orientales. Il eft mal nommé noix vomique, car il
n’excite point le vomiffement ; mais il tue les hommes
, les quadrupèdes 6c les oifeaux , apres leur
avoir cauf'é de terribles angoiffes.
On noiis envoie le plus communément fous le
nom de noix vomique une amande orbiculaire , ap-
platie , large d’environ un pouce , épaiffe de deux
ou trois lignes , d’une fubftance dure comme la
corne, de couleur grife , un peu lanugineufe ,en dehors
; ayant une elpece de nombril qui occupe le
centre, mais plus applati d un cote que de 1 autre.
Les Grecs n’ont point connu notre noix vomique,
& il n’eft pas certain que ce foit la noix métel des
Arabes. Ceux des modernes qui ont pris la noix vomique
orientale pour une racine, ou pour un champignon
, fe l'ont egalement trompes ; c eft 1 amande
ouïe fruit d’un certain arbre, qui s'appelle/*«* vomi-
çamajor, oucaniram. H. Malab. tom. I. Malus Malaba-
rica , fruclu corticofo, amàricante , femine piano , com-
prtffo. D. Syen, Raii hiji. iGÇr. Solanum arborefeens
indicum , maximum , foliis anoplitz, Jive nanente ma-
joribus , fruclu rotundo , duro , rubro femine orbicu-
Lari , comprejfo , maximo, &CÇ.
Cet arbre eft également grand & gros , fort bran-
chu , couvert d’une écorce cendrée, noirâtre ou
rougeâtre & amere. Ses feuilles naiflent oppofées
fur les noeuds des branches ; elles font ovales, tres-
îarges dans leur milieu, terminées en pointe moufle,
verdoyantes, d’une laveur amere , ayant trois nervures
un peu faillantes en-deffus 6c en-deflous. Ses
fleurs naiflent par bouquets fur les rameaux aux
ai (Telles des feuilles : elles font compofées d’un pétale
d’une feule piece en forme d’entonnoir, divifé
profondément en cinq parties ; les étamines font au
nombre de cinq , garnies de longs fominets 6c d un
ieul piftil plus long que le pétale.
Les fleurs étant paffées , leurs embryons devienr
nent des fruits ronds, liftes, verds d’abord, enfuite
d’une couleur jaune dorée , contenant dans leur
maturité une fubftance blanche & mucilagineufe,
fous une écorce un peu épaiffe, caftante , 6c d’une
faveur fort amere. Ils n’ont qu’une loge ; chaque
fruit contient quinze femences arrondies & appla-
ties ; l’écorce extérieure de ces fruits eft avant leur
maturité de couleur argentine , tirant fur le brun ;
iorlqu’ils font murs , cette écorce eft velue , verdâtre
, mince , & fort amere. Cet arbre croît dans
le Malabar, 6c fur la côte de Coromandel.
Les noix vomiques font mourir par une vertu fpé-
çifique 6c vénéneufe tous les quadrupèdes , les corbeaux
, les corneilles , les cailles , 6c la plupart des
oifeaux. Prefque tous les médecins reconnoiftent
qu’il n’en fâudroit pas deux drachmes pour tuer un
homme des plus robuftes. Il eft certain qu’une très-
petite quantité fuffit pour bouleverfer l’eftomac &
exciter des mouvemens convulfifs. Le poifon de
çette noix paroît attaquer principalement les nerfs :
car c’eftde-là que vient l’anxiété, la roideur, lefrif-
fon, le tremblement, les convulfions & la refpiration
déréglée. Voyei à ce fujet les obfervations deGefner,
de B.auhin, Se fur-tout d’Antoine de Heyde.
On connoît une autre efpece de noix vomique entièrement
femblable à la précédente, dont l’arbre
s’appelle modéra caniram , H. Malab. t. VIII. Solanum
arborefeens indicum, foliis napecoe majoribus, mugis
mucronatis ; fruclu rotundo , duro , fpadiceo , ni-
grefeente ; femine orbiculari , co/nprefjo ,, maximo ,
Breyn z. prodr.
Quoique l’on prétende que cette fécondé noix
vomique 6c le bois dé couleuvre fe rirent du même
arbre ; Herman aflïire au contraire que cette noix
vient d’un autre arbre, mais c’eft un point qui nous
importe fort peu.
