ao N A P
les villes de l’ancienne Argie , Napoli eft pôur ainfi
dire la feule qui ait confervé jufqu’à préfentles reftes -
de fa première fplendeür. Les anciens Pappelloient
Anaplia , & Ptolomée L I I I . c. xvj. la nomme Nau-
plia navale. Cette ville fut bâtie par Nauplip, fils de
Neptune & d’Amimone , dans l’endroit le plus reculé
du golfe, appelle communément le golfe de Napoli
, & par Ptolomée Argolicus Jinus , fur le haut
d’un petit promontoire qui le fépare en deuxpointes.
Son port eft très-bon. Elle eft habitée par des Turcs,
des Grecs & des Juifs : cés derniers , à ce que prétend
la Guilletiere , ont inventé l ’art de lire dans la
main fans aucun fecours de la chiromancie. Quand
deux-hommes veulent faire quelque complot lecret
devant le monde, de tromper les témoins, ils tiennent
tous deux les mains couchées fur l’eftomac,
enfuité feignant de faire un gefte d’étonnement ou
de jo ie , félon la nature des affaires & le fujet de la
conversation, ils lèvent le bras , & fe montrent plus
ou moins de doigts ouverts, de la maniéré qu’ils ont
concertée : c’eft ainli qu’ils expliquent leurs penfees
en aflurance.
Napoli .a un petit château & un archevêque grec.
Elle a pafle fous la domination de différens princes.
Elle fut prife en 1205 par les Vénitiens. En 1539,
la république l’abandonna au grand-feigneur pour
acheter la paix. Elle la reprit en 1686 , mais Napoli
retourna aux Turcs en 1715*
Elle eft fituée à 19 lieues N. E. de Mifitra, 21 S.
O. d’Athenes. Long. ^ojSc).lat. 3 7 . 4.5. (D . J .)
NAPOULE , ( Géog.) ce nom eft commun : i° à
un golfe dans la mer Méditerranée fur la côte de
France , à l’entrée duquel font les îles de Ste Marguerite
& de S. Honorât ; 2® au cap entre lequel
eft le golfe ; 3 °au village qui eft fur la côte occidentale
du même golfe. Quelques-uns ont cru que le
village nommé la Napoule , étoit l’ancienne Athc-
nopolis.
NAPPE, (Littéral.') les Latiniftes fe font fort
tourmentés furie nom latin.de nappe ; les uns difent
mappa ,, d’autres mantile. Il eft vrai que quand ces
deux mots font enfemble , le premier fignifie une
nappe , & le fécond une ferviette ; mais quand on les
a employés féparément , on leur a donné indifféremment
l’une & l’autre fignification. Mappa fignifie
en général tout le linge de table que devoit fournir
le maître du repas, c’eft-à-dire les nappes qui
couvroient les tables , & quelquefois les lits & ies
ferviettes dont on fe fervoit pour s ’effuyer les mains
avant que de fe mettre à table ; car pour ce qui eft
des ferviettes que les convives avoient devant eux
pendant le repas , l’ufage étoit que chacun les apportât
de chez foi , comme il paroît par deux épi-
grammes , dont l’une eft de Catulle & l’autre de
Martial. ( D . J .)
Nappe , ( Venerie.) c’ eft la peau des bêtes fauves,
& principalement celle du cerf qu’on étend quand
on veut donner la curée aux chiens.
Nappe fe dit de la partie la plus déliée d’un filet.
La nappe dans un tramail eft la toile du milieu qui
a de petites mailles de fil délié qui entre dans les
grandes mailles , & qui fert à y engager le gibier
qui donne dedans.
On appelle nappes les filets à prendre des alouettes
au miroir, les ortolans & les canards fauvages
dans l’eau ; ce font deux longues paires de filets quar-
rés , & à-peu-près égaux ; on les tend bien roides
avec des piquets, en laiffant entre les nappes autant
d’efpace qu’elles en peuvent couvrir en fe refermant
comme les deux battans d’une porte , ce qui fe fait
par le moyen de deux cordes attachées au bout des
battans qui viennent fe réunir en une, & font tirées
par un homme caché qui ferme les nappes quand il
voit les oileaux à portée d y être enveloppés.
