Plutarque dans la vie de Marcëllus; donne une
autre origine au mot ovatio ; il prétend que les Romains
l’ont tiré du latin ovis, parce q ue, dit i l , ceux
à qui Ton accordoit le petit triomphe, n’immo-
loient à Jupiter qu’une brebis ; tandis que ceux qui
avotent les honneurs du grand triomphe, facri-
fioient un taureau. Cette étymologie de Plutarque
eft la plus généralement approuvée.
Quoi qu’il en l'oit, Pofthumius Tubertus fut le
premier conful pour lequel on établit , vers l’an
31’5 de Rome, ce nouveau genre de triomphe qu’on
appella ovation • on le lui décerna pour la vidloire
qu’il remporta fur les Sabins. Le fénat voulut mettre
quelque diftin&ion entre lui 8c fon collègue, qui
eut les honneurs du grand triomphe , pour lui faire
fentir le mauvais (iiccès de fa première entreprife.
Dans la l'üïte, on n’accorda que l'ovation , à ceux
qui avoient remporté la viftoire fans grande perte
de la part des ennemis, fans terminer.la guerre , ou
qui n’a voient défait que des rebelles, des efclaves,
des pyrates, en un mot, des ennemis de peu de con-
féquence pour la république.
Enfin on décerna quelquefois Yovation à ceux'qui
n’étànt chargés d’aucune magi'ftrature, ni d’aucun
commandement en chef, rendoient à l ’état des fer-
vices importans. Nous trouvons , par exenjple ,
qu’un particulier obtint cet honneur l’an de Rome
800. Je parie d’Aulus Plautius qui, (ous les aufpices
de Claude, réduifit en province la partie méridionale
de la Grande-Bretagne. L’empereur liti fit dé-;
cerner le petit triomphe, vint au-devant de lui le
jour qu’il entra dans Rome , l’accompagna pendant
la cérémonie , & lui donna toujours la main. Il me
femble qu’on ne connoît point d'ovation poftérieure
à celle de Plautius. (D . J.)
OU -A YCOU , f. m. morceau d’étoffe de coton,
de 8 à 10 pouces de largeur, iur 4 a 5 de hauteur,
très-proprement travaillé, & brodé de petits grains
d’émail, de dents de poiffon, de morceaux de corail
, 8c de petits cocos noirs, & bordé d’une frange
brune.
Le ou-aycou fert aux femmes caraybeS pour couvrir
leurs parries naturelles, au moyen de deux petites
cordes de coron, attachées aux deux coins
d’en-haut de cette piece, & paftëes autour des reins
en forme de cein’ure : quelques-uns le nomment ca-
mifa; mais ce mot eft efpagnol.
OUAYNE l’ , (Géog.) petite riviere de France
dans le Puifaye. Elle a 1a lource à un bourg du même
nom , qui eft finie dans Péleâion de Gien ; 8c
elle tombe dans le Loin au N. E. de Montargis.
( » • / )
OUBLI, f. m. ([Gramm.) terme relatif à la mémoire.
Tomber dans Ÿoubli, c’eft palier de la mémoire
des hommes. Ce font les hommes de génie qui
envient les grandes aftions à Y oubli. Il y eut, dit Horace
, des héros avant le régné d’Agamemnon ;
mais leurs noms font tombés dans {'oubli ; une nuit
éternelle enfévelit leurs aétions ; on ignore leurs
travaux ; on ne les regrette point ; on ne donne point
de larmes à leurs malheurs, parce qu’il ne s’ell
point trouvé un homme inipire des dieux, qui les
ait chantés. Le poëre , au défaut d’un héros , peut
chanter les. dieux, la nature, 8c celle que fon coeur
adore, & s’immortalifer lui-même. Les autres hommes
aucontraire ne tiennent l’immortalité quede lui.
Comparaifon de la gloire qui s’acquiert par les lettres
, & de celle qui s’acquiert par tout autre moyen;
beau fujet de difeours académique, où l’on n’au-
roit pas de peine à faire entrer l’éloge du fondateur
de I’acàclémie, du R o i, du cardinal de Richelieu,
des gens de lettres , des académiciens, de tous les
hommes illuftres qui ont été honorés de ce titre ; où
l’homme lettré ne perdroit rien de fon importance,
pèfé dans la balance avec le grand politique , le
grand capitaine, le grand monarque ; & où il ne fe-
Iroit pas difficile de prouver qu’une belle ode eft
bien une chofe auffi rare , auffi grande , auffi pré-
cieufe, qu’une bataille gagnée.
