PARADA, ( G é o g . a n c . ) ville de l’Afrique propre
, furie chemin qui conduifoit de Tapfus à Ilti-
quefScipion brûla cette v ille , & traita les habitans
avec la dèrniere barbarie.
PARADABATRA, (G é o g .a n c .) ville de l’Inde,
en-deçà du Gange. Ptolomée, lib. FU . ch. j . la place
fur le bord de ce fleuve, entre Azica &Pifca.
PARADE , fi.fi. ( Grammaire,) vue o\\ expofition
d’une chofe vue dans tous fes avantages, & dans ce
qu’elle a de plus beau. Voye^SPECT AC LE. . j.
Un lit de parade, eft celui fur lequel on expofele
corps d’un grand ou d’un prince après fa mort.
On appelloit parade dans les tournois , la marche
que faifoient, en bel ordre, les chevaliers dans la lice I
avant que de commencer le combat.
On a donné aufli le nom de parade à ce que nous •
appelions aujourd’hui revue d’une troupe, d un régiment
: on difoit alors faire la parade, & montrer la
parade, comme nous difons aujourd’hui faire l exercice
, & monter la garde.
P a r a d e , f a i r e l a , (Art milit.) les officiers font
la parade, lorfque leur bataillon, leur régiment, ou
leur compagnie, ayant ordre de fe mettre fous les
armes , ils s’y rendent en meilleur état quil leur eft
poflible , pour prendre le pofte, & tenir le rang qui
deür eft dû, foit fur le terrein oiile bataillon fe forme
, foit dans la place oîi l’on s’affemble pour monter
la garde,foit devant le corps-de-garde, quand il faut
relever la garde, ou bien lorfqu’une perfonne de
qualité eft prête à paflèr. Dicl. milit. ( D . J!)
PA R AD E , (Marine!) faire la parade ; tous les vaif-
feaux firent parade, & chacun déploya tous fes pavillons
: c’eft orner un vaiffeau de tous les pavillons
• qui font à fon bord, & dé tous fes parois. On dit
- auffi parer, les vaiffeaux feront pares de fiâmes.
( z ) 1 I . ■ •.
P A R A D E , (.Marèchalerie.) on appelle cheval de parade
, celui dont on ne fe fert que dans les occafions
de cérémonie, & plus pour la beaute que pour le
fervice'qu’on en attend. .
On appelle la parade, un endroit que le maquignon
a défigné pour faire monter le cheval qu’il veut
vendre. * A '
La parade, en terme de manege, eft la meme chofe
que le parer. Foye^ P a r e r .
P a r a d e , terme d'efcrime, aftion par laquelle on
pare une eftocade. Foye^ P a r e r . •
Il y a autant de parades différentes, qu’il y a de
différentes façons de terminer une eftocade, voye^
E s t o c a d e . Il y a donc cinq parades, qu’on appelle
en terme d’eferime, quarte, tierce, fécondé, quarte
baffe & quinte.
P a r a d e , efpece de farce, originairement préparée
pour amufer le peuple , & qui fouvent fait rire,
pour un moment, la meilleure compagnie.
Ce fpeftacle tient également des anciennes comédies
nommées platarice, compofees de Amples dialogues
prefque fans aûion, & de celles dont les per-
fonnages etoient pris dans le bas peuple, dont les
feenes fe paffoient dans les cabarets , & qui pour
cette raifon furent nommées tabernarioe. Foyé[ C o m
é d i e . .
Les perfonnages ordinares des parades d’aujourd’hui
, font le bon-homme Caffandre, p ere, tuteur,
ou amant furané d’Ifabelle : le vrai caraftere de la
charmante Ifabelle eft d’être également foible,fauffe
& précieufe ; celui du beau Léandre fon amant, eft
d’allier le ton grivois d’un foldat, à la fatuité d’un
petit-maître : un pierrot, quelquefois un arlequin &
un moucheur de chandelle, achèvent de remplir
tous les rôles de la parade, dont le vrai ton eft toujours
le plus bas comique.
La parade eft ancienne en France ; elle eft née des
moralités, des myfteres & des facéties que les éleves
de la bafoche, les confrères de la paffion, & la
troupe du prince des fots jouoient dans les carrefours
, dans les marchés., & fouvent même dans les
cérémonies les plus auguftes, telles que les entrées,
& le couronnement de nos rois.
