tion , exciter les mois , & lever les obftruâions des
vifceres. On le réduit en poudre très fine, & on le
donrie dans dn bouillon ou dans quelqu’autre liqueur.
On en prefcrit la ddfe depuis demi-drachme
jufqu’à deux drachmes en lubftanee, & depuis demi-
once en infufion , jufqu’à une once ôc demie»
Cependant toutes les vertus qu’on lui donne font
exagérées» Celle d’être céphalique ne lignifie rien ;
l'a vertu néphrétique n’éft pas vraie ; fon utilité dans
les maladies malignes n’eft pas mieux prouvée : l’éloge
qü’en fait Riviere pour la- guérifon de l’hémor-
fhagie des narines eft fans fondement ; mais cette
plante par fa chaleur, fon aromat ôc fon amertume,
peut être utile dans les cas oit il s’agit d’incifer, d’atténuer
, d’échauffer, d’exciter la fueur, les réglés ,
Ou de fortifier le ton des fibres de Teftomàc.
Dans les Indes , fuivant le rapport de BontiuS,
Ofi fait irtfufer dans du vinaigfe le nard, indien féché,
&t on y ajoute un peu de fucre. On emploie ce reine
de contre les obftru&ions du foie , de la rate 8c
du méfentere, qui font très-fréquentes. On en applique
aufli fur les morfures dés bêtes venimeufes.
Les anciens en préparoiènt des collyres , des
«ffeneés & dés ohguens précieux. L’onguent de nard
le faifoit d enàrd, de jonc odorant, de eoftus, d’a-
momey de myrrhe , de baume, d’huile de ben ou de
verjus ; on y ajoutoit quelquefois de la feuille indienne.
Galien a guéri Marc-Aurele, & jamais il n’a
guéri perfonne qui valut mieux que ce prince, d’une
foibleffe d’eftomac qui faifoit difficilement la digêf-
îio iï, en appliquant fur la partie de l’onguent de
nàrd. Quel bonheur pour les peuples, s’il eût pu
prolonger les jours de cet empereur , corriger fon
fils corrompu dans fes inclinations, Ôc ia femme diffamée
par fon incontinence !
Le hardindien entré dans un grand nombre de com-
pofliions, dont l’ufage eft intérieur ou extérieur. Il
feft employé dans la thériaque, le mithridat, l’hiera
piera de Galien', l’hiera de coloquinte , les trochif-
ques dé camphre, lés pilules fetides, le fyrop de
thicorée conipolé > l’huilè de nard } l’huile de feor-
pion de Mdtihiol , l’onguent martiatum, là poudre
aromatique dé rofes, &c.
Il rte paroît giiefê douteux que notre fpic-nard ne
foit le nard indien des anciens , quoi qu’en difent An-
guillara & quelques autres botaniftes. La deferip-
tionde la plante, Ion lieu natal, fes vertus, tout s’accorde.
Gatéias nous allure qu’il n’y a point différentes
efpeces de nardàzns les Indes , & les gens qui
ont été depuis fur les lieux nous confirment la même
Chôfei II rie faut pas inférer du grand prix où le nard
étôit chez les anciens, comme Pline nous l’apprend,
que notrè Jpic^hàrdfo'it une planté différente. Les Ro-
riiains reçevoiertt leur nard par de longs détours,indirectement
, rarement, ôc l’employoient à des ef-1
fences, des parfums qui renchéri ffoie ut beaucoup le
prix de cette plante ; tout cela n’a pas lieu parmi
liôus.
Les anciens ignoroient quelle eft la partie du
hard qii’il faut regarder comme l’é p i, ou le «rraxJç.
Galien croyoit que c’étoit le racine; mais nous l’avons
qiie ce n’elï ni la racine ni l’épi de la plante,
& que c’eft la partie inférieure de fes tiges. On a
donné le nom d’épi aux petites tiges de cette plante,
parce qu’elles font environnées de feuilles capilla-
céès * qui ont quelque reffemblancè à des racines.
Lë hà'rd celtique s’appelle nardus cdtica, fpica
âllicà -y fpicà roiiianà , tdfS'bi yAXTiy.il & uXùuyyiet ,
Mdfddfi Alhardin Aljimbd , Arab.
C ’éft une racine fibreufe, chevelue * rouflatre ,
garnie dé feuilles ou de petites écailles d’un Verd jaunâtre;
d’un goût âc re, un peu amer, aromatique ;
d’ iinê odeur forte ôc un peu defagréable. On doit
çhoiftr cette racine récente} fibreulè ôc odorante.
