
olcts fur des airs connus, que l’orcheftre jotiôit ; qufe
des gens gagés , répandus parmi les fpeâateurs,
chantoient, Ôt que le public accompagnoit fouvent
en chorus : cette idée donnoit au lpeâacle une
gaieté qui en fit long-tems le mérité. Enfin Y o p é ra
comique , à la Pollicitation des comédiens françois ,
fut tout-à-fait fupprimé.
Les comédiens italiens q ui, depuis leur retour a
Paris en 1716 ,faifoient une recette médiocre, imaginèrent,
en 1 7 1 1 , de quitter pour quelque teins
leur théâtre de l’hôtel de Bourgogne , & d’en ouvrir
un nouveau à la foire : ils y jouèrent trois années
confécutives pendant la foire feulement ; mais comme
la fortune ne les favorifa point dans ce nouvel
établiffement, ils l’abandonnèrent.
On vit encore reparoître Y o p é r a c om m iq u e en 1724,
mais en 1745 , ce fpeûacle fut entièrement aboli.
L ’on ne jouoit plus à la foire que des fcenes muettes
& des pantomimes.
Enfin le fieur Monet a obteriu la permiflion de rétablir
ce fpettacle à la foire S. Germain de l’année
1751. Il ne confifte que dans le choix d’un fujet qui
produife des fcenes bouffonnes, des repréfentations
affez peu épurées, & des vaudevilles dont le petit
peuple fait fes délices.
O péra it a l ien , ( S p e c ta c le m o d e r n e .) ce fpecta-
cle fut inventé au commencement du xvij. fiecle à
Florence, contrée alors favorifée de la fortune comme
de la nature, & à laquelle on doit la réproduction
de plufieurs arts anéantis pendant des fiecles, &
la création de quelques-uns. Les Turcs les avoient
chaffés de la G re ce, les Médicis les firent revivre
dans leurs états. Ce fut en 1646 que le cardinal Ma-
zarin fit repréfenter en France pour la première fois
des o p é ra s i t a l i e n s exécutés par des voix qu’il fit v enir
d’Italie. # |
Mais nos premiers faifeurs d'o p é r a ne connurent
l’art & le génie de ce genre de poème dramatique
qu’après que le goût des François eut été élevé
par les tragédies de Corneille & de Racine. Aufli
nous ne faurions plus lire aujourd’hui fans dédain
V o p éra de Gilbert & la Pomone de l’abbé Perrin.
Ces pièces écrites depuis 90 ans nous paroiffent
des poèmes gothiques , compofés cinq ou fix générations
avant nous. Enfin M. Quinault , qui
travailla pour notre théâtre lyrique , après les auteurs
que j’ai cités, excella dans ce genre ; & Lully,
créateur d’un chant propre à notre langue , rendit
par fa mufique ?ux poèmes de Quinault l’immortalité
qu’elle en recevoit. ( D . J .)
O péra , eft aufli un mot confacré en mufique
pour diftinguer les différens ouvrages d’un même
auteur. On dit Y o péra o c la v a d e C o r e l l i , V o p é ra te rça
d e V i v a l d i , & c . On traduit ce mot en françois par
oe u v r e . V o y e { G£uvre. L’un & l’autre font principalement
en ufage pour la fymphonie. (S )
O péra , term e d e j e u ; c’eft le repic & le capot au
piquet. Celui qui efluie ce coup eft o p é r a . Les qua-
tres coups pic, repic, blanche & capot, repic & capot
, dans le même coup, s’appelle g r a n d o p é ra .
OPÉRATEUR, f. m. ( C h ir u r g ie .) celui qui opéré
de la main fur le corps de l’homme , pour lui con-
ferver ou lui rétablir la fanté. L’opération étant le
«arattere diftin&if de la partie de l’art de guérir ,
connu fous le nom de c h i r u r g i e , l’on n’a fouvent
cherché dans le chirurgien que la qualité d ’o p é ra teu r .
Nous avons démontré a u m o t C hirurg ie, l’erreur
de ceux qui en auroient une fi fauflë idée. On peut
cependant confiderer par abftra&ion, le chirurgien
comme o p é ra teu r , & déterminer quelles qualités il
doit avoir pour exercer avec habileté les opérations,
& comment il peut acquérir ces qualités.
