■ T l ' ,
l i B N O R
x e mot de Norkoping veut dire, marché du nord,
iparce que ectte ville ell fimée dans la parue fep-
■ tentrionale de l’Oftrogothie ; elle eft à l.eues S,
O . (le Stockholm. Long, g f t 16. lut. 6 s. &8. [D .J .)
Banck ( Laurent) nèkNorkoping, 8t mort en 1661,
fut profelleur en Jurifprudcnce il Francker , apres
fes voyages en plufteurs pays de l’Europe : on remarque
entre les livres , celui de la taxe dt lu chan-
,cdUric romaine, dont il donna une nouvelle édition.
On fait que ce livre fut imprimé il Rome en 15 14 ,
à Cologne en 1515 , à Paris en 1510 oc en 1 545 >
îrancforren t é i x , à Bois-le-Duc en 1664: enfin,
on ne fatiroit ■ croire combien de fois ce livre lmgu-
lier a été imprimé depuis. L’inquifition d Efpagne
& de Rome l’ont condamné , en fuppolant qlie les
hérétiques Pavoient corrompue. {D .d .)
NORMAL , adj. ( Gcotii.) une ligne normale , en
Géométrie, eft ce que l’on appelle autrement & plus
•ordinairement une perpendiculaire. Voye{P e r p e n d i c
u l a i r e .
NORMANDIE, (Géog.) belle & grande province
de France , avec titre de duché ; c’eft 1 un de tes
plus importans gouvernemens généraux , par la n-
tuation fur la mer océane , dans le voifinage de l Angleterre
au feptentrion , & dont elle n elt leparee
que par le canal de la Manche. Elle eft bornee à lo -
par Picardie & l’île de France ; au midi jj
par la" BcauJfe , le Perche Sc le Maine ; Sc au couchant
, par la Bretagne. Elle a environ 60 lieues du
levant au couchant, depuis Aumale jufqu’à Valo-
cnc : fa largeur du midi au feptentrion , eft de trente
lieues , depuis Verneuil-iur-l’Aure , jufqu’à la
ville d’£u Sc T réport. Son circuit eft d’environ 240 !
lieues , dont la plus grande partie eft en côtes de
mer ; mais particulièrement le Cotantin qui avance
clans la nier én maniéré de péninfule. _
Ge pays du ternis des empereurs Romains , faifoit
partie de la Gaule celtique ou lyonnoife ; enfuite
les Fratics ayant conquis les Gaules, ce meme pays
fit partie du royaume de Neuftrie fous les rois Mérovingiens
, fous les Càrlovingiens : après le partage
fait entre les enfans de Louis le Débonnaire,cette
province demeura à Charles le Chauve , roi de la
France occidentale ; Charles le Simple fon petit- fils,
fut obligé de la céder en propriété à Rollon, chef
des Normands ou Danois. Les fucceffeurs de ce
Rollon furent fi puiffans , que Guillaume , duc de
Normandie , defeendit en Angleterre Sc y fut couronné
roi. Enfin , Philippe Augufte fe rendit maître
d e là Normandie l’an 1203 fur Jean-Sans-terre , Sc
la réunit à la couronne. Depuis ce te ms-là, quelques
uns des rois de France jufqu’à la fin du quatorzième
fiecle , donnèrent à leur fils-ame le titre
de duc de Normandie, jufqu’à ce que celui de Dauphin
ait prévalu.
Cette province eft une des plus riches, des plus
fertiles, Sc des plus commerçantes du royaume ;
elle eft aufli celle qui donne le plus de revenu au roi.
Il n’y croît prefque point de vin , mais on y fait
beaucoup de cidre & de poiré. Elle eft arrofée de
plufieiirs rivières, dont les principales font 1 Orne ,
la Touque1, la Rille , l’Eure , la Dive Sc la Seine.
Les prairies & les pâturages en font admirables ; la
mer y eft très-poiffonneufe , Sc le poiffon en eft ex-
xellent.
Il le fait beaucoup de fel blanc dans l’Avranchin,
le Cotantin Sc le Befîin , dont on fale les beurres du
pays. Il s’y troxive plufieurs mines de fer , Sc que|?
ques-unes de cuivre ; les verreries y font en grand
nombre ; fon principal commerce confifte en laines,
draperies , toiles, pêche, &c.
