On employé quelquefois dans les comportions
■ officinales la lemence de ce navet , au lieu de celle
de navet fauvage. ( b }
Na v e t t e , f. f. (Com. des graines.} graine d’une
efpece de choux fauvage que les Flamands nomment
colfa & collât. Voyez l'article C o l s a t .
C ’eft de cette graine que l’on tire par expref-
jion l’huile que les mêmes Flamands appellent huile
de colfa ou de collât, 6c les François huile de navette
ou de rabette. La navette ou colfa eft cultivée avec
grand foin en Flandre 6c en Hollande ; on la cultive
encore en B r ie , en Champagne 6c en Normandie
, où il fe fait un affez grand négoce d’huile
exprimée de cette graine, dont l’ufage le plus ordinaire
eft pour les ouvriers qui fabriquent des
étoffes de laine 6c pour ceux qui font des ouvrages
de bonneterie : il s’en confomme aufli beaucoup
par les Couverturiers, 6c pour brûler dans la lampe,
fur-tout lorfque l’huile de baleine manque, foit parce
que la pêche n’a pas été heureufe, foit parce que la
guerre empêche les Pêcheurs d’y aller, 6c les Marchands
d’en tirer des pays étrangers.
Les qualités de la bonne huile de navette font une
couleur dorée, une odeur agréable, 6c qu’elle foit
douce au goût. On la mélange quelquefois. cffutile
de lin , ce qui fe reconnoît à l’amertume 6c à l’odeur
moins agréable.
Il faut remarquer que la navette ou graine de
colfa qui croît en Hollande ou en Flandre, eft
beaucoup plus groffe & mieux nourrie que celle
de France ; ce qui lui fait donner le nom de ë '° î*
navette, au lieu que celle de France eft appellée
navette ordinaire ou petite navette , parce qu’effçélive-
oient elle eft plus menue. (D . J .}
Navetsauvage, Navette. {Mat. méd.} Safemence
entre dans la compofition de la theriaque. On en prépare
dans plufieurs pays une huile par expreflîon,
très-connue, qui ne poffede que les qualités connues
de cette efpece d’huile, mais qui parce qu’elle eft
communément des moins douces, ne s’emploie point
pour l ’ufage intéreur, (b}
N A VE TTE, f. f. terme de manufacture. Ce mot
iîgnifie une efpece d’outil dont les Tiffeurs, Tiffu-
tiers ouTifferands fe fervent pour former, avec un
fil qu’elle renferme, de laine, de fo ie , de chanvre,
ou d’autre matière, la trame de leurs étoffes, toiles,
rubans, &c. ce qui fe fait en jettant alternativement
la navette de droit à gauche, 6c de gauche
tranfverfalement entre les fils de la chaîne qui font
placés en longueur fur le métier.
Au milieu de la navette eft une efpece de creux
que l’on nomme la boîte ou la poche, quelquefois la
chambre de la navette, dans lequel eft renfermé l’ef-
poulle ou efpolin qui eft une partie du fil deftiné
pour la trame, lequel eft dévidé fur un tuyau
ou canon de rofeau, qui eft une efpece de petite
bobine fans bords, que quelques-uns appellent
buhoty & d’autres canette.
Il y a des manufacturiers que l’on nomme ouvriers
de la grande navette, 6c d’autres , ouvriers de la petite
navette. Les premiers font les marchands-maîtres ouvriers
en draps d’o r , d’argent, de foie, 6c autres
étoffes mélangées, 6c les derniers, font les maîtres-
Tiffutiers-Rubanniers. Voye{ Tissutier-Ruban-
j^ier. Voye^ aujjî à L'article D rapier ou Manufacturier
EN LAINE, l'ufage & la defeription de
la navette angloife.
Na v e t t e "T l a t e , de buis comme la navette,
mais de fo/me différente. Celle-ci eft prefque ovale
percée comme celle-là d’outre en outre. L’ouverture
en eft plus petite que dans la navette ordinaire,
puifque le canon eft aufli plus petit : elle en
.«différé ^encore en ce que le côté par lequel fort
la trame, eft garai d’une armure de fer dans toute
fa longueur, & dont voici la néceflité. Comme là
plate navette fait l’office du battant en frappant
continuellement contre la trame, elle l’uferoit
trop v ite , outre qu’elle n’auroit pas même aflez de
coup, fi elle n’étoit rendue plus pefante par cette
armure ; cependant, aux ouvrages extrêmement
légers, 6c auxquels il fuffit que la trame foit feulement
arrangée, on s’en fert fans être armée ; fon
ufage eft le même que celui de la navette, 6c a le
frapper de plus.