Suivant C e lfe, qui a fait de la Chirurgie le plus
bel éloge, les fonctions de cet art ne feroient dévo;
lues qü*â de jeunes géhs. Il faut, dit-il expréffê-
ment, que le chirurgien foit jeune, 01$. du moins
peu avancé en âg e, ce qui ne doit fansmoute s’entendre
que des éleves : car Hippocrate qui a cultivé
la Chirurgie avec tant de foins & de fuccès, &
tous ceux qui dans l’antiquité l’ont enrichie de leurs
découvertes, n’étoient furement pas dans la première
jeunefl'e , lorfqu’ils s’immortalifoient en contribuant
par leurs travaux aux progrès d’une fcien^
ce & d’un art qui exige tant d’experience & d’études.
Le chirurgien, continue Celfe , doit avoir là
main ferme, adroite & jamais tremblante; qu’il fe
ferve de la gauche comme de la droite ; qu’il ait la
vue claire, perçante; qu’il foit courageux, & ne
s’abandonne point à la compaflion, a n im o in t r e p i-
d u s , im m ife r ico r s . Les interprètes ont fouvent mal
rendu ce dernier terme, en le traduifant par ceux
d’ im p i t o y a b le 6c à Y in fe n f ib le . Un chirurgien ne peut
affez adoucir, par la fenfibilité qu’il marque au malade,
les douleurs qu’il eft obligé de lui faire fentir.
C e lfe , cet auteur fi élégant, & qui a écrit avec tant
deprécifion, femble avoir prévu le mauvais fens
qu’on pouvoit prêter à fon expreflion; car il l’a
commentée par deux ou trois phrafes dont le réful-
tat eft de dire que le chirurgien doit opérer fans s’émouvoir
, & comme fi les plaintes du malade ne fai-
foient aucune impreffion lur lui, ce que ne rendent
point les termes d'in f e n j îb le ou d’im p i t o y a b le .
Pour envifager la Chirurgie du côté des opérations
, nous diftinguerons deux fortes d’opérations:
i° . les opérations réglées qu’on peut apprendre fur
les cadavres ; & fecondement celles que nous appelions
c a s d e C h i r u r g i e , qui font toutes des opérations
fingulieres ; telles font toutes celles dont le hafard
fournit les occafions, qu’on n’apprend point par le
. même exercice, & qu’on n’eft en état de pratiquer
que par les lumières de l’efprit acquifes par l’étude.
Les premières, c’eft-à-dire les opérations qu’on peut
eflayer fur les cadavres, font en très-petit nombre ;
telles font le trépan , l’amputation des membres, la
lithotomie, l’empyeme,& quelques autres. Le tems
qu’il faut pour acquérir la facilité d’exercer ces opérations
fur les corps morts, eft fort borné. Un chirurgien
qui a appris l’Anatomie, & qui fait diriger
un fcalpel pour dégraifferun mufcle, chofe qui eft
très-facile, a beaucoup plus d’adreffe qu’il n’en faut
pour faire une amputation ou toute autre opération.
N’y a-t-il pas des payfans, des manoeuvres grofîiers,
qui font avec la plus grande dextérité fur des animaux,
des opérations qui paffent pour les plus délicates
, & qui le font en effet ? Celles qu’on eftime
les plus difficiles , ne font qu’une diffe&ion groflie-
re & fort aifée, en ne les regardant que du côté du
manuel, & de la dextérité qu’on requiert pour les
pratiquer. Ce n’eft pas par l’exercice continuel
qu’on devient bon o p é ra teu r ; les mains font toujours
fuffifamment difpofées pour exécuter ce que l’intelligence
prefcrit. Il feroit ridicule de penfer qu’un
habile chirurgien qui, par exemple, n’auroit pas
fait l’opération du trépan depuis 4 ans, fut moins en
état de la faire, qu’un médiocre qui l ’auroit pratiquée
depuis 3 mois. On fait que les grandes opérations
ne font pas journalières hors des hôpitaux ; 6c
dans les hôpitaux mêmes, on n’eft pas furpris d’être
plufieurs années fans trouver l’occafion d’en pratiquer
la plus grande partie. De plus, quand les opérations
feroient plus fréquentes dans les hôpitaux,
on fait qu’il n’y a qu’un très-petit nombre de fpefta-
teurs qui puiffent voir Fo p é r a te u r , fouvent en l’incommodant
beaucoup, & toujours en s’incommodant
eux-mêmes, & s’empêchant mutuellement de
rien voir diftinftement.
