blement, & long-tems avant Strabon qui vivoit fôüs
Tibere, le Paclolt avoit perdu cette propriété.
Si l’on demande de quelle nature étoit cet o r ,
nous répondrons avec l’auteur du traité fur les fleuves
, & le fcholiafte de Licophron, que c’étoit des {•àillettes mêlées le plus fouvent avec un fable bril-to
ant, & quelquefois attachées à des pierres que les
courans d’eau enlevoient de la mine. Au rapport de
quelques anciens, de Varron entre autres, & de
Dion Chryfoftôme, la quantité de ces paillettes
étoit comparable à celui qu’on retire des mines les
plus abondantes. Le Paclolt, à les entendre, fut la
principale fouree des richeffes de Créfus ; il en tira
la matière de ces briques d’or d'un li grand prix,
dont il enrichit le temple d’Apollon ; mais gardons^
nous de prendre au pie de la lettre ces témoignages
des deux écrivains, qui n’ont confulté qu’une tradition
Vague des plus exagérées par les Grecs.
Ils apprirent avec admiration qu’un métal que la
nature leur avoit refufé, couloit ailleurs dans les
fables d’une riviere: fingularité frappante, fur-tout
pour des hommes épris au merveilleux. De-là vint
la gloire du Paclolt. Long-tems après la découverte
des mines de la Thrace, le pliage du temple de Delphes
, & fur-tout les conquêtes d’Alexandre, rendirent
l’or plus commun dans la Grece ; mais la réputation
du P allô lt étoit faite, elle fubfifta fans s’affoi-
b lir , & dure encore, du-moins parmi nos Poètes,
dont le langage eft l’afyle de bien des faits profcrits
ailleurs.
Rabattons donc infiniment du récit des anciens,
pour avoir une jufte idée des richeffes du Paclolt,
qui toutefois étoient confidérables. Si cétte riviere
n’avoit que détaché par hafard quelques parcelles
d’or des mines qu’elle traverfoit, elle n’auroit pas
mérité l’attention de Créfus & de fes ayeux, moins
encore celle des rois de Perfé fucceffeurs de Créfus.
Les fouverains s’attachent rarement à des entreprifès
dont la dépenfe excede le profit. Le foin avec lequel
les rois de Lydie ramaffoient l’or du Paclolt, fuffit
pour montrer que la quantité en valoit la peine.
Le peti de profondeur du P allait, & la tranquii-?,
lité de fon cours, facilitoient le travail néeeffaire
pour en retirer les parcelles de ce métal précieux ;
ce que lès ouvriers laiffoient échapper alloit fe perdre
dans l’Hermus, que les anciens mirent par cette
raifon au nombre des fleuves qui roulent l’o r ,
cçmme on y met parmi nous la Garonne, quoiqu’*
elle ne doive ce foible avantage qu’à l’Ariège, Au-
rigsra, qui- lui porte de tems-en-tems quelques pail-
fettes d’or avec fes eaux^
Au refie, celui du Paclolt etoit au meilleur titre,
car l’auteur du traité des fleuves lui donne le nom
d’or dariqut, monnoie des Pertes qui étoit à 23 ka-
rats, d’où il réfulteroit que l’or du Paclolt, avant
que d’être mis en oeuvre-, n’avoit qu’une 24. partie
de matière hétérogène.
Ajoutons à la gloire du Paclolt, que l’on trouvoit
dans fes eaux argentines une efpeee de cryltal ; que
les cygnes s’y plaifoient autant que dans celles du
Cayure & du Méandre ; & que fes bords étoient
émaillés des plus belles, fleurs. Si l’on étoit affuré
que la pourpre, fi connue dans l’antiquité fous le
nom de pourpre fardique, fe teignît à Sardes &C non Ïias en Sardaigne , on pourroit dire encore à la
ouange des eaux du Paclolt, qu’elles coritribuoient
à la perfeâion de ces. fameufes teintures. Enfin l’on
fait que les habitans de Sardes avoient fous Septime-
Sévere établi des jeux publics, dont le prix paroit
tout-enfemble faire allufion aux fleuves qui embel-
liffoipnt lès rives du Paclolt, & à l’or qu’il avoit
autrefois roulé dans fon lit: ce prix étoit une couronne
de fleurs d’or.
