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comme avec fureur. La France étoit expirante fous
le rogne de Charles le Simple , roi de nom , & dont
la monarchie étoit encore plus démembrée par les
ducs, par les comtes & par les barons fes fujets,
que par les Normands. Charles le Simple offrit en
o 11 à Rollon fa fille & des provinces.
Rollon demanda d’abord la Normandie : St On
fut trop heureux de la lui céder. Il demanda enfuite
la Bretagne : on difputa ; mais il fallut la ceder encore
, avec des claufes que le plus fort explique toujours
à fon avantage. Ainfi la Bretagne, qui étoit
tout-à-l’heure un royaume , devint un fief de Neuf-
îrie ; Sc la Neuftrie, qu’on s’accoutuma bien-tôt à
nommer Normandie, du nonvde fës ufurpateurs, fut
un état féparé, dont les ducs rendoient un vain hommage
à la couronne de France.
L’archevêque de Rouen n’eut pas de peine à per-
fuaderà Rollon de fe faire chrétien : ce prince em-
brafia volontiers une religion qui affermiffoit fa puif-
fance.
Les véritables conquérans font ceux qui favent
faire des lois. Leur puiffance eft fiable ; les autres
font des torrens qui paffent. Rollon paifible , fut le
feiil légiflateur de fon tems dans le continent chrétien.
On fait avec quelle inflexibilité il rendit la juf-
tice. n'abolit le vol chez les Danois, qui n’avoient
jufqu’alors vécu que de rapine. Long-tems après lui,
fon nom prononcé étoit un ordre aux officiers de
juflice d’accourir pour réprimer la violence : & delà
, dit-on, eft venu cet ufage de la clameur de haro
fi connue en Normandie. Le fang des Danois Sc
des Francs mêlé enfemble, produifit enfuite dans ce
pays ces héros qu’on vit conquérir l’Angleterre ,
Naples & Sicile.
Le leûeur curieux trouvera dans le recueil de l’académie
des belles-Lettres, tome XV. & X V I I . in-40.
de plus gra nds détails fur les incurfions des Normands
en France, & ce qui eft plus important, fur les cau-
fes de la facilité qu’ils rencontrèrent à la ravager. mm NORRKA , ( Hifi. nat. Minéralogie. ) c’eft le nom
que les Suédois donnent à une pierre compofée de
mica, de quart?,& de grenat, c’eft-à-dire de fchoerl.
Cette pierre eft d’un gris plus 611 moins foncé, & les
grains de grenats ou de fchoerl qui entrent dans fa
composition, font plus ou moins fenfibles à la vue ;
on en fait de meules pour les moulins. Il paroît que
cette pierre eft une variété de celles à qui en françois
on donne le nom générique de granité. Voyeç l'effai
d'une nouvelle Minéralogie publiée enfuédoisen 1730.
NORTGAW ou N ORTGOW , ( Gèog. ) contrée
d’Allemagne , aujourd’hui nommée communément
le haut-palatinat du Rhin, ouïe palatinat de Bavière ,
en allemand O b e r fa ltLe nom de Nortgaw ou Nort-
gow n’eft plus d’ufage.
NORTHAMPTON, ( Géogr. ) ville d’Angleterre
, capitale du Northamptonshire , avec titre de
comté. Elle fut brûlée en 1695 , mais on la rebâtit
plus belle qu’auparavant. Elle eft prefqu’au centre
de l’Angleterre , fur le Neu , à 43 milles N. O. de
Londres. Long. 16. 40. lat. 62. 12.
Parker ( Samuel') naquit dans cette ville en 1640,
fut nomme évêque d’Oxford par le roi Jacques I I ,
& mourut en 1686. C ’étoit un rigide anglican qui
portoit extrêmement haut l’autorité du Souverain.
Ses ouvrages en général font pleins d’imagination &
de plaifanteries peu convenables dans des matières
férieufes. Dans un de fes difeours fur la croyance
des Apôtres, que le régné de Jefus-Chrift feroit temporel
, il s’exprime en ces termes : « S. Jean étoit
» trop en faveur pour ne pas fe flatter de devenir au
» moins premier Secrétaire d’état. Les femmes comp-
y toient aufli de n’avoir pas peu de part au gouyer-
» nement, comme il paroît par la femme du vieux
» Zebedee. Les uns fe propofoient de refter à la cour,
» & les autres vifoient aux intendances de province.
