dant trois ans, en les .enveloppant d’une pâte faite
de cendre & d e faumure. La tortue fa it , à ce qu’on
dit, jufqti’à quinze cens oeufs quelle couvre de fable,
& qu’elle abandonne à la chaleur du foleil pour
dclore ; les oeufs d’Autruche éclofent de la même
maniéré. Villugh. Ornithol. Lib. II. c. v if. § . /.
Dans le'S acta erudicorum de LipJ. Leypjik , année
1683. p. i ‘21. il eft parlé d’un oeuf de poule tout fem-,
blable aux oeufs ordinaires, au milieu duquel on en
trouva un autre de la grofleur d’un oeuf de pigeon.
Voyt^ Superfétation.
Les oeufs à doifble coque ne font pas rares ; Harv
e y donne Fort au long dans Ion traite de la génération
de ranimai, l’explication de cette apparence.
Chez les anciens l'oeuf étoit le fymbole du monde,
& c’étoit une tradition parmi eux que le monde avoit
été fait d’un oeuf, ce qui rendit les oeufs d’une grande
importance dans les facnfîces de Cybele, la mere des
dieux : quelques-uns de leurs faux-dieux étoient auffi
venus d’un oeuf.
OEÜF VUIDE, VUIDE.
OEuf de vache, c’eft un nom que quelques auteurs
donnent à une efpece de befoard qu’on trouve
dans l’eftomac de la vache.
OEuf, en Architecture, ornement de forme ovale
qu’on pratique dans Yechinus ou quart de rond du
chapiteau ionique & compofite , le profil ou le contour
de 1-echinus s’enrichit d’oeufs 8c d’ancres placés
alternativement. Voye{ nos Pl. d'Architecture.
Voye{du(fL Echinus, Ore, & c.
OEuf philosophique, en Chimie, voye^ Philosophique.
OEuf , ( Phyfique générale. ) on trouve quelquefois
des oeufs extraordinaires en petitefle, en grof-
feur, en figure, fans coque, fans jaune ; d’autres
qui ont une double coque ; d’autres qui renferment
un fécond oeuf ; d’autres qui contiennent des corps
étrangers, comme des pois, des lentilles, des épingles
, &c. Enfin, j’ai recueilli beaucoup d’obferva-
tions en ce genre ; mais il fuffira d’en citer quelques-
unes.
Le petit oeuf, ou l’oeuf nain, que les Ornithologi-
ftes nomment communément, ovum centeninum, eft
le dernier que la poule ponde de la faifon. Cet oeuf
pour l’ordinaire ne contient pas de jaune, mais une
efpece de glaire ou de blanc. Il n’eft pas furprenant
qué ce dernier oeuf Yoit fi petit ; mais il eft affez étonnant
qu’une poule ne ponde jamais que de ces oeufs
nains.
Malpighi vous donnera la raifon pourquoi ces
oeufs font ftériles, Se ne produilent jamais de poulets.
Il y a d’autres oeufs qui furpaffent de beaucoup
les oeufs communs en grofleur. On les nomme ova
gemellifica ; il femble même qu’Ariftote s’en foit ap-
p^-rçu : mais il eft certain qu’il n’y a que les oifeaux
domeftiques qui pondent de ces fortes d’oeufs : ils
contiennent deux blancs 8c deux jaunes, 8c M.
Harvey remarque que communément ils renferment
deux poulets , cjui quoiqu’éclos ne vivent pas.
De tous les oeufs- extraordinaires, il n’y en a guere
de fi remarquables que ceux qui ont une double coque,
8c que Harvey appelle ovum. in ovo: cet habile
homme explique en même tems les caufes de ce
phénomène dans fon traité de generatione animalium.
Le petit oeuf renfermé dans un grand, eft ordinairement
de la grofleur d’une o live, pointu par le
b ou t, couvert d’une membrane dure , épaifle, &
caftante. L’humeur qu’il contient eft moins jaune
que dans les autres oeufs.
M. Méri a montré à l’académie des Sciences un
oeuf de poule cuit, dont le blanc renfermoit un autre
petit oeuf revêtu de fa coque 8c de fa membrane intérieure
, 8c rempli de la matière blanche fans jaune.