N A R
Les mailles des nappes aux ortolans né doivent
avoir que trois quarts de pouce, celles des alouettes
un pouce, & celles des canards trois pouces ; le filet
doit avoir douze toifes de lon g , les nappes pour les
alouettes & les ortolans ne paffent guere neuf toifes
de longueur. x
Nappe-d’Ea u , f .f. ( Arch. hydr.) efpecê de cafcâdé
dont l’eau tombe en forme de nappe mince fur une
ligne droite (telle eft celle qui eft à la tête de l’allée-
d’eau à Verfailles ) ou fur une ligne circulaire ,
comme le bord d’un baffin rond. Les plus belles nappes
font celles qui font les plus garnies > mais elles
ne doivent pas tomber d’une grande hauteur, parce
qu’elles fe déchirent. Pour éviter ce déchirement,
on ne doit donner aux grandes nappes que deux pouces
d’eau par chaque pié courant, & un pouce aux
petites nappes des buffets & pyramides. Lorfqu’on
n’a pas allez d’eau pour fuivre ces proportions , on
déchire la nappe ; ce qui fe fait en pratiquant fur les
bords de la coquille ou de la coupe des reffauts de
pierre ou de plomb,de maniéré que l’eau ne tombe
que par lames ; & ces lames d’eau n’ont guere
moins d’agrément qu’une belle nappe , quand elles
font bien ménagées. ( D . J .)
Nappe de Bo u c h e r ie , terme de Boucherie, ce
qu’on appelle nappe de boucherie eft un morceau de
toile blanche de deux ou trois aimes de long ou
moins, & de trois quarts de large, que les Bouchers
attachent à la tringle, oh ils fufpendent avec des
allonges les pièces de viande à mefure qu’ils la déj
pecent.
NAR , (Géog. anc.) rivière dè rümbrie ; elle
côüle entre l’Umbrie & le pays des Sabins , & fe
décharge dans le T ibre. Le mot de nar dans la langue
des Sabins fignifioit du foufre ; c’eft pourquoi
Virgile dit fulphureâ nar albus aquât les eaux blanches
& fulphureufes du Nar. Tacite , Annal'. I. I .
c. Ixxix , dit que le lac Vélinus ( aujourd’hui Lago
di pie di Luco) y décharge fes eaux. Le Nar donna
fon nom , fuivantTite-Live, /. X . c. x , à une côlo^
nie que les Romains envoyèrent dans l’Umbrie.
Cette r iviere, félon Léandre, s’appelle aujourd’hui
la Négra ; d’autres difent la N Ira.
N A R A , (Géog.) ville du Japon dans l’île de Ni-
phon, à 10 lieues nord de Méaco. Long; lâo. 60.
Lat. 3 G. 10. ( D . J. )
NARAGGARITANUS, (Géog. anc.) fiege épif-
copai d’Afrique, dans la province proconfulaire.
Dans une lettre fynodale des évêques de cette province
au concile de Latran, on lit entre les. fouf-
criptions, Benenatus epifeop. ecclefia Naraggari tance.
C ’eft la bonne orthographe, car Ptolomée, lib. I K
chap. iij. nomme la ville Naraggara. Tite-Live, lib.
X X X . chap. x xix. l’appelle Nadagara. Antonin la
met entre Tagafte & S ica veneria, à vingt-cinq milles
pas de la première, & à trente-deux milles de la fécondé.
NARANG1A , (Géog.) ville d’Afrique au royaume
de Fez, dans la province de Habad, à 3 milles
d’Ezagen près du fleuve Licus.
NARBASI, (Géog. anc.) nation qui félon Ptolomée
, lib. I I . chap. vj. fe trouvoit entre les peuples
de l’Efpagne Tarragonoife. Il donne à cette nation
une ville appellée Forum Narbaforum. Ses interprètes
la prennent pour Aruas, entre Léon & Oviédo.
NARBATENE, (Géog.) canton de la Paleftine,
auquel la ville de Narbata qui en étoit la capitale,
donnoit le nom. Ce canton félon Jofephe, de bellov
lib. I I . c. xxij. étoit voifin de Céfarée de Paleftine.