La parade fubfiftoit encore fur le théâtre françois:,
du tems de la minorité de Louis le Grand ; & lorfque
Scarron, dans fon roman comique, fait le portrait
du vieux comédien la Rancune , & de made-
moifelle de la Caverne, il donne une idée du jeu ridicule
des a&eurs , & du ton platement bouffon de
la plupart des petites pièces de ce tems.
La comédie ayant enfin reçu des lois de la décence
& du goût, la parade cependant ne fut point abfolu-
ment anéantie : elle ne pouvoit l’être, parce qu’elle
porte un caraftere de vérité, & qu’elle peint vivement
les moeurs du peuple qui s’en émule j elle fut
feulement abandonnée à la populace, & releguée
dans les foires & fur les théâtres des charlatans qui
jouent fouvent des feenes bouffones, pour attirer un
plus grand nombre d’acheteurs.
Quelques auteurs célèbres, & plufieurs perfonnes
pleines d’efprit, s’amufent encore quelquefois à
compofer de petites pièces dans ce meme goût. A
force d’imagination & de gayeté, elles fàififlent ce
ton ridicule ; c’eft en philofophes qu’elles ont travaillé
à connoître les moeurs & là tournure de l’ef-
prit du peuple, c’eft âvèc vivacité qu’elles les peignent.
Malgré le ton qu’il faut toujours affefrer dans
ces parades , l’invention y décèle fouvent les talens
de l’auteur ; une fine plaifanterie fe fait fentir au milieu
des équivoques & des quolibets, les grâces
parent toujours de quelques fleurs le langage de
Thalie, & le ridicule déguifement fous lequel elles
s’amufent à l’envelopper.
On pourroit -reprocher ; avec- raifon aux Italiens ,
^beaucoup plus encore auxAnglois,d’avoir confervé
dans leurs meillëüres comédies trop defcenës de para-
des\ on y voit fouventregner la licence grofliere & rér-
voltante dés anciennes comédies nommées taber-
j narice.
On peut s’étonner que le vrai carafrere de la bonne
comédie ait été fi long-tems inconnu parmi nous ;
les Grecs & les Latins nous ont laifle d’excellens
modèles , & dans tous les âges, les auteurs ont eu la
nature fous les- y e u x , par quelle efpece de barbarie
ne font-ils fi long-tems imitée que dans ce qu’elle a
de plus abjefr & de plus défagréable?
Le génie perça dépendant quelquefois dans ces
fiecles dont il nous re.fte fi peu d’ouvrages dignes
d’eftime; la farce de Pathelin feroit honneur à Molière.
Nous avons peu de comédies qui raffemblent
des peintures plus vraies, plus d’imagination & de
gayeté. ' / ‘j î h À l 'r' f i
Quelques auteurs attribuent cette piece à Jean de
Meun; mais Jean de Meun cite lui-même des paffa-
ges de Pathelin, dans fa continuation du roman de la
Rofe: & d’ailleurs nous avons des raifons bien fortes
pour rendre cette piece à Guillaume de Loris.
On açcordéroit fans peine à Guillaume de Loris ,
inventeur du roman de la Rofe, le titre de pere de
l’éloquence françoife, que fon continuateur obti rît
fous lé régné de Philippe le Bel. On reconnoit dans
les premiers chants de ce poëme , l’imagination la
plus belle & la plus riante, une grande connoiflance
des anciens , un beau choix dans les traits qu’il en
imite ; mais dès que Jean de Meun prend la plume,
de froides allégories, des differtations frivoles, ap-
pefantiffent l’ouvrage ; le mauvais ton de l’école, qui
dominoit alors , reparoit: un goût jûfte & éclairé
ne peut y reconnoitre l’auteur de là farce dePathe-
lin ,& la rend à Guillaume de Loris;
Si nous fournies étonnés, avec raifon, que la farce
de Pathelin n’ait point eu d’imitateurs pendant plufleurs
fiecles, nous devons l’être encore plus que îe
mauvais goût de ces fiecles d’ignorance régné encore
quelquefois fur notre théâtre : nous ferions bien
tentés de croire que l’on a peut-être montré trop
d’indulgence pour ces efpeces de recueils de feenes
ifolées , qu’on nomme comédies à tiroirs. Monius Fa-
bulifte mérita fans doute fon fuccès par l’invention '
& l’efprit qui y régnent; mais- cette piece ne devoit
point former un nouveau genre, & n’a eu que de
très-foibles imitateurs..
