702. O V I
Le point où le foleil fe couche , lorfqu’il eft dans
l’équateur, eft nommé Yôuefi équinoûial ou vrai
point de Youefi.
Le mot d'ouejleft principalement employé par les
Marins pour déligner le couchant ou Y occident y & les
vents qui viennent de ce côté-là. Ainfi ils difent un
vent d’ouejl, faire route à Youefi, telle île eft à Youefi
de telle autre. Mais, dans «Lutage ordinaire, on le
fert plus communément du mot de couchant pour déterminer
les polirions des lieux. Ainfi on dit qu’une
telle maifon eft expofée au couchant, que la France
a la mer au couchant, &c. ( O )
O U G L Y , ( Géog. ) ville d’Afie dans l’Indouftan,
au royaume de Bengale. Elle eft fituée fur le bord
occidental du Gange, à 18 lieues de fon embouchure.
Long. iç6 . 3 o. Lat. 22. (Z>. J. )
O U ICO U , f. m. boiflbn compofée par les Caraïbes
avec des patates coupées, des bananes bien
mûres, de la caftave rompue par morceaux, du gros
firop defucre, ou, à fon défaut, des cannes à fu-
cre , le tout bien écrafé Sc mis en fermentation avec
une fufiifante quantité d’eau claire dans de grands
vafes de terre cuite qu’ils nomment canaris: cette
boiflbn, à l’amertume près, reffemble à de la biere ;
elle eft très-forte Sc enivre facilement.
Lorfque les Caraïbes fe raffemblent pour quelque
réjouiffance publique, ils fqnt un oüicou général ;
ces fêtes tumultueufes , ou plutôt ces efpeçes d’orgies
, ne fe paffent guère fans defordre & fans quelque
événement tragique.
Les habitans blancs & noirs des îles Antilles ont
beaucoup perfe&ionné la compofition du oüicou ; ils
ajoutent à une quantité d’eau fuffifante Sc de beau
firop de fucre mêlés enfemble, des patates Sc des
bananes coupées par morceaux, quelques racines
de gingembre fraîches Sc écrafées, le (uc Sc l’écorce
d’un certain nombre de citrons & un morceau de
caflave grillée, ou une croûte de pain rôtie fur les
charbons ; ils laiffent fermenter ces fubftances pendant
deux ou trois jours dans un grand pot de terre
non-verni & uniquement deftiné à cet ùfage, plus il
a lervi mieux il vaut. La force de la fermentation
fait monter le marc vers l’orifice du pot, c’eft alors
qu’il faut l’écumer bien proprement, après quoi on
paffe la liqueur à deux ou trois repriles au-travers
d’une chauffe de laine , & on l’enferme dans des
bouteiles bien bouchées dans chacune defquelles on
a eu foin de mettre un ou deux clous de gerofle. Il
eft dommage que cette boiffon ne puiffe pas fe conserver
plus de trois ou quatre jours, elle eft infiniment
plus agréable que du cidre mouffeux, à quoi
elle reffemble beaucoup par la couleur Sc le pétillement
, Sc même un peu par le goût. On l’eftime ra-
fraîchiffante en Supprimant les épices; mais comme
elle occafionne desflatuofités, Sc qu’un long ufage
pourroit nuire à l’eftomac , on y ajoute comme cor-
re&ifs le gingembre Sc le gerofle en quantité modérée
par l’expérience. ( M. l e R o m a i n . )
OVICULE , f. m. ( Archit. ) c’eft un petit ove ;
Baldus croit que c’eft l’aftragale lesbien de Vitruve.
Quelques auteurs nomment ovicule , l’ove ou moulure
ronde des chapiteaux, ionique & compofite, laquelle
eft ordinairement taillée de Sculpture. ( D . J. )
O V ID O S , ( Géog. ) petite ville de Portugal dans
l’Eftramadure , fur une hauteur ,.à 9 lieues de Sau-
tareu. Long.g.4.5. lat. 2>S:Â- ( L). J. )
OV IÉD A , ( Botan. ) nom que, donne Linnæus
au genre de plante, appelle valdia par le pere Plumier.