Tout a changé de face; à peine le Paclolt e fl- il
corihit de hös jours : Smith, Spon Whéelér, &
d’autres voyageurs modernes n’en parlent que comme
d’une petite, riviere, qtii n’offre rien aujourd’ hui
de particulier, & peut-être nous ferions nous borné
à le direféehement, fans les recherches de M. l’abbé
Barthélemi, dont nous avons eu le plaifir de profiter.
(Z>. J. )
PACTOLIDES ,„( Mytkol. ) rtymphës qui habi-
toient les bords du Paélôle. V o y t^ Pa ctole.
PA CTŸA j ( Géog. anc. ) ville de Thrace. Ptolo-
mée, liv. I. ch. xj. la met dans la Propontide, & So-
phian l’appelle Panido. Ce fut depuis la ville de Car-
die jufqu’à celle de Paclye, que Miltiade voulant,
mettre à couvert des invaiions ordinaires le Cher-
fonnefe où il s’étoit établi avec titre de fouverain j
fit bâtir une muraille qui fut-en divers tems tantôt
abattue , tantôt relevée, & enfin rétablie par Der-
cyllide, général lacédémonien, que ceux du pays
avoiënt fait venir d’Afie. (D . J.)
P A C Y , {Géog. mod.) v ille de France en Normandie
, fur l’E u r e à 3 lieues de Yernon. Long. ig. J i
la t .iQ .i.
P AD AN, f. m. ( monnoie du Mogol. ) un padan de
roupies vaut cent mille courons de roupies, & un
couron cent mille lacks , un mille vaut cent mille
padans.
PADANG, ( Gtogi mod. ) ville des Indes dans
Pile de Sumatra , fur la côte occidentale, au midi de
Priaman. Elle eft fur une riviere. Long. 113. 40. lau
P ADELIN, ( Vtrrerit. ) c’eft le grand p o t , ou le
creufet où l’on met la matière à vitrifier.
PADERBORN, {Gtog. mod;")ancienne ville d’Allemagne
en Weftphalie, capitale d’un petit état fou-**'
, prince de l’empire qui réfide ordinairement à
verain poffédé par fon évêque fuffragant de Mayence
Neuhaus. Padtrborri eft nif un ruiffeau nommé P rider
, à 16 lieues N. O.,de Cafte!., 17 E. de M un fier, ■
1 s S. O. de Minden, 154 N. O. de Vienne. Long. 26'.'
zS[.lat.Si,4<o{. f
. L’évêché de Padetborn a été fondé par Charlemagne
, & l’empereur Henri II. en a augmenté le tem-' >
porel. Il eft aflez fertile quoique ce foit un pays de
montagnes. On y trouve des mines de f e r , &C l’on
compte plufieiirs villes dans fon diftriâ.-
Ferdinand de Furftemberg,évêque de Munfter 8c
de Paderborn, a donné les antiquités de cette ville en
1672 , fous le titre de Monunitnta paderborntnßa.
Les allemands curieux peuvent confulter cet ouvrage
, qui intéreffe peu les étrangers.
Thierri de Niem, natif de Paderborn, dans le xivw
fiecle, devint fous-feerétaire dupape Urbin VI.- Se
mourut vers l’an 1417. On a de lui i° . une hiftoire
du fchifme , qui eft allez médiocre ; 20. un journal
du concile de Confiance , qui eft aflez partial ; 30.