»> Celui-ci comptoit d’avoir la Judée , & celui-là la
» Galilée , après qu’Hérode & Pilate feroient dé-
» pouillés de leur charge ; & le modefte de la troupe
» bornoit apparemment fon ambition à devenir lord-
» maire de Capernaiim ».
Woolf on ( Thomas) né à Northampton en 1669 ,’
employa malheureufement fon favoir & fonefprit à
attaquer les principes de la foi. Il eft fameux par fes
fix difeours furies miracles de Jefus-Chrift, qu’il s’eft
efforcé de détruire , en les faifant envifager comme
de pures allégories. La cour du banc du roi le con->
damna en 1729, à l’amende de 15 livres fterling pour
chaque difeours , un an de prifon, & à donner caution
de fa bonne conduite à l’avenir : mais n’ayant
point fatisfait à cette^ Sentence, & ayant au contraire
mis au jour une défenfe de fes difeours , étant en
Çrifon , il y mourut en 1733 , à 63 ans , du rhume
épidémique qui courut cette année dans prefque toute
l’Europe.
Les favans qui ont le mieux réfuté les ouvrages
de Woolfion, font M. Gilfon , évêque de Londres j
M. Swalbrook , évêque de Lichfield & de Covan-
try ; M. Sherlock , évêque de Bangoo , Sc le docteur
Wade. ( D . J . )
NORTHAMPTONSHIRE, (Géogr.) province
maritime d’Angleterre, dans le diocèfe de Peter-
boroug. Elle a 120 milles de tou r, & contient
environ 550 mille arpens. C ’eft une des meilleures
provinces d’Angleterre, des plus peuplées & des
plus fertiles. Elle abonde en blé & en bétail. Ses
principales rivières font l’Ou fe, le Wéland & le
Neu qui ont toutes trois leur fource dans ce
comté. Northampton en eft la capitale.
Entre les illuftres favans qu’a produits cette province
, je ne dois pas oublier de nommer Mrs. Freind..
"Wilkins Sc Whitby.
Freind (Jean) naquit en 1675, & tout-enfem*
ble habile médecin, écrivain poli, Sc homme d’état*
Tous fes ouvrages ont été raffemblés à LondréS
en 1733» in-folio. Il mourut dans cette capitale
en 1728, premier médecin de la reine d’Angleterre,'
à^l âge de 33 ans, pour avoir pris une triple dofe
d hiera picra G aient, impatient de la durée d’une
fievre fimple qu’il voulut trop tôt guérir, n’ayant
pas le tems d’être malade.
Wuhby (Daniel) naquit vers l’an 1638, Sc fut
un fameux théologien de l’églife anglicane. Ses
deux principaux ouvrages font des Commentaires
fur Le nouveau Tefiament, en 2 vol. in fo l. Sc fon
Examen des Variantes du dofteur Mill. II mourut
en 1726, à 88 ans.
Wilkins (Jean) évêque deChefter, naquit en 1614,7
Il époufa la feeur de Cromwel en 1656, & laiffa
de ion mariage une fille qui devint la femme de Til-
lotfon archevêque de Cantorbery, Sc l’un des plus
dignes prélats du monde. M. Wilkins eft illuftre
par fes vertu*, par fes talens pour la prédication,
par lès lumières en Théologie, Sc dans plufieurs
parties des Mathématiques. C ’eft chez lui que fe
tinrent les premières affemblées de la fociété royale.
Ses fermons ; fon traité de la providence & de la
priere; fes deux livres fur les devoirs & fur les
principes de la religion naturelle, &ç. fe réimpriment
toujours. Ses oeuvres philolophiques ont été
recueillies en 1708 in 40. & on y a mis à la tête
la vie de l’auteur. Il mourut de la pierre en 1672. m m I NORTHEIM, (Géog.) ville d’Allemag ne ,- au
duché de Brunfwick-Lunebourg. Elle a reçu fon nom
des comtes de Northeim, du domaine defquels elle
a autrefois fait partie, La religion proteftante s’éta-
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blit dans cette ville l’an 1339. Elle eft fituée entre
les rivières de Rhume Sc de Leina. Long. zy . 46.
lat. Si. 42. ( B J.)