OUBLIE , terme de PdtiJJîer, forte de pâte deliée
& légère , mêlée de fncre , d’oeufs , 8c quelquefois
de miel, qui lé cuit entre deux fers.
Il y a trois eipeces (l’oublies ; les grandes oublies,
qui font celles que les Pâtifliers ou leurs garçons
vont crier la-nuit dans Paris, à commencer le jour
de S. Michel ; elles s’appellent autrement oublies
plates. Les oublies de fupplications, ce font les gauf-
fres ; & les oublies qu’on nomme (S!étriers, ce font les
petits métiers.
Les Pâtifliers font qualifiés dans leurs ftatuts»
maîtres de l’art de pâtiflïer & ohblayeur ; & lont
obligés de faire chef-d’oeuvre tfoublayerie auffi bien
que de pâtifferie. Oh appelle une main d'oublies,
cinq oublies ; c’eft ordinairement à la main que fe
jouent les oublies. On joue quelquefois tout le coffin
ou corbilion. Savary. ( D . J.)
Oublie , ( Jurijprud.) droit d'oublie , redevance
feigneuriale qui conliftoit autrefois en une certaine
; quantité de painsronds&plats.Ondonna auffi le nom
(l'oublie <1 toute redevance en général, loit en grain,
volaille , ou autre chofe. Voye^ ci-devant O b l iag e .
( ^ ) | H ü I I
OUBLIER , v . a â . (Grammi) perdre la mémoire;
on oublie une langue qu’on a apprifè; on oublie quelquefois
fes amis dans l’abfence ou dans le befoin ;
on oublie une injure ; on n'oublie rien pour pallier
fes torts ; on oublie de faire une vifite utile ; on oublie
le refpeft qu’on doit à un magiftrat ; on s'oublie
quand on perd de vue ce qu’on eft; l’homme s’o«-
blie dans le plaifir ; il y .a des occafions où il ne faut
pas s'oublier, &c. D ’où l’on voit combien de formes
diverfe^ le befoin fait prendre à ces expreffions, 8c
combien la langue eft pauvre, comparée à la nature
& à l’entendement.
OUBLIETTE, f. f. (Hift. mod.) lieu ou cachot
dans certaines priions de France , où l’on renfer-
moit autrefois ceux qui étoient condamnés à une
prifon perpétuelle. On l’appelloit ainfi , parce que
ceux qui y étoient renfermés , étant retranchés de
la fociété , en étoient ou dévoient être entièrement
oubliés. Bonfons dans fes antiquités de Paris ,
parlant d’Hugues Aubriot, prévôt de cette v ille ,
qui fut condamné à cette peine, dit » qu’il fut prê-
» ché 8c mîtré publiquement au parvis Notre-Da-
» me , 8c qu’après ceîa * il fut condamné à être en
» P oubliette, au pain 8c à l’eau ».
OUCHE l’ , ( Géog.) en latin moderne Uticenfis
pagus ; pays de France dans la haute Normandie ,
au diocèfe d’Evreux. Il comprend les territoires de
Conches , de Breteuil 8c de l’Aigle , 8t s’étend juf-
qu’à la forêt à'Ouche. Le territoire produit des
grains, du bois à brûler, 8c quelques mines de fer.
(£ > .ƒ .)
Q u e HE l’ , {Géog.") en latin Ofcarus ; riviere
de France en Bourgogne. Elle traverfe le Dijon-
nois , paffe à Dijon, 8c fe jette dans la Saône.
Eile a autrefois donné le nom de pagus Ofcarenfis
au pays où elle coule. (D . J.)
O U D , f. m. terme de Calendrier, nom d’un des
douze mois, d’un des douze fignes, d’une des douze
années du cycle duodénaire, chez les Turcs orientaux,
8c chez quelques peuples Tartares. ( D . J .)
OU D AN , f. m. terme de Calendrier, onzième mois
de l’année des Arméniens de Guelfa, fauxbourg
d’Ifpahan ; leur année commençant au mois d’Ofto-
bre, l'oudan répond à-peu-près à notre mois d’Août.
