarquable, pour en lever le
plan. (D . J .)
Orienter les voile s , ( Marine. ) c’eft les braf-
fer 8c fituer de maniéré qu’elles reçoivent le vent.
(Z)
ORIFICE, f. m. ( Gramm. ) la bouche ou l’ouverture
d’un tube, d’un tuyau , ou autre cavité. Voye£
T ube.
O r if ic e , en Anatomie , fe dit fingulierement de
l’embouchure de plufieurs conduits, vaiffeaux, ou
autres cavités du corps ; comme de la veflie, de l’u-
terus, de l’eftomac , &c.
\Jorifice fupérieur de l’eftomac eft la partie où
l’on fent la faim. Son orifice inférieur s’appelle pylore.
Voye[ Faim & Pylore.
Il y a quelques opérations en Chimie pour lefquel-
les if faut que 1 esuorifices des vaiffeaux foient fceilés
hermétiquement. Voye^Herm ét iqu e.
Orifice fe dit aufli quelquefois par extenfîon , de
l’ouverture d ’une plaie ou d’un ulcéré.
Orifice , ( Hydr. ) On entend par Vorifice d’un
ajutage, d’un canon, d’une jauge, la fertie de fon
ouverture circulaire, ou fa fuperficie entière qui eft
comme le quarré de fon diametçe ; ainft lorfqu’ojj
dit qu’ un jet a trois lignes,, cela: lignifie trois lignes
fie diamètre, & le même jet de trois lignes en aura
pour fon orifice-, oa fuperficie., .neuf lignes & un (ep-
tieme qu’on négligé, é'oycj Aju t a g e . ( A") .
ORIFICIEN:, f.natus-confulu, Ç Jujïjprud. 1 ainli
appelle du nom du colfful Orifieius qui le fit paffer
au lenar. I l portait que les enthns liiccéderoient à
lem-mere préférablement à tous autres., foit cognais
ou agnats.de leur mere. Les empereurs Arcadius &
Théoiofius étendirent cette difpofition aux petits-
enfans. r
. pftIFLAMMEjf. f. ( Hifi. de France.)nos anciens
hiitonens font p j m m a lc u lin , & écrivent tantôt.
oriflamme , tantôt oriflarntte , tantôt auriflamme. tan-
tôt aurijlambt ou onfiande : étendard de l’abbaye de
Saint-Dems ; c’étoit une efpece de gonfanon ou de
bannière , comme en avoient toutes les autres égli-
fes ; cette bannière étoit faite d’un tiflù de foie couleur
de feu, qu on nommoit cendal on.faint vermeil,
qui avoir^trois fanons , 8c étoit entourée de houppes
de foie^. \J oriflamme de Saint-Denis étoit attachée au
bout d’une lance, d’unjfuft-, d’un bâton, que Raoul
de Prefles nomhie le glaive de Y oriflamme.
Louis le Gros, prince recommandable par la douceur
de fes-moeurs, & par les vertus qui font un bon
prince, eft le premier de nos rois qui ait été-prendre
Y oriflamme à Saint-Denis en 1124, lorfqu’il marcha
contre l’empereur Henri V. Depuis lors, fes fuc-
ceffeurs allèrent prendre en grande cérémonie cette
efpece de bannière à Saint-Denis, lorfqu’ils mar-
choient dans quelque expédition de guerre • ils la
«■ ecevoient des mains de l’abbé, & , après la vie-
foire , Yoriflamme étoit rapportée dans l’églife de
Saint-Denis ? 8c remife fur fon autel. C ’etoit un chevalier
qui étoit chargé de porter Yorflamme à la
guerre ; 8c cet honneur appartint pendant long-
tems au comte de Vexin , en fa qualité de premier
vaflal de Saint-Denis.,
Il eft àffez vraiffemblable qu’il y avoit deux oriflammes
, dont l’une reftoit toujours en dépôt à Saint-
Denis , & que, lorfqu’il le préfentoit une occafion
de guerre, on en faifoit une fécondé toute fembla-
ble ; on confacroit cette derniere ^ 8c on la levoit d e .
deflùs l’autel avec de grandes cérémonies. Si on la
confervoit exempte d’accidens pendant le cours de
la guerre , on la rapportoit dans l’églilè ; quand on
la perdoit, on en faifoit une autre fur l’original,
pour l’employer dans i’occafion.
Guillaume Martel feigneurde Bacqueville , eftlè
•dernier chevalier qui fut chargé de la garde de l’ori-
flamme le 28 Mars 1414 > dans la guerre contre les
Anglois ; mais il fut tué l’année fuivante à la bataillé
d Azincourt, 8c c’eft la derniere fois que Yorflamme
ait paru dans nos armées, fui vant du Tillet, Sponde,
dom Félibien, & le pere Simplicien. Cependant,
luivant une chronique manuferite , Louis XI. prit
encore Y oriflamme en 1465, mais les hiftoriens du
teins n’en difent rien.
i ^es Bollandiftes dérivent le mot oriflamme du celtique
& tnàeTqno flan, fan ou van, qui lignifie une
bannière t un étendard, & d’où l’on a (ait fanon ou
J fr*on f qui veut dire la même chofe ; la première
fyllabe ori vient du latin aurum, c ’eft donc à dire
étendard doré , parce qu’il étoit enrichi d’or.
