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174 KOCHliS ÉRUI'TIVIiS.
teau qui s'élève au-dessus de ce village et s'étend jusqu'au
K.izil Irmak.
A peu de distance au nord d'Evkelet les dolériles et les
trachytes se trouvent interrompus par des dépôts lacustres
qui occupent la vallée d'limier, mais à leur tour les trachytes
reparaissent de nouveau à une lieue environ au nord de
cetle vallée. Ils se présentent tantôt comme un congiomcrat,
tantôt à l'état de roche soit friable, soit très-solide, de teinte
noire, généralen]ent divisée en colonnes, et formant des hauteiu's
abruptes. Les tufs et conglomérats sont disposés en
puissants bancs horizontaux, percés d'une foule de cavités
et de niches artificielles.
l.a contrée devient de plus en plus accidentée à mesui'e
qu'on avance d'Ei'kelet vers le Kizil Irmak qui, ici, est passablement
large, profond et rapide. Ses rives escarpées
sont formées de couches horizontales de tuf ou de rochers
de trachyte et dolérite noirs, taillés en colonnes verticales.
Le passage du Kizil Irmak s'elïectue en ces heux sur un
assez beau pont en pierre qui repose sur six arcs. A côté
du pont on voit les bancs de tuf percés d'excavations nombreuses
qui , étayées ou flanquées de quelques échafaudages
en bois, constituent le pelit village trogloditique de
Reupru Roï (village du pont).
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Ces parages du Kizil li'inak représentent les points septentrionaux
les plus avancés du vaste domaine trachytique
CHAPITRE V. 17.5
du mont Argée que nous venons de parcourir dans ses principales
directions. 11 résulte de cet examen que le domaine
trachytique du mont Argée forme un ovale irrégulieretdiversemenl
frangé, allongé de l'ouest sud-ouest à l'est nordest,
et embrassant une surface de près de 600 lieues carrées
métriques.
Cet aréal, supéi'ieur à celui de l'île de Corse et égal à la
moitié de celui de la Sicile, est sept fois plus grand que le
domaine volcanique de l'Etna, presque le quadrupl e de celui
du Vésuve, et l'emporte considérablement sur le domaine
volcanique de Rome et des champs phlégréens, même en y
comprenant les régions de Velletri et de Castelgandoifo séparées
des champs phlégréens par des dépôts diluviens. Les
zones trachytiques des aulres parties de l'Europe sont comparativement
encore plus insignifiantes, à moins toutefois
qu'on ne veuille comprendre l'île d'Islande dans l'enceinte
de l'ancien monde, car dans ce cas l'Europe pourrait
faire valoir cette île comme une digne rivale du mont
Argée.
En Asie, les deux groupes trachytiques d'Ararat et
d'Érivan sont les seules régions trachytiques supérieures à
l'étendue du domaine du mont Argée.
Ainsi, avec celte restriction, et considéré sous le point
de vue de Vhomogénéilé de sa composition (car les apparitions
locales et comparat ivement très-restreintes de basaltes,
de dolérites, etc., s'évanouissent dans l'ensemble de la
masse trachytique), le colosse cappadocien représenterait
donc l'une des plus vastes expansions traclujtigues connues
a u j o u r d ' h u i , et cependant cette expansion ne constitue
qu'une manifestation locale de la même roche qui, sur certains
autres points de l'Asie Mineure, présente un dévelop-
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