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 que  c’ eft  une vérité qui  n’a  jamais  été  totalement  
 obfcurcie,  les  premiers  mortels  qui  le  repréfente-  
 renr,  ne manquèrent  point auffi  de  penfer qu’il  ne  
 falloir qu’un fouverain dans le monde; le dogme de  
 l’unité  de  Dieu  a  donc  auffi donné  lieu  au  dogme  
 defpotique de  l’unité de  puiflance,  c’eft-à-dire,  au  
 titre de monarque univerfel,  que  tous les defpotes  
 fe font arrogé,  &  qu’ils  ont prefque  toujours  cherché  
 à réalifer en étendant les bornes de leur empire,  
 en  détruifant  autour  d’eux  ce  qu’ils  ne  pou voien t  
 pofféder ,  &  en méprifant ce que  la foibkffe de leur  
 bras  ne  pouvoit  atteindre  fous  ce  point  de  vue ;  
 leurs  vattes  conquêtes  ont  été  prefque  toutes  des  
 guerres  de  religion,  &   leur intolérance  politique  
 n’a été  dans fon principe  qu’une  intolérance  religieuse. 
 Si  nous portons  nos yeux fur quelques-uns de ces  
 états  orientaux qui ont eu pour  particulière, origine  
 la  fécularifation  des  grands  prêtres  des  anciennes  
 théocraties qui en quelques lieux 1e font rendus fou*  
 verains  héréditaires,  nous  y   verrons  ces ^images  
 théocratiques  affefter  jufqu’à  l’éternité  même  du  
 dieu  monarque  dont  ils ont  envahi  le trône*  C eft  
 un  dogme  reçu  en  certains  lieux  de  l’Afie,  que le  
 grand lama des Tartares, & que te kutucha  des Cal-  
 moues , ne meurent jamais, &  qu’ils font immuables  
 &  éternels,  comme  l’Etre fuprème  dont ils font  tes  
 organes.  Ce dogme  qui  fe  foutient  dans  l’Afie  par  
 l’impofture  depuis  une infinité  de  fiecles  ,  eft aufli  
 reçu  dans  l’Abiflinie;  mais  il y   eft  fpiritueltement  
 plus mitigé, parce qu’on y  a élude  1 ablurdité par  la  
 cruauté ;  on  y   empêche  1e  chiiomé  ou  prêtre univerfel  
 , de mourir naturellement ;  s’il eft malade on  
 l’étouffe ;  s’il  eft  vieux  on l’affomme  ;  & en  cela il  
 eft  traité  comme  l’apis  de l’ancienne Memphis que  
 l’on  noyoit  dévotement  dans  1e Nil  lorlqu il  etoit  
 caduc,  de  peur fans  doute que  par une mort  naturelle  
 ,  il  ne  choquât  l’éternité  du  dieu  monarque  
 qu’il repréfentoit.  Ces abominables ufages'nous dévoilent  
 quelle  eft l’antiquité  de  leur origine  :  contraires  
 au bien  être des louverains,  ils ne font donc  
 point  de  leur invention.  Si  tes  defpotes  ont  hérité  
 des  fuprèmes  avantages  de  la  théocratie ,  ils  ont  
 aufîi été tes efclaves &   les  viûimes des ridicules  6c  
 cruels  préjugés  dont  elle  avoit  rempli  l’efprit  des  
 nations.  Au royaume  de Saba ,  dit Diodore,  on la-  
 pidoit  tes princes qui fe montroient  6c qui  fortoient  
 de leurs palais  ;  c’eft  qu’ils  manquoient à  l’étiquete  
 de  l’invifibilité,  nouvelle  preuve  de  ce  que  nous  
 venons  de  dire. 
 Mais quel contrafte allons-nous préfenter ? ce font  
 tous  tes  defpotes  commandans  à  la nature même ;  
 là ils  font  fouetter  les  mers  indociles,  &  renver-  
 fent tes montagnes qui s’oppofent  à  leur paffage.  Ici  
 ils  fe difent tes maîtres  de toutes  les terres,  de  toutes  
 tes mers,  6c de tous tes fleuves,  6c  fe  regardent  
 comme tes dieux fouverains de tous les dieux de l ’univers. 