On a fait voir à la même académie en 174^, un
oeuf de poule d’Inde, dans lequel étoit renfermé un
autre oeuf garni de 1a coque. Ceux qui favent que
la coque de l’oeuf ne fe forme que dans Yoviductus,
ou canal qui conduit Yoeuf de l’ovaire au-dehors de
l’animal, fentiront combien doivent être rares les
circonftances néceflaires pour produire un pareil
effet.
M. Petit porta en 1741 à la même académie un
petit corps oviforme d’environ dix lignes de loti?
gueur, & de cinq lignes de diamètre, qu’il avoit
trouvé dans le blanc d’un oeuf. Ce corps qui étoit
lui-même une efpece de petit oeuf, n’étoit attaché au
grand que par un pédicule affez court, 8c qui avoit
peu de confiftance : on y voyoit quatre enveloppes
: l’extérieure étoit allez folide , puifqu’en étant
féparée, elle confervoit fa forme & fe foutenoit par
elle-même , ce que ne faifoient point lés autres. A
chaque féparation des trois premières enveloppes,
ainfi prifes extérieurement, le petit corps confervoit
la figure ; mais on n’eut pas plutôt léparé la
quatrième, que tout ce qui y étoit renfermé s’échappa
en forme de blanc d’oeuf fans jaune.
Il y a des poules qui par un effet de la ftruélure
de leur ovaire, pondent toujours des oeufs-fans jaune.
Il y en a d’autres qui n’en pondent que quelquefois
; lavoir, lorfque dans.des efforts, ou par
quelque caufe extérieure , le jaune de l’oeuf fe creve
dans Yoviductus ; mais la caufe n’étant pas confiante,
elles en font auffi de bien conditionnés.
Quant aux poules qui pondent quelquefois des
oeufs fans coque , cela vient ou de quelque maladie
qui irritant la trompe, leur fait chaffer Yoeuf avant
le tems ; ou bien par une grande fécondité qui ne
leur donne pas le loifir de les mûrir tous : il y a des
poules qui font le même jour un oeuf bien condition*
n é , 8c un autre fans coque;
Le défaut d’une fuffiïante quantité de cette hu*
meur dans certaines poules, peut encore en être la
caufe. Les oeufs fans coque s'appellent oeufs hardes„
Poye^ OEuf hardé.
Quoique beaucoup de perfonnes , d’ailleurs rai-
fonnables, croyent avec le peuple que les coqs pondent
des oeufs, 8c en particulier les oeufs qui font
fans jaune ; que ces oeufs étant trouvés dans du fumier
ou ailleurs, on en voit éclore des ferpens ailés,
qu’on appelle bafilics ; cette erreur n’a d’autre fondement
qu’une ancienne tradition, que les préjugés
de l’éducation 8c l’amour du merveilleux entretiennent.
On a trouvé quelquefois dans des oeufs de poule
des corps étrangers, comme des pois, des lentilles,
8c même une épingle. Ces pois 8c ces lentilles qui
ont germé & porté du fruit, étbient entre le blanc
8c le jaune de Yoeuf: peut-être que ces graines, ainfi
que l’épingle dont j’ai parlé, fe font infinuées dans
les poules pendant l’accouplement qui fe fera fait
dans un endroit où il y avoit beaucoup de pois 8c
de lentilles : peut-être font-ils entrés du jabot dans
l’ovaire. ( D . J.')
OEuf hardé, ( Hiß. nat.') il n’eft pas rare de
trouver des oeufs de poule fans coque : on les appelle
des oeufs hardes. Leurs liqueurs ne font contenues
que par la membrane épaiffe qui tapiffe l’intérieur
de là coquille des autres. Cette enveloppe cede fous
le doigt £n quelqu’endroit qu’on la preffe : on ten-
teroit très-inj.itilement de faire éclpre le poulet d’un
oeuf fans coque ; la tranfpiration s’y fait avec une
trop grande facilité ; bien-tôt la membrane qui eft
fa feule enveloppe, fe pliffe, fe ride, & fe chiffonne
très-irrégulierement en différens endroits. Au bout
de peu de jours Yoeuf a totalement perdu fa forme ,
& les deux tiers, ou même les trois quarts de fon
volume : il ne contient plus que des matières épaiffies
au point d’être devenues folides & dures. Peut-
être néanmoins ne feroit-il pas impofllblé;,.dit M. de .