, NORTHUMBERLAND, (Géog.) province maritime
& feptentrionale d’Angleterre, dans le diocèfe
de Durhaut, Sc qui confine à l’Ecoffe. Elle
a 143 milles de tour, Sc contient environ un million
370 mille arpens. Elle eft fertile en mines de charbon
& de plomb. Sa ville capitale eft Newcaftle.
II faut bien que je dife un mot de Jean Scot ou
plutôt de Jean Duns; puifque félon la plupart des
hiftoriens, il étoit natif deDoufton, dans le Northum-
berland, quoique d’autres lui donnent pour lieu de
fa naiffance le village de Duns, en Ecoffe, fur la
frontière d’Angleterre; opinion que fön nom rend
la plus, vraiffemblable, Sc que le furnom defeot,
qui veut dire écojfois, confirme encore.
Quoi qu’il en foit, il étoit né vers la fin du xiij.
fiecle, Sc mourut à Cologne au commencement
du xiv. en 1308. Il entra fort jeune dans le couvent
des freres Mineurs de Newcaftle, en Angleterre
; fit fes études, Sc profeffa la Théologie à
Oxford. Il vint enfuite à Paris, y prit des degrés,
Sc fit des leçons publiques de Philofophie Sc de
Théologie.
La fubtilité de fon efprit qui lui fournit les moyens
d’établir le contraire de ce que S. Thomas-d’Aquin
avoit foutenu dans les chofes qui n’intéreffent point
la Foi, lui fit donner le nom de docteur fubtil. 11 dut
celui de docteur trhs-rcfolutif à la hardieffe avec laquelle
il avançoit continuellement des fentimens
nouveaux, qu’il n’étoit jamais embarraffé de fou-
tenir. Il faut convenir qu’il trou voit pour cela de
grands fecours dans toutes ces ergoteries qu’il emprunta
des nominaux, Sc qu’il le rendit propres
par l’ufage qu’il en fit.
^ Quoiqu’il foit mort à l’âge de 33 ou 34 ans, il
n’a pas laiffe d’ecrire un grand nombre d’ouvrages,
dont l’édition complette faite à Lyon en 1639,
eft en 12 volumes in-fol. Il n’eft pas poflible d’en
lire douze pages ; car qui peut entendre un jargon
qui confifte en formalités, matérialités, entités,
identités, virtualités, eccéités, & mille autres termes
barbares, nés du cerveau du doéleur fubtil?
On le regarde communément comme l’auteur
de la. pieufe opinion de l’immaculée conception de
la Vierge. Il paroît du moins certain qu’il eft le
premier qui l’ait enfeignée publiquement dans l’uni-
yerfité de Paris. (D J.)
NORTHUMBRIE. (Géog.) C ’eft ainfi qu’on app
e la it, par exemple du tems d’Alfred, le pays" qui
etoit au nord de la riviere d’Humber, jufqu’à la
muraille de Graham, qui alloit du trith de Dum-
briton jufqu’au Forth. Tout ce pays-là compofoit
1 ancien royaume des Northumbriens, Sc fe divifoit
en deux parties; la Décrié Sc la Bernicie. La première
s etendoit de l’Humber à la T y n , Sc la fécondé
de la Tyn à la muraille.
NORWEGE, TERRE ROUGE d e , (Hiß. nat.) ef-
pece de terre bolaire, d’un rouge jaunâtre, qui fe
trouve près de Bergen, en Norwege; elle n’eft point
onctueufe, eft très-légere, ce qui doit faire Soupçonner
qu’elle eft calcaire. On la regarde comme
un abforbant Sc alexipharmaque. Wormius l’appelle
terra antt-fcorbutica.
On apppelle pierre de Norwege une efpece de marbre
rouge qui vient de Suede. Voyc[ O c l an d ,
marbre d’.
