89* P A R
En premier lieu, il-traduit en deux maniérés certains
tems du v erbe, qui n’ont en effet que l’une des deux
lignifications ; amarcm (que j’aimaffe, dit-il, ou j’ai-
merois.) ; arnavi ( j’aimai ou j’ai aimé ) ; amavifjhn
{ que j’euffe ou j’aurois aimé ) : o r , amarem appartenant
au mode fubjonftif, ne peut pas fignifier j'aime-
rois , ni amaviffetn , j'aurois aimé; parce que ce font
des tems du mode fuppofitif qui manque- abfolu-
ment au latin. Voyt£ Mo d e , Subjonctif , S uppos
it if. C’eft la même méprife par rapport à dtnavi ; il
préfente toujours le paflé fous le même afpeû , &
conféqnemment il doit toujours être rendu en françois
de la même maniéré-, j'ai aime: notre j'aimai eft
un tems qui étoit inconnu aux Romains. / ''^ { T ems.
En fécond lieu , le rudiment.de P. R, donne tout à la
P A R
fois un fens a&if & un fens paffif à chacun des trois
gérondifs & au fupin en u : c’eft une cOntrâdiftion
frappante qu’il ri’eft pas pofîible de croire que l’ufage
ait jamais autorifée : quelques exemples mal analy-
fes- ont occafionné cette erreur ; un'péuplus d’attention
la corrigera; il n’y a de gérondifs & de fu-
pins qu’à la v oix aétive.- V-oye^ Ge rondiF , Supin. ■
Je n’ajouterai pas ici toutes les obfervations que je
pourrois faire fur la dénomination & l’ordre des
tems ; on peut voir le fyftème que j’adopte fur cette
matière, articleTEMS. Je me contenterai' donc depré-
fenter quelques tems du verbe amo , fous la forme
que je crois la plus convenable pour affeéter l’imagination
d’une maniéré utile.
I N D-I C A T I F.
Pluriel, ■
Amàmus , nous aimons.
amatis, vous aimez.
amant, ils ou elles aiment.
Amabamus, nous aimions.
àmabatis , vous aimiez. *
amabant, ils ou elles aimoient,
Amabimus, nous aimerons.
amabitis , vous aimerez.
amabunt, ils ou elles aimeront.
" Indéfini.
Préfens. <
Définis.
Poftérieur. *
Singulier.
Amo y j’aime.
amas , tu aimes ou vous aimez.
amat, il ou elle aime.
Amabam, j’aimois. '
amabas , tu aimois ou vous aimiez,
-amabat, il ou elle aimoit.
Amabo y j’aimerai.
amabis, tu aimeras ou vous aimerez.
amabit, il ou elle aimera.
On peut dïfpofer de même les prétérits & les -futurs
, au fubjonftif comme à l’indicatif, à la voix
paffive comme à la voix aétive. Il y a feulement à observer
qu’une pareille expofition occupant trop de
largeur pour une page in-octavo , on peut prendre le
parti de mettre fur la page verfo qui eft à gauche, les
dénominations générales des tems, difpolées comme
on le voit ici ; & fur la page recto qui. eft à droite , le
pur paradigme du verbe fur les deux colonnes parallèles
du fingulier & du pluriel.
Dans les tems compofés, il y a toujours quelques
Singulier-,
eram , je devois
| s» ; . K .