   Tous  tes  Hiftoriens  moraliftes  qui  ont  remarqué  
 ces traits  de  l’ancien  defpotifme,  n’ont  vu  
 dans  ces  extravagances que  tes  folies  particulières  
 de quelques princes infenfés; mais pour nous, nous  
 n’y  devons voir qu’une  conduite  autorifée &   reçue  
 dans 1e  pian  des  anciens  gouvernemens.  Ces folies  
 n’ont  rien  eu  de  perfonnel,  mais  elles  ont  été  
 l’ouvrage  de  ce vice univerfel  qui avoit  infe&é  la  
 police de toutes tes nations. 
 L’Amérique  qui n’a pas moins confervé  que  l’Afie  
 une  multitude de ces erreurs théocratiques, nous  
 en préfente  ici  une  des  plus  remarquables  dans  1e  
 ferment que les  fouverains  du Méÿique  faifoient  à  
 leur couronnement, &  dans l’engagement qu’ils con-  
 tra&oient  lorfqu’ils montoient  fur  1e  trône.  Ils  ju-  
 roient &  promettoient  que pendant la durée de leur  
 régné,  les  pluies  tomberoient  à  propos  dans  leur 
 ( ICO 
 empire ;  que les fleuves  ni les  rivières ne  fe  ciébor-  
 deroient point ;  que les campagnes  feroient fertiles ,  
 &  que leurs  fujets  ne  recevroient  du  ciel  ni  d u 'fo -,  
 leil aucune maligne influence.  Quel  a donc  été l’énorme  
 fardeau dont  l’homme fe trouva chargé auffi-  
 tôt  qu’à la place des fymboles brutes  & inanimés de  
 la première  théocratie,   on en eût fait l’image de  la  
 Divinité?  Il fallut donc qu’il fût le garant de toutes  
 les  calamités  naturelles  qu’il  ne  pouvoit  produire  
 ni empêcher, &  la fource des biens qu’il ne pouvoit  
 donner  :  par-là les fouverains fe  virent  confondus  
 avec ces vaines idoles  qui avoient encore eu moins  
 de pouvoir qu’eu x , 6c les nations imbécilles les obligèrent  
 de même à  fe comporter  en dieux, lorfqu’el-  
 les  n’auroient  dû en les mettant à  la tête des focié-  
 té s ,  qu’exiger qu’ils  fe  comportaflent  toujours  en  
 hommes, &  qu’ils n’oubliaffent jamais  qu’ils étoient  
 par  leur nature  6c par leurs foibleffes  égaux  à  tous  
 ceux qui fe  foumettoient  à  eux fous  l’abri  commun  
 de  l’humanité,  de  la raifon &   des  lois* 
 Parce que ces anciens penples  ont trop  demandé  
 à  leurs fouverains, ils n’en  ont  rien  obtenu  :  le defpotifme  
 eft devenu une  autorité  fans borne ,  parce  
 qu’on  a exigé  des chofes fans  bornes ;  6c l’impoffi-  
 biliré où il a été de  faire tes biens extrêmes qu’on lui  
 demandoit,   n’a pu lui  laifler d’autre moyen de ma-  
 nifefter fon énorme puiflance, que celui défaire des  
 extravagances &'des maux extrêmes.  Tout  ceci ne  
 prouve-t-il pas encore que 1e defpotifme n’eft qu’une  
 idolâtrie aulfi ltupide devant  l’homme  raifonnable ,  
 que criminelle  devant l’homme  religieux.  L’Amérique  
 pouvoit tenir cet ufage  de l ’Afrique  où tous  tes  
 defpotes font encore des dieux de plein exercice, ou  
 des royaumes de  Totoca ,  d’Agag,  de Monomota-  
 pa, de Loango, &c. C ’eft à  leurs  fouverains que tes  
 peuples  ont recours pour  obtenir de  la  pluie  ou  de  
 la féchereffe ;  c’ett eux que  l’on  prie  pour  éloigner  
 la pelle,  pour guérir  tes maladies,  pour faire ceffer  
 la  ftérilité  ou  la  famine  ;  on  tes invoque  contre  te  
 tonnerre 6c tes orages, 6c dans toutes tes circonftan-  
 ces  enfin où l’on  a  befoin  d’un fecours furnaturel.  