Quel abus.ne fait-on pas tous les jours de la facL
îité qu’on trouve à raffembler quelques dialogues ,
fous îe nom de comédie ? Souvent.fans invention, 8ç
toujours fans intérêt, ces efpeçes deparades ne renferment
qu’une fauffe métaphyfique, un jargon précieux.,
des caricatures, ou de petites efquiffes mal
deffinées, des moeurs & des ridicules ; quelquefois
meme on y voit regner une licence grofliere; les
jeux de Thalie n’y font plus animés par une critique
fine & judiçieufe, ils font deshonorés par les traits
les plus odieux de la fatyre.
Pourra-t-on croire un jour que dans le fiecle le
plus reffemblant à celui d’Augufte, dans la fête la
plus folemnelle, fous les yeux d’un des meilleurs
rois qui foient nés pour le bonheur des hommes,
pourra-t-on croire que le pianque de goût, l’ignorance
ou la malignité, aient fait admettre & repré-
fenter une parade, de l’efpece de celles que nous vej
nons de définir }
Un citoyen, qui jouiffoit de là réputation d’honnête
homme (M. Rouffeau de Genevé), y fut traduit
fur la feene , avec des traits extérieurs qui ppu-
voient le carafrérifer. L’auteur de la piece, pour
achever de l’avilir, ofa lui prêter fon langage. C ’eft
ainfi que la populace de Londres traine quelquefois
dans le quartier de Drurylane, une figure contrefaite
, ayec une bourfe, un plumet & une cocarde
blanche, croyant infulter notre nation.
Un murmure général s’éleva dans la falle, il fut à
peine contenu par la préfence d’un maître adoré;
l’indignation publique, la voix de l’eftime & de l’amitié
, demandèrent la punition de cet attentat : un
arrêt flétriflant fiit figrîe par une main qui tient &
qui honore également le feeptre des rois , &c la plume
des gens de lettres. Mais le philofophe fidele à
fes principes , demanda la grâce du coupable, & le
monarque crut rendre un plus digne hommage à la
vertu en accordant le pardon de cette odieufe licence,
qu’en puniffant l’auteur avec févérité.. La piece rentra
dans le néant avec fon auteur ; mais la juftiee du
prince & la générofité du philofophe pafferont à la
poftérité, & nous ont paru mériter une place dans
l ’Ency clopédie.
Rien ne corrige les méchan$ : l’auteur de-cette
première pa.rade en a fait une fécondé, oii il a em-
braffé le même citoyen, qui avoit obtenvi fon pardon
, avec un grand nombre de gens de bien, parmi
lefquels on nomme un de fes bienfiiteurs. Le bienfaiteur
indignement travefti, eft l’honnête &: célébré
M. H. . . & l’ingrat, eft un certain P. . . de
M. , . . .
T el eft lefort de çes efpeces de parades fatyriques,
elles ne peuvent troubler ou féduire qu’un moment
lafociété; & la punition ou le mépris fuit toujours de
près les traits odieux & fans effet,' lancés par l’envie
contre ceux qui enrichiffent la littérature, & qui
l’éclairent. Si la libéralité des perfonnes d’un certain
ordre, fait vivre des auteurs qui fer oient ignorés
fans le murmure qu’ils excitent ; nous n’imaginons
pas que cette- bienfaifance puiffe s’étendre jufqu’àles
protéger. Life { l'a rd u e ECLECTISME, p . 3 $ 4 . t . V .
fécondé col.
Cet article ejl de M . le comte de T R E S S A N , lie.ute-,
n a n t général des armées du R o i , grand maréchal-deslogis
dtl toi de Pologne, duc de Lorraine & membre des
académies des Sciences de France, de Prüffeld'Angleterre
^ &c.