ï ^ORWEGUE. (Géog.) Les François difent &
écrivent Norwège ou Norvège, royaume d’Europe ,
clans la Scandinavie, entre la Suede & la mer, fur
aque e il eft penché en forme d’une côte de ba-
^eine. 11 s etend du midi au nord, depuis le 39e deer.
ju quau 72 . de latit, & depuis le 26e. degr. juf-
N O S 231
qu au 3 2e. de longit. On lui donne environ 400 lieues
de côtes, & 73 de largeur.
Son nom eft formé de nord &c de weg, chemin
du nord ,* & il a reçu vraiffemblablement ce nom
de fa fituation vers le pôle arélique. Les Latins
1 ont nomme Nortmannia, du nom de fes peuples
connus fous celui de Normanni qui fignifie hommes,
du nord. Les anciens l’ont appellé Nerigon. Les Si-
thons qui 1 habitèrent originairement, ont long-
tems vécu fans lois & fans religion. ’
Les hiftoriens font commencer la fucceffion chronologique
des rois de Norwegue vers le milieu du
x. fiecle, par Harald ; & plufieurs continuent cette
fucceffion jufqu’en 1387,(3116 ce royaume fut incorporé
à celui de Danemarck. Il eft gouverné par un
vice-roi qui a un pouvoir abfolu, & qui réfide à
Berghen capitale du royaume.
Le froid eft extrême en Norwegue, & le terrein
infertile, fablonneux, plein de cailloux; outre que
les rochers, les bois, & les montagnes en occupent
la plus grande partie ; tout ce qu’on en peut
tirer, & qui mit tout le commerce de la Norwegue,
confifte en mâts de vaiffeaux, en poix, en goudron,
en fourrures, & en poiffon falé.
La ftérilité qui rend les pays méprifables, fervit
autrefois à la gloire de celui-ci; puifqu’elle fut la
caufe des fameufes irruptions de la plupart de fes
habitans fur les côtes de la Frize & des îles britanniques
, & comme la bafe de leurs conquêtes
& de leur etabliffement dans une des meilleures
provinces de France : à quoi on peut ajouter le
grand nom que leurs defeendans fe font fait en
Europe, fous celui de Normands, par leurs exploits
en Angleterre, en France, & jufque dans l’Italie ôc
dans la Grece.
Aujourd’hui les habitans de Norwegue paffent pour
être forts, vigoureux, groffiers & bons matelots^
Les Lapons qui habitent la partie la plus feptentrionale
de ce royaume, & par conféquent du continent
de l’Europe, font petits, mal-faits & à demi-
fauvages.
Le roi Olaiis, furnommé le faint, y établit le
Chriftianifme dans le xj. fiecle, par la force & la
violence ; & quel chriftianifme encore, mêlé de fu*
perftition & d’ignorance barbare! Enfin on reçut la
religion luthérienne dans la Norwegue en 1525.
On divife ce royaume en Norwegue propre, & en
fes dépendances. La Norwegue propre comprend
quatre gouvernemens généraux ; qui font celui d’Ag-
gérhus, de Berghen , de Drontheim , & de War-
dhus. Les dépendances de la Norwegue font l’Ifiande
& l’île de Fero. Long. 26. 62. lat. 5^. y 2. (D . J.)
NORWICH, (Géog.) v ille d’Angleterre, capitale
de la province de Norfolck, avec un évêché fuffra-
gant de Cantorbery. 11 y a une manufaélure d’étoffes
qui la rend très-floriffante. Elle eft au centre de la
province, au confluent de Winfder & de la Yare,
à 16 lieues N. E. de Cambridge, 23 S. E. de Lincoln,
30 N. E. de Londres. Long, félon Street, rgi
46. 46. lat. S2. 44. (D . J.)
NORTWICH, (Géog.) petite ville, à marché,’
d’Angleterre, dans le Chefshire, fituée fur la rivière
de W eev er , & remarquable par fes mines
de fel.
NOSOLOGIE, (Médec. Patholog.) partie de la
Pathologie,qui comme fon nom l’indique , eft particulièrement
employée à differter fur la maladie
en général, abftraéiion faite des fymptomes & des
caufes. Voye^ P a t h o l o g i e . Ce mot eft formé de
deux mots grecs, rom maladie & Xoyoc difeours. On
ne peut connoître 6c claffer les maladies que par
les fymptomes ; le genre de connoiffance qu’on acquiert
par les caufes, eft toujours incertain, parce