 L’Afie moderne  n’accorde  pas moins  de pouvoir  à  
 quelques  uns  de* fes  fouverains ;  plufieurs  prétendent  
 encore rendre la fanté aux malades ;  tes rois de  
 Siam  commandent aux éiémens &   aux  génies mal-  
 faifans;  ils leur  défendent de  gâter’lesbiens  dé  la  
 terre;  6c  comme  quelques  anciens  rois  d’Egypte,  
 ils ordonnent aux rivières débordées de rentrer dans  
 leurs  lits, &  de ceffer leurs ravages. 
 Nous pouvons mettre aufli au rang des privilèges  
 infenfés de  la  théocratie  primitive,  l’abus que  les  
 fouverains  orientaux ont toûjours  fait  de cette  foi-  
 ble moitié  du  genre  humain  qu’ils  enferment  dans  
 leurs férails,  moins pour fervir à des plaifirs que la  
 polygamie  de leur pays femble leur permettre,  que  
 comme une  étiquete d’une puiflance plus qu’humaine, 
  6c d’une grandeur furnatitrelle en tout. En fe rappelant  
 ce que nous avons dit  ci-devant  des femmes  
 que  l’incontinente  théocratie  avoit  donné  au dieu  
 monarque,&  des devoirs honteux auxquels elle avoit  
 affervi la virginité ;  on ne  doutera pas que  tes fym-  
 boles des dieux  n’ayent  aufli hérité  de  ce  tribut infâme  
 , puifque dans  tes Indes on y  marie encore fo-  
 lemnellement  des idoles de pierre, 6c que dans l’ancienne  
 Lybie,  au liv. L. au rapport  d’Hérodote, les  
 peres qui marioient leurs  filles étoient obligés de tes  
 amener au prince la première nuit de leur noce pour  
 lui  offrir  1e droit du  feigneur.  Ces  deux  anecdotes  
 fuffifent fans doute pour montrer l’origine &  la fuc-  
 ceffion d’une étiquete que \çs defpotes ont néceffaire-  
 ment dû tenir  d’une  adminiftration  qui  avoit avant  
 eux perverti  la morale,  6c  abulé  de  la nature  humaine. 
 La fource du defpotifme  ainfi connue,  il nous refte 
 (ECO 
 pour compietter  auffi  Panalyfe de  fon  hiftoire,  de  
 dire  quel  a  été  fon  fort  6c  là deftinée  vis-à-vis  des  
 miniftres théocratiques quifurvécurent à la ruine de  
 leur première puiflance.  La révolution qui plaça les.  
 defpotes fur 1e  trône du  dieu  monarque  ,  n’a- pu le  
 faire fans doute, fans exciter  &  produire  beaucoup  
 de  difputes  entre  tes anciens  6c  tes nouveaux  maîtres  
 ;  l’ordre  théocratique  dut  y   voir  la  caufé  du  
 dieu  monarque  intéreffée.  L’élection  d’un  roi pou-  
 voit  être  regardée  en  même  tems  comme  une  rébellion  
 6c  comme une  idolâtrie.  Que  de fortes  rai--  
 Ions pour inquiéter tes  rois, &  pour tourmenter  tes  
 peuples  !  Cet ordre  fut  1e premier ennemi des empires  
 naiffans,  &  de la police humaine.  Il ne ceffa  de  
 parler  au  nom  du monarque  invifible  pour  s’affu-  
 jettir 1e monarque vifible;  & c ’eft depuis cette  époque, 
   que  i’on  a  fouvent  vu  les deux  dignités l'uprè-  
 nies fe difputer la primauté, lutter l’une contre l’autre  
 dans 1e plein  6c  dans  te vuide,  &  fe  donner alternativement  
 des  bornes  6c  des  limites  idéales,  
 qu'elles ont alternativement  franchies fuivant qu’elles  
 ont éié  plus ou  moins  fécondées  des  peuples  indécis  
 6c  ftottans  entre  la  fuperftition  6c  1e  progrès  
 des connoiffançes. 
 Un refte de refpeét &  d’habitude ayant  laiffé  fub-  
 fifter  tes  anciens  fymboles  de  pierre  6c  de  métal  
 qu’on  auroit  dû  fupprimer,  puifque  les  fymboles  
 humains  dévoient en  tenir lieu,  ils relièrent  fous  la  
 direétion de leurs anciens officiers,  qui n’eurent plus  
 d’autre  occupation  que  celte de  tes  faire  valoir  de  
 leur mieux ,  afin  d’attirer de  leur côté  par un  culte  
 religieux,  tes peuples  qu’un  culte politique 6c nouveau  
 attiroit  pirifiàmmcnt  vers  un  autre  objet.  La  
 dîverfion  a  dû  être  forte  fans  doute  dès  les  com-  
 mencemens  de  la  royauté ;  mais  tes  defordres  des  
 princes  ayant bien tôt  diminué  l’affe&ion  qu’on  devoir  
 à  leur  trône,  tes hommes retournèrent  aux autels  
 des  dieux 6c aux  autres oracles, 6c  rendirent  à  
 l'ordre  théocratique  prefque  toute  la  première  autorité. 