En voici les, caraéteres. Le calice de la fleur eft
cou rt, formé d’une feule feuiille , large , légèrement
divifée en cinqfegmens droits Sc pointus. Ils
fubfiftent .après que la fleur eft tombée. La fleur eft
monopétale Sc du genre des labiées. Le tube eft fort
O U I
long, fort menu , & attaché au germe du piftil. Il eft
un peu plus épais au'fommet qu’à la baie; la levre
Supérieure eft creufe& évafée ; l’inférieure eft partagée
en trois fegmens. Les étamines font quatre filets
plus longs que la fleur. Les boffettesdes étamines
font arrondies. L’embryon du piftil eft rond Sc placé
entre le calice & la fleur. Le ftyle eft chevelu Sc de
la longueur des étamines ; le ftygma eft fendu en
deux Sc aigu. Le fruit eft une baie Sphérique, placée
dans le calice qui grofîït pour le recevoir, Sc qui eft
fait en forme de cloche. Les graines font ovales Sc au
nombre de deux. Linnæi, gen. plant, p. 29 J. Plumier
, gen. 24. (D . J. )
O V IÉD O , ( Géog. ) v ille d’Efpagne, capitale de
l’Afturie d’Oviédo, avec un évêché qui ne releve
que du pape, &: une univerfité. II s’y tint un concile
en 901. Elle eft furies ruiffeaux nommés YOveSt la
Deva , à 46 lieues N. E. de Compoltelle, zo N. O.
de Léon , 83 N. O. de Madrid. Long. u . 48. lat.47.
OUÏE , f. f. ( Phyjlologie. ) L 'ouïe eft une fenfa-
tion excitée parles Ions reçus dans l’oreille ; ou , fi
l’on aime mieux, c ’eft une perception du fon quife
fait dans l’ame par le Secours de tout l ’organe nommé
auditif.
La nature libérale a pris foin d’étendre notre commerce
avec les autres êtres au-delà de ceux qui nous
environnent, par Youïe y & même au-delà du monde
où nous vivons, par la vûe. Ce commerce fe fait toujours
par une matière qui affefte un organe; mais
dans Youïe cette matière eft plus fubtile, plus répandue
loin de nous que dans le ta ft , le goût Si l’odôrat.
Ici nous commençons à Sortir de notre atmof-
phere, car l’objet de Youïe eft le bruit en général.;
or le bruit confifte dans un v if trémouffement de
l’air communiquéjufqu’à l’organe de cettefenfation,
& cette communication, comme on fait, fe fait de
fort loin. Le bruit dans lequel les vibrations de l’air
font plus amples, plus régulières , & par-là plus
agréables à l’oreille , s’appelle le fàn. Voye^ Son.
C ’eft en-vain que l’air remué par les corps bruyans
ou Sonores nous frapperait de toutes parts, fi nous
n’avions des .organes particuliers pour recevoir fon
imprefiïon. Le vent fe lent au toucher, mais la partie
de l’air qui fait le fon, eft trop fubtile pour affecter
ce Sens groflier, il n’y fait pas la moindre imprel- fion.
L’oreille eft l’organe propre à cette fenfation : fon
entonnoir ou fon pavillon eft capable de ramafferun
grand nombre de rayons fonores & de les réunir:
cet entonnoir eft beaucoup plus grand dans certains
animaux, conjme dan&l’âne Sc le lievre ; il y a des
mufcles qui le redrefl'ent & l’ouvrent quand l’animal
écoute , c’eft pourquoi ces animaux ont Youïe très-
fine. Cet entonnoir extérieur eft Suivi d’un canal
aboutiffant à une membrane qui eft comme la première
porte des grottes de Youïe.
Cette membrane eft tendue comme celle d’un
tambour, & elle porte auffi ce nom : fon centre s’enfonce
un peu vers la première grotte qui eft derrière
& qu’on appellera caijje. Dans cette grotte, il y a
des refforts qui font l’office des bafcnles qu’on met
aux fonnettes , & qui aboutiffent d’une partnn centre
de cette membrane, & de l’autre à l’entrée d’une
féconde grotte. Ces bafcules font tirées par des mufcles.
Cette membrane & fes refforts paroiffent avoir
dans Youïe le. même ufage que la prunelle Semble
avoir dans l’oeil. La prunelle fe refferre du fe dilate
pour recevoir une image plus parfaite, & qui ne
bleffe point l’organe ; le tympan fe tend, ou fe relâche
de même, pour tranfmettre à Youïe des vibrations
plus parfaites & proportionnées à cet organe.