un traité des droits des empereurs aux inveftitures
des évêques. Le ftyle de cet auteur eft dur Scdef-'
agréable ; mais on trouve plus de fidélité dans fa narration,
qu’on ne l’attendroit d’un écrivain qui s’étoit
attaché à la cour de Rome. ( Dt J. )
PADINATES, (Géog. anc.') peuples d’Italie ,- fe-4
Ion Pline. Cluvier &t le P. Hardouin ont penfé qu’ils
demeuraient vers l’embouchure du Panaro dans le
P ô , dans l’endroit où eft aujourd’hui le bourg de Bo-
deno.,
PADISCHAH, f. m. ( Hiß. mod. ) en langue turque
veut dire empereur ou grand roi. C ’eft le titre
que le grand feigneur donne au roi de France feul,
à l’excUifion de tous les autres princes de l’Europe ,
& même de l’empereur d’Allemagne. Laraii’on-qu'on
en apporte, c’eft qu’il regarde le roi de France com*
me fon parent, & le nomme en conféquencepadifi
chah, titre qu’il prend, lui-même dans les adles qu’il
fouferit. Les Turcs fondent cette parenté fur ce,
qu’une
qu’une princefle dit fang de France^qui alloit à Jefit-
falem, fut prife par des corfaires, préfentée à Soliman
, devint fultane favorite , & obtint du fültan
qu’il qualifieroit le roi de padijehah, & donneroit à
fes ambafladeurs le pas fur tous les miniftres étran-
Sers* I WK Ê
. Le prince Demétrius Cantimir qui rapporte cette
hiftoire, ne balancé pas à la traiter de fable ; & en
effet il ne s’en trouve aucune trace ni dans le s hifto-
riens , ni dans les généalogiftes. Vican obferve que
ce titre, qu’il écrit podtshair, fut obtenu par furprifé
par les François ; mais il s’eft fonde fur la tradition
populaire dont nous venons de parler. Il fuffitde pen-
fer que le grand feigneur accorde ce titre au roi eh
confidération de fa puiffanee , du rang qu’il tient
dans le monde, & de la bonne intelligence qui regne
entre la cour de France & la porte Ottomane.
PADQEl, ( Géog. anc.) peuples de l’Inde , félon
Hérodote, liv. I l/ , ch. Ixix. qui dit qu’ils fe nourrif-
foient de chair crue. Tibivlle fait aufli mention de
ces peuples, liv. IV. éltg. I. v. 14&
Ultima vicinus Pkcebo tenet arva Padoeus.
PADOLIM, ( Hiß. nat. Botan. ) plante dès Indes
orientales , qui produit une fleur blanche , ainfi
qu’un fruit aflez agréable qui refîemble à un concombre.
PAD OU , f. m. ( Rubanier. ) efpeee de ruban fait
de foie & de fleuret, qui fert à border des jupes, robes
& autres habillemens de femmes. Les Tailleurs
en emploient aufli dans plufieiirs ouvrages de leur
métier.
Il y a des padous de toute forte de couleurs, &
même de plufieurs largeurs, qui font diftingués par
des numéros 2. 3. & 5*
Le n°. 2 a 9 lignes de largeur.-'
Le n°. 3 eft large de 15 lignes.
Le n°. 5 eft d’un pöuee & demi.
Le dernier numéro qui n’eft défigné par aucun
chifre , a au moins trois pouces.& demi de largeur :
c’eft: le plus large de tous les padous. Les padous contiennent
ordinairement 24 aunes la piece.
PADOUE , ( Géog. mod. ) ancienne & célébré
ville d’Italie, capitale du Padouan , qui eft: unë contrée
de l’état de V enife, avec une univerfité fondée
par Charlemagne , & un évêché fuffragant d’A-
quilee.
Padout fe nomme en latin Patavium, & en italien
Padoua. Les Romains lui accordèrent le droit de
bourgeoifie , & le pouvoir de choifir fes fénateurs.
Elle fut ruinée par Attila. Narcès l’ayant rétablie ,
les Lombards la détruifirent. Cependant elle jouif-
foit de fa liberté du tems de Charlemagne &c de fes
fucceffeurs ; mais la république de Venife s’empara
de Padout & du Padouan au commencement duxv.
fiecle , & depuis ce tems-là les Vénitiens en font
reftés les maîtres.
Quoique Padout fe trouve da,ns le terroir le plus
fertile de l’Italie, elle eft trifte, fale, mal peuplée,
mal bâtie , mal pavée. Elle eft für les rivières de la
Brenta & de Bachiglione , à 8 lieues S. E. de Vi-
cence , 86 S. O. de Venife , 90 N. de Rome. Long.
fuivant Caflîni, 2c>. 3 G. lat. 46. 28.
Cette ville toute pauvre qu’elle e ft , a produit de
tout tems des gens de lettres illuftres. Thomafini
vous en inftruira dans fon Parnafle padouan. Il a lui-
même donné deux ouvrages latins eftimés, l’un fur
l’hofpitalité, & l’autre fur les tableaux votifs.