  Ces  miniftres  dominèrent bien tôt  fur  tes defpotes  
 eux-mêmes:  tes fymboles de pierre  commandèrent  
 aux  fymboles  vivans  ;  la  conftitution  des  
 états  devint double  6c ambiguë,  6c  la  réforme  que  
 les  peuples ’avoient  cru  mettre  dans  leur  premier  
 gouvernement  ne  fervit  qu’à  placer  une  théocratie  
 politique  à  côté  d’une  théocratie  religieufe,  c’eft-  
 à-dire  qu’à  tes rendre  plus malheureux  en doublant  
 leurs chaînes avec  leurs préjugés. 
 La  perfonne  même  des  defpotes  ne  fe  reffentit  
 que  trop  du  vice  de  leur  origine ;  fi  tes  nations  le  
 font avifées  quelquefois  d’enchaîner  tes  rtatues  de  
 leurs dieux , elles en ont aufli ulé de même vis-à-vis  
 des  fymboles humains, c’eft ce que nous avons  déjà  
 remarqué  chez  tes  peuples  de  Saba  6c  d’Abilfinie,  
 où  tes fouverains  étoient  1e  jouet  &  la  viôime  des  
 préjuges  qui  leur  avoient  donné  une  exiltance tu—  
 nefte par fes  faux  titres.  De plus,  comme  l’origine  
 des premiers defpotes,  6c l’origine de tous  tes limu*  
 lacres des  dieux  étoit  la même  ;  tes miniftres  théocratiques  
 tes regardèrent  fouvent  comme  des meubles  
 du fanéluaiie, 6c  tes confidérant  fous  1e même  
 point du  vue que  ces  idoles  primitives qu’ils déco-  
 roient à  leur fantaifie, 6c qu’ils faifoient paroître ou  
 difparoître à  leur  gré ;  ils  fe  crurent  de  même  en  
 droit de  changer fur te trône  comme  fur  l’autel ces  
 nouvelles  images  du  dieu  monarque ,  dont  ils  fe  
 croyoient  eux  feuls  les  véritables  miniftres.  Voilà  
 quel a  été  1e titre  dont fe  font  particulièrement fer-  
 vis contre  les fouverains de  l’ancienne  Ethiopie  tes  
 miniftres idolâtres du temple de Meroë. 
 >> Quand il  leur en prenoit envie , dit Diodore de  
 » Sicile , liv.  I II.  ils écrivoient  aux monarques que  
 >y les  dieux  leur  ordonnoient  de  mourir,  &   qu'ils  
 »  ne pou voient,  fans crime ,  délobéir à un jugement 
 GE  C  O  379 
 »   d u   c i e l .   I l s   a j o u t o i e n t   à   c e t   o r d r e   p lu f i e u r s  a u t r e s   
 »   r a i f o n s q u i   f u r p r e n o i e n t   a i f ém e n t  d e s  h o m m e s   f im -   
 »  p i e s ,   p r é v e n u s   p a r   l ’ a n t i q u i t é   d e   l a   c o u t u m e   ,   6 c   
 »   q u i   n ’ a v o i e n t   p o in t   1e   g é n i e   d e   r é f i f t e r à   c e s   c o r n -   
 »   m a n d e m e n s   in ju f t e s .   C e t   u f a g e   y  f u b f i f t a  p e n d a n t   
 »   u n e   l o n g u e   f u i t e   d e   f i e c l e s   ,   6 c   t e s   p r i n c e s   f e   f o u -   
 »  m i r e n t  a   t o u t e s   c e s   c r u e l l e s  o r d o n n a n c e s ,  f a n s   au * 
 »   t r e   c o n t r a i n t e   q u e   l e u r   p r o p r e   f u p e r f t i t i o n .   C e   n e   
 »   f u t   q u e   f o u s   P t o l o m é e   IL.  q u ’ u n   p r i n c e ,   n o m m é   
 »  E r g a m e n e s ,   in f t r u i t  d a n s   l a   p h i l o f o p h i e  d e s  G r e c s   
 »   a y a n t   r e ç u   u n   o r d r e   f e m b l a b l e ,  o f a   1e   p r em i e r  f e -   
 »   c o u e r   1 e   j o u g   ;   i l   p r i e ,   c o n t i n u e   n o t r e   a u t e u r ,  u n e   
 »   r é f o lu t i o n   v r a im e n t   d i g n e   d ’ u n   r o i   ;   i l   a f f em b l a   
 »   f o n   a rm é e   ,   6 c   m a r c h a   c o n t r e   1 e   t e m p l e ,  d é t r u i f i t   
 » ' l ’ i d o l e   a v e c   f e s   m i n i f t r e s   ,   &   r é f o rm a   l e u r   c u l - ,   
 »   t e .   » . 