^ eraSy tu devois ou vous deviez 3
^ â 21
j» erat, il ou elle devoit
On difiingue -communément quatre conjugaifons
régulières des verbes latins, différenciées principalement
par la voyelle qui précédé le re final du pré-
fent de l’infinitif : c’ eft un a long dans les verbes de la
première conjugaifon , amàre ( aimer ) ; c’eft un e
long dans ceux de la fécondé , monëre ( avërtir ) ;
c’eft un e bref pour la troifieme, légère ( lire ) ; &c c’eft
un i long pour la quatrième, audîre ( entendre ). On
a coutume de donner trois paradigmes à chacune de
ces conjugaifons ; l’un, pour les verbes determinai-
fon active, foit abfoius ,• foit relatifs ; le fécond, pour
les verbes de la voix paffive ; & le troifieme, pour
les verbesdéponens. Cela eft très-bien; mais il me
femble qu’il leroit mieux encore de partager en deux
efpeces les verbes de la troifieme conjugaifon, & de
mettre dans l’une, ceux qui ont une confonne avant o
au préfent indéfini de l’indicatif, comme hgo y &
dans l’autre, ceux qui ont au même tems un i avant o,
comme capio : dans ce cas , il faudroit trois paradigmes
pour les verbes de la première efpece, par exemple,
legOy legor & fiquor ; il en faudroit pareillement
trois pour ceux de la fécondé, par exemple , capio,
capior & aggredior : il me femble que ce n’eft j&as af-
fez pour les commençàns, d’une fimple remarque
telle que celle du rudiment de P. K.pag. ^(f.
mots qui font communs à toutes les perfonnes : il
fera utile de ne les écrire qu’une fois à côté du tems,
fur une ligne couchée verticalement. i°. Cette difpo-
fition fera mieux fentir ce qu’il y a de commun & de
propre à chaque perfonne. z y. Comme l’expédient
eft également de mife en latin & en françois , il
fervira à diminuer la largeur du paradigme, qui, fans
cela-, occuperoit fouvent plus d’efpace que n’ en
comporte la page, & forceroit à mettre une feule perfonne
en deux lignes. V oici fous cette forme le futur
défini antérieur du même mode :
Pluriel.
k eramus , nous devions
» - eratis , vous deviez
» »
eranty ils ou elles dévoient
On a coutume de mettre à la fuite des conjugaifons
régulières, les paradigmes• des verbes anomaux
ou irréguliers, & l’on fait bien ; mais je voudrois
qu’on le fît avec plus d’ordre, & que l’on fuivît celui
des conjugaifons mêmes. Le rudiment de P. R. débute
par eo qui eft dé la quatrième conjugaifon ;
viennent enfiiite vo/o, malo, nolo & feroy qui font de
la troifieme ; puis, pojfum & profum , qui tiennent
au verbe fubftantif; & enfin 9 edo &c comedo, qui font
encore de la troifieme : ç’eft un vrai defordçe , &
d’ailleurs la lifte des anomaux n’èft pas complette.
Comme le verbe fum eft un auxiliaire néceflaire
dans les conjugaifons régulières , on doit en trouver,
le paradigme dès le commencement. D’oîi je conclus
que les irréguliers pofjum &c profum doivent être conjugués
les premiers de tous les anomaux. Comme il
n’y en a point à la première conjugaifon, il faut conjuguer
enfuite audeo , dont le prétérit eft aufus fum
ou fu i ; & il fervira de paradigme à gaudeo , gavifus
fum ou fui y à foltoy fohius fum ou fu i , &c. Il y a
un verbe de la troifieme conjugaifon qui fuit la même
anomalie ; c’eft fido , fifus fum ou fui : il fautauffi le
conjuguer pour fervir de paradigme à fes compofés
confido , dijfido : fio , qui tient lieu de paffif à facio
dans fes préfens, & qui n’a d’autres prétérits ni d’autre.
s,
P A R
très futurs, que ceux qu’il emprunte du paffif de ce
Verbe , doit auffi être conjugué : on peut mettre en-
fuite la conjugaifon aftive & paffive de feroy qui fervira
de paradigme à tous fes compofés, dont il eft bon de
détailler les tems primitifs -9 à eaufe des métamor-
phofes d e là particule compofante : puis , le verbe
edo y qui fera le paradigme de comedo & exedo: enfin,
viendront les trois verbes volo, malo & nolo. Le
verbe eo, étant de la quatrième conjugaifon , ne
peut être placé qu’ici; & il fera fuivi immédiatement
de la conjugaifon du défettif memini , qui fera le paradigme
de noyi y ccepi, odi.