Navette , f. f. (Hydr.} Voye{ Saumon.
Navette , f. f. {Marine.} C ’eft un petit bâtiment
dont fe fervent quelques Indiens , qui eft
fait d’un tronc d’arbre creufé, & dont la forme
reflemble à une navette. ( Z )
Navette, terme de Plombiers, 6c des marchands
qui font négoce de plomb, eft une maffe de plomb
faite à-peu-près de la même figure qu’une navette
de Tifferand. On l’appelle plus ordinairement fait-
mon. Voye^ PLOMB.
Navette, terme deRubanniers, eft un infiniment
de buis plus ou moins grand, fait en forme de navire
plat, ce qui lui a fait donner ce nom. Son fond
eft percé comme le defliis, pour laiffer la place du
canon qui porte la trame. La navette a plufieurs
trous dans l’intérieur de fon épaiffeur : favoir, un
dans le milieu d’un de fes côtés, que l’on revêt en-
dedans d’un petit annelet d’émail, pour empêcher
que la foie ne s’accroche en paflant par ce trou;
deux autres trous au milieu du fond percé dont
j’ai pa rlé, pour loger les deux bouts de la brochette
qui porte le canon ; l’un de ces deux trous
eft évidé à fon entrée 6c par le haut, pour laiffer
glifler le bout de cette brochette qui par l’autre
bout entre un peu avant dans l’autre trou non
évidé comme celui-ci. La navette a encore à fes
deux bouts qui font très-aigus, de petites armures
de fer, pour garantir les angles lors des chûtes que
la navette peut faire ; fa longeur eft depuis 3 pouces
jufqu’à 8 ou 10 ; fon ufage eft de porter le
canon de la trame dont il eft chargé par le moyen
de la brochette qui lui fert comme de moyeu ; le
bout de cette trame qui paffe par l’annelet ci-
deflus, s’unit à la chaîne, 6c s’y arrête toutes les
fois que l’ouvrier enfonce une nouvelle marche ,
en même tems qu’il enfonce cette nouvelle marche
, 6c qu’il fe leve par ce pas une partie de la
chaîne pendant que le refte demeure en-bas; il recule
le battant d’une main du côté des liftes, & de l’autre
main il lance la navette à-travers cette levée
de chaîne, 6c la ‘reçoit dans fa main qui vient de
pouffer le battant ; puis il lâche le battant qui vient
de frapper contre cette trame à chaque coup de
navette, obfervant de lâcher le battant avant que
fon pié ait quitté la marche, ce qui s’appelle frapper
à pas ouvert.
NAUFRAGE, f. m. (Marine.} Il fe dit d’un vaif-
feau qui va fè perdre & fe brifer contre des rochers,
ou qui coule à fond, & périt par la violence des
vents 6c de la tempête. (Z )
Naufrage, D roit de, (Ufage des Barbares?)
Les Barbares qui envahirent l’empire romain en O ccident
, ne le regardèrent d’abord que comme un
objet de leur brigandage ; 6c ce fut en conféquence
dans ces tems-là, que s’établit fur toutes les côtes
de la mer le droit infenfé de naufrage : ces peuples
penfanr que les étrangers ne leur étoient unis par
aucune communication de droit c iv il, ils ne leur
dévoient ni juftice ni pitié. Dans les bornes étroites
où fe trouvoient les peuples du Nord, tout
leur étoit étranger ; 6c dans leur pauvreté, tout
étoit pour eux un objet de richeffe. Établis avant
leurs conquêtes, fur les côtes d’une mer refferrée
6c pleine d’éçueilsj il$ «voient tiré parti de ce$
écueils mêmes, pour piller les vaiffeaux qui avoient
le malheur d’échouer dans leur p a y s , au-lieu de
confoler par tous les fervices de l’humanité, ceux
qui venoient d’éprouver ce trifte accident : mais
les Romains qui faifoient des lois pour tout l’univers,
en avoient fait de très-humaines fur les naufrages.
