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144 RO C H E S ERÜPTIVES.
commencerons par la contrée sitüée immódiatement à l'est
du mont Argée, et nous nous avancerons ensuite successivement
vers les régions méridionales, occidentales et septentrionales
de ce domaine.
La portion orientale de la plaine de Raïsarié, comprise
entre cette ville et le village Mandjousou, et ayant une
étendue d'environ deux lieues de l'ouest à l'est, est exclusivement
occupée soit par des masses de luf, soit par des
hauteurs d'un trachyte gris-rougeâire, à cavités rétrécies et
allongées qui lui donnent l'aspect d'une pierre ponce. Les
cristaux de feldspath vitreux ne s'y aperçoivent que localement.
I/allitude de ¡Mandjousou, situé tout près de la rive
droite du Kara .Son (dont le cours supérieur est désigné par
le nom de Sarmousak Sou • ) ,est de 1,151 mètres. A l'est de
Mandjousou la plaine est revêtue comme d'un pavé de
dalles de trachyte rouge, et le Sarmousak Sou est de plus en
plus réduit à un ruisseau à peine d'un mètre de largeui',
mais fort rapide et poissonneux, qui, dans la proximité de
Barsema, village situé sur une butte trachytique à une altitude
de 1,225 mètres, se divise en un grand nombre de
branches ; en même temps la plaine se couvre de beaux peupliers
d'Italie, de noyers et de Djehri '-.
Au sud de Barsema la vallée de Sarmousak est bordée
par un plateau aride qui peut avoir une lieue environ du nord
au sud. Il est revêtu de dalles d'un trachyte gris, et traversé
\ . Littéralement : eau oii rivière de l'Ail.
2. Rhamnus infeciorius.
C H A P I T R E V. t4 5
de masses puissantes de tuf profondément ravinées. Ce plateau
sépare la vallée de Sarmousak d'une gorge pittoresque
dirigée en moyenne du nord au sud. C'est une de ces gorges
si caractéristiques pour le domaine de l'Argée et que je désignerai
parl e nom de vallées ou couloirs volcaniques. Elles
se présentent généralement sous forme de couloir creusé
dans le trachyte ou le tuf, et dont les parois verticales taillées
en colonnes ou en prismes se déploient des deux côtés en
corniches, alignées avec une admirable symétrie, il n'est pas
facile d'expliquer d'une manière satisfaisante l'origine de ces
couloirs qui, dans nos volcans éteints ou actifs de l'Europe, ne
se trouvent nulle part reproduits ni en nombre ou proportions
aussi considérables, ni surtout avec la même régularité.
Il est possible qu'ils aient été produits par le déchirement
d'une masse trachytique consolidée en colonnes et que
l'action des eaux ait ensuite contribué à combler le fond et
à égaliser les parois de ces larges fentes. Les parois se correspondent
avec trop de régularité pour que l'on puisse attribuer
leur forination à la retraite graduelle d'une masse
encore non solidifiée, parce que, dans ce cas, celle-ci n'eiit
pas manqué de laisser les traces des lames filamenteuses,
franges etéchancrures que présente toujours une substance
pâteuse qui se sépare en deux par le milieu, et les deux
portions ainsi séparées n'eussent point eu ces surfaces polies
et uniforines qui caractérisent les parois de ces gorges.
Dans le fond de celle dont il est question ici, se trouve
le beau village arménien Veksé dont les inaisons, construites
en dalles de tuf d'une éblouissante blancheur et entourées
de massifs de verdtn-e, se détachent pittoresquement sur le
fond noir des arides corniches trachytiques. Au reste, tel
est plus oti moins le cas de tous ces remarquables couloirs de
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