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156 UOCb l l i S ÉRUl'TIVliS.
Depuis ce village jusqu'à la ville de Nigdé la plaine devient
de plus en plus accidentée; elle est revêtue soit de diluvium,
soit de tut' horizontalement siratilîc.
L a ville de Nigdé est située à l'extrémité méridionale
d ' u n couloir volcanique revêtu de beaux jardins et serpentant
en moyenne de nord-ouest-nord au sud-ouest -sud. Du côté
du nord-ouest il aboutit à une longue rangée de remparts
formés do trachyte noir analogue à celui de l'Argée et se
rattachant au massif du Hasan Dagh. Les puissants dépôts
de tuf qui composent les hauteurs au pied desquelles se
trouve Nigdé font place à un trachyte foncé, aussitôt qu'on
se dirige à l'ouest de la ville vers le beau village de Fertek
dont l'altitude est de 1,300 mètres A l'est de l\igdé, les
dépôts de tuf trachytique s'avancent un peu au delà du village
Eskigumusch où, associé à un trachyte blanc, le tuf
constitue la limite occidenlale du domaine granitique de
l'Utchkapou. Ce trachyte, de teinte blanc-rougeâtre, est
généralement plus ou moins fiiable et renferme du mica
ainsi que de petits cristaux translucides d'oligoclase dont la
1. Lo contraste tranctié entre l'aspect d'opulence que présontfi Fertek,
presque exclusivement habité par des clirétiens, et le cacliet de misère imprimé
à sa voisine, la ville de Nigdé, où domine l'élément turc, constitue
l'un de ces phénomènes curieux et signiQcaUfs que toute l'Asie Mineure,
mais particulièrement la Cappadoce avec ses beaux villages arméniens et
grecs, offre à chaque pas aux regards étonnés du voyageur, comme pour
placer sous ses yeux l'image de la vie et de l'avenir, à côté du tableau
d'une incurable décrépitude et d'une mort prochaine. Ainsi, en Lycaonie,
le village grec Sillé, situé presque au seuil de la grande et ancienne ville
tur(]ue de Konia {Vlconium du moyen âge), dont il est considéré comme
le faubourg, parait au contraire la cité elle-même, exactemenl comme en
Cappadoce la ville musulmane de Nigdé a l'air d'élre le faubourg délabré
du village chrétien de Fertek.
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CHAlMTIti; V. 1S7
surface I'. présente très-distinctement les stries caractéristiques.
Nous allons retourner maintenant à Misli pour faire une
nouvelle coupe dans un sens opposé à celui de la coupe précédente,
en nous dirigeant d'abord do Misli à Baglama (de
l'est à l'ouest) et puis de cette dernière localité à Sevrihissar
(de sud-est au nord-ouest).
La plaine presque horizontale qui s'étend entre Misli et
Baglama est revêtue de dépôts détritiques au travers desquels
percent des tufs blancs. Au nord et au sud, cette plaine
parfaiteinent déboisée et aride est bordée par une série de
hauteurs trachytiques dont quelques-unes de forme conique
fort régulière, connne entre autres celle située à côté
du village Yelemisch, près du bord .septentrional de la
plaine. L'altitude de cette dernière, dans les parages de Baglama,
est de 1,318 mètres. Un peu à l'ouest de Baglama,
le rempart qui la borde du côté du sud fait une saillie qui
s'avance à travers la plaine sous forme de massif allongé
de sud-ouest-sud au nord-est-nord; il est hérissé de sveltes
cônes revêtus d'une belle végétation qui contraste d'une manière
tranchée avec la nudité et la monotonie de la région
limitrophe; mais ce n'est qu'une oasis verdoyante au milieu
du désert, car ce massif allongé est séparé de la montagne
d'Ortakoï Dagh, au pied de laquelle est situé Sevrihi.ssar,
par la vaste surface aride appelée Melendiz Ovassi.
A mesure qu'on approche de Sevriliissar, le tuf envahit
la contrée de plus en plus, et atteint dans les parages mêmes
de Sevrihissar un développement vraiment gigantesque ; il y
revêt les contours les plus variés en se dressant tantôt en
pics et aiguilles, tantôt en lourds mamelons, le tout composé
d ' u n conglomérat fin de roches trachytiques et de pierre