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, Le monaftere des fillés du faint Sacrement, t|üi eft
dans la rue Caffette, a- été fondé par Marguerite de ;
Lorraine, fécondé femme de Gafton de France, duc
-d’Orléans. Dans la rue parallèle qu’on nomme la
■ me Pot de fer; de qui aboutit dans celle deVaugirard,
fie.ïroiive le noviciat des‘jéfuites. Le grand autel de
.leur églife eft embelli d’un tableau de Pouffim
L’églife de faint Sulpice., paroiffe de tout ce vafte
quartier, étoit autrefois un bâtiment très-ferré , dont
on a fait une des magnifiques églifes du royaume ,
mais avec de très-grands défauts. Cette églife, qui
n’eft pas encore finie , a ete commencée en 1646 ,
& Gafton d’Orléans y mit la première pierre. La
maifon du féminaire de faint Sulpice eft tout proche
de l’églife ; le platfondde la chapelle a été peint
par le Brùn. ' _
L’endroit où fe tenoit la foire de faint Germain ,
autrefois fameufe , étoit à l’extrémité de la rue de
Tournon. Ce lieu confiftoit en plufieurs allées couvertes,
difpofées dans un quarré de pure ôc vieille
charpenterie, tout rempli de boutiques pendant le
carême, de jeux , ôc de fpeûacles ; les rues ;de cet
emplacement, au nombre*dë fept, très-preffées, ôc
très-étroites, fe coupoient les unes les autres; mais
■ charpente , boutiques, marchandifes , effets, tout
a été confumé dans les flammes par un incendie fortuit
| arrivé le 17 Mars 1762, Ôc y ’eft un grand reproche
que peut fe faire la police lupérieure de cette
ville. , / ,
Le couvent moderne des Premontres eft à l’entrée
de la grande rue de Seve. Proche de-là , eft
l ’hôpital des petites-Maifons, qui étoit autrefois une
maladrerie, ôc qui fut rebâti vers l’an 15 5 7 , Par
ordre de meffieurs de Ville. L’hôpital des Incurables
eft fitué dans là même rue : cet hôpital contient
dix arpens de terre, ôc fut fondé l’an 1634, par
le cardinal de la Rochefoucault.
Le couvent des Cordelieres, eft dans la rué de.
Grenelle : ces religieufes qui étoient auparavant
dans la rue des francs-Bourgeois, ont acheté l’hôtel
de Beauvais qu’elles ont accommodé à leur maniéré.
En continuant de marcher dans la rue de Grenelle
, proche la rue du Bac, on voit une nouvelle
& belle fontaine, que la Ville a fait cônftruire en
1739 , fous les aufpices de M. de Maurepas, ôc fur
les deffeins d’Edme Bouchardon, fameux fculpteur.
L’hôtel royal des Invalides, décrit par tant d’auteurs
, fe trouve au bout de cette rue. Au haut de la
rue du B ac, eft le féminaire des Millions étrangères ;
du même côté de la million, eft un monaftere des
filles de la Vifitation, qui font venues s’établir en ce
lieu-là en 1673 , en quittant la rue Montorgueil, où
elles avoient une chapelle, lorfqu’elles fuirent admi-
fes en 1660. r
L’hôpital des Convalefcens eft de ce même côté.
Il fi.it fondé l’an 16 52 ,par Angélique Fraure, épou-
fe de Claude de Bullion, fur-intendant des finances,
pour huit pauvres convalefcens fortis de la Charité,
qui peuvent y demeurer une femaine, afin d’y rétablir
leurs forces. On trouve enfuite le noviciat des
Dominicains réformés, qui ont fait bâtir dans leur
terrein une nouvelle églife.
A l’extrémité de la rue S. Dominique, on voit
l’hôpital de la Charité : les religieux qui le gouvernent,
furent établis à Paris l’an 1602, & Marie de
Médicis fut leur fondatrice. Près de l’hôpital, eft bâtie
l’églife ôc les infirmeries pour les malades, où
chacun a un lit féparé, établiffement fage, ôc fans
lequel toute infirmerie eft honteufe.
La rue de l’Univerfité eft fort longue, ôc n’eft appelée
ainfi qu’à fon extrémité du côté du pré aux
Clercs; le long des hautes murailles de l’abbaye de
faint Germain, on la nomme la rue du Colombier, à
caufe qu’il y avoit autrefois dans cet endroit un
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grand colombier, appartenant aux religieux de cette
abbaye. Plus avant au milieu, elle eft appellée la rue
Jacob, nom dont j’ignore la raifort:;'; ‘
La rue Mazarine eft parallèle à celle de Seine :
on la nommoit auparavant la rue desfoffésde Nejle.