D ’ailleurs que peut-on apprendre en voyant opé-:
rer ? Si l’on y fait férieufement réflexion, on réduira
à peu de chofe cet exercice des yeux. N’eft-il pas
hors de doute qu’auflitôt que l’inftrument entre dans
les chairs, il fe dérobe à la vu e , & qu’il n’y a plus
que celui qui le conduit qui fâche précifement ce
qu’il fait. Le fpeftateur qui ne feroit pas inftruit par
la théorie de tout ce qu’il y a à faire pour exécuter
l’opérâtion ; qui n’en connoîtroit pas les différens
tems ; qui ne fauroit pas de quelle importance il eft
de ménager certaines parties ; qui n’auroit aucune
notion fur les raifons qu’il y a d’en couper d’autres ,
que leur ufage fembleroit devoir faire refpefter, un
tel fpeélateur eft là comme un automate ; & celui
qui eft inftruit des préceptes qui regardent la méthode
d’opérer, peut feulement imaginer à-peu-près
ce que fait Y opérateur dans les différens inftans de
l’opération. Voilà à quoi fe réduit toute l ’inftru&ion
que peut lui procurer la fonction de fpeâateur. Et
comment reduiroit-il en aéle, & imiteroit-il ce qu’il
a v u , puifqu’il ne peut par cet exercice des yeu x,
acquérir les connoiflances néceffaires?
La Chirurgie, confidcrée même comme l’art d ’opérer
, ne peut être un art d’imitation, &c où il ne
s’agiffe que d’avoir de l’adreffe pour bien faire. On
n’apprend effentiellement la méthode d’opérer que
par la lefture refléchie des auteurs qui ont le mieux
traité cette matière. Il faut fans contredit, voir pratiquer
les maîtres de l’art; mais on ne les voit utilement
, que lorfque l’efprit eft muni des connoiflances
requifes : les yeux ne voient rien , c’eft l’efprit qui
voit par les yeux. II faut de même que ce foit l’efprit
qui donne de l’adreffe & de l’intelligence aux mains
d’un chirurgien. Il y a quelques opérations dont on
doit faire l’effai fur les cadavres ; mais l’exercice
réitéré de ces efTais ne fupplêe point à l’étude des
principes : c’eft ce qui fait que des gens naturellement
très-adroits , font très-mal les opérations de
Chirurgie; & que d’autres gens qui ne fe piqueroient
pas de plus d’adreffe que d’autres dans les chofes ordinaires
de la vie , font avec une habileté merveil-
leufe les opérations de la Chirurgie. Il n’y a que
l’intelligence & le favoir qui puiffent conduire le
chirurgien dans la plupart des opérations. Voye{ ce
que nous avons die à ce fujet au mot CHIRURGIE.
Lanfranc de Milan, qui profeffoit la Chirurgie à
Paris, fous le régné de Philippe-le-Bel, en 1295,
parle des qualités naturelles, morales & fcientifi-
ques d’un chirurgien. Il n’en exige pas peu, & il les
confidere toutes relativement aux opérations ; il eft
court furies qualités corporelles, il ne demande que
la fermeté de la main & fa bonne conformation,
avec des doigts grêles & longs. Mais du côté des
connoiflances de i’efprit, il requiert pour bafe de la
Chirurgie, toute la théorie de la Médecine, prife
dans fa plus grande étendue. En parlant de la nécef-
fité de diftinguer les tempéramens & les diverfes
"complexions, il fuppofe deux hommes de même âge,
qui au même lieu & à la même heure, reçoivent
un coup d’épée au-travers du bras ; l’un eft d’un
tempérament chaud, & l’autre d’une complexion
froide. Suivant l’opinion vulgaire, dit Lanfranc, la
Chirurgie doit donner les mêmes fecours à ces deux
hommes. Mais la fcience des complexions apprendra
à les traiter diverfement ; elle nous enfeigne ce
que l’on doit en craindre dans la cure de l’un & de
l ’autre. L’un fera fujet à la fievre, au gonflement de
la partie, à l’inflammation & aux abfcès. Il faudra
donc avoir égard à ce qui s’eft paffé ; on s’informera
s’il a perdu beaucoup de fang par fa plaie, afin de le
faire faigner, s’il eft befoin, à proportion de fon âge
& de fes forces; on le mettra à un régime très-leger:
& l’autre ne fera pas faigfié ; oij regardera fon fang ;
comme le tréfor de la vie ; on lui permettra des ali-
mens pour le nourrir, & peut-être du vin pour fou-
tenir fes forces. Ce n’eft pas feulement le tempéra-
T o m e X I ,
ment général du corps qu’il faut obferver dans le
traitement des maladies chirurgicales, la complexion
particulière des parties fournit au chirurgien
des indications differentes. Le remede qui a à un
très-haut degré la faculté aftringente ou deflïcative
fur des chairs fermes 6c diadiques, ne produira pas
ces effets au degre le plus foible fur des chairs molles
& relachees. Le même médicament qui réfifte
puiffamment à la pourriture dans un ca s, l’excite
dans d’autres; c’eft donc par les connoiflances phy-
fiques & expérimentales, par le raifonnement & le
bon ufage des obfervations, qu’on parviendra à bien
diriger les opérations: il y a nombre d’induftions à
tirer du tems, du lieu , des faifons & des caufes extérieures.
