de la noix fait la feule différence qu’il y ait entre
cet arbre & le précédent. Je n’ai qu’un feul plan de
çe noyer qui n’a pas encore donné de fruit, quoiqu’il
foit'agé de plus de zq ans. Selon M. Miller,
cet arbre en rapporte beaucoup en Angleterre.
3. Le noyer blanc de Virginie OU Inickery eft un
petit arbre qui ne s’élève en France qu’à' jz ou 15
pies. Il fait une tige droite fort mince, 6c jette peu
de branches latérales , enforte que fa tête eft tort
petite. Quand on touche les boutons de cet arbre
pendant l’hiver, ils rendent un odeur douce , aromatique
& fort agréable : fon écorce eft brute &
d’un gris terne : fa racine eft peu garnie de fibres &
pivote : fa feuille reffemble à celle des noyers d’Europe
, mais elle eft dentelée d’un verd plus clair 6c
jaunâtre ; elle n’a prefque point d’odeur : fon fruit
eft de la groffeur 6c de la forme d’une petite châtaigne.
Il eft couvert d’un brou , lifte , brun, mince
& l e c , la coquille de la noix eft blanche > lifte 6c
aflez tendre. L’amande eft très-blanche, d’un goût
approchant de celui de la faine , mais un peu trop
âpre pour être bonne à manger. Cet arbre eft très-
robufte, il craint plus le chaud que le froid, il ne
lui faut qu’un terrein médiocre » pourvû qu’il y ait
de la profondeur : il fe plaît fur les lieux élevés, &
fur-tout dans les coteaux expofés au levant & au
nord : il fe foutient néanmoins en pays plat dans
une terre franche, mais fon accrojffement en eft
confidérahlement retardé : il réuflit très-difficilement
à la tranfplantation, à moins qu’on n’ait eû-la précaution
de lui couper de bonne heure le pivot. J’ai
plufieurs plants de ce noyer qui , quoiqu’agés de 18
ans, n’ont que 9 à 10 piés de haut fur environ 3 pouces
de circonférence, ils n’ont point encore donné
de fruit. Le bois de cet arbre eft b lanc, compacte,
aflez dur 6c fort liant.
On trouve quantité de variétés de cet arbre dans
l’Amérique feptentrionale. J’ai vu de fept fortes de
noix.de cette efpece de noyer, fort differentes les
unes des autres , il y en a de douces , d’ameres &
d’âpres ; à coquille plus ou moins dure, plus ou
moins épaifle ; tantôt lifle , tantôt angleufe. On
trouve dans Catesbi la defeription de quelques-uns
de ces arbres, mais ces deferiptions ne font pas aflez
détaillées pour en donner une idée bien diftinéfe.
Quoiqu’il y ait déjà beaucoup de ces arbres en
Angleterre, ils font encore extrêmement rares en
France.
4. Le noyer de la Louijîanne ou le pacanier eft un
arbre de moyenne grandeur, qui vient aflez communément
dans les climats tempérés de l’Amérique
feptentrionale : il fait une tige droite , & il étend
beaucoup fa tête ; fes racines font fort longues, peu
garnies de chevelu, & il ne paroît pas qu’elles faflènt
de pivot : fon écorce , à 1 2 ou 15 ans , fe gerfe, 6c
devient rude 6c inégale ; elle eft d’une couleur cendrée
& obfcure : fa feuille a communément un pié
& jufqu’à un pié 6c demi de longueur ; elle eft ordinairement
compofée de quinze follioles : mais quand
l’arbre eft dans fa première force & qu’il pouffe v i-
goureufement, il donne quelquefois des feuilles qui
ont jufqu’à trois piés de longueur, & qui font composées
de vingt-un follioles. Cette feuille eft du ca-
ra&ere de celle du noyer noir de Virginie , elle a de
même fes folioles du milieu plus longs & plus larges,
6c celle qui termine eft la plus petite de toutes. Quoi
qu’en dite M. Linnæus q ui, dans fes efpeces , a mis
cet arbre au rang des noyers blancs d’Amérique, dont
les feuilles font d’un arrangement tout différent, la
feuille du pacanier eft lifle , dentelée, fans odeur 6c
d’une belle verdure, quoique foncée. Cet arbre au
premier coup-d’oeil a l’apparence d’un frêne. La noix
que les naturels du pays nomment pacane, a la figure
d’une o liv e , elle eft longue, très-lifle 6c pointue à
fon extrémité. Les pacanes ont un pouce 6c demi ou
deux pouces de longueur fur deux de circonférence.