Î1 y a une troifieme efpece de noix vojiiique, plus
petite que les précédentes , & que l’on trouve très-
rarement dans les boutiques. A peine égale-t-elle la
troifieme partie de la noix vomique ordinaire : au
refte , elle lui reffemble par la figure , la couleur ,
le goût 6c la confidence ; le bois de l’arbre qui produit
cette efpece de noix vomique s’appelle bois de
couleuvre ; mais c’eft plutôt une racine ligneufe qui
renferme fous une écorce de couleur de fer, 6c marquée
de taches grifes, une fubftance folide, pefante,
d’un goût âcre 6c amer, fans aucune odeur. On nous
l’apporte des îles de Solor & de Timor. On diftingue
ce bois de celui des arbres dont nous venons de parle
r , en ce qu’il eft plus dur 6c plus denle. L’arbre
qui fournit la petite noix vomique s’appelle nux vo-
mica minor, moluccana ; il ne différé de l’arbre caniram
que par la moindre grandeur de fes feuilles ,
de fes fruits & de fes graines. ( D . J . )
N o ix , f. f. (Géom. prat.) partie d’un infiniment
de Géométrie pratique , tel qu’un graphometre , un
niveau, &ç. C ’eft une boule de métal ou de bois qui
a un col long , fur lequel on fixe l’inftrument. Cette
boule eft enchaffée dans une boîte où elle eft mobile
en tout fens , pour pouvoir mettre Tinftrument dans
une fituatiôn verticale , parallèle à l’horifon , oblique
, de façon qu’on puiffe l’arrêter dans toutes ces
fituations , & la fixer fans.qu’elle puiffe branler ; ce
qui fe fait par le moyen d’une vis qui ferre la boîte
dans laquelle la noix eft renfermée, (D . J.')
N o ix , (Marine.') où paffe la manuelle du gouvernail.
Voye%_ Mo u l in e t .
N o ix , terme d'ArquebuJier; c’eft un petit morceau
de fer plat fur fes deux faces , de la largeur de dix 3.
douze lignes, & épais de f ix , qui eft arrondi par-
derriere, & garni de deux crans , dont l’un fert pour
le repos, 6c l’autre pour la ten,te , & s’engrenent
dans la mâchoire de la gâchette, qui eft immédiatement
pofée derrière cette noix. Le devant eft creufé
en-dedans en forme de mâchoire , 6c eft pour recevoir
la mâchoire du grand reffort à fens contraire.
Les deux faces plates font traverfées d’un pivot
qui eft rond 6c menu , 6c qui fe paffe dans le trou qui
eft au milieu de la bride. L’autre bout du pivot eft
plus gros 6c eft rond, de l’épaiffeur de deux à trois
lignes, 6c le refte eft quarté. Ce pivot entre dans
un trou qui eft rond , du calibre du p ivo t, & qui eft
pratiqué au corps de platine, de façon que l’épail-
feur du pivot rond fe place dans ce trou, 6c foutient
la noix qui tourne en bafcule , félon le befoin ; le
refte, qui eft quarré ,.fort en-debo rs , & fert pour
placer le chien. Ce pivot eft percé d’un trou eri
écrou, dans lequel on place le clou de chien , &
qui l’affujettit de façon qu’il ne peut pa§ fortir.
N o i x , (Bas au met.) Voye{ Caticle B a s AU MÉTIER.
N o i x , terme de Potier de terre ; les Potier s de terre
appellent la noix de la roue fur laquelle ils tournent
les ouvrages de poterie , l ’arbre ou pivot q.ui lui fert
comme d’eflïeu ; 6c cela , parce que la tête de cet
arbre eft prefque ronde, &C en forme de noix, à la
réferve qu’elle eft applatie par en haut, pour y placer
le morceau de terre glaife qu’on veut travailler. ip.j) ■ MÊÊÊÊÊÊË No ix , (Soirie.) petite pouliecavee, arretee fixe
fur le bout des broches des rouets.
N OLE , ( Géog. ) ville ancienne d’ Italie au royaume
de Naples, dans la terre de Labour, avec un
évêché fuffragant de Naples , dont elle eft à 5 lieues
N. E. Long. j 2 . €. lat. 40 .5 z.
Les Hiftoriensôe les Géographes en parlent comme
d’une place forte, qui avoit été fondée par les
Chalcidiens. Strabon & Tite-Livela mettent dans le
Samnium. Frontin l’appelle Colonea Augufla. Elle
conferve encore fon ancien nom , qui étoit Nola ;
mais elle a perdu fa fpiendeur. On peut en juger en
comparant fon état préfent avec la peinture qu’en
fait Silius Italiens , liv. X I I . v. 1G1.