Quoiqu’en général il faille réunir les
plaies, font-ce les mêmes opérations qui procureront
la réunion d’une plaie par inftrument tranchant,
ou par un coup de pierre , ou par la morfure d’un
animal ? N’y a-t-il pas une autre conduite à tenir fi
l’animal eft enragé ou s’il ne l’eft pas ? Lanfranc cite
ces exemples ; 6c de tous les détails dans lefquels il
eft entré , fur les différens points de doftrine néceffaires
au médecin, il conclut que le chirurgien n’en
doit pas être moins inftruit ; fans préjudice des connoiflances
qui lui font particulières: c’eft le témoignage.
d’un médecin, il n’eft pas fufpeft. ( T )
OPÉRATION, f. f. en Logique, fe dit des aftes
de l ’efprit. On en compte quatre: favoir, Yappré-
henjion ou perception, le jugement, le raifonnement
& la méthode, voyelles chacun à fon article. Toutes
les opérations de notre ame s’engendrent d’une première:
voici l’ordre de leur génération. Nous commençons
par éprouver des perceptions dont nous
avons confcience. Nous formons-nous enfuite une
confcience plus vive de quelques perceptions ; cette
confcience devient attention. Dès-lofs les idées fe
lient, nous reconnoiffons en conféquence les perceptions
que nous avons eues, 6c nous nous recon-,
noiffons pour le même être qui les a'eues: ce qui
conftitue la réminifcence. L’ame réveille-t-elle fes
perceptions; c’eft imagination. Les conferve-t-elle;
c’eft contemplationp En rappelle-t-elle feulement
les lignes ; c’eft mémoire. Difpofe-t-elle de fon attention
; c’eft réflexion ; & c’eft d’elle enfin que
naiffent toutes les autres. C’eft proprement la réflexion
qui diftingue, compare, compofe, décompofe
6c analyfe; puifque ce ne font là que différentes maniérés
de conduire fon attention. De là fe forment,
par une fuite naturelle, le jugement, le raifonnement
, la conception.
Op é r a t io n , en Théologie, fe dit des a étions du
Verbe & de l’Homme dans J. C. L’Eglife catholique
enfeigne qu’il y a deux opérations en J. C. l’une divine
6c l’autre humaine, 6c non pas une opération
théandrique, comme s’exprimoient les Monothélites
6c les Monophyfites. Voye[ T héandrique.
O p é r a t io n , terme de Chirurgie, aétion méthodique
de la main du chirurgien fur les parties du
corps de l’homme, pour lui conferver ou lui rétablir
la fanté.
Les opérations de chirurgie s’exécutent généralement
en réunifiant les parties divifées ; en divifant
ce qui eft uni ; en faifant l’extraftion des corps étrangers
, & extirpant ce qui eft fuperflu, défeâueux &
nuifible ; & en ajoutant ce qui manque par défaut de
la nature ou par accident. Ces quatre genres 6.'opérations
font connus fous les noms de Jynthefe , de
diérefe, YYexérefe & de prothefe. Voyez ces mots chacun
à fon article. Souvent plufieurs de ces opérations fe
trouvent réunies dans une feule ; tel eft un abfcès
qu’on ouvre, dont on tire le pus, & où il faut en-
fuite procurer la réunion des parties.
Les opérations fe font fuivant certaines réglés générales.
Les auteurs fcholaftiques preferivent effen-*
R r r ij