Quand l’oreille eft frappée d?un fon trop violent,
cette
O U I
cette membrane , dont le centre eft enfoncé vers fa
grotte , eft repoufl'ée vers ledehors par la bafcule
qui aboutit à fon centre ; par-là , cette même membrane
eft relâchée, Sc ce relâchement diminue d’autant
l’impétuofité du fon qui pourroit bleffer l’organe
; dans le même teins, & par le même mouvement
, la bafcule oppofée à celle-ci ferme l’entrée
de la fécondé grotte , Sc affoiblit encore par là l’im-
preffion de l’air dans cette fécondé grotte.
Au contraire quand le fon eft trop foible, la première
bafcule rapiene le tympan en-dedans, le rend
plus tendu & plus fufceptible d’ébranlement ; l’autre
bafcule ouvre la fécondé grotte, & facilite l’action
des ondulations de l’air intérieur.
Dans les fons moyens entre les deux extrêmes
précédens, le tympan garde aufli une tenfion moyenne
, par laquelle il eft proportionné à ces fons, &
comme à l’uniffon des vibrations de l’air : par-là, le
tremouffement de cette membrane communique le
fon au-dedans de cet organe d’une façon plus com-
plette Sc plus jufte, comme la prunelle, dans un jufte
degré de dilatation , tranfmet au fond de l’oeil une
image nette Sc précife.
La première bafcule deftinée à tendre Sc relâcher
le tympan, eft faite des petits os qu’on appelle marteau
Sc enclume ; la fécondé eft compofée de la même
enclume Sc de l’étrier, joints enfemble par l’osorbi-
culairç ; c’eft la bafe de l’étrier qui fait la porte de la
fécondé grotte. Peut-être que la jufteffe de l’oreille
en Mufique, dépend en partie de la jufteffe du mouvement
des mufcles de ces offelets , à mettrç,exafte-
ment Scpromptement la membrane du tambour à l’uniffon
des tons qu’elle reçoit. On trouve quelquefois
à cette membrane une petite fente, découverte par
Rivinus.
Cependant la membrane du tambour Sc les offelets
ne font pas abfolument néceffaires pour entendre
; mais pour bien entendre, ou pour entendre
jufte, c’eft autre chofe.
La première caverne de l’oreille contient outre
cela un air fubtil, qu’elle reçoit du fond du gofier
par un canal appelle la trompe d'Eufiache, dont le pavillon
s’ouvre vers l’endroit de la communication
du nez avec la bouche : c’eft par ce paffage de l’air,
Sc par le trou que Rivinus a obfervé au tympan, que
certains fumeurs font fortir par leur oreille la fumée,
en fermant exa&ement le nez Sc la bouche. Cet air
intérieur, introduit par la trompe d’Euftache, fou-
tïent la membrane du tambour ; c’eft lui qui étant
remué par l’air extérieur, communique fes vibrations
à l’organe immédiat de Youïe.
Cet organe immédiat eft contenu dans deux autres
appartemens, qui ont chacun une porte dans la
caiffe ou première caverne ; celle-ci eft comme leur
anti-chambre, & ils ont entr’eux une autre porte de
communication : ces portes font aufli garnies de
membranes. Rien n’eft fi propre à remuer tout l’air
contenu dans ces grottes, que les membranes tendues
à leur entrée ; le tambour & la timbale en font des
preuves.
L’un de ces appartemens eft nommé le labyrinthe ,
Sc l’autre , le limaçon.
Le labyrinthe eft fait d’un veftibule d’où partent
trois canaux, appellés demi-circulaires, lefquels font
un peu plus d’un demi-cercle, & reviennent fe rendre
dans le même veftibule. Ces trois canaux portent
le nom particulier de labyrinthe. On conçoit que
l’air étant pouffé dans le veftibule Sc dans les embouchures
de ces canaux, les vibrations d’air qui ont enfilé
chaque embouchure doivent fe rencontrer au
milieu de chaque canal, & là il fe doit faire une col-
lifion toute propre à exciter un frémiffement, ou des
vibrations dans ces canaux Sc dans la membrane ner-
Totne X I .