NARBO MARTIUS, (Géog. anc.) fleuve de la
Gaule félon Polybe , lib. I II. chap. xxxvij. qui par
ce mot, paroît avoir entendu la riviere de Narbonne
, c’eft-à-dire 1 *4 tax , aujourd’hui l’Aude, à
N A R N A R ai
i*èmfeôiichüfè de laquelle Stràbôh dit qiie NarbôBnë
feft ntuéei
NARBONNE , (Géog. anc. & mod.) eh \ÀÛtiNar-
bà ; ville de France dans le bas Languedoc, avec un
archeyêché dont celui qui en eft revêtu, fe dit primât,
& préfide aux états de Languedoc^ Narbonne
eft à 12 lieues N. E. de Perpignan, 17 S. O. de
Montpellier, 45 S. O deTouloufe^ & 160 S. E. de
Paris.Long, félon Caflini., 20.32. J o ; lat. 43. n .
Mais cette ville mérite que nous entrions dans de
plus grands détails. Elle eft fituée fur un canal tiré
de la riviere d’Aude, qu’on appelle en latin Atax:
elle eft à 2 lieues de la mer près du lac nommé par
Pline & par Mêla Rubrefus ou Rubrenjis, &.en fran-
çois l’étang de la Rulrine. Il forrnoit autrefois un port
dans lequel.les vaiffeaux abordoient, ce quiprocu-
roit aux états de Narbonne le moyen de faire un
grand commerce dans toutes les provinces qui fo/it
lur la mer Méditerranée jufqu’en Egypte ; mais il y
a long-tems que ce port a été bouché , la mer s’étant
retirée de fes côtes oh les navires ne peuvent
plus aborder à caufe des basrfonds.
Narbonne a donné fon nom à la province ou Gau-
le-narbonnoife dont elle étoit la capitale ,& à cette
partie de la mer Méditerranée qui mouilloit les côtes
de la province narbonnoilè, & que Strabon appelle
mare Narbonenfe. Cette ville étoit la plus ancienne
colonie des Romains dans la Gaule-tranfalpi-
ne. Elle fut fondée l’an de Rome 636, fous le consulat
de Porcius & de Marcius , par l’orateur Lici-
nius C raffus, qui avoit été chargé de la conduite de
la éolônie.
Il donna à Narbonne , en latin Narbo , le furnom
de martius & de decanorum colonia , à caufe qu’il y
établit des foldats vétérans-dé la dixième légion fur-
nommée Mdrtia. Narbonne fut pendant quelque tems
lîn boulevard de l’empire romain contre les nations
"voifines qui h’étoient pas encore foumifes ; c’eft Cicéron
qui nous l’apprend dans fon oraifon pour Fon-
teius. Pomponius Mêla qui vivoit fous l’empereur
Claude, parle de cette ville comme d'une colonie
qui l’emportoit fur les autres ; voici fes termes : fed
ante fiat orhnes Atacinorum DtcumanorUnique colonia,
unde olim his terris auxilium fu i t , ruine & nomen &
decus ejl Martius Narbo. On voit par-là que Narbonne
s’appelloit non-feulement dccumanorum, mais
Atacinorum colonia ^ à caufe de la riviere Atax ou
Aude, fur laquelle cette ville avoit été bâtie. On
nommoit en conféquence fes habitans Attacini.
Narbonne après les premiers Céfars, fut obligée
de céder la primatie à Vienne fur le Rhône, à qui les
Romains avoient donné de grandes prérogatives ;
mais depuis Conftantin, Narbonne fut reconnue la
métropole de tout le pays qui eft entre le Rhône ôc
I3 Garonne.
Cette ville vint au pouvoir des yifigoths fur la
fin du régné de Valentinien III. au milieu du v. fiecle
& ils l’ont confervée jufqu’à la mort de leur dernier
roi Rodôric, tué en Efpagne par les Sarrafins. Ces
derniers conquérans ayant paffé les Pyrénées l’an
■ 721, ils établirent une colonie de mahométans à
Narbonne ÿ qui devint leur place d’armes au-deçades
Monts; enfin ils en furent chaffés par Charlemagne.
Lors du déclin de la race de ce prince, les comtes de
Touloufe & de Carcaffone , & même plufieurs vicomtes
, eurent part à la feigneurie de Ndrbonne &
de fon territoire ; mais l’archevêque y dominoit
principalement, ce qui dura jufqu’à la fin de l’on-
zieme fiecle. On fait la fuite de l’hiftoire de Narbon-
ne. Jeanne d’Albret apporta les droits du vicomté
de Narbonne à Antoine de Bourbon ,pere d’Henri IV.
roi de France, qui réunit à la couronne fes biens
patrimoniaux.