Je n’ai pas vu leur brou , parce qu’on les envoie
toujours écalées, ce qui fait préfumer que le brçu
s’en fépare aifément. La coquille de cette noix eft
fi tendre , qu’on la cafle aifément entre les doigts ;
elle eft d’une couleur de noifette. L’amande eft de
la même forme que celle des noyers d’Europe , fi ce
n’eft qu’elle eft fort alongée , moins huileufe 6c
d’un goût délicat, plus fin que nos noix , 6c fort ap-r
prochant de celui des noifettes ; on en fait çn Amérique
des pralines excellentes.
Cet arbre, quoique robufte 6c bien venant dans
ce climat ( à Montbard en Bourgogne ) , ne paroît
guère difpofé à donner du fruit. J’en ai un plant qui
eft âgé de 23 ans , qui a 15 piés de haut fur 4 pouces
de diamètre, cependant il n’en a point encore
porté , ni même des chatons. Ses feuilles ne paroif-
fent qu’au commencement de M a i, & elles ne tombent
qu’après les premières gelées. Les follioles qui
compofent la feuille de ce noyer font plus étroites ,
plus longues 6c plus raflemblées que celles du noyer
noir. Le pacanier réuflit aifément à la tranfplantation
dans fa jeunefle, mais il me paroît qu’il reprend
très-difficilement lorfqu’il eft formé ; ceux qui ont
été tranfplantés dans leur force n’ont pas repris. Je
me fuis afluré aufli qu’il faut à cet arbre une bonne
terre franche, un peu humide, à mi-côte.& expofée
au midi. On ne peut multiplier cet arbre qu’en fe-
niant fes noix , dont la plûpart ne lèvent que la fécondé
année, Art. de M. D aubeuton ,fubdéléguè.
Noyer ( Pharmac. Mat. mèd. & Diète.') On emploie
en Médecine, fes feuilles, fes fleurs ou chatons
6c fes fruits, foit verts ,-foit mûrs ; fon écorce intérieure
deflechée eft fort émétique ; fes chatons le
font encore , mais beaucoup moins. Mais ces deux
parties du noyer ne font point ufitées, quoiqu’on
pût vraiflemblablement en faire quelque ufage pour
les gens de la campagne.
Des auteurs afliirent encore que le fuc de la racine
purge violemment, 6c d’autres, que le fuc de
ces mêmes parties ouvertes par la térébration excite
puiflamment les urines. Ce font là encore des re-
medes peu éprouvés.
Les feuilles de noyer font recommandées contre
la goutte, appliquées en forme de cataplafme fur
la partie malade. C ’eft encore ici un remede dont la
vertu n’eft pas conftatée par l’obfervation. M. Dons-
en-Bray a propofé dans les Mémoires de l’académie
royale des Sciences, année 1741, de bouchonner les
chevaux avec une éponge trempée dans- la décoction
des feuilles de noyer ou des écales de noix,
ou bien avec le marc de cette décoftion, pour les
préferver de la piquure des mouchçs.
Les fruits du noyer, ou les noix ordinaires vertes
n’ont d’autre emploi médicinal que d’être un des
ingrédiens de l’eau appellée Veau des trois noix.
L’écorce ou écale dont elles font recouvertes,
annonce cependant par fa faveur auftere 6c vitrio-
lique une vertu puiflamment ftyptique, dont on
pourroit tirer parti dans l’occafion.