Au fortir de la rue desfpffés faint Germain ■, où eft
le théâtre fi médiocre de la comédie-françoife, oh
entre dans la rue Dauphine, pour fe rendre fur le
quai des Auguftins, qui commence au pont faint
Michel, ôc qui finit au pont-neuf. Cette rue qui n’é-
toit auparavant qu’un grand efpace rempli de jardins
& de vieilles matières, au-travers defquelles on ia
perça, fut appellée rue Dauphine, à caufe qu’on la
bâtiffoit dans le tems de la naiflance de Louis XIII.
A l’extrémité il y avoit une porte de la v ille , qui fut
abbattue en 1673. ■
Les grands Auguftins ont leur couvent fur le quai ;
ils vinrent à Paris vers l’année 1170, fous le nom
àl/termites de faint Augufiin, ôc furent logés d’abord
près de la rue Montmartre, dans une rue qui en a
été appellée la rue des vieux-Auguftins. Ces religieux
s’établirent enfuite dans là rue des Bernardins, au
lieu où eft à préfent l’églife paroifliale de faint Nicolas
du Chardonnet ; de enfin, ils s’affocierent avec
les Pénitens *r qu’on nommoit Sachets, à caufe qu’ils
étoient vêtus d’une maniéré de fac : faint Louis les
avoit mis en ce lieu-là fur le bord de la riviere. Les
Auguftins à qui ces pénitens cédèrent la place, pour
fe difperfer en diverfes maifons religieufes, commencèrent
à faire bâtir leur églife, ôc elle ne fut en
l’état où elle eft préfentement, que fous le régné de
Charles V. dit lé Sage. Les affemblées extraordinaires
du clergé, fe tiennent ordinairement dans les
faites du monaftere.
Le collège Mazarin eft dans l’endroit où étoit autrefois
la porte deNefle; ç’eft un collège très-fpa-
cieux, dont la bibliothèque eft publique. Le tableau
du grand autel eft de Paul Véronnefe, ôc les petits
tableaux dans des ronds, font de Jouvenet.
On voit enfuite l’églife des Théatins : ces religieux
vinrent en France en 1644, ôc le cardinal
! Mazarin leur fondateur, leur laiffa en mourant cent
mille écus pour commencer leur églife. Leur prin-'
cipal inftitut eft de vivre des charités qu’on leur fait ;
ils ont été nommés Théatins, de JèanCaraffe, évêque
de Théate, qui inftitua leur ordre en 15 24, fous
le titre de Clercs réguliers.
Le pont-Royal qui eft voifin des Théatins, a été
bâti en la place du pont-Rouge, qui n’étoit fait que
de bois. Comme les débordemens de la Seine l’a-
voient fouvent emporté, Louis X IV. ordonna que.
l’on en fit un de pierres, ôc les fondemens en furent
■ jettésen 1685. Ce pont eftfoutenu de quatre piles
& de deux culées, qui forment cinq arches entre'
elles ; les deux extrémités du même pont font en
trompe pour en faciliter l’entrée aux carroffes ôc
aux grofles voitures. Il y a des trottoirs des deux cotés
pour la commodité des gens de pié : fa longueur
eft à-peu-près de foixante ôc douze toifes ; fa largeur
eft de huit toifes quatre piés, defquelles on a
pris neuf piés pour chaque trottoir, fans compter
deux autres pies pour l’épaiffeur des parapets.
Le pont-Neuf fitué vis-à-vis du pont-Royal , offre
au milieu une entrée dans File du Palais. Henri I I I .
fit jetter les fondemens de ce pont l’an 157^* Hen~
ri IV . le fit achever en 1604 ; fa ftatue équeftre y fut
érigée en 1614; mais le tout ne fut termine qu’en
1635. La figure du cheval eft de Jean Boulogne;
mais elle eft trop maffive ôc trop épaiffe : la figure
du roi eft de Dupré.
Après la ftatue equeftre de ce grand prince, on
trouve la Samaritaine au bout de ce pont, du cote de
• faint Germain-l’Auxerrois. Ce bâtiment çonftruit fous
I le régné d’Henri IV. en 1604 ? fut détruit en 17 12 , ôc
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reconftruit fans ornemens en 1 7 1 5’ îi contient une '
pompe foulante & afpirante pour élever les eaux, ôc
en fournir tant au jardin des Tuileries, qu’ailleurs.