Il y ayçit autrefois à Narbonne grand nombre de
feàtifiiëfi! àhtîqitëis, un càpitôîë, tin cifqliè ; tin aiîR
phiihéâtre, &c. niais tbut cela a été ruiné, & Od
s’eft lervi des matériaux pbitr bâtir leS fortifications
de cette ville , qui étoit un-boulevard de là
France dans le tems que leS Efpagnols Occupbieht
Perpignan. Cependant Narbonne a encore cdnfervê
un plus grand nombre d’inferiptions antiques qu’aucune
ville des Gaules, & on y en déterré de tems à
autre ; mais il n’y refte pas la moindre trace de fes
anciens monumehs.
Cette ville èft fituée dans un fonds environné dé
montagnes qui la rendent des plus boufbeulès pouf
peu qu’il y pleuve: Bachaumont & Chapelle l’éprouvèrent
fans doute ; lorlqu’ils apoftrophérenf
ainfi cette ville dans un moment de mauvaife humeur:
Digne objet de noire courroux ,
Vieille ville toute de fange ,
Qui nés que ruijjeaux & qu'égouts ?
Poùrrois tu prétendre de nous
Lé moindre vers a ta louange ?
L’archevêché de Narbonne eft confidérable j5ar fori
ancienneté, & c’étoit autrefois le feul qu’il y eût
dans le Languedoc ; par fa primatie ; pàr fon droit
de préfider aux états de la province ; & par fon revenu
qui eft d’environ quatre-vingt-dix mille livres.
Il a dix fuffragans, & fon diocefe n’eft cependant
compoféquede cent quarante paroiffes. On y compte
quatre abbayes d’hommes & deux de filles.
Le Fabius qu’Horace, dans fa I. faty re, liv. I .
ttarque au coin des grands parleurs , étoit de Nar->
bonne y & avoit compofé des livres fur la philofo-
phie ftoïcienne dont il faifoir profeflion. Le poète
qui étoit épicurien , trouvoit apparemment plus de
babil que de folidité dans fes difeours.
Montanus de Narbonne, vivoit dans léscommeri-
cemens de la chute de l’éloquence romaine ; c’étoit
un génie rare, mais peu exaéh Ses plaidoyers cou-
loientde la même fource que fes déclamations ; il
gâtoit fes penfées en les tournant de trop de manières.
Enfin fes fleurs étoient fi fort entaflees qu’elles
fatiguoient l’admiration ; Tibere cependant craignit
fon éloquence, & le rélegua auxîles Baléares.
Carus/M. Aurelius.) élu empereur en 282, étoit
natif de Narbonne. Il eft connu par des viftoires f ur
lesSarmates & les Perfes,& pour être mort d’urt
coup de foudre dont il fut frappé à Ctéfiphonte après
leize mois de régné.
Les tems modernes n’offrenfà ma mémoire ni
orateurs, ni gens de lettres illuftres, natifs de Narbonne.
Il faut pourtant en excepter Bofquet (François
) évêque de Montpellier, mort en 1676 , & utî
des plus favans prélats de Francé au xvi; fiecle;
Nous avons de lui l’abrégé de la jurifpruclence dé
Pfellus , qu’il traduifit du grec en latin avec des notes:
Pfelli fynopjls legum, Paris 1G32 , in 8°. Nous
avons encore du même auteur, l’hiftoire de l’églife
gallicane depuis Conftantin , avec ce titre : Ecclejîcè
gallicance hifloriaruni liber primuSy apud Joann. Carnu-
fat x +(>33 inr8°. C ’eft la première édition ; la fécondé
eft chez le même libraire, en 1636 w-40. Un
paffage que M. Bofquet retrancha de cette fécondé
édition, en la faifantréimprimer, montre que s’il
menageoit les abus, il ne ies ignoroit pas. Il montre,
dis-je, que cet homme illuftre deme’uroit d’accord,
que le faux zele des moines étoit la première caufe
des traditions fabuleufes, qui ont couvert d’obfcu-
rité l’origine de l’églife gallicane. Voici les propres
paroles du favant prélat : elles méritent de fe trouver
en plus d’un livre.
Primos y JL verum amamus, hitjufmodi [elatos mot
nachos in Galliis habuimus. llli fimplici ac fervidd ;
adeoque minus cautd} 6* feepe inconfultâ religions per.