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lagneux de Nimrod et du Sepan Dagli qui bordent le lac
de Van. En un mot, de quelque côté qu'on dirige les
regards, ils se trouvent arrêtés par un chaos de montagnes
à contours plus ou moins indécis et vagues, en sorte que le
maximum d'espace qu'on puisse dislinctement embrasser du
liaut du Bingueul Dagli ne dépasse guère en ligne droite
une dizaine de lieues.
Le revers inéi-idional du Bingueul Dagli, tel qu'il se présente
du sommet des roches qui couronnent leplaleau central,
paraît être infiniment plus abrupt et plus saccadé que le
revers septentrional. On le voit traversé de haut en bas par
une gorge profonde et large terminée en une dépression
crateriforme. Par sa partie supérieure, cette gorge se rattache
au col (p. 28! ) qui sépare le Kalé Dagh du reste de
l'amphithéâtre: aussi, lors de la rupture de ce dernier, c'est
probablement à travers cette brèche que se sera précipitée
la lave doléritique qui sillonne le revers méridional du
plateau centi-al, en formant deux bourrelets parallèles qui
représentent les deux bords de la gorge.
Maintenant si, avant de descendre des sommités du
Bingueul Dagli, nous nous rappelons la physionomie générale
du mont Argée (V. chapitre iv), et si nous la comparons
à celle du premier, ces deux giganlesijues centres
d'éruption ne tarderont pas à prèseli lei* quelques traits de
similiUide, mais encore jilus de points de dissemblance.
La similitude se bornerait presque l'existence, dans
l'un et dans l'autre, d'un cratère privé de son bord septentrional,
à une certaine disposition terrassiforme des masses
et à des altitudes assez analogues, puisque la sommité du
Kalé Dagh n'est inférieure que d'environ 181 mètres au
point culminant du mont Argée. Sous tous les aut res rapports.
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C H A P I T R E .K. m
la différence est assez tranchée, et généralement à l'avantagedu
mont Argée, auquel est imprimé un caractère d'individualité
dont le Bingueul Dagh est complètement dépourvu ;
ce qui fait que ce dernier se confond, beaucoup plus que
son rival cappadocien, avec le relief de la contrée environnante;
et il s'en détache d'autant moins, qu'il ne possède
même plus de cône central proprement dit, qui paraît avoir
été tronqué par une coupe tellement oblique, qu'elle a atteint
d'un côté (côté septentrional) presque la base du cône, en
ne lui laissant que la forme d'un plateau écrasé. Par contre,
le Bingueul Dagh offre des indices de coulées ainsi que des
traces de deux cratères dont l'un, aujoin-d'lmi complètement
oblitéré, sur le versant septentrional de la montagne, et
l ' a u t r e , assez peu considérable, sur le versant opposé;
ensuite, tandis que le mont Argée n'est accessible que par son
revers méridional, c'est le contraire qui a lieu pour le Bingueul
Dagh. Enfin, ces diU'érences entre le Bingueul Dagh
et le mont Argée, considérés l'un et l'autre sous le point de
vue de leur aspect extérieur et de leui' relief, se trouvent
reproduites d'une manière non moins marquée, lorsqu'on
examine ces deux massifs montagneux sous le rapport des
roches qui les composent, puisque le trachyte est l'élément
dominant dans le mont Argée, tandis que ce rôle est assigné
à la dolérite dans le Bingueul Dagh, ce qui fait que, si
par ses caractères oryctognosti((ues le premier se rattache
au type des volcans du Caucase, le second rappelle celui de
l'Etna et de SIromboli; genre de rapprochement qui eût paru
plus naturel s'il se fût produit dans un sens inverse, puisque
le Bingueul Dagh est bien plus voisin du Caucase que le
mont'Argée, et qu' à son tour celui-ci est moins éloigné de
la péninsule italienne que le Bingueul Dagh.