PARADIÂZEUXIS, fi m. dans la Mufiqüe grec-*
que , eft, au rapport du'vieux Bacchius , l’intervalle
d’un ton feulement entre les cordes homologues
de deux tëtracordes ; & c’eft l’efpece de disjonction
qui regne entre le tétracorde fynnemenon & le té*
tracorde diezeugmenon. Voyestons ces moB.
PARADIGME, fi m. ce mot vient du grec
S'uyp.A, exemplar, dérivé àu verbe TrapaÂikvvo ^ ma-
nifîflè ofiendo ; RR. ïiapd, prépofition fouvent ampliative
, quand elle entre dans ta compofition de?
mots ; & S'uuvuu, oßendo. Les Grammairiens fe font
•approprié le mot paradigme, pour défigner les exem*
pies de déclinaifons & de conjugaifons, qui peuvent
fervir enfiiite de modèles aux autres mots ,• que l’u-
fage & l’analogie ont fournis^ atix mêmes variations
de l’une ou de l’autre efpece. Les paradigmes font
des exemples 9 des modèles pour d’autres mots analogues
; & c’eft le fens littéral du mot. '
L ^paradigmes étant principalement deftinés à in*
culquer la regle générale , par l’image fenfible d’une
application particulière propofée comme un objet
d’imitation : M. le Feÿre de Saumur, avoit raifon,
fans doute , de defirer que ces modelés fuffent pré-
fentés aux jeunes gens fous une forme agréable
propre à intéreffer leur imagination : il faudroit, fe-
lon fes vues:, qu’ils fuffent imprimés fur de beau pa*'
pier, en beaux caraCteres, & dans le format de Vin-
quarto-, afin que chaque article du paradigme n’occu-*
pât qu’une ligne , & qu’on ne fut pas obligé ‘ d’en
renvoyer quelque chofe, à la ligne fuivante.
Ces petites attentions peuvent paroître minutieu-
fes à bien des gens, qui prétendent au mérite de né
voir les chofes qu’en grand : mais ce qu’il eft permis
aux fpedateurs oififs d’envifager ainfi, doit être exécuté
dans toutes fes parties par les maîtres ; & les
meilleurs font toujours ceux qui anâlyfent lé plus
exactement les détails. Qu’il me foit donc permis
d’ajouter ici quelquqs\obfervations qui me paroiffent
intéreffantes fous ce point de vûe. Je les'rapporterai
fur-tout aux élémens de la langue latine ; & l’on
en fent bien la raifon.
1. Déclinaifon. Il eft généralement avoué, qii’il
y avoit une barbarie infoutenable dans les anciens
rudimens, oit les nombres & les cas étoient défignés
en latin , fingulariter nominativo , &e. Comme fi les-
commençans avoient déjà entendu la. langtie dans
laquelle on prétendoit pourtant les initier par-là même
: on ne lauroit leur parler trop clairement ; & il
eft fingulier qu’on fe foit avifé fi tard d’employer
leur propre langue pour les inftruire.
Une autre meprife , ‘e’eft d’avoir joint àüparadigme
d’un nom, celui de l’article du même genre ; hæc
mufa , hujus mufee , &c. c’eft une imitation maladroite
des paradigmes des déclinaifons grecques, oit'
l’article paroît plus néceffaire , d’oîr cependant il eft
encore plus avantageux de le retrancher, pour né
pas partager l’attention des commençans en la fur-
chargeant mal-à-propos ; & c’eft le parti que vient
de prendre le P. Giraudeau jéfuite , dans fon Intro-
duÛion a la langue grecque. A plus forte raifon doit-
on fupprimer cette addition fuperflue dans les paradigmes
latins : & fi l’On né veut y préfenter aucun
nom, fans en faire connoître le genre aux enfans ;
que ce foit Amplement par l’une des lettres initiales
m y f ou n , quand le nom eft d’un genre déterminé;
par deux de ces lettres & le mot ou entre deux , il
eft d’un, genre douteux, &c. Foyeç G e n r e -. -
On a coutume encore de traduire chaque cas. latin
, en fe fervant de notre article défini le y la y les,
pour les noms appellatifs ; de la prépofition de pour
îe génitif ; de à pour le datif, & de de ou par pour