 C ’ e f t   f a n s   d o u t e   l ’ e x p é r i e n c e   d e   c e s   t r i f t e s   e x c è s   
 q u i  a v o i t  p o r t é   d a n s   l a   p lu s   h a u t e   a n t i q u i t é  p lu f i e u r s   
 p e u p l e s  à   r e c o n n o î t r e  d a n s   l e u r s  f o u v e r a i n s   l e s  d e u x   
 d i g n i t é s   f u p r èm e s   ,   d o n t   la   d i v i f i o n   n ’ a v o i t   p u   p r o d 
 u i r e   q u e   d e s   e f f e t s   f u n e f t e s .   O n   a v o i t   v u   e n   e f f e t   
 d è s   t e s   p r e m i e r s  t em s   c o n n u s ,   1e   f a c e r d o c e   f o u v e n t   
 u n i   à   l ’e m p i r e   ,   6 c   d e s   n a t i o n s   p e n f e r  q u e   l e   f o u v e r 
 a i n   d ’u n   é t a t  e n   d e v o i t   ê t r e   1 e   p r e m i e r   m a g i f t r a t   ;   
 c e p e n d a n t   l ’ u n i o n   d u   d ia d èm e   6 c   d e   l ’ a u t e l   n e   f u t   
 p a s   c h e z   c e s   n a t i o n s   f a n s   v i c e   &   f a n s   i n c o n v é n i e n t ,   
 p a r c e   q u e   c h e z   p lu f i e u r s   d ’ e n t r e   e l l e s   1 e   t r ô n e   n ’ é -   
 t o i t   a u t r e   c h o f e   q u e   l’ a u t e l   m ê m e   ,   q u i   s ’ é t o i t   f é c u -   
 l a r i f é ,   &   q u e   c h e z   t o u t e s   o n   c b e r c h o i t   t e s   t i t r e s   d e   
 c e t t e   u n i o n   d a n s   d e s   p r é v e n t i o n s   t h é o c r a t i q u e s   &   
 m y f t i q u e s ,   t o u t e s   o p p o f é e s   a u   b i e n - ê t r e   d e s   f o -   
 c i é t é s . 
 N o u s   t e rm in e r o n s   i c i   l ’h i f t o i r e   d u   d e f p o t i fm e   ;   
 n o u s   a v o n s   v u   f o n   o r i g i n e   ,   f o u   u f a g e   &   l e s   f a u x   
 t i t r e s ,   n o u s   a v o n s   f u i v i   t e s   c r im e s   &   t e s   m a lh e u r s   
 d e s   d e f p o t e s ,   d o n t  o n   n e  p e u t   a c c u f e r  q u e   1e   v i c e   d e   
 l ’ a d m in i r t r a t io n   f u r n a t u r e l t e   q u i   l e u r   a v o i t   é t é  d o n n 
 é e . 