Elle S été célébré dès le tems de Diofcorîde. Ort
la nomme celtique, parce, qu’a titre foi s ori là recùeil-
loit dans les montagnes de la partie des Gaules, ap-
pellée Celtique. On en trouve encore aujourd’hui
dans les montagnes des Alpes qui réparent l’Allemagne
de l’Italie, dans celles dé la Ligurie & de Gènes.
La plante eft appellée valeriana cdtica par Tour-
nefort, I . R. H. ttardus cdtica Diôfcoridis , par C.
B. P. nardus alpina , par Clufius. Sa racine rampe
de tous côtés , ôc fe répand fur la fuperfieie de la
terre parmi la mouffe : les petits rameaux' qu’elle
jette font longs, couchés fur terre, couverts de plu-
fieHrs petites feuilles érï maniéré d’écailles feches ;
ils pouffent par intervalle des fibres un peu chevelues
ôc brimes ; ils donnent naifiance dans leur partie
fupérieure à une ou deux petites têtes, chargées
de quelques feuilles, étroites d’abord ôc ettfuite plus
larges , allez épaiffes Ôc fucculentes, qui font vertes
en pouffant, jaunâtres au commencement d©
l’automne, 6c d'un goût un peu amer.
Du milieu de ces feuilles s’élève une petite tiw©
à la hauteur d’environ neuf pouces, & quelquefois
plus, affez ferme, noueufe, ayant fur chaque noeud
deux petites feuilles oppofées ; à l’extrémité de l’aif-
felle des feuilles, naiffent de petits pédicules qui
portent deux ou trois petites fleurs de couleur pâle,
d’une feule piece, en forme d’entonnoir, découpées
en plufieurs quartiers y fouteriuës chacune fur un calice
qui dans la fuite devient une petite graine ob-
longue ôcaigrettéë.
Toute la plante eft aromatique, elle imite Rôdeur
de la racine de la petite valériane» Selôn Clufius,
elle fleurit au mois d’Août, prefqu'e fous les neiges
fur le fommet des Alpes dé Styrie : les feuilles pa-
roiffent enfuite lbrfque les fleurs commencent à tomber.
Les habitaris la ramafl'ent fur la fin de l’été ÔC
Iorfque les feuilles viennent à jaunir ; car alors fon
odeur eft très-agréable.
Le nard celtique a les mêmes vertus qiie le fpica
indien, 8c convient dans les mêmes maladies. Quelques
uns prétendent, j’ignore fur quelles expcr.en-
ce s , qu’on l ’emploie plus utilement pour fortifier
l’efto'mâc ôc difliper les vents. Il entre dans la thériaque,
le mithridat, l’emplâtre de mélilot., & dans
quelques autres onguens échauffans, ainfi que dans
les lotions céphaliques.
Lé nàrd de montagne fe nomme, en Botanique ,
nardus rhontana ou nardus montana tuberofa ; opm-îi
vapJ'ûc, Diofc. Alhardin Gebali, Arab. C ’eft une racine
oblongue, arrondie , ôt en forme de navet, de
la grOffeur du petit doigt ; fa tête eft portée fur une
petite tige rougeâtre, 8c eft garnie de fibres chevelues
j brunes ou cendrées, & un peu dures; fon
Odeur approche de celle du hard, ôc elle eft d’un
goût âcre ôc aromatique.
La defeription que fait Diofcorîde du nard de
montagne , eft fi défeéhietife qu’il eft difficile de décider
fi nous connoifforts le vrai nard de montagne de
cet auteur , ou s’il nous eft encore inconnu.
On nous apporte deux racines de plantes fous le
nom de naldde montagne. La première s’appelle va-
Uriana maxima , pyrtnaica, cacàÏKB folio, D. Fagon,
/. R. H. Cette plante poufl'e en terre, une racine
épaiffe , longue , tubéreufe,chevelue, vivace, d’une
odeur femblable à celle du nard indien, mais plus
v iv e , d’un goût amer. De cétte racine S’élève une
tige de trois coudées, & même plus haute, cylindrique,
lifte , creufe , noueufe, rougeâtre, del’c-
paiffeur d’un pouce. Ses feuilles font deux à deux ,
oppofées, liffes, creneléès , femblâbles aux feuilles
du cacalia, de la longueur d’une palme, & appuyées
fur de longues queues. Au haut de la tige naifiènt des •
fleurs purpurines, & des graines qui font femblâbles
aux fleurs 6c aux graines de la valériane.