Réaùinur,.de faire développer le poulet ;d!un oeuf
hardé : mais il faudroit, ajoute-t-il, que l’art lui
donnât l’équivalent de ce que la nature lui a refufé.. É
Il faudroit fiippléer par quelque enduit à la coquille
qui lui manque, lui en faire une de plâtre, ou de
quelque mortier^ ou de quelque ciment poreux. Cette
expérience qui ne feroit que curieufe, ne réuffiroit..
fans doute , qu’après avoir été tentée bien des,fois,
8c ne nous apprendroit rien de plus que ce que nous
favons déjà fur la néceflité d’une tranfpiration me-
furée. •( D . J. ')
OEU FS!,- .confervaiion des , ( Phyfique générale,. ) il
n’eft pas indifférent de pouvoir conferver des oeufs ,
81 en particulier-, des oeufs de poule, frais pendant
long-rems. Toys les oeufs que couve une poule, ne
font pas également frais ; fi elle les a tous pondus;,
il y en a tel qui eft de quinze à leize jours plus
vieux qu’un autre. L’embryon périt dans Yoeuf, lorfque
Yoeuf devient trop vieu x, parce que Yoeuf fe
corrompt ; mais il y vivroit quelquefois plus long-
tenis, fi on empêehoit Yoeuf de fe corrompre.
Malgré la tiffure compaêle de fa coque écailleu-
fe , malgré la tiffure ferrée des membranes flexibles
qui lui fervent d’enveloppe immédiate, Yoeuf iranf-
pire journellement, 8c plus il tranfpire 8c plutôt il
fie gâte. Il n’eft perfonne qui ne fâche que dans un
oeuf frais 8c cuit, foit moilet, foit au point d’être
du r, la fubftance de Yoeuf remplit fenfiblement la
coque ; 8c qu’au contraire il refleun vuide dans tout
oeuf vieux qui eft cuit, 8c un vuide d’autant plus
grand , que Yoeuf eft plus vieux. Ce vuide eft la me-
fiure de la quantité du liquide qui a tranfpiré au-tra-
versde la coque. Auffi, pour juger fi un oeuf même ,
qui n’eft pas cuit, eft frais, on le place entre une
lumière 8c l’oeil ; la tranfparence de la coque permet
alors de voir que Yoeuf vieux n’eft pas plein
dans fa partie fupérieure. Mais des obfervations faites
par les Phyficiens, leur ont découvert les conduits
par lefquels Yoeuf peut; tranfpirer. Ils ont vu
que dans les enveloppes qui renferment le blanc &
le jaune de Yoeuf, il y a des conduits à air qui communiquent
au-travers de la coque avec l’air extérieur.
On voit où font ces paflâges, lorfqu’on tient
un oeuf fous le récipient de la machine pneumatique
dans un vafe plein d’eau purgée d’air. A mefurequ’on
pompe l’air du récipient, celui qui eft dans Yoeuf fort
pardes endroits où la coque lui permet de s’échapper.
Un fait qui prouve encore très-bien que la coque
de Yoeuf eft pénétrable à l’air , c’eft que le poulet
prêt à éclore fait entendre fa voix avant qu’il ait
commencé à becqueter fa coque, & avant qu’il l’ait
même-filée. On l’entend crier très-diftinftement,
quoique fa,coque foit bien entière ; malgré la tiffure
ferrée, Yoeuf tranfpire ; il eft pour nous d’autant plus
v ieu x , ou , pour parler plus exactement, d’autant
moins bon, qu’il a tranfpiré davantage. Lespayfans
de nos provinces 8c des autres pays agiffent comme
s ’ils favoient cette phyfique. Pour conferver long-
tems leurs oeufs en bon é tat, ils les tiennent dans des
tonneaux où ils font, entourés de toutes parts de
cendre bien preffée , de fon , de fciure de bois de
chêne, &c. cette cendre, ce fon, cette fciure de bois
de chene s’applique contre lçs coques, en bouche
les pores & rend leur tranfpiration difficile. Les oeufs
ainfi confervés font mangeables dans un tems où ils
euflent été entièrement corrompus fans ces précautions.
M. de Réaumur a imaginé d’abord un meilleur
moyen d’empêcher l’infenfible tranfpiration des
oeufs , c’eft en les enduifant d’un vernis impénétrable
à l’eau ; ce vernis eft compofé de deux parties
de gomme , laque plate, aveç une partie de colo-
Torne X I .
phqfte diffoute dans, de l’efprit-de-vin. Une pinte
j d’efprit-de-viii, dans.laquelle.on diffout une demie
livre, de flaque plate 8c un quart de livre de colo-
phone., peut vernir 7.Z douzaines d’oeufs, c’eft-à-dire
que .la dépenfe en vernis pour chaque douzaine
d’oeiifs ne faurpit. aller à un fol ; 8c fi l’on fait les
couches très-mine es , çette dépenfe n’iroit qu’à la
moitié du prix.