 L a   t h é o c r a t i e   d a n s   f o n   p r e m i e r   â g e   a v o i t   p r i s   t e s   
 h o m m e s   p o u r   d e s   j u f t e s   ,   1 e   d e f p o i i lm e   e n f u i t e   t e s   
 a   r e g a r d é   c o m m e   d e s   m é c h a n s   ;   l’ u n e   a v o i t   v o u l u   
 a f f i c h e r   1e   c i e l ,   l ’ a u t r e   n ’ a   r e p r é f e n t é   q u e   t e s   e n f e r s ;   
 &   c e s   d e u x   g o u v e r n e m e n s ,   e n   f u p p o l a n t   d e s   p r in c 
 i p e s   e x t r ê m e s   q u i   n e  f o n t   p o i n t   f a i t s   p o u r   la   t e r r e ,   
 o n   f a i t   e n f è m b l e   1 e  m a lh e u r  d u   g e n r e   h u m a in   ,  d o n t   
 i l s   o n t   c h a n g é   1e   c a r a è l e r e   6 c   p e r v e r t i   l a   r a i f o n .   L ’ i d 
 o l â t r i e   e f t   v e n u e   s ’ e m p a r e r   d u   t r ô n e  é l e v é   a u   d i e u   
 m o n a r q u e ,   e l l e   e n   a   f a i t   f o n   a u t e l   ,   1e   d e f p o t i fm e   
 a   e n v a h i   f o n   a u t e l ,   i l   e n   a   f a i t   f o n   t r ô n e   ;  6 c   u n e   
 f e r v i t u d e   f a n s  b o r n e  a  p r i s   l a  p l a c e  d e   c e t t e   p r é c i e u f e   
 l ib e r t é   q u ’o n   a v o i t   v o u l u   a f f i c h e r   6 c   c o n f e r v e r   p a r   
 d e s   m o y e n s   f u r n a t u r e l s .   C e   g o u v e r n e m e n t   n ’ e f t   
 d o n c   q u ’ u n e   t h é o c r a t i e   p a y e n n e ,   p u i f q u ’ il   e n  a   t o u s   
 t e s   u f a g e s   ,   t o u s   t e s   t i t r e s  &   t o u t e   l ’ a b f u r d i t é . 
 A r r i v é   a u   t e rm e   o ù   l ’ a b u s   d u   p o u v o i r   d e f p o t i q u e   
 v a   f a i r e   p a r o î t r e   e n   d i v e r f e s   c o n t r é e s   1e   g o u v e r n e m 
 e n t   r é p u b l i c a i n   ;  c ’ e f t   i c i   q u e   d a n s   c e t t e   m u l t i t u d 
 e   d e   n a t i o n s   a n c i e n n e s ,   q u i   o n t   t o u t e s   é t é   f o u m i -   
 f e s   à   u n e   p u i f l a n c e   u n i q u e   &   a b f o l u e   ,   o n   v a   r e c 
 o n n o î t r e   d a n s   q u e l q u e s - u n e s ,   c fe t te   a â i o n   p h y f i -   
 q u e   q u i   c o n c o u r t   à   f o r t i f i e r   o u   à   a f f o i b l i r   l e s   p r é j u g 
 é s   q u i   c o m m a n d e n t   o r d in a i r e m e n t   a u x   n a t i o n s   d e   
 l a   t e r r e   a v e c   p lu s  d ’ e m p i r e   q u e   l e u r s   c l im a t s . 
 L o r f q u e   l e s   a b u s  d e  la  p r e m i è r e  t h é o c r a t i e  a v o i e n t   
 p r o d u i t   l ’ a n a r c h i e  6 c  l ’ e f c l a v a g e ;  l ’a n a r c h i e   a v o i t  é t é   
 1 e   p a r t a g e  d e   l ’o c c i d e n t   d o n t   t o u s   le s   p e u p l e s   d e v i n è r 
 e n t   e r r a n s  6 c   f a u v a g e s ,   &   l a   f e r v i t u d e   a v o i t   é t é   l e   
 f o r t   d e s   n a t i o n s   o r i e n t a l e s .   L e s   a b u s   d u  d e f p o t i fm e   
 a y a n t  e n f u i t e   f a i t   g ém i r  l ’h u m a n i t é   ,   &   c e s   a b u s   s ’é t 
 a n t   in t r o d u i t  d a n s   l ’E u r o p e  p a r  t e s   l é g i f l a t i o n s  6 c   t e s   
 c o l o n i e s   a f i a t iq u e s   q u i   y   r é p a n d i r e n t   u n e   f é c o n d é   
 f o i s   l e u r s   p r é ju g é s   6 c   l e u r s   f a u x   p r i n c ip e s   ;  c e t t e   
 p a r t i e  d u  m o n d e  f e n t i t   e n c o r e   l a   f o r c e   d e   f o n  c l im a t ,   
 e l l e  f o u f f r i t ,  i l  e f t  v r a i ,  p e n d a n t  q u e l q u e s - t e m s  ;  m a i s