La fécondé s’appelle valeriana alpina mïnor > C .
J3. p. nardus montana, radia olivari, C . B. P. nardus
montana , radice oblongd, C. B. P. Sa racine tubé-
jreufe, tantôt plus longue, tantôt plus courte, fe
jnulriplie chaque année par de nouvelles radicules.
J-.lle a beaucoup de fibres menues à la partie inferieure
; ôc vers fon collet elle donne naiflance à des
rejettons q u i, dans leur partie intérieure, font chargés
de feuilles oppof ée s, d’un verd foncé 6c luifant,
»•nies , fans dentelures , 6c enfuite d’autres feuilles
découpées, à-peu-près comme celles de la grande
valériane, mais plus petites ; & à melure que les
rejettons grandiffent, les feuilles font plus décou-
*)ées. Au fommet des tiges, naiffent de gros bou-
cjuets de fleurs femblâbles à celles de la petite valériane
; elles font odorantes , moins cependant que
ïi’eft la racine de cette plante. Le nard de montagne
•a les mêmes vertus que le celtique , peut-être plus
tf'oibles. . .
Nous avons dit que les anciens compoloient avec
le nard une effence dont l’odeur étoit fort agréable.
Les femmes de l’Orient en faifoient un grand ulage ;
le nard dont j’étois parfumée , dit l’epoufe dans le
Cantique des Cantiques,^-épandoit une odeur ex-
qaife. La boîte delà Magdeleine, quand elle -oignit
les piés du Sauveur( Marc, ch. xiv. 'jp. g . Luc , vij.
r f. 3 y■ Jean , xij. f . J . ) , étoit pleine de nardpifii-
q u t, c’eft-à-dire félon la plupart des interprètes ,
«Je nard qui n’étoit point falfifie, du mot grec •nitTie,
Jides, comme qui diroit du nard fidele, fans mélangé ,
ni tromperie.
Les latins ont dit nardus, f. 6c nardum, n. L e premier
fignifie communément la plante , 6c le lecond
la liqueur, Veffcnce aromatique. Horace ,l.V > ode i j .
donne au nard l’épithete étachamenio, c eft-à-dire ,
de Perfe, oit Achémene avoit régné :
Nunç & achatmenio
■ Pcrfundi nardo juvat :
Ne fongéOns qu’à nous parfumer des effences des
Indes. Les Indiens vendoient le nard auxPerians, 8t
ceux-ci aux Syriens chez qui les Romains aboient le
chercher. De-là vient que dans un autre endroitldo-
race l’appelle ajfyrium. Mais après l’année y zyqu ’Au-
gufte conquit l’Egypte, les Romains allèrent eux-
mêmes aux Indes chercher les aromates 6c les mar-
chandifes du pays, par le moyen de la flotte qui tut
établie pour-cela dans le golre arabique. ( D. J.')
Nard-sauvage , (BotanA afarum, nar.dus ruf- i
tica. yqye{ CABAR ET, ( Botan. )
NARDO , ( Géog. ) en latin Nentum ; ville du
royaume de Naples, dans la terre d’Otrante , dons
une plaine, à 4 milles de la côte du golfe de Tarente,
à 9 a11N.de Gallipoli, ôc à 15 S. O. de Leceé , avec
titre de duché ôc un évêché luffragant de Brindes.
Elle fut prefqu’entierement détruite par un tremblement
de terre en 1743- Long. gS. 44. lat. 40.. /#.
NAREA ou ENAREA , ou ENARIA , ( Géog. )
car M. Ludolf préféré ces deux derniers noms ; c ’eft
un des royaumes d’Afrique dans 1,’Abylfinie , entre
le huitième ôc le neuvième degrés de latitude fepten-
trionale.
NARÉGAM, ( Botan. exot. ) efpece de limonier
..nain qui croît à Céylan 6c au Malabar ; il a toû-
. jours des fleurs. & ,du fruit.
NARENTA, (-Géog. ) ville de Dalmatie , dans
l’Herzegovine, avec un,évêché fuffragant de Ra-
gufe. Elle eft fur le golfe de même nom à 20. lieues N.
;E. de Ra gu le-, 21 S. E. dç Spalatro.