La Normandie1 comprend fous la métropole de
:,Rouen , fix évêchés ; l’on compte dans fes fept dio-
«eèfes-Bo abbayes, Sc 4289 paroiffes. Les pairies Sc
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Juchés de cette province qui iubfiftcnt, (ont Eft y
Aumale , Elbeuf & Harcourt.
Je n’entrerai point dans le gouvernement civil «
militaire de ce pays , encore moins dans les details
particuliers ; oh a fur tout ce la , une defcripuon hil-
torique & géographique en deux volumes K l ■ avec
heures ; je dirai feulement que c’eft la province du
royaume qui a produit le plus de gens d’efpnt & dé
eoût pour les Sciences, (A>. d ) R
NORMANDS, ( Hift. mod. .) peuples de là Scan-
dinavie & des bords de la mer Baltique* qui ravagèrent
la France & l'Angleterre pendant le neuvième
fiecle. On les appellent Normands , hommes du
nord fans diftinflion , comme nous difons encore
en général les corfaires de Barbarie. Voici le récit
de leurs incurfions diaprés l’illuftre Auteur moderne
de l’hiftoire générale : il me procure fafis ceffe des tableaux
intéreffans pour embellir l'Encyclopédie.
Les Normands trop nombreux pour leur pays -,
■ „’ayant à cultiver que des terres ingrates, manquant
de manufactures, & privés des arts , ne cherchoient
qu’à fc répandre loin de leur patrie. Le brigandage
& la piraterie leur étoient riéceflaires , comme le
carnage aux bêtes féroces. Dès te quatrième fiecle ,
ils fe mêlèrent aux flots des autres barbares qui portèrent
la défolation jufqu’à Rome Sc en Afrique.
Charlemagne prévit avec douleur les defeentes
que ces peuples feraient un jour, Sc les ravages qu’ils
exerceroient ; il fongea à les prévenir. Il fit conf-
truire des vaiffeaux qui relieraient toujours armes Sc
équipés ; il forma à Boulogne un des principaux eta-
bliffemens de fa marine, Sc il y releva l’ancien phare
qui avoit été détruit par le tems :*mais il mourut >
& laiffa dans la perfonne de Louis le Débonnaire un
fucceffeur qui n’hérita pas de fon génie ; il s’occupa
trop de la réforme de l’églife, peu du gouvernement
de fon état > s’attira la haine des ecclefiatiiques, oc
perdit l’eftitne de fes fnjets. A peine fut-il monte fur
le trône en 814 , que les Normands commencèrent
leurs courfes. Les forêts dont leur pays étoit hériffe,
leur fourniffoit allez de bois pour conftruire leurs
barques à deux voiles Sc à rames. Environ Cent
hommes tenoient dans ces batimens, avec leurs pio-
vifions de biere , de bifeuit de mer , de fromage 8c
de viande falée. Us eôtoyoient les terres , delcen-
doient oit ils ne trouvoient point de réfiftance , Sc
Tctournoient chez eux avec leur butin, qu Us parla-
geoient enfuite félon les lois du brigandage , ainfi
qu’il le pratiqué en Barbarie.
Dès l’an 843 , ils entrèrent en France par 1 embouchure
de la rivière de Seine , 8c mirent la vüie
de Rouen au pillage. Une autre flotte entlê par la
Loire , Sc dévafta tout jufqu’en Touraine ; ils em-
menûient en efclavage les hommes, ils partageaient
entr'èux les femmes Sc les filles, prenant julqu’aux
enfans pour les élever dans leur métier de pirates.
Les beftiaux, les meubles , tout étoit emporte. Ils
vendoient quelquefois fur une côte ce qu ils avoient
pillé, fur l’autre. Leurs premiers gains excitèrent la
cupidité de leurs compatriotes indigeiis. Les habi-
tans des côtes germaniques Sc gauloilès le joignirent
à eux , ainfi que tant de renégats de Provence 6e
de Sicile ont fervi fur les vaiffeaux d’Alger. ’
En 844 , ils couvrirent la mer de navires ; on lès
vit defeendre prelqu’à-la-fois en Angleterre , en France
Sc en Efpagne. Il faut que le gouvernement des
François Sc des Anglois fût moins bon que celui deà
Mahométans qui regnoient en Efpagne ; car il n y eut
nulle mefure prife par les François ni par les Anglois
pôùr empêcher ces irruptions ; mais en Efpagne les
Arabes gardèrent leurs côtes, Sc repoufferent enfui
les pirates. . . . . .