Il auroit bien fait de ne pas oublier dans fon recueil
Sperone, Speroni, poëte de Padout, mort en 1688
à l’âge de 84. ans. Il mit au jour une tragédie intitulée
Canacét, qui peut paffer pour une des meilleures
pièces dramatiques écrites en italien. Cependant
l’aûion de cette tragédie révolta les beaux efprits
Tome X I .
d Italie, parce que Canacée y commet tin inceftè
avec fon frere ; mais on a été obligé de condamner
la delicateffe italienne, quand on a lu la défenfe
que l’auteur écrivit pour juftifier le choix de fort
fujet ; car la deftinée de Canacée eft femblablë à
celle de PHedre.
L’artiele de Pignorius ( Laurent ) méntoit, dans
le parnafle de Thomafini quelques détails choifis ,
parce qu il fe diftingua , comme antiquaire , dans le
xvij. fiecle. Il mourut de làpefle en 1631 à l’â^edô
60 ans. Oh a de lui un traité complet^fervis, eorum*
que apudveteres mlnijlerils.
Enfin pourquoi Thomafini obmet-il dans fa lifte la
fameufe Andreini ( Ifabelle ) , née à Padout fur la fin
du xv j. fiecle ? Ce fut une des plus belles, des
plus fpiritiielles & des meilleures comédiennes
qu’ait eu l’Italie. Elle parloit bien le françois &
l’efpagnol, chantoit à ravir , & jouoit admirablement
des inftrumens. Pour compléter fon éloge ,
elle s illuftra par de charmantes poéfies imprimées
plufieurs fois à Milan & à Venife, & les académiciens
de Pavie fe firent un honneur d’agréger cette
illuftre virtuofa à leur corps. Comme belle & excellente
aélricè, elle charmoit fur le théâtre & les yeux
& les oreilies en même. tems. La France vouloit fe la
procurer, lorfqu’elle mourut d’une fauffe couche à
Lyon en 1604. > dans la qüarante-deuxiemë année
de fon âge. Tout le Parnafle en fut en pleurs.
t Maj s Padout tirera toujours fa plus grande gloire
d avoir ete la patrie d’Afconius Pedianus & de Tite-
Live.
Afeonius. Pedianus. le jeitne , excellent grammairien
, vivoit fous l’empire d’Augufte, & fîit ami particulier
de Virgile & de Tite-Live fon compatriote.
C’eft à lui que l’on attribue fur divertes harangues
de Cicéron, plufieurs remarques qu’il avoit écrites
pour, fes enfans , &c qui lui acquirent beaucoup
d’eftime. Nous avons, perdu une partie de cet ouvrage.
Servius expliquant dans la troifieme églogue ces
vers:
Die qulbus in terris, & tris mihi magnus Apollo ;
1res pateat cctli Jpatium non nmplius. ulnas.
Afeonius Pedianus, ajoute-t-il, afliire avoir ouï dire
à Virgile même, que ces paroles donneraient la torture
à tous les grammairiens.
Pline cite Afeonius entre les auteurs dont il s’étoit
fervi pour compofer le huitième livre de fon
hiftoire naturelle. La famille Afcania étoit illuftre à
Padout, & fut furnommée Pediana. Elle avoit produit
des hommes de mérite , entr’autres Afeonius
Gabinus Modeftus , qui fut proconful, & qui eut
l’adminiftration des finances.
Tite-Live naquit à iWowel’andeRome685 , &
mourut l’an 770 de la fondation de cette ville. Gro-
novius a donné une excellente édition de fes oeuvres,
Amfl. 1693, trois vol. in-8°. & M. Crevier
Paris ,1 7 3 3 , in~4°. Je me propofe de parler ailleurs
du mérite de cet excellent hiftorien. Cependant Afi-
nius Pollion prétendoit que le ftyle de Tite-Live fe
refîentoit de fon pays, & qu’on voyoit bien qu’il
étoit né à Padout. Si ce jugement n’eft point une in-
juftice de la part de ce fameux romain, il faut avouer
que nos plus fins critiques modernes feraient fort
embarraflés de découvrir cette patavinité du ftyle de
Tite-Live, & qu’ils font bien éloignés de fe connoî-
tre en langue latine.
« Mais que de chofes ne pourrois-je pas dire fur
» le mérite particulier de cet illuftre auteur ! N’a-
» vez-vous jamais lu qu’un citoyen de Cadix, char-
» mé de la réputation & de la gloire de ce grand
» homme, vint des extrémités du monde pour le
» voir, le v i t , & s’en retourna. Il faut être fans
» goût, fans littérature, fans émulation , peu s’en
B B b b b