Ils réprimèrent à cet égard les brigandages
de ceux qui habitoient les côtes, 6c ce qui étoit
plus encore, la rapacité .de leur propre fife. Efprit
des Lois. ,(D, J } . '
NAUFRAGÉ, adj. { Mifpr.} fe dit de ce qui a
,fait naufrage foit fur mer ou fur quelque fleuve
ou rivicre : comme un bateau ou batiment' naufragé
, des'marchandées naufragées. Varticle xxvij.
du Litre IX . du Lvre IV. de l'Ordonnance de La marine
porte que, fi les effets naufragés ont été trouvés en
pleine mer ou tirés de fon fond, la troifieme partie
en fera délivrée inccffamment & fans frais, en
efpeces ou en deniers à ceux qui les auront fauves.
Et l ’article iii. du titre V. de l'Ordonnance des
cinq großes fermes de i68y9 veut que les. droits d’en-
tiées foient payés pour cette troifieme partie des
effets naufragés qui fera délivrée à ceux qui les auront
fauvés. Voye(Br is ,G a yVe s , V a r e ch . ( A }
. Naufragés, f, m. pl. (Hiß. anc.} Las naufragés
étoient obligés , arrivés à la terre, de fe faire couper
les cheveux & de lesfacrifier à la mer, &defufpendre
leurs vêtemens humides dans le temple de Neptune >
avec un tableau où leur défaftre étoit repréfenté.
Ceux qui avoient perdu encore leur fortune, en por-
toient un autre au co u , & alloient ainfi demander
l’aumône ; ou s’il ne leur reftoit pas de quoi faire
peindre leurs aventures, ils demandoient les piés
nus, avec un bâton entortillé d’une banderolle à
la main.
NAUG ATO, ( Géog.} royaume du Japon dans
la grande île Niph,pn dont il eft la partie la plus
occidentale. Sa ville capitale eft Amauguchi ou
Amauguci, une des plus riches villes de l’empire,
dont on met la Longic. à 148. xo. lat. 43. 64.
(d . j .y U . ■ W M
NAVICULAIRE O S , terme d'Anatomie. C’eft le
nom du troifieme os du tarfe entre Paftragal & les
os cunéiformes, 6c du. premier carpe entre le femi-
lunâire 6c le trapeze. Voye[ T arse & C arpe.
Ils font ainfi appellés dû mot latin navis vaiffeau,
avec quoi il a quelque reffemblance, c’eft pour quoi :
on l’appelle aufli cymbijorme du mot cymba, barque,
& feaphoide, du mot feapha, efquif.
On obferve dans l’os naviculaire du tarfe deux
faces articulaires revêtues d’un cartilage : l’une eft
concave, poftérieure 6c articulée avec la convexité
antérieure de l’aftragal ; l’autre convexe antérieure,
divilée en quatre facettes pour l’articulation avec
l ’os cuboïde & les trois cunéiformes. La circonfé-
rence décrit par fon contour un ovale qui fe rétrécit
peu-à-peu, 6c fe termine obliquement par une
pointe ineuffe. Un côté du contour a plus de convexité
que l’autre, 6c eft tourné en-haut. La pointe
de l’ovale va aboutir à une tubérofité qui eft tournée
en-bas & en-dedans.
On remarque dans l’os, naviculaire du carpe une
-éminence ohlongue revêtue d’un cartilage, 6c articulée
avec le trapeze & le trapezoïde , trois facettes
articulaires : une convexe qui s’articule avec le
rayon; l’autre concave, & s’articule avec le grand;
la troifieme eft plate & articulée avec l’os femi-
lunaire ; deux faces dont Pexterne eft inégale &
diftinguée de l’interne par une efpece de petite
gouttière qui. regne tout le long de la longueur
de l’os. ( f) ,. ; i
NAVIGABLE, adj. (Marine.} fe dit d’une rivière
ou d’un canal qui a aflez d’eau pour porter
4 es bateaux ou bâtimens chargés. ( Z )
Pome X I ,
NAVIGATEUR, f. m. (Marine.} ce nom ne fe
donne qu’à ceux qui entreprennent des voyages de
long cours ; 6c même entre ceux ci il femble particulièrement
confacré à des hommes éclairés, courageux
6c hardis , èjui ont fait par mer de nouvelles
découvertes importantes de lieux & de pays.