Je n’ajouterai plus qu’un mot qui eft général. C’eft
i° . qu’au-deflous de chaque paradigme il eft bon de
donner une lifte alphabétique de plufieurs mots fournis
à la même analogie, afin de fournir aux com-.
mençans de quoi s’exercer fur le paradigme, & en
même tems pour leur apprendre autant de mots latins,
noms, adjeâifs, ou verbes. z°. lime femble
que la règle particulière fera placée plus convenablement
après fe paradigme qu’avant ; elle ne peut être
bien entendue qu’en ce lieu , & c’eft d’ailleurs l’ordre
naturel, les réglés analogiques n’étant que lesré-
fultats de l’ufage. S’il y a donc des réglés communes
à toutes les déclinaifons des noms ou des adjectifs,
ou à toutes les conjugaifons des verbes, il en faut réserver
l’expofition pour la fin : ce font comme les
corfôllaires de tout le détail qui précédé.
Il eft aifé d’appliquer aux paradigmes de quelque
langue que cë foit, ce que je viens de dire de ceux
de la langue latine, en obforvant ce que le génie propre
de chaque langue exige de particulier, foit en
plus, foit en moins. ( M. B. R. M. )
PARADIGRAMMATIQUE, l a , {Arts. ) c’eft
l’art de faire toutes fortes de figures en plâtre ; les
Artiftes l’ont très-bien nommée en latin gypfochi ;
nous difons en françois fculpteurs en plâtre , terme
qui ne vaut pas le mot latin. {D . ƒ .)
PARADIS, f. m. dans les livres du nouveau Tefta-
ment & parmi les Chrétiens fignifie un lieu de délices
, oîi les âmes des juftes voient D ieu , & jouiflent
d’un bonheur éternel.
C ’eft ainli que Jefus-Chrift dit au bon larron, Luc
xxiij. 43 : Pous fere£ aujourd'hui avec moi dans le paradis
; & que faint Paul, II. Cor. xij. 4. parlant de
lui-même en troifieme perfonne., dit qu’il connoitun,
homme qui a ete ravi en efpriï jufque dans le paradis, où
il a entendu des paroles qu'il n'ejh pas permis à l'homme
de publier.
■ Le fyftème de CopernicSc de Defcartes a non-feüle-
ment renverfé l’ancienne hypothèfe de Ptolomée' fur
l’ordre & fur la ftrufture de ce monde ; mais il a encore
mis dans la néceffité de propofer ailleurs, un endroit
propre à placer le léjour des bienheureux,
qu’on nomme vulgairement paradis. L'on difpute
donc raifonnablement dans lès écoles fur la fitua-
tion du paradis Célèftè où nous devons aller -, comme
on foit fur celle du tefreftre d’ôù Adam, fut
chafle. Car enfin depuis- que lés cieux font fluides
, que la terre & les planètes roulent dans lès airs
autour du folèil, & que les étoiles que nous voyons,
font autant de foleils qui font chacune le centré d’un
tourbillon ; il a fallu que l’èmpyrée difparût, pu du-
moins qu’il s’en allât bien loin d’où il etôit. Quoi
qu’il en fo i t , fi l’on place le paradis dans un liëù
qui environne fous ces efpaceS inunenfes, il me p<>
roît ou que les reprouvés feront bien reflefrés au
centre de la terre, ou que les élus feront fort aii
large tout-autour de ce grand monde.
