,1»
I i':
| 1 fe
I , ! i.. ; f
li ^ i
jî
M 'f ^
r i ' "
124 RO C H E S ÉllUI'TIVES.
mum nocturne accusait — /|,7 11 y avait quelques bandes
étroites de neige qui descendaient jusqu'à la gorge où je
campais et oil le lendemain j'ai dû laisser mes chevaux
pour continuer l'ascension à pied, car à celte hauteur (à
environ 3.000 mèires), le cône central revêt une forme régulière
on présentant de tous côtés des pentes dont l'inclinaison
moyenne peut êire évaluée de 25 à 30 degrés, mais
qui localement atteint jusqu' à /|5 et même au delà, ainsi
que peut le faire apprécier la planche 19 do mon Allas pilloresque.
A cause de la quantité tout à fait exceptionnelle de
neige qui était tombée celte année, et qui ralentissait l'ascension,
elle ne dura pas moins de cinq heures', depuis
l'endroit où j'avais passé la nuit jusqu'au pied des deux
rochers (]ui consliluent le point culminant du mont Argée,
et que figure la planche 20 de mon Allas pittoresque.
La seule difficulté réelle qne présente cette ascension
du cône central, c'est la chute des blocs qui se délachent
des régions supérieures du mont Argée, et encore cet inconvénient
ne paraît pas avoir toujours la même inlensité,
I , Ce minimum (Hail donc loin (i'approchor celui qu'en I84i, les Ï8.
i 9 . 30 el 31 aoùl. 51. Marlins olilint sur le Monl-Blanc (à la vérité il une
a l l i l u d e rie 3,476 mèires, cl par conséquent de 471 mèt res supérieure il celle
d e mon campement), car son minimum était d e - 6 , 4 5 . .le regret t e beaucoup
fie n ' avoi r pas mesur é le pouvoi r rayonnant de la neige, expérience qui fournit
il SI. i\larlins ;Voy. Bnll. de la Soc. .l/iileor. du l-rmce, t. Mil. p.
n s ; de si curieux résultais; ainsi le lliermométre, applique par 51. Marlins
il la surface de la neige, marqua ii m i n u i t - 19.20. la leiiipÎTature de l'air
a m b i a n l é l a n i de —li.'i.'i. Celle preuve du prodigieux pouvoir ravonnanl fail
s u f i p o s e r il .M. Mai-tins qu' à celte allilude, au coeur de l'hiver et par une
n u i t calme et sereine, le tliermomèire mis en conlacl direct avec la neige,
p o u r r a i t bien descendre Jusqu'il — 43".
». Ce qui fait douze lieures pour l'a.seensiim totale du moni ,\rgée ilejuiis
la plaine d'Kverek.
C H A l ' I T R K IV.
car mes guides, dont deux, en leur qualité de cha.ssoui's,
avaient déjà plus d'une fois pénétré jusqu'au sommet de
l'iirgée , m'assurèrent n'avoir jamais vu le phénomène aussi
fortement prononcé que cetle fois. Or, il est probable que
ce phénomène peut s'expliquer par les considérations suivantes.
L'énorme quautilé de blocs accumulés dans la neige
y demeurent fixés pendant la nuit à cause de la congélation
de la dernière, mais aussitôt que le soleil ramollit le
ciment qui les lient captifs, ils s'échappent comme de la
bouche d'un morlier, et, répercutés par les rochers qu'ils
rencontrent sur leur passage, bondissent avec violence.
Lorsque les surfaces abruptes ne sont point revêtues de
neige ou n'en ont qu'une mince couche, les blocs qui y
tombent pendant la nuit s'écoulent par les pentes sans pouvoir
s'y arrêter, tandis que la [irésence d'une masse considérable
de neige les y retient malgi'é la pente, et c'est cette
artillerie, dressée pendant la nuit, qui opère son explosion
au premier rayon du soleil. Rien de plus majestueux que ce
réveil du colosse. .Après un silence qui n'est interrompu
par le mouvement d'aucune créalnre vivante, l'aube du jour
s'annonce tout à coup par des détonations que suit une
grêle de blocs se croisant en tous sens et décrivant (]uelquefois
des paraboles dans les airs. Malgré la précaution
que j'eus, averti par mes guides, de devancer l'heure de
l'apparilion du soleil, en commençant l'ascension à la fin de
la nuit, nous ne pûmes éviter l'honneur dangereux d'assister
au lever du géant argéen, et nous essuyâmes une bonne
partie des salves tirées à cette occasion, en nous trouvant
souvent au milieu d'un feu tellement bien nourri, que tandis
que nous étions assaillis par des blocs roulant à notre rencontre,
d'autres jirojectiles se croisaient par-dessus nos
I ii