Cette ville fyt anciennement nommée Naro 8c
. -Warona. Son territoire cpnfifte en une vallée d’environ
30 milles de longueur, que le fleuve Nartnta
.•inonde & fertilife dans.certains mois de Tannée.. Du
tems de Ciçeron, Narenta étoit une fo.rtereffe de
Tome X I .
tonfeque'ncè, comme on le voit dansla lettre oîi Va-
tinius lui mande la peine qu’il avoit eu à emporter
cette place. Elle fut une des villes où les Romains
envoyèrent dés colonies après la conquête du royaume
de l’Illyrie. Dans la fuite, elle eut des fouverains
indépendans des rois des deux Dalmaties. L’Evangile
n’y fut reçu que dans le onzième fiecle. Elle dépend
aujourd’hui des Turcs. Long. g(o. 4. lat. 43.
3 J. ( D .J . ) .
Narenta, (Géog.) fleuve de Dalmatie qui fe
nommoit autrefois Naro ou Naron. II baigne la ville
de Narenta y ÔC fe décharge dans le golfe de ce nom
par diverfes embouchures.
Narenta , ( Géog. ) golfe de la mer de Dalmatie
; il eft-enire les côtes de l’Herzegovine au nord,
celles de Ragufe à l’orient i celles de Sabioncelo au
midi, ÔC l’île de Liefina à l’occident.
N ARéW , ( Géog. ) riviere de Pologne, qui prend
fa fource dans le duché de Lithuanie , traverfe les
palatinats de Poldaquie ôc de Mazovie , & v a fe jet-
ter dans le Bourg* a.u-deffusdeSérolzeck.
NARIME ou NARYM , ( Géog.) pays de la Tar-
tarie en.Sibérie, au nord du fleuve K é ta , ôc au midi
de la contrée d’Oftiaki. On n’y connoît qu’une
feule ville ou bourgade de même nom, fituée fur le
bord oriental de l’Oby. C e paysn’eflqu’un trifte dé-
fert.
NARINARI, ( Ichtkyolog. ) nom brefilien d’un
poiffon de Tefpece de l’aigle marine, ôc qui eft ap-
pellé par les Hollandoispülflert.
C ’eft un poiffon plat dont le corps eft prefque
triangulaire, élargi fur les côtés. Sa tête eft très-
grofl’e , ôc creufée d’une raie dans le milieu ; fon mil-
feaueft arrondi dans les coins; ce poiffon n’a point
de dents , mais un os dans la partie inférieure de
la gueule, lequel eft long de quatre pouces 8c large
d’un pouce ôc demi : la partie fupérieure du muleau
eft revêtue d’un o.s femblable ; ôc c’eft entre ces deux
os qu’il écrafeôr hrife fa proie. L’os de la mâchoire
inférieure eft compofé de dix fept petites pièces dures,
fermes , ôc jointes enfemble par des cartilages.
L’os fupérieur eft auffi compofé de quatorze pièces
femblablement liées par des cartilages. Le corps du
narinari eft ordinairement d’un à deux piés de long,
Ôc fa queue de quatre piés. Sa chair eft délicieule ;
les ps de fa gueule ôc ceux despoiffons de fon efpece,
font les foffiles que les Naturaliftes appellent filiquaf-
tta. ( D . J. )
N ARINES INTERNES, ( Anatom. ) On fait qu®
ce font deux grandes cavités égales dans lefquelles
le nez eft partagé parle moyen d’une cloifon; elles
s’ouvrent en-bas pour donner paffage à l’air qui y
entre dans Tinfpiration , fe porte aux poumons , &
en fort dans l ’expiration. Après que ces cavités fe
font élargies en montant, elles vont chacune au-
deflus du palais, vers la partie poftérieure Ôc intérieure
de la bouche ., où elles le terminent en une
ouverture qui fait que la boiffon fort quelquefois par
les narines y ôc que le tabac , pris par le nez, tombe
dans la bouche. ^ ,
Il faut remarquer que les narines internes comprennent
tout l’efpace qui eft entre les narines externes
Ôc les arrieres-/z<zn/z«, immédiatement au deffous
de la voûte du palais, d’où les cavités s’étendent
en-haut jufqu’à la lame cribleufe de Vos ethmoïde ,
où'elles communiquent en-devant avec les finus
frontaux, ôc en-arriere avec les finu.s fphénoïdaux.
Latéralement , ces cavités font terminées par les
conques , entre lefquelles elles communiquent a vec
les finus maxillaires.
Toutes ces choies doivent être obfervées pour
pouvoir comprendre un fair fort fingulier, rapporté
dans les Mémoires de C académie des Sciences, année
ip z z ; il s’agit d’un tour que faifoit un homme à la
^ ÿ