Quelques Théologiens croiront peut-être Faire
une heureufe & jufte application de-ces paroles des
Pfeaumes in foie pofuit tabernaculum fuum, en difant
TomeXL
p a r
que c’eft dans le foleil où les élus habiteront, & où
Dieu manifeftera fa gloire. Ils ne font point attention
que l’ame de Jefus-Chrift jouiffoit de la gloire
célefte fur la terré, & qu’il étoit, félon leur opinion
& leurs termes > voyageur & compréhenfeur tout-à-
la-fois ; qu’ainfi ce n’eft pas le lieu qui fait le paradis
9 mais le bonheur dont on jouit par la vue de
Dieu , qui étant par-tout,.peut auffi fe montrer &
faire par-tout des bienheureux ; d’ailleurs puifque
ils donnent aux corps glorieux , après la refurrec-
t i° n , 1 agilité & la pénétration ; ils ne doivent pas
les refferrer dans un endroit particulier. Ils n’auront
apparemment Ces qualités que pour en faire ufage ,
fe tranfporter librement par-tout, &c contribuer à
une partie de leur bonheur par la vue & par l i con-
noiflance fucceffive des ouvrages & des opérations
du Créateur dans ces'efpaçes immenfes.
Quand on veut parier là-defiùs, pétition mieux
faire qu’en difant que le paradis n’eft pas un lieu ,
mais un changement d’état, Que s’il eft dans le ciel-,
le ciel n’eft autre chofe que toute la matière fluide &
immenfe, dans laquelle roulent une infinité de corps
èc lumineux & opaques ; de forte que les cieux , l’univers
& tous les ouvrages de Dieu font le paradis &C
le féjour des bienheureux. C’eft pourquoi notre Seigneur
dit dans l’Evangile , que les faims auront le
royaume des deux en partage, & qu'ils pojjederont la
terre y c’eft-à-dire que tout l’univers leur appartiendra,
ou qu’au-moins ils en auront lajouiflance entière
& parfaite.
Les Juifs appellent ordinairement le paradis le jar-'
din d’Eden, & ils fe figurent qu’après la venue du
Meffie ils y jouiront d’une félicité naturelle au milieu
de toutes fortes de délices : & en attendant la
réfurre&ion & la vériue du Meffie , ils croient que
les âmes y demeurent dans un état de repos.
• -Les Mahométans admettent auffi un paradis 9 dont
foute la félicité ne confifte que dans les voluptés corporelles.
Voyei ce qu’ils en racontent fous les mots
A l c o r à n , M a h ô m e t i s m e ,
P a r a d i s t e r r e s t r e , jardin des délices dans lequel
Dieu plaça Adam & Eve après leur création.
Ils y demeurèrent pendant leur état d’innocence, Sc
en furent chaffés dès qu’ils eurent défobéi à Dieu en
mangeant du fruit défendu. Ce mot vient de l’hébreu
ou plutôt du chaldéen pàrdes , que les Grecs
ont traduits par celui de -srttpctS'iiiroc, qui fignifie à la
lettre un verger, un lieu planté d'arbres fruitiers , &
quelquefois un bois de haute futaie. Les Perles nom-
moient ainfi leurs .jardins à fruits , & les parcs où ils
nourrifloient toutes fortes d’animaux fauvages, eom-
il paroît par X énophon, cyroped.
Moïfe l’appelle le jardin dEden, c’eft-à-diré le jardin
des délices, mot dont quelques-uns cherchent
l’étymologie dans le grec «<fw», volupta's : mais dans
l’hebreu , Eden eft le nom d’un pays & d’une province
où étoit fitué le paradis terreflre.
On forme plufieurs difficultés fur fa fituation ;
quelques-uns , comme Origenes, Phîlon, les Seleu-
ciens & Harmianiens anciens,, hérétiques , Paul V énitien
dans le dernier fiecle , ont cru que le paradis
terreflre n’avoit jamais exifté, & qu’on doit expliquer
allégoriquement tout ce qu’en (fit l’Ecriture : d’autres
l’ont placé hors du monde , quelques-uns dans
le troifieme c ie l, dans le ciel de la lune, dans la lune
même ; d’autrés dans la moyenne région de l’air ,
au-defîùs de la terre , quelques autres fous la terre
dans lin lieu caché & éloigné de la eonnoiflance des
hommes, dans le lieu qü’occupe aujourd’hui la mer.
Cafpienne.
Les fentimens de ceux qui l’ont placé fur la terré
f y y y y