En 845 les Normands pillèrent Hambourg, 6C pénétrèrent
avant dans rAllêmaghe. Ce n’étoit plus
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alors un ramas de corfaires fans ordre : c’et'oit uhë
flotte de 600 bateaux qui portoit une armée formidable.
Un roi de Danemark , nommé Eric , étoit
à leur tete. II gagna deux batailles avant que de fe
rembarquer. Ce roi des pirates, après être retourné
chez lui avec les dépouilles allemandes , envoie en
France un des chefs des corfaires , à qui les hifto-
riens donnent le nom de Regnier. Il remonte la Seine
avee 120 voile s, pille Rouen une fécondé fo is , &
vient jufqu’à Paris. Dans de pareilles invafions ,
quand la foiblcffe du gouvernement n’a pourvu à
rien, la terreur du peuple augmente le péril , & le
plus grand nombre fuit devant le plus petit. Les parisiens
qui fe défendirent dans d’autres tems avec tant
de courage, abandonnèrent alors leur v ille , & les
Normands n’y trouvèrent que des maifons de bois
qu’ils brillèrent. Le malheureux roi Charles le Chauv
e , retranché à Saint-Denis avec peu de troupes ,
au lieu de s’oppofer à ces barbares , acheta de 10
mille 500 marcs d’argent ( qui reviendraient à 525
mille livres de notre monnoie, à 50 livres le marc ) ,
la retraite qu’ils daignèrent faire. On lit avec pitié
dans nos auteurs , que plufieurs de ces barbares furent
punis de mort fubite pour avoir pillé l’églife de
S. Germain-des Prez ; ni les peuples, ni leurs faints
h c fc défendirent : mais les vaincus fe donnent toujours
la honteufe confolation de fuppofer des miracles
opérés contre leurs vainqueurs. Mais il eft vrai
:quc les excès auxquels ils fe livrèrent , leur caufe-
rent la diffenterie & autres maladies contagieufes.
Charles le Chauve en achetant ainfi la paix ne
faifoit que donner à ces pirates de nouveaux moyens
de faire la guerre, & s’ôter celui de la foutenir. Les
»Normands fc fer virent de cet argent pour aller afiié-
ger 'Bourdeaux, qu’ils pillèrent ; pour comble d’humiliation
& d’horreur , un defcéndant de Charlemagne
, Pépin rai d’Aquitaine , n’ayant pu leur réfif-
îe r , s’unit avec eu x, & alors la France vers l’an 8 58,
fut entièrement ravagée. En un mot, les Normands
fortifiés de tout ce qui fe joignit à eu x , défolerent
l ’Allemagriè, la Flandre & l’Angleterre. Nous avons
vu dans ces dêrniers tems des armées de cent mille
hommes pouvoir à peine prendre deux villes après
des viftoires fignalées ; tant l’art de fortifier les places
, & de préparer des reflources a été perfectionné.
Mais alors des barbares combattant d’autres barbares
défunis , ne trouvoient après le premier fuccès
prefque rien qui arrêtât leurs courfes. Vaincus quelquefois
, ils reparoiffoient avec de nouvelles forces.
J’ai dit que les Normands défolerent l’Angleterre.
On prétend qu’en 852 , ils remontèrent la Tamife
avec trois cent voiles. Les Anglois ne fe défendirent
guère mieux que les Francs. Ils payèrent, comme
eux , leurs vainqueurs; Un roi nommé Ethelbert,
fuivit le malheureux exemple de Charles le Chauve.
Il donna de l’argent ; la même faute eut la même punition.
Les pirates fe fervirent de cet argent pour
mieux fubjuguer le pays. Ils conquirent la moitié de
l’Angleterre. Il falloit que les Anglois , nés courageux
, Sc défendus par leur fituation , euflent dans
leur gouvernement des vices bien effentiels, puif-
qu’ils furent toujours aflujettis par des peuples qui ne
dévoient pas aborder impunément chez eux.Ce qu’on
raconte des horribles dévaftations qui défolerent
cette île , furpafle encore ce qu’on vient de voir en
France. Il y a des tems où la terre entière n’eft qu’uh
théâtre de carnage ; & ces tems font trop fréquens.
Enfin Alfred monta fur le trône en 8 72 , battit les
Danois ,1‘ut négocier comme combattre , & fe fit
reconnoître unanimement pour, roi par les mêmes
Danois qu’il avoit vaincus.