O U D A ZO U ,( Géog.') ville du Japon, dont nous
O V E
avons parlé fous le nom que Kcmpfer lui donne/
8c qui eft Od ow ara. ( D . J. )
OUDENARDE, ( Géog. ) forte ville des Bays-
Bas, dans la Flandre autrichienne, capitale de la
châtellenie du même nom ; Louis XIV. la prit en
1667, & la rendit au roi d’Efpagne Charles II.. par
la paix de Nimegue. Le maréchal d’Humieres la
bombarda en 1684. Les François y furent battus
par les alliés en 1708. Elle eft fur l’Éfcaut, dans une
vallé e, à 5 lieuesS» de Gand, 6 N. E. de Tournai,
1 2 N. O. de Mons, 11 O. de Bruxelles. Long. 21. 16,
lut. ào. 4$, '
Quoi que difent les auteurs flamands de l’antiquité
d'Oudenarde, il paroit qu’elle ne doit fon origine
qu’aux comtes de Flandres. Elle s’eft diftinguée
dans le dernier fiecle par fa manufacture de tapiffe-
rie d’haute-iiffe.
Cette ville eft la patrie de Drujîus ( J e an ) , un
des favans théologiens du xvj. fiecle,- 8c d’ailleurs
très-verfé dans les langues orientales. Son recueil
des fragmens des Hexaples ; fes notes critiques fur
l’Ecriture, 8c d’autres ouvrages de fa plume, lui
ont fait une grande réputation. II mourut en 1616,
âgé de 66 ans. (D . J .)
OUDENBORG,w(G^. ) petite ville des Pays-
Bas , dans la Flandre teûtone, à 1 lieued’Oftende, 8c
à 2 de Bruges. Long. 20. gS. lat. 5 i . 8.
O U D V A T E R , (Géog.) petite ville des Pays-
Bas, dans la province de Hollande, fur l’Y ffe l, entre
Gouda 8c Montfort, aux confins de la feigneurie
d’Utrecht. Long. 22. 12. lat. Sz. 2.
Cette petite ville a acquis plus de célébrité pour
avoir donné lanaiffance à Arminius (Jacques), què
par aucune autre particularité qui la concerne. Il y
vit le jour l’an 15 60 ,8c devint profefl'eur en théologie
à Leiden l’an 1603. Ses écrits théologiques ont
fait bien du bruit dans les fept Provinces - Unies,
non-feulement il y condamne le fupralapfaire Beze,
mais de plus il établit qu’il ne faut reconnoître
d’autre élection que celle qui a pour fondementl’o-
béiffance des pécheurs .à la vocation de Dieu par
Jefus-Chrift. 11 fe fit un grand nombre de partifans
qui furent condamnés par le fynode national ; mais
leur condamnation n’a fervi qu’à étendre leur fefte,
qui a finalement triomphé de les adverfaires enfeve-
lis. Arminiüs eft mort en 1609 , avec tous les fenti-
mens d’un homme dont la piété étoit véritablement
éclairée. ( D . J .)
O U D O N , l’, ( Géog.) en latin Oldo ou O do,
nom de deux petites rivières de France, en Normandie,
dont l’une coule dans le diocèfe de Bayeux,
8c l’autre fépare les diocèfes de Lizieux 8c de Séez:
toutes les deux fe jettent dans l’Orne.
OUDRE ; ori a donné ce nom au dauphin 8c à
l’épaulard. Voye{ D auphin & É pau lard .
O V Ë, f. m. ( Architecl. civile.) c’eft une moulure
ronde,dont le profil eft ordinairement un quart de
cercle: Vitruve l’appelle écA/«e, 8c lui donne une
convexité plus petite que celle d’un demi-cercle. Sa
hauteur eft de 3 à 6 minutes d’un module, 8c fa faillie
y de la hauteur. On met les.om dans lès moulures
des corniches pour y fervir d’ornement ; 8c dans
le chapiteau d’une colonne on place l'ove fous l’abaque.
Voye? Igs édifices antiques de Rome par Defeo-
dets, (D . J .)
OVES, f. m. pl. ( Architecl. ),ornemens qui ont la
forme d’un oeuf renfermé dans une toque imitée de
celle d’une châtaigne, & qui fe taillent dans l’ove,
v oyei O v e .
V". 1 ^ " ar quelques remues de îcuipture : c
en fait en forme de. coeur; auffi les anciens y me
toient-ils des dards pour fymbolifer avec i’Amou
O V E 701
OVERFLACKÉË, (Géog. ) petite île des Pays-
Bas, dans la partie méridionale de la Hollande, au-
deffus de l’île de Gorée.