La place Dauphine qui eft fituéeà la pointe de l’ile
du palais, vis-à-vis le cheval de bronze ,. eft.de figure
pyramidale. Les maifons qui la forment furent
elevées en 1606, peu d’années après la naiflance de
Louis XIII. ÔC on la nomma place Dauphine, à caufe
du titre de dauphin que ce prince avoit alors. On a
ouvert de ce côté-là une entrée pour le palais. Cette
place Ôc les quais qu’elle a de chaque côté, favoir ,
le quai des Orfèvres , ôc celui dès Morfondus , ont
été pris dans un grand terrein, qui faifoi^ autrefois
une partie dés jardins du palais, lorfque le s rois y
tenoient leur cour.
L’églife de Notre-Dame, métropolitaine de Paris,
eft très-ancienne ; mais nous ignorons fi la cathédrale
de cette ville dans les premiers tems, étoit
faint Etienne-des-Grès ou faint Marcel : nous favons
. feulement que fous les enfans de Clovis, elle étoit
à-peu-près où elle eft encore aujourd’hui, ôc que fous
le régné de Louis le Débonnaire, il y avoit dans le
parvis de Notre-Dame, du côté de l’Hôtel-Dieu,
une églife de faint Etienne , où fe tint un concile en
829.. Il en reftoit encore des murs du tems de Louis le
Gros, que ce prince, dans fes lettres au fujet des li •
mites de la voirie des évêques de Paris., appelle mu-
ros veteris ecclejice fancli Stephani ; c’etoit probablement
l’ancienne cathédrale, appellée du nom de faint
Etienne dans plufieurs auteurs.
Cette partie de la cité, ne s’étendoit pas plus-loin
que-faint Denis-du-Pas ôc l’archevêché ; car ce qu’on
nomme le terrein, connu du teins de faint Louis fous
le nom de la motte-aux-papelards, paroît s’être formé
des décombres ôc des immondices, qu’occafionna
la conftruftion du vafte bâtiment de l’églife de Notre-
Dame. Quant à l’autre partie oppofée, elle ne s’étendoit
que jufqu’à la rue de Harlai. Au-delà étoient deux
îles, l’une plus grande vis-à-vis des Auguftins, ôc l’autre
plus petite au bout du quai de l’Horloge. La pofi-
tion de ces deux îles eft marquée dans un ancien plan
de Paris en tapifferie , dont M. Turgot, prévôt des
Marchands , a fait l’acquifition pour la ville.
" Je reviens à l’églife de Notre-Dame^ te' forRobert
ne la trouvant pas affez belle, entreprit de la rebâtir
, mais elle ne fut achevée que fous le régné de Philippe
Augufte ; l’archite&ure en eft toute gothique.
Les dedans en font fort obfcurs J;le choeur eft orné
de tableaux de la main de Jouvenet , repréfentànt la
vie de la Vierge à qui l’églife eft décliée. Le grand autel
a été exécuté par les ordres de Louis XIV. pour
.accomplir le voeu de fon pere. Les anges de métal, de
grandeur naturelle, ontétéjettés en fonte en 1715
par Roger Schabot; la croix d’argent ôc les fix chandeliers
lbnt de Claude Balin, fameux orfevre.
L’Hôtel-Dieu fitué auprès de Notre-Dame, ôc qui
devroit être hors de la ville, eft le. plus grand hôpital
de Paris; on y a vu trois à quatre mille malades,
qu’on met alors trois ôc quatre enfemble dans un même
li t , pratique d’autant plus funefte, qu’elle multiplie
les caufes de mort pour ceux qui rechapperoient
s’ils étoient feuls dans un lit. On attribue la fondation
de cet hôpital à faint Landry, évêque de^ Paris , qui
vivoit fous Clovis II. en 660. De l’autre coté de l’Hôtel
Dieu, eft un hôpital des Enfans-Trouves, rebâti
dans ce fiecle. Tout ce quartier qu’on appelle la cité,
eft rempli de rues étroites, ôc de plufieurs petites egli-
fes fort anciennes.