Perfonne n’ignore que la mer eft devenue par la
navigation le lien de la fociété de tous les peuples
de la terre, & que c’eft par elle que fe répandent en
tous lieux les commodités & l’abondance. On fe
tourmenteroit vainement à chercher quel fut le premier
navigateur, il fuffit de favoir qu’on doit le trouver
parmi les premiers hommes. La navigation fur
les rivières doit avoir été prefque aufli ancienne
que le monde. La nature aida les hommes à décou-
couvrir cet art fi néceffaire. Après avoir vu flotter
des arbres 6c des folives , ils en joignirent plufieurs
pour paffer dés rivières. Après avoir vu des coupes
& des taffes de bois , ils donnèrent quelques creux
à des pièces de charpente liées enfemble, pour aller
plus (urement fur l’eau. Le tems, le travail 6c l’in—
dufltie perfectionnèrent peu-à-peu ces fortes de mai-
fons flottantes ; on hafarda de le mettre dedans pour
paffer des bras de mer ; ainfi l’on vit aux radeaux
fuccéder des barques taillées par l’avant & par l’ar-
riere, & finalement d’autres efpeces de vaiffeaux
6c de galeres, qui reçurent aufli peu-à-peu de nouvelles
perfections.
Les Phéniciens avides de s’enrichir , 6c plus curieux
encore à mefure qu’ils s’enrichirent, faifirent
promptement ces différentes inventions : 6c comme
ils ne pouvoient reculer par terre les bornes de leurs
états, ils fongerent à fe former fur la mer un nouvel
empiré, dont ils ne furent redevables qu’à leur in-
dultrie 6c à leur hardieffe. Il falloit avoir infiniment
de l’un & de l’autre pour tenter au milieu des abîmes
un chemin fans trace , & où il eft aufli périlleux
d’avancer que de reculer. Cependant Strabon remarque
que ces peuples peu d’années après la guerre
de Troie fe hafarderent à paffer les colonnes d’Her-
cule & à braver le terrible Océan. Enfin ce font les
premiers qui ayent ofé perdre de vue leur patrie,
pour entreprendre des voyages de long cours. Mais
comme je ne fais point ici l’hiftoirc importante.de
la navigation , je paffe tout-d’un-laut à celle des
Européens, qui nous ont découvert de nouvelles
parties du monde inconnues à l’antiquité.
Ce fut dans le royaume de Portugal que s’éleva
au commencement du xv. fiecle, & malgré toute
l’ignorance de ces tems-là, cet efprit de découverte
fi glorieux pour toutes les nations, fi profitable pour
le commerce, 6c qui depuis environ z6o ans a jette
des richeffes immenfes dans l’Europe, 6c a porté fes
forces maritimes à un fi haut point, qu’on la regarde
avec raifon comme la maîtreffe de la plus grande
partie de notre globe.
Il eft vrai que les premiers effais des Portugais ne
furent que des voyages fort courts qu’ils firent le
long des côtes du grand continent de l’Afrique^ Devenus
bientôt plus hardis & plus expérimentés fur
mer, le fuccès de leurs entreprifes les anima à en
effayer d’autres. Ils navigerent les premiers d’entré
les nations fur l’Océan atlantique. Ils découvrirent
en 1419 l’île de Madere , en 1448 les îles des Açores
, en 1499 les îles du Cap-verd, & en i486 le
cap de Bonne-Efpérance, ainfi nommé de l’efpé-
rance qu’ils concevoient avec raifon par cette dé-
couverte de trouver de ce côté un paffage aux Indes.
Mais c’eft à un feul homme, à l’infant doin
Henri, que les Portugais furent fur-tout redevables
de leurs vallesjentreprifes contre Iefquelles ils murmurèrent
d’abord. Il ne s ’çft rien fait de fi granff
dans le monde, dit M. de Voltaire, que ce qui fe
G