OVER-1SSEL, l’, ( Géogr. ) en latin Tranjidalana
provincia, l’une des fept Provinces-Unies, au - delà
de l’Iffel , bornée N. par la Frife & le terrein deGro-
ningue, O. par Eiffel, S. par le comté de Zutphen,
E. par l’évêché de Munfter : on la divife en trois
parties principales, qui font le pays de Drente, de
Twente, 8c le Sallant.
Il eft remarquable que dans la province d’Over-
Ifiel tous les gentilshommes qui y poffedent des terres
feigneuriales de la qualité requife, font partie
des états de cette province. Lorfque la république
paye cent mille florins, la cotte-part de la province
de Hollande eft 58309 florins 1 fol 12 deniers, 8c
celle de YOver-Ijjel eft 3 571 florins 8 fols 4 deniers.
OVERLANDERS , f. m. pl. terme de Marinier.
Les overlanders font des petits bâtimens qui navigent
fur le Rhin 8c fur la Meufe, & qui chargent ordinairement
de la terre 8c du fable pour faire des ouvrages
de poterie & de verre. ( D\ J. )
5 OUESSANT, (Géog. mod.) île de France dans
l’Océan , fur les côtes de Bretagne , à l’oppofite du
conquet. Elle a trois lieues détour, 8c renfermeplu-
fieurs hameaux 8c un château. Elle eft entourée par
quelques autres îles moins grandes, qu’on appelle
les îles d'Ouefiant. Long. 12. 28. lat. 48.3 o.
H E âge d’o r , cette chimere ingénieufe plus propre
à exciter nos regrets que nos efpérances , que l’imagination
chérit 8c dont le fentiment de la mifere humaine
s’irrite ; cecontrafte de l’âge véritable qui déchire
l’ame • après avoir amufé l’efprit ; ce conte
philofophique enfin échappé à la bienfaifance 8c à la
vertu dans l’ardeur de fes fouhaits .pour la félicité
des hommes ; l’âge d’or s’eft prefque réalifé dans ce
petit coin de la terre. La loi de tous les coeurs, la lot
naturelle d’un côté 8c la loi dés coeurs choifis, le
chriftianifme de l’autre forment les liens d’une harmonie
éternelle entre fes habitans, 8c djffipent fans
aigreur 8c fans bruit par la voix de l’âge ces petits
nuages irréparables du tien & du mien. La probité y
eft une ncheffe commune, mais finéceffaire que celui
qui ne la poflede pas eft proferit fans retour par
un arrêt general. La chafteté n’eft pas l’unique d o t ,
mais 1 éffentiel de la dot des filles dans ce canton
ignore. Celle qui fe feroitmife hors d’état de la porter
à fon epoux, feroit bannie avec la même févérité
que le voleur; car ces hommes (impies, c’eft-à-dire,
Cages , penfent que la perte de la chafteté eft un vol
fait à la fociété conjugale. Quand les Philofophes
ont voulu faire un peuple d’hommes vertueux , ils
ont étalé des fpéculations pompeufes , édifices ma-
jeftueux élevés par le génie, mais rofeaux fragiles
qui n’ont pû foutenir les tempêtes des grandes focié-
tés. La fimplicité de la nature eft un cercle étroit qui
ne convient qu’à un petit nombre d’hommes quis’im-
pofent .à tous la pratique de la vertu , parce qu’ils
font fans ceffe obferves par tous ; ils y goûtent un
bonheur que les colifichets philosophiques de Platon
8c de l’Utopie ne procurent point. Le peuple obfcur
8c conféquemment heureux dont je parle , a d'ans
fon fein , depuis le commencement de cette guerre,
des défenfèurs qui pourroient bien lui faire acheter
leur proteftion ; les troupes . . . . . je tremble pour
lui quand je fonge que la licence militaire eft le tombeau
dés moeurs.
OUEST, f. m. en termes de Cofmographie, eft un
des points cardinaux de Ehorifon, 8c celui qui eft
diamétralement oppofé à l’eft. Voye{ Points cardinaux
, Es t , & c.
L'ouefi , à proprement parler , eft Einterfeâion
du premier vertical & de Ehorifon, du côté où le fp-
leilfe couche. / ^ « { C o u ch an t .