Quoique la composition de ce vernis 8c fon application
foient faciles , M. de Reaumur a trouvé
depuis qu’on pouvoit fubftituer à ce vernis une matière
moins chere encore, plus connue & aifée à
avoir par-tout, c’eft de la graiffe de mouton fraîche.
Les oeufs qui put été enduits de cette graiffe, fe con-
fervent .frais auffi long-tems que ceux qui ont été
vernis. Cette graiffe ne coûte prefque rien de plus
que le fuif ordinaire, qui réuffiroit également, mais
qui blefferoit l’imagination. On fait fpndre de la
graiffe de mouton fraîche ; 8c après l’avoir rendue
liquide, on. la paflè à-travers un linge, on la met dans
un pot de terre, on l’échauffe près du feu, on plonge
• chaque,oetff dins cette graiffe, 8c on le retire fur le
champ : s’il eft bien fra is, il peut fe conferver ainfi
; pendant près d’une année.
On peut plonger Yoeuf dans la graiffe avec des
pinces , dont l’attouchement ne fe feroit que dans
j deux points ; & quand la graiffe feroit figée fur tous
les autres endroits, on porteroit avec une plum&
ou un pinceau une petite^goutte de graiffe liquide
fur les deux endroits qui font reliés découverts. Mais
pour n’avoir plus à revenir à Yoeuf après qu’il a été
tiré.du pot, il fera peut-être plus commode de donner
à chaque oeuf un lien d’un brin de fil long de 6 à
7 ppuces ; on entourera Yoeuf vers fon milieu, c’eft-
à-dire à diftance à-peu-près égale de fes deux bouts
avec ee fil, on lui fera une ceinture arrêtée par un
double noeud , lequel noeud fe trouvera très-près
d’un des bouts de ce fil , c’eft par l’autre bout,du
fil qu’ on tiendra l’Æw/fufpendu pour le plonger dans
la graiffe liquide..Celle qui s’attachera fur la partie
du fil qui entoure Yoeuf, arrêtera auffi-bien toute
évaporation dans cet endroit, que celle qui fera immédiatement
appliquée contre la coquille. On imaginera
peut-être qu’il eft difficile de mettre un oeuf
en équilibre fur un tour de f il, 8c de faire que cet
oeuf ne s’échappe pas ; mais pour peu qu’on l’éprou-
1 v e , on trouvera le contraire.
La graiffe de mouton ne communique pas le plus
léger goût de graillé à Yoeuf; car quand on le retire
de l’eau bouillante, il n’y a que le-deffus de la coquille
qui foit un peu gras, 8c on emporte toute
trace de graiffe en trottant Yoeuf avec un linge. L’enduit
de graiffe eft préférable au vernis pour les oeufs
deftinés à être couvés , parce qu’il eft difficile de
dévernir les oeufs , & que l’enduit de graiffe eft très-
aifé à enlever. Enfin on pourroit par le moyen de
l’enduit de graiffe tranfporter dans les divers pays
un grand nombre d’oeufs d’oifeaux étrangers, les y
faire couver, & peut-être, en nàturalifer plufieurs.
Cependant, malgré toutes ces vérités , ni le vernis
des oeufs, ni leur enduit de graiffe propolés l’un 8c
l’autre par M. de Réaumur, n’ont point encore pris
faveur dans ce royaume. ( D. J. )
OEUF, {Chimie.') voye[ SUBSTANCES ANIMALES*
OEuf , ( Diete, Pharmac. & Mat. méd. ) les oeufs
les plus employés à titre d’aliment font ceux- de
poule. On mange auffi en Europe les oeufs d’oie ,
de canne % de poule-d’inde, de paon, de faifan, &c.
Les Africains mangent les oeufs d’autruche , 8c ceux
de crocodile. Les oeufs,de tortue font un aliment
très-ufité dans les îles de l’Amérique.
C ’eft aux oetifs de poule que convient principalement
ce que nous allons en obferver en général ,•
8c cela inftruira fuffifamment lur les qualités eflea-
F f f •