O U I 7 0 3
venfe qui les tapiffe ; c’eft cette impreflïon qui pro*
duit la fenfation de Yotiïe.
Comme ce labyrinthe eft fimple & uniforme, on
peut le regarder comme l’organe général de Youïe t
c’eft-à-dire, l’organe remué indifféremment par tou*
tes fortes de fons ou de bruits , o u , fi vous voulez ,
c ’eft l’organe général du bruit.
Mais le limaçon a , ce me femble, une conftruc»
tion & un ufage plus recherché. Sa figure eft vraiment
celle d’une coquille de limaçon. L’intérieur eft:
compofé de deux rampes, ou de deux efpeces de
canaux en fpiraie, Sc ïeparés l’un de l’autre par urtô
membrane fine & nerveufe, foutenue par des avances
de lames offeufes.
L’artifice de cette conftruftion eft de la plus parfaite
méchanique. L’office effentiel d’un organe des
fens, eft d’être proportionné à fon objet; & , pouf
l’organe de Youïe, c’eft de pouvoir être à LuniffoA
avec les différentes vibrations de l’air : ces vibrations
ont des différences infinies ; leur progreflïott
eft fufceptible de degrés infiniment petits : il faut
donc que l’organe fait pour être à l’uniffon de toutes
ces vibrations, & pour les recevoir diftinâement *
foit compofé départies dont l’élafticité fuivé. Cette
même progreffion, cette même gradation infenfible>
ou infiniment petite. Or la fpiraie eft dans les mé-
chaniques la feule machine propre à donner cette
gradation infenfible.
On voit clairement que la lame fpjrale dix limaçon
eft toute faite pour être trémouffée par l’impul-
fion de l’air intérieur qui l’environne» On voit de
plus qu’à ia bafe de la fpiraie, la lame faifant un
plus grand contour, elle a des vibrations plus longues
; elle les a très-courtes au fommet parla raifon
contraire. Tournez un fil d’archal en limaçon, vous
verrez combien les grands contours feront mous, Sc
combien au contraire les petits contours du fommet
ou du centre feront roides. O r , depuis le commencement
de la bafe de la fpiraie, où la lame eft plus
fouple, jufqu’à l’extrémité de fon fommet, où eft
fon dernier degré de roideur, il y a une gradation
infenfible ou infiniment petite d’élafticité, enforte
que quelque divifion que l’on conçoive dans les tons,
il n’y en a point qui ne rencontre dans les points de
cette fpiraie fon uniffon, ou fa vibration égale ;
ainfi il n’y a point de ton qui ne puiffe imprimer dif-
tin&ement fa vibration à cette fpiraie, & voilà en
quoi confifte le grand artifice du limaçon. C ’eft pourquoi
nous regardons avec la plus grande partie des
phyficiens le limaçon comme le fanauaire de Youïe ,
comme l’organe particulier de l’harmonie ou des fen-
fations les plus diftinâes Sc les plus délicates en ce
genre.
Les oifeaux, direz-vous, n’ont point de limaçon ,
& cependant ce font les plus muficiens de tous les
animaux. Les oifeaux ont Youïe très-fine , quoique
fans limaçon, parce qu’ils ont la tête prefque toute
fonore comme un timbre ; Sc la raifon en eft qu’elle
n’eft pas matelaffée de mufcles comme la tête des autres
animaux. Par-là, ils doivent être três-ébranlés
par les fons qu’on leur fait entendre ; leur labyrinthe
très-fonore fuffit pour cela ; la grotte la plus fimple
répété bien en écho un air mufical.
Mais fi à cette excellente difpofition de Youïe des
oifeaux, la nature y avoit ajouté le limaçon, ils auraient
été beaucoup plus fenfibles aux modulations
harmonieufes, ils auraient eu la paflion de l’harmonie
, comme prefque tous les animaux ont celle de la
gourmandife ; ce qui n’eft point, car il faut prendre
garde que la qualité de muficiens qu’ont les oifeaux
, vient moins de la fineffe & du goût de leur
oreille, que de la difpofition de leur gofier ; ils ref-
femblent encore en ceci à bien des muficiens qui
donnent duplaifir Sc qui n’en prennent pas.