Les noix mûres contiennent une femence ou
amande, qui eft un aliment fort ufité, 6c qui n’eft
point mal-fain, lorfqu’on mange ce fruit frais ou en
cerneaux, aflaifonné avec une bonne quantité de fel
6c de poivre. La noix feche que l’on mange avec la
peau dont elle eft recouverte, irrite le palais 6c
legofier, jufqu’à çaufer des aphthes auxperfonnes
délicates & qui n’y font point accoutumées. Elle
échauffe, 6c excite la foif 6c la toux ; on prévient
ces mauvais effets, en la faifant tremper dans de
l’eau, & en la dépouillant de fa peau qui s’en fépare
alors fort aifément. La noix eft encore très-
l'uj ctte à rancir en vieilliffant. On reconnoît cet étatà
â* une couleur jaunâtre, à un afpeft huileux & à un
goût très-âcre. Cet état ne fe corrige point, & une
pareille' noix doit être abfolument rejettée. En général,
quoique la noix fourniffe un aliment aflez
favoureux & appétiflant, fiir-tout mangée avec du
pain, félon le commun proverbe* ôn peut aflurer
cependant que c’eft: là une mauvaife nourriture.
Les noix fourniflent une quantité confidérable
d’huile par exprefîion, qui n’a que les qualités communes
de cette efpece d’huile, voyeç Huile. Les
noix vertes confites lâchent doucement le ventre,
prifes à la quantité de deux ou trois, s’il faut en
croire Ray qui allure l’avoir expérimenté fur lui-
même.
Eau des trois noix. Prenez des chatons ou fleurs
de noyer, tant que vous voudrez; faites-les infufer
dans fuffifante quantité d’eau commune , ou d’eau
de trois noix de l’année précédente diftillée.; prenez
enfuite, dans la faifon, des noix vertes encore
tendres ; pilez-les ; faites-les macérer pendant 24
heures dans votre première eau diftillée, & faites
une fécondé diftillation; enfin, prenez dans la faifon
convenable, des noix prefque mûres; pilez-les, 6c
faites-les macérer pendant 24 heures dans le produit
de votre féconde diftillation; diftillez pour la
trôifieme fois: l’eau que vous obtiendrez, eft l’eau
des trois noix.
M. Baron prétend dans fes notes fur Lemery,
qu’au lieu de cohober l’eau diftillée des fleurs de
noyer fur les noix vertes 6c fur les noix bonnes à
confire, il vaudroit mieux n’employer que les fleurs
de noyer, les employer en plus grande quantité, 6c
ne lesdiftiller qu’une fois. Cette remarque eft fans
doute judicieufe, 6c principalement en ce qu’elle
porte fur la réforme de l’ufage puérile de faire cette
eau en trois termes, en trois failons ,•& qu’elle détruit
l’opinion trop favorable que les Pharmacolo-
giftes fe font fucceflïvement tranfmife lur les principes
volatils des noix vertes 6c des noix bonnes à
confire. Je ne voudrois pas prononcer cependant
que ces noix ne contiennent abfolument aucun principe
mobile. J’écris ceci au milieu de l’hiver, je ne
faurois vérifier ce fait : mais il me femble que les
noix, dans cés deux états, font aromatiques, &
même très-aromatiques. Secondement, pour avoir
line eau de noix aufli chargée qu’il fût poflible, j’ai-
merôis mieux confeiller de la cohober deux ou plufieurs
fois fur de nouvelles fleurs,que de ne demander
qu’une feule diftillation.
Cette eau eft fort recommandée contre ce qu’on
appelle la malignité dans les maladies aiguës ; elle
eft regardée comme un excellent anti-hyftérique,
comme un bon ftomachique, comme un excellent
carminatif, 6c fur tout comme pouffant très-efficacement
par les fueurs & par les urines, 6c devenant
par-là une forte de fpécifique dans l’hydropifie.
Geoffroi rapporte que la femme d’un apoticaire de
Paris fut guéri de cette maladie „par cette feulé eau
dont elle prenoit fix onces de quatre en quatre heures
, après avoir tenté inutilement plufieurs autres
remedes.
Le rob ou extrait de noix, connu dans les anciennes
pharmacopées, fous le nom de dianucum.*
& qui eft fort peu en ufage aujourd’hui.* peut fe
retirer par l’évaporation du réfidu de la diftillation
des noix bonnes à confire, c’eft-à-dire de la troi-
fieme diftillation exécutée pour la préparation de
l’eau des trois noix félon l’ancienne méthode. On
peut aufli faire à deflein une forte déco&ion de noix,
& en retirer un rob' ou extrait félon l’art.