K'inc ad chalcidicam transfert citus agrnina Nolamj
—Carnpo Nola cedet, crebris circumdata in orbein
Turribus, <S* celfo facilem tutatur adiri
Planitiem vallo.
Annibal l’afiiégea inutilement l’an 540 de la fondation
de Rome ; 6c ce fut aux portes de cette ville
que le conful Marcellus lui préfenta la bataille. Vef-
pafien décora Noie du titre de colonie romaine.
Perfonne n’ignore que c ’eft à Noie. qu’Augufte
mourut, le 19 Août, âgé d’environ 76 ans , l’an 14
de J. C . 6c après environ 44 ans de régné, à compter
depuis la viâoire d’Aclium, qui lui procura l’em-,
pire du monde.
Bruno (Giordano) en latin Brunus (Jordanus), étoit
un homme de beaucoup d’efprit, mais qu’il employa
bien mal, en attaquant les vérités les plus importantes
de la foi. Son ouvrage de caufâ,principio, &
uno , parut à Venife, l’an 1584, in-12. Il établit dans
ce traité une hypothèfe toute femblable pour le fond
au fpinolifme. Dans fes dialogues, Del infinito uni-
verfo , ï mundo, imprimés à Venife dans la même
année ; il (outient avec raifon, ou du moins très-
vraiffemblablement, que l’univers eft infini, qu’il y
a plufieurs mondes,& que le fyftème de Copernic eft
le feul recevable. 11 s’elt étrangement égaré dans fon
fpaccio de la Bejlia trionfante, divifo in tre dialooi
Jiampato inParigi rWcfq in-iz , & dédié au chevalier
Philippe Sidney. C’eft un traité d’une très-mauvaife
morale, & de plus très-ridiculement digéré ; car il
y expofe la nature des vices & des vertus, fous Pem-
blème des conftellations célefles.chaffées du firmament
pour faire place à de nouveaux aftérifmes, qui
représentent la vérité, la bonté, &c. Ses dialogues
en profe 6c en vers, intitulés , li heroicifurori, n’offrent
au leéfeur que dépurés imaginations cabalifti-
ques , rafinées fur celles de Raimond Lulle. Jorda-
nus Brunus fut brillé à Rome , l’an 1600 , par jugement
de l’inquifition.
Tanfillo (Louis) né en 1610, s’acquit en Italie de
la célébrité par fes poéfies. Sa piece intitulée i l Vin.
demiatore, le Vendangeur , fit beaucoup‘de bruit.
Elle parut d’abord à Naples en fôüs le titre de
fiance de gL orti delle donne ; ce font des fiances remplies
de chofes qui bleffent la pudeur & l’hônnêteté.
Il tacha de réparer cet ouvrage, par un poème pieux,
les larmes de S. Pierre , le Lagrime difan Pietro ; mais
la mort le furprit avant qu’il y mît la derniere main.
Plufieurs autres l’ont retouché , & on l’a imprimé
p.ulieurs fois. La meilleure édition eft celle de 1600
P°®me a traduit en françois par
Malherbe. Enfin, les poéfies diverfes dé Tanfillo ,
c ell-à-dire, fes fonnets & fes canzoni, ont été recueillis
& imprimés en 1711 à Bologne ; on en fait
grand cas en Italie. Le poète Tanfillo eft mort jusè
royal a Gayette, vers l ’an 1 5 7 1 .(2 ? ./ .)
NOLE1 , f. m. (Couvreur.) ce font des tuiles creu- j
les formant des canaqx pour couvrir les lucarnes 6c
egouter les eaux. Féliben dit que ces noletsfont auflï
les noues ou enfoncemens de deux combles qui fe
rencontrent* - - N. .
NOLl , (Gfog.) ville d’Italie dans l’état & fur la
cote de Genes avec un évêché fuffragant de Gènes ,
ç f « xb°n port, à 2 lieues N. E. de M 1V
1 D . de Genes. Long. 2i . Sa. lat. 44. ,8. ( D J I
NOLIGER ou NAUL1SER , ( Marine.) Voyel
Reter. Ces deux mots font fynonymés ; mais'lé
^née ( Z ) ^ rn eft 8uere d?ufa8e que fur la Méditèr-
N O U ME T ANGE R E , f .m. (Jardinage. f è A
!>V A n P 1 e/ am6J ^U} S’éleve à un pié & demi ;
Tome X f G ^a^am*ne qui étant touchée ou
agitée par le vent, jette des femences entre les doigts.
