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198 ROCHE S ftROI'TIVES.
rement composés de tufs et de conglomérats doléritiques et
basaltiques diversement coloriés, mais toujoui's sans indice
quelconque qui permette de leur assigner une origine
sédimentuire.
Il résulte de cet aperçu que la charpente solide de ia
région littorale comprise entre Yenimahalla et Roumeii-
Fener consiste tantôt en dolérites et tantôt en liasaltes, sans
que l'on puisse décider la question de savoir si ces deux
roches passent elfectivement l'une à l'autre, ou si leurs relations
respectives se trouvent seulement dissimulées par la
désagrégation de leurs éléments constitutifs, ou masquées
par les conglomérats et les tufs. Au reste, nous verrons
se repi'oduire exactement le même phénomène, en continuant
à longer la côte depuis Roumeli-Fener jusqu'à Kilia.
La roche qui compose la côte dans les parages de Roumeli
Fener est un porphyre doléritique, dont la pâte, de
teinte foncée et de texture compacte, renferme beaucoup
de cristaux de labrador et de pyroxène, ainsi qu'un petit
nombre de cristaux d'olivine et de fer magnétique. Ce porphyre
se trouve intimement lié à des masses de conglomérats
et de brèches doléritiques plus ou moins solides, souvent
régulièrement stratifiées et traversées par des filons de
terre verte. Ce sont particulièrement ces conglomérats qui
composent les fameuses îles Cyanées, situées à peu de distance
de la côte. Parmi ces îles' , une seule mérite ce nom:
c'est celle qui est couronnée par le fût d'une belle colonne
corinthienne en marbre blanc, portant une inscription grec-
1. Voyez dans mon Bosphore el Consiantinople, p. 72-80, les co nsidérations
développées sur la légende dont les îles Cyanées avaient été
Tobjet dans l'antiquité et sur la manière d'intei-préter cette légende.
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que. Cette île est formée par un rocher d'une soixantaine de
mètres de hauteur, dont le sommet aplati a environ 40 mètres
de circonférence.
Les parois extérieures du rocher sont extrêmement
abruptes, élant composées de falaises déchiquetées et
d'énormes blocs éboulés; en sorte que ce n'est qu'avec difficulté
qu'on parvient à les gravir pour atteindre le sommet
de l'île. La plus grande étendue de celle-ci est de l'ouest à
l'est. A chacune de ses extrémités (orientale et occidentale),
l'île est flanquée de plusieurs écueils qui probablement en
faisaient jadis partie, et en ont été détachés soit par l'action
des vagues, soit à la suite de secousses auxquelles aura été
exposé le sol sous-marin, et c|ui auront eu pour résultat définitif
un abaissement de ce sol. Les écueils, aussi bien que
les falaises qui constituent l'île même, consistent particulièrement
en conglomérats souvent régulièrement stratifiés, et
se présentant soit à l'état de brèche à éléments tellement
menus que la roche prend l'apparence d'ime masse homogène,
compacte, soit à l'état de conglomérats grossiers
composés de morceaux volumineux ou même de véritables
blocs de porphyi-e doléritique noir, analogue à celui de la
côte de Roumeli-Fener, mais le plus souvent coloriés en
rouge par une épaisse croiite d'oxyde de fer. Tous ces blocs,
généralement anguleux, sont cimentés par une pâte jaunâtre,
et forment, de même que la brèche, des roches très-solides.
Sur plusieurs points, mais particulièrement dans les régions
inférieures de l'île, la brèche à grain fin alterne avec le
conglomérat grossier. Enfin, ces conglomérats divers sont
traversés par de nombreux filons verlicaux (c'est-à-dire sillonnant
les masses de haut en bas dans le sens de la hauteur
de l'île) de terre verte {Eisenchlorit, Gnmerdc ou Delen'.