I •
II- ^
r •• •• I
448 RO C H E S ÉRDPTIVES,
(.l'en haut, l'ensemble de toutes ces masses arrondies simule
une calaracte gigantesque se pi'écipitant dans la vallée en
ondes écumantes dont les rellets petillent au soleil avec un
éclat éblouissant. Les roches serpentineuses que l'on traverse
en descendant à Erzindjian par la rampe dont il s'agit, constituent
mie bonne partie des montagnes qui bordent des
deux côtés la portion de la vallée de l'Euphrate comprise
entre Erzindjian et Mamal;liatoun, cependant elles s'y trouvent
localement masquées par des dépôts tertiaires ou par
des trachytes; de plus, sur plusieurs points les tlancs de ces
remparts sont revêtus de dépôts sédimentaires d'âge et de
développement très-divers, ainsi que nous le verrons en étudiant
les terrains sédimentaires de l'Asie Mineure. Pour le
moment il suffira de faire observer que dans la partie de
l'Asie Mineure où les serpentines se trouvent le plus largement
développées et notamment dans la vallée de l'Euijhrate,
leur éruption paraît avoir eu lieu poslérieurement au terrain
tertiaire inférieur, puisque ce dernier, reposant souvent sur
les serpentines, présente dans la disposition de ses couches
des perturbations plus ou moins violentes, ainsi que cela est,
par exemple, le cas avec le lambeau tertiaire inférieur situé
dans la vallée de l'Euphrate, entre Erzindjian et Almaly.
P a r contre, nous verrons que les dépôts tertiaires moyens,
échelonnés le long des massifs serpentineux qui composent
le versant méridional de l'Ala Dagh (Cilicie), sont horizontalement
stratifiés et renferment des fragments de serpentine.
Cela semblerait indiquer que dans ces régions de
l'Asie Mineure les éruptions serpentineuses qui eurent lieu
pendant ou après l'époque eocène étaient déjà complètement
terminées à l'époque de la formation des dépôts myocènes.
Les deux remparts serpentineux qui bordent la vallée
CHAPrTIiE XVI. 449
de l'Euphrate entre Erzindjian et Mamakhatoun constitue]it
le groupe serpentineux le plus considérable parmi tous ceux
que j'ai été dans le cas de constater dans cette partie de
l'Arménie ; car plus à l'est, tant dans la direction d'Erzeroum
que dans celle du Bingueul Dagh, les roches serpentineuses
ne jouent qu'un rôle subordomié, tout en manifestant
souvent leur action par des modifications opérées dans
les roches sédimentaires limitrophes. Par contre, les serpentines
acquièrent un développement considérable au nordouest
de la ville d'Erzindjian à la jonction de la grande
vallée de l'Euphrate avec celle du Tcherdaklu Sou. Dans
sa partie inférieure cette dernière vallée est presque entièrement
occupée par le large lit du torrent qui en été est réduit
à un mince filet d'eau de quelques centimètres de profondeur.
Des deux côtés, elle se ti-ouve bordée par des masses
tour à tour pointues et arrondies de serpentine, presque toujours
dans uu état plus ou moins avancé de désagrégation,
en sorte que sous le marteau elle tombe en poussière ou
éclate comme du verre en nombreux fragments. J,a roche
est tantôt d'une teinte bleue ou verdàtre foncée, grasse au
toucher et renfei-mant des tablettes de diallage verte qui miroite
avec un vif éclat; tantôtelle est coloriée en gris, vertnoirâtre,
ou vert-clair, maigre au toucher et sans crislaux
perceptibles de diallage; enfin, fréquemment elle passe à
un conglomérat formant une masse verdàtre, elfervesçant
avec les acides, et contenant des fragments plus ou moins
gros des deux variétés susmentionnées de serpentine. Les
tlancs de toutes les montagnes sont hérissés de blocs de
diverses dimensions dont les surfaces irisées scintillent au
soleil par d'innombrables facettes.
Ces roches composent non-seulement les massifs qui des
I. 29
' P •it
• | r
;