Les feuilles font rangées 'alternativement comme
celles de la mercuriale, & fes fleurs, à quatre feuilles
, font de couleur jaune, marquées de points
rouges, avec des étamines blanches. Il leurfuccéde
9 S“ 1 contient fa femence : fa culture eft fort
auee, puifqu elle croît naturellement dans les bois
6c les beux humides.
N o l i m e t a n g e r e , f. m. (Chirurgie.) mots purement
latins , qui fignifient à la lettre, ne me touche?
point, dont on a fait le nom d’une éruption maligne
au vifage , produite pat une humeur extrêmement
acre & corrofive. On l’appelle ainfi, foit parce qu’elle
peut fe communiquer par l’attouchement, ou parce
qu’en y touchant on augmente fa malignité 6c fa
difpolition à s’étendre.
Le noli me tangere eft une efpece 'd’herpe corrofif,
que quelques-uns croient tenir du cancer, & d’autres
de Ia lepre. Voye7^ Herpes, Cancer & Lèpre.
Noli me tangere fe dit particulièrement d’ùn ulcéré
externe aux aîles du nez, lequel vient fouvent d’une
caufe vénérienne , quoiqu’il puiffe auflï être l’effet
d une conftitution fcrophuleufe. Voye^ Ulc éré.
Cet ulcéré ne fe borne pas toujours aux aîles du
nez : quelques fois il corrode auflï toutes les chairs
circonvoifines. Il eft bien difficile à guérir, furtout
quand il a fon principe dans une conftitution dépravée.
,
L ulcéré qu’on appelle nolime tangere eft cancéreux '
& ce nom lui vient de ce qu’en voulant le guérir, on
l’irrite fonvent davantage, & on avance la mort du
malade. Il n’eft point de nature différente du carcinome
; il n’y a de difficulté à la guérifon que lorfqu’il
eft absolument impoflible d’extirper totalement la
maladie, 6c toutes les duretés skirrheufes qui en dépendent
, parce que la putréfadion qui y furvien-
droit, produiroit un ulcéré de la même nature, fou-
vent plus terrible que le premier. Voye^ C ancer.
Noli me tangere fe dit auflï en Botanique d’une
plante , ainfi nommée, parce que, quand elle eft
mûre, elle a cette propriété lïnguliere,que pour peu
qu’on touche aux liliques qui contiennent fa femence
, elles s’ouvrent, & la laiffent échaper. Voye\ Se-
| MENCE. X
NOLIS, f. m. terme de négociant ; louage d’un vaif-
1 feau , ou la convention faite entre un marchand &
le maître d’un bâtiment, pour tranfporter des mar-
chandifes d’un lieu à un autre. On ne fe fert de ce
mot que für la Méditerranée ; fur l ’Océan on dit
fret.
N OM , f. m. (Métaph. Gram.) ce mot nous vient,
fans contredit, du latin nomen ; & celui-ci réduit à
fa jufte valeur, conformément aux principes établis
à l article Formation , veut dire men quod notât,
figne qui fait connoître, ou notansmen , & par fyn-
copè notàmen , puis nomen. S. Ifidore de Séville indique
aftez clairement cette étymologie dans fés, origines,^
en donne tout-à-Ja-fois une excellente raifon:
NOMEN diElum quaji notamen, quod n'obis vocàbulo
fiio notas ejjiciat ; hiji ertitri NOM EN feieris, cognitio
rerumpérit', lib. I . càp. vj. Cette définition du mot
eft d’ aujant plus recevable, qu’elle eft plus approchante
de celle de la chofe : car les noms font des
dés móts qui préfentent à I’efprit des êtres déterminés
par l’idée précîfe de leur nature ; ce qui eft ef-
feéiivement donner la connoiflance des êtres. Voyez
‘Mot , art. 1.
On diftingue les noms, ou par rapport à la nature
même des objets qu’ils défignent, ou par rapport à
la manière dont refprit envifage cette nature .des
êtresi
!| Par rapport à la nature même des objets défl-
Bbi j