Le lefteur peut confulter Galant, traité de l'oii-
jLtunme j Borel, du T ille t , 8c les mémoires des Inscriptions.
{ D . J . )
ORIGAN, f. m. ( Hifi. nat.Bot. ).origanum, genre
de plante à fleur monopétale, labiée, dont la levre
uperieure eft relevée, arrondie 8c divifée en deux
pâmes, 8c l ’inférieure en trois. Le piftil fort du calice
, il eft attaché comme un clou à la partie pofté-
1 leure de la fleur, 8c entouré de quatre embryons
qui deviennent dans la fuite autant de femences arrôndies
& renfermées dans une capfule qui a fervi
de calice à la fleur. Ajoutez aux cara&eres de ce
genre , que les fleurs naiffent dans des épis écailleux
qui forment des bouquets au haut des branches
8c des tiges. Tournefort , infl. rei herb. Voye? Plante^
/ ) J ^
Tournefort compte Quatorze efpeces de ce genre
de plante, dont il faut me borner ici à ne décrire que
ta lauvage commune : origan,,m fylvcjbc , Tpïcti ln-
x ,s , crt3 is ', cbnfinis , punie,dlhis , II. Cliff. 30V
Elle a les racines meniVes, ligneuféSj fibreüfes , tra-
çantëÿôbltquement en terre. Elles pouffent plufieurs
tiges qui s’élèvent à la hauteurfie deux ou trois piés
dures’ , quarrées, velues. Ses feuilles fortefitoppo-
lées des noeuds des tigesjlés plus grandes reffemblent
a Celles dit calament vulgaire, & les plus petites à
celles de la marjo'Iamàifîiles font veluesy odorantes,;
d un goût âcre & aromatique. Ses fleurs naif-
lent comme en parafbl aux fommités des tiges, dans
des épis grêles & écailleux , qui compofent de gros
bouquets; chacune décès fleursefl: en gueule,ou en
tuyau découpé par le haut eh deux levres de couleur
incarnate. Lorfqiie leSfleurs fontpaffées, il leurfuc-
ccdc des femences très-menues , prefque rondes
enfermées dans une capfule oblongue qui a fervi de
calice a la fleur.
Cette plante croît non-feulement dans les pays
chauds, mais auflï dans les pays froids , comme en
Allemagne, en Angleterre, en France. Onia trouve
3ux lieux champêtres, montagneux, fees, expofés
aufoleil; 8c elle fe plaît principalement furies collines
& les montagnes. Elle fleurit en été.
r ^.u r.f.^e > ^ origan fauvage varie beaucoup 8c par
fes feuilles, & par fes fleurs. Tragus obferve que fes
fleurs font de trois fortes ; l’une ponceau, l’autre
rouge-blànchâtré , & la derniere toute Blanche. Ily
en a qui prétendent que celui d’Efpagne & d’Italie
vaut miéux qué lé nôtre, & je Crois qu’ils ont
- --0------ , w -ou n u , iijjicuic. u ic poulie une
petite tige, ordinairement unique, ronde, roufsâ-
t re , un peu rude, haute de fix à fept pouces, la-
quede le divife au fommet en plufieurs rameaux,
HH Joutiennent des fleurs en maniéré de parafol a
melees de bleu & de purpurin ; elles font garnies de
feuilles ôppofées, petites, obîongues, velues, un
peu fermes, affez fou vent difpofées fans ordre, d’unè
odeur aromatique & fuave, comme celle de l’origaà
vulgaire.
Quand les fleurs font paffées, il leur fuccede des
feineùces très-menues, arrondies, de bonne ôdeur,
& d’un goût âcre. Cette plante fe trouve d'ans les forêts
:on peut la fubftituer à la précédente; elle fleurit
dans le même items. ( D . J. )
Origan, ( Fkarm, & Mat. rnéd. .) grand origan ‘
marjolaine fauvage ou bâtarde, marjolaine d’Angleterre
, 8c petit origan ou petite marjolaine fauvage,
Ces plantes poffedent à-peu-près les mêmes vertus
que la marjolaine > à laquelle on peut les fubftituer.
La poudre de leurs feuilles & de leurs fleurs fe-
chees eftun affez bon errhin. Voye[ Errhin.
On emploie principalement ces plantes pour I’u-
fage extérieur. On les fait entrer dans les demi-bains
les pédiluves , 8c fur-tout dans la compofition des
Tins aromatiques, qu’on applique auflî-bien que leur
marc fur les membres attaqués de paralyfie, d’oede-
m e , &c.
Les feuilles d'origan entrent dans l’eau générale
8c le firop d’armoife ; les fommités fleuries dans l’eai*