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2 « ROCHE S ÉROi'TIVfiS.
Là OÙ la vallèe traverse d'ouest à l'est le massif d'Egri
Dagli, elle paraît n'être qu'une faille ou qu'un éboulement
local qui aura déterminé la solution de continuité entre les
remparts qui l'encaissent des deux côtés (au sud et au nord).
La vallée y revêt le caractère d'une belle contrée montagneuse
qui cependant rappelle plutôt la physionomie douce du Jura
que les traits plus accentués des Alpes helvétiques. Les forêts
épaisses qui hérissent les montagnes en laissent rarement
percer la charpente solide; mais le peu que l'on en saisit
cil et là permet de faire supposer que les régions supérieures
des montagnes sont composées des mêmes roches
doléritiques qui s'élèvent partout en masses arrondies dans
l'intérieur de la vallée.
Par sa belle végétation arborescenle et ses nombreuses
sources limpides et fraîches, cette vallée forme un contraste
tranché et fort agréable avec les plaines arides qui s'étendent
depuis Adabazar jusqu'au delà de Khandek, plaines où
pendant l'été on est affligé par le double fléau d'une chaleur
étoull'ante et de l'absence complète d'eau potable, vu que
celle des quelques affluents du Salearía est transformée à
cette époque en un liquide tiède, limoneux et souvent nauséabond.
Malheureusement, malgré les conditions favorables
qui caractérisent la vallée, le voyageur y rencontre un
ennemiinattendu : c'est une guêpe sanguinaire dont les forêts
abritent d'innombi-ables essaims et qui par ses attaques
incessantes jette tant de trouble parmi les chevaux, que l'on
a quelquefois de la peine à maîtriser ces pauvres bêtes et à
prévenir la chule des bâts.
La portion de l'Egri Dagh que ti-averse la vallée offre
plusieurs poinls s t ratégiques extrêmement remarquables qui.
enlre d'autres mains que celles des Turcs, poin-i-aient obtenir
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CUAPITHli Vili. 229
une grande importance militaire; aujourd'hui tous ces défilés
et ces sommités dominantes ne servent qu'à favoriser
l'impunité des aventuriers qui y exercent leur déplorable
industrie.
A h lieues environ à l'est de Khandek, la vallée s'abaisse
et se déploie en une belle plaine qui acquiert un développement
considérable dans la direction du nord, et dont l'altitude
moyenne peut être évaluée à 300 mètres. Cependant
elle s'exhausse et se rétrécit à plusieurs reprises à mesure
qu'elle approche de Gumuschabad, village exclusivement
turc com|)osé d'environ 200 maisons et situé le long d'une
hauteur ondulée qui se rattache au bord méridional d'un
massif doléritique.
Gumuschabad, dont l'altilude est de 389 mètres, se présente
d'une manière fort pittorescpie au milieu d'épais
bouquets de verdure. On jouit de ce village d'une vue délicieuse
sur la magnifique et fraîche plaine où dans le lointain
on aperçoit le boui-g d'Uskub, triste représentant de la
célèbre J'rusa \ capitale des rois de la Bîthynie, mais dont
il ne reste plus rien, à l'exception des débris imposants d'un
amphithéâtre que j'ai figuré sur la planche xvi de mon Allas
pittoresque. Uskub est situé au pied d'une belle montagne
boisée, à sommet pointu, qui est probablement le iHons IJippoea
de Strabon. Les splendides villas des anciens sybarites
de /'riistt sont remplacées aujourd'hui par les tentes en poil
de chèvre et de chameau que viennent y dresser en grand
nombre les habitants des villages limitrophes, pour jouir,
pendant les chaleurs de l'été, d'un air salubre et frais, et
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1. Ce fut dans celte cité qu'Annibal vint se réfugier auprès du roi
Prusias II, qui, après avoir défait ses iiropres ennemis avec l'assistance de
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