Godeiroi, roi de Danemark, à qui Charles le
Gros céda enfin une partie de la Hollande en 882 ,
pénétra de la Hollande en Flandre les Normands
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pafterent de la Somrhe à la Loire fans réfiftance,
arrivèrent par eau & par terre devant Paris en 885;
Les parifiens qui pour lors s’attendoient à l’irruption
des barbares, n’abandonnerent point la ville
comme autrefois. Le comte de Paris , Odon ou Eudes
, que fa valeur éleva depuis fur le trône de Franc
e , mit dans la ville un ordre qui anima les courages
, & qui leur tint lieu de tours & de remparts. Si-
gefroy chef des Normands , preffa le fiege avec uné
fureur opiniâtre , mais non deftituëe d’art. Les Normands
fe fervirent du bélier pour battre les murs ;
ils firent breche , & donnèrent trois aflauts. Les parifiens
les foutinrent avec un courage inébranlable.
Ils avoient à leur tête non-feulement le comte Eudes,
mais encore leur évêque Gbflin-, qui chaque jour ,
après avoir donné la bénédi&ion à fon peuple , fe
mettoit fur la breche, le cafque en tête, un carquois
fur le d Os & une hache à la ceinture, Sc ayant planté
la croix fur le rempart, combattoit à fa vue. Il paraît
que cet évêque avoit dans la ville autant d’autorite
pour le moins que le comte Eudes , puifquece
fut à lui que Sigefroy s’étoit d’abord adreflé pour en*
trer par fa permifîion dans Paris. Ce prélat mourut
de fes fatigues au milieu du-fiege , laiffant une mémoire
refpettable Sc chere ; car s’il arma des mains
que la religion réfervoit feulement au miniftere de
l’autel, il les arma pour cet autel même Sc pour fes
citoyens, dans la caufe la plus jufte Sc pour la dé-
fenfe la plus néceffaire , qui eft toujours au deffus
des lois. Ses confrères ne s’étoienf armés que dans
des guerres civiles , Sc contre des chrétiens. Peut-
être , ajoute M. de Voltaire , fi l’apothéofe eft due
à quelques hommes , eût-il mieux valu mettre dans
le ciel ce prélat qui combattit Sc mourut pour fort
pays , que tant d’hommes obfcurs dont la vertu ,
s’ils en ont eu , a été pour le moins inutile au
monde.
Les Normands tinrent la ville afliégéeune année &
demie ; les parifiens éprouvèrent toutes les horreurs
qu’entraînent dans un long fiege la famine & la contagion
qui en font les fuites, & ne furent point ébranlés.
Au bout de ce tems, l’empereur Charles le Gros,
roi de France, parût enfin à leur fecours fur le mont
de Mars , qu’on appelle aujourd’hui Montmartre ;
mais il n’ofa point attaquer les Normands : il ne vint
que pour acheter encore une treve honteufe. Ces
barbares quittèrent Paris pour aller afliéger Sens Sc
piller la Bourgogne , tandis que Charles alla dans
Mayence affembler ce parlement, qui lui ôta un
trôné dont il étoit fi peu digne.
Les Normands dans leurs dévaftations ne forcèrent
perfonne à renoncer au Chriftianifme.Ils étoient
à-peu-près tels que les Francs, lesGoths, les Alains,
les Huns, les Hérules qui, en cherchant au j v. fiecle
de nouvelles terres, loin d’impoferune religion
aux Romains, s’accommodoient aifémentde la leur:
ainfi les Turcs , en pillant l’empire des Califes, fe
font fournis à là religion mahométane.
Enfin Rollon ou Raoul, le plus illuftre de ces brigands
du nord, après avoir été chafie du Danemark
, ayant raffemblé en Scandinavie tous ceux
qui voulurent s’attacher à fa fortune, tenta de nouvelles
aventures , Sc fonda l’efpérance de fa grandeur
fur la foibieffe de l’Europe. Il aborda d’abord
en Angleterre, où fes compatriotes etoientdeja établis
; mais après deux viûoires inutiles, il tourna
du côté de la France, que d’autres Normands avoient
ruinée , mais qu’ils ne favoient pas affervir.
Rollon fut le feul de ces barbares qui cefla d’en
mériter le nom , en cherchant un établilfement fixe.
Maître de Rouen, au lieu de la détruire , il en fit
relever les murailles & les tours. Rouen devint fa
place d’armes ; de-là il voloit tantôt en Angleterre ,
tantôt en France, faifant la guerre avec politique