Le palais qui a été autrefois la demeure de nos rois,
fut abandonné aux officiers de juftice par Philippe le
Bel, qui vouloit rendre le parlement fédentaire. Ce
prince, pour donner plus d’efpace à l’édifice, fit bâtir
la plupart des. chambres, ôc tout l’ouvrage fut achevé
^n 1313. Cependant il eft certain qu’U y ayoit 4e
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grands bâtimens avant ce tems-là. Clovis y âVoit tenU
fâ cour; ôc/aint Louis , qui y,fit un plus; long féjour
que les autres rois , y avoitfait faire plufieurs. ouvrages.
La grande falle a été bâtie fur le plan-d’une autre
très-ancienne, dans laquelle les ftatues des rois de
France étoient placées tout à l’entour. C ’étoit le lieu
où ils recevçient les afnbaffadeurs. Ils y ; donnoient
desfeftins publics à certains jours de l’année , ôc même
on y faifoitles noces des enfans de France. Cette
falle qui fut réduite en cendres an commencement du
dernier fiecle , eft préfentement voûtée de pierres de
taille, avec une fuite d’arcades au milieu, foutenue
de piliers, autour defquels ily a de petites, boutiques
occupées par des marchands. La grand’chambrë eft à
côté de la grande falle, ôc fut bâtie fous faint Louis,
qui y donnoit les audiences publiques. Louis XII. la
fit réparer comme elle eft. La Tournelle, quieft la
chambre où l’on juge les criminels, eft ceüe'où 'coü-
choit faint Louis.
La fainte Chapelle eft une églife bâtie par le même
roi , ôc dont l’ouvrage fut achevé en 1247. Saint Louis
y établit un maître chapelain , qu’on nomme aujourd’hui
tréforier, lequel a comme les évêques la qualité
de confeiller du roi en tous fes confeils, ôc le privilège
d’officier pontificalement, à l’exception de porter
la croffe. Cette églife ne dépend quedulaint-fiege,
ÔC affurément elle devroit ne dépendre que du roi.
A quelque diftance du palais, eft le pont Notre-
Dame , le plus ancien ôc le premier qu’on ait bâti de
pierres. Il fut achevé tel qu’on le voit àrpréfent en
. 1507, fur les deffeins d’un cordelier de Vérpne,
nommé Joannes Jucundus, qui entreprit ,1’ouVrage
aux frais de l’hôtel-de-ville. Il eft chargé de .‘chaque
côté, de maifons ornéesfur le devant de grands thermes
d’hommes ôc de_femmes, qui portent.des corbeilles
pleines de fruit fur leurs têtes./
Au milieu de ce pont , on a dreffé deux machines
qui élevent de l’eau de la riviere pour la commodité
des quartiers de la ville qui en font éloignés. Les vers
fuivans de Santeuil y font gravés en lettres d’or fur.
un marbre noir :
Sequana t cum primum regince allabitur urbi,
Tardât précipites ambitiofus aquas.
Cap tus amore tôci, curfutn oblivifeitur, ançepS , ‘
QubfLuat, & dulces neclit in• ürbé inotas.
Hinc varios implens, Jluclu fubeunte ; canales ,
Fons fieri gaudet, qui môdb flumen erat.
Anno M: DC. LXXVI.
Le petit-Pont ainfi nommé, a été plufieurs fois détruit
ôc refait ; les maifons qu’on avoit bâties deffus
en 1603 , furent détruites en 1718, deforte qu’on
a rétabli ce pont fans y reconftruire de maifons.
A côté du pont Notre-Dame, ôc fur le même canal
, on trouve le pont au Change, appellé, de ce
nom,. à caufe qu’il y avoit autrefois un grand nombre
de changes ,;pu de changeurs, dans les. maifons qui
étoient deffus ; ces changeurs faifoient une manière de
bourfedans cet endroit. Ce pont qui étoit de bois,
ayant été confumé en 163 9 par un furieux .embrafe-
ment, on le rebâtit folidement de pierres de taille ,
ôcon élevâ deffus deux rangs de maifons, dont les
faces font aufli de pierres de taille.
A l’autre bout du pont au Change, au.coin du
quai des Morfondus, eft l’horloge du palais , .fin laquelle
on réglé les féances du parlement.
Le pont faint Michel eft aufli proche du palais, à
l’oppofite du pont au Change; Il y a grande apparence
qu’il a pris fon nom delà petite églife de faint Michel-,
qui eft dans l’enclos de la cour du palais , vis-à-vis
de la rue de la Calandre. Il a été çonftruit fous le régné
de Louis XIII. tel qu’on le voit aujourd’hui, ôc
chargé de maifons de briques Ôc de pierres de taille.,
Voilà fout Paris parçowu, J’ai néawnoins oubli?
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