Noyer, racine de, ('Teinture.) Cette racine
n’ eft bonne en teinture que dans l’hiver, parce que
la feve de l’arbre s’y trouve comme retirée. L’écorce
, lorfque l’arbre eft en feve ; la feuille, quand
Tome X I .
les ndix ne font pas encore bien formées; 6t la coque
de la noix, lorfque les noix font encore dans
leur coque verte , 6c qu’on les a ouvertes pdur en
tirer le cerneau , font alors bonnes pour la Teinture.
Pour conferVer long-tems la teinture de ces
differens ingrediens que fournit le noyer, il faut les
mettre dans une cuve bien remplie d’eau 6c ne les
en tirer que pour les employer. (D . J .)
NOYERS, ( Gèog.) petite ville de France, en
Bourgogne, fur la petite riviere de Serain, dans un
vallon entouré de montagnes*à 7 lieues S. E. d’Auxerre.
Long. z i . 3 o. lai, 47. 3 fi.
Mrs Grenau freres, font natifs de Noyers. Le cadet
( Bénigne) devint profeffeur au college d’Harcourt,
6c y eft mort en 1723, à 41 ans. L’aîné
(Pitfm:)*membre delà congrégation de l’églife chrétienne*
eft mort eh 1722, à 62 ans. II a fait une
fatyré aflez ingénieufe, fous le titre d'Apologie de
C équivoque.
Treuvé ( Simon - Miche l ) , théologien* étoit de
Noyers ; 6c fut gratifié par M. Boffuet d’un cano-
nicat de fon églile de Meaux. Cependant il devint
un zélé partifan de MM. de Port-royal, 6c des plus
oppôlés à la conftitution Unigenitus. Son meilleur
ouvrage qu’il fit à 24 ans, a pour titre : Difpojitions
qu'on doit apporter aux Jacrtmens de pénitence & d'eu-
charijlie, in-12. Il mourut à Paris en 1730, à 77 ans.
NOYON , f. m. fignifie, en Horlogerie, une petite
creufure, de forme cylindrique, f^oye^ Creosure.
NOYON , terme de jeu de boule * efpace qui eft au-
delà de la barre du jeu de boule, 6c qui eft environ
trois piés derrière le but. Quand la boule entre dans
cet efpace, on dit qu’elle eft noyé e, 6c le joueur a
perdu fon coup.
Noyon, (Géog.') ville de France, dans le Ver-
mandois, en Picardie, aujourd’hui du gouvernement
de l’île de France, avec un évêché fuftragant de
Reims, dont l’évêque eft comte & pair de France*
ayant l’honneur de porter le ceinturon 6c le baudrier
au facre du roi.
Cette ville eft fort ancienne : elle a été nomméé
en latin Noviodunum, Noviomagum, Novionunum,6c
Noviomagus- Veromanduorum. Elle n’étoit pas fort
confidérable fous l’empire romain ; parce que la
capitale des peuples Vermandois étoit la ville d’Au-
gufte, aujourd’hui Saint-Quentin, fituée fur la Somme.
Comme elle fut détruite par les Barbares, l ’évêque
des Vermandois fe retira à Noviomagus, changé
par corruption en Noviomum, Noyon. On voit par
la notice de l’empire, feclion j i , que fur la fin
du iv. fiecle, ou au commement du v. Noyon étoit
la demeure d’un préfet pour les Romains. Elle eft
dans une fituarion aflez commode pour le commerce,
& contient environ quatre mille habitans.
Les trois races des rois de France ont illuftré cette
ville par quelques événemens particuliers. Chilpé-
ric II. de la première race, y fut enterré en 721.
Charlemagne, de la fécondé race, y fut félon quelques
uns couronné en 768 ; 6c Hugues Capet, de la
trôifieme, y fut élevé à la royauté en 987. François
I. y conclut un traité avec Charles - Quint
en 1516.
Cette ville a aufli effuyé en différens tems diver-
fes calamités. Célar s’en rendit le maître. Les Normands
la faccagerent dans le ix. fiecle. Elle a été
incendiée plufieurs fois depuis. Du tems de la ligue,
elle fut prife & reprife. Enfin elle fut rendue
à Henri IV. en 1594. Son commerce confifte en
blé 6c avoine, en toiles de chanvre & de lin, &
en cuirs tannés.
L’évêché des Vermandois fut transféré à Noyon
fousl’épifcopat de Saint-Médard en 531. Cet évêché
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