I I / ' ' *
I I
' f
Ì 3 0 RO C H E S ERUTTI VUS.
Au sud du célèbre groupe de la Chimoera, la Lycie se
lermine par un promontoire allongé nommé caj) Chclidor
a l i o n prccise (l'uno loralilc qu'il avail sui>posée pai-railcracnl connue, supposition
sans doute Irts-légitime, mais qui ne fait que tiO|i souvent perdre
des occasions précieuses pour recueillir des observat ions nouvelles, ainsi que
j ' e n ai fait l'expérience plus d'une fois dans le cours de mes longues pérég
r i n a t i o n s , où, pressé d'aborder les choses nouvelles et inoonniies, j'avais
c r u ne pas devoir ni'arrèter sur une l'ouïe d'objets que, moi aussi, j'avais
liroi t de supposer parfaiteirient connus, sans qu'ils l'eussent été en effet.
C'est ainsi que le phénomène curieux de Pollina, l'ancienne et célèbre
ApoUmiia, demeure encore aujourd'hui pour la science au nombre de ses
desiderala. En attendant le moment, sans doute très-prochain, où cette
classique localilé sera devenue l'objet des études d'un savant de métier, je
n e crois pas inutile de lui soumettre ici il'avanee quelques passages d'aut
e u r s anciens ([ui prouvent que les témoignages historiques relatifs aux
feux d'Apollonia remontent jusqu' à Slrabon, c'est-à-ilire à plus de 18 siècles.
Or, voici d'abord ce que dit sur ce sujet le célèbre géographe d'Amasia
(lib. VII) :
« Dans la proximi t é de la ville d'Apollonia (que Strabon place à 60 stades
o u H kilomètres de la mer, et à 10 stades ou 1 kilomètre 850 mètres de
la rivière Aons, -Wejutza ou Wj o s a d 'aujourd'hui ) est s i tué un Nymphoeum ;
c ' e s t un rocher ignivome, au bas duquel coulent une source d'eau chaude
et une autre source d'asphalte. Non loin de la colline se trouve u n e exploitation
minière où le minerai se reproduit à mesure qu'on l'enlève. Selon
P o s i d o n i u s , lorequ'oB jotte i e la terre dans la mine, la terre se convertit
e a asphalte. »
Un deuxième passage curieux relatif au phénomène de Pollina est
celui d'iElien ;
a Apollonia est située près d 'Epidamnns (appelé plus tard Dyrrhahium,
a u j o u r d ' h u i Durazzo ou Dratsch) dans le golfe ionien. Non loin de la ville
s e - t r o u v e de l'asphalte que l'on exploite, ainsi que de l'huile de terre
( n a p b t e , pétrole?) qui sourd également de la terre à l'instar de l'eau (les
sources. Dans ces parages on voit la ¡lammeperpélaelle. Le siése de cette
combustion est une petite colline de hauteur et d'étendue peu considérables,
mais exhalant une odeur de soufre et de résine. Tout autour de cette
colline se trouvent de beaux arbres et une vigoureuse et riante végétalios
s u r laquelle le foyer ardent n'exerce aucune action préjudiciable, même
dans les endroits où il touche de plus près aux branches et aux feuilles.
C H A l ' I T R I i XVI. 431
n i a ' , tout autour duquel se trouvent plusieurs îlots calcaires
dont un, le Garabusa {fírambusa des anciens), paraît offrir
des phénomènes éruplifs qui, sans doute, se rattachent à l'action
de la serpentine. Eu elTel, l'amiral Beaufort a observé à
l'extrémité boréale de cette île un filon de serpentine friable
qui traverse les roches calcaires de bas en haut comme le
ferait un dyko basaltique. D'ailleurs, le savant hydrogi'ajihe
fulgíais développe certaines considérations propres à faire
admettre qu'aune éjioque historique, des cataclysmes locaux
auraient violemment ébranlé les îles chélidoniennes. Parmi
ees considérations, il en est deux d'une grande portée;
d'abord il paraît résulter des témoignages explicites d'auteurs
anciens que le nombre de ces îlots a successivement
La (lamme brûle joui- et nuit; selon les habitants d'Apollonia,elle n'a offert
une intermittence qu'à l'époque de la guerre qu'ils eurent à soutenir contre
les Illyricns. » {Cl. jFÂianus, 1. X l l l , l-â.)
Enfin voici un passage qui e.st particulièrement remarquable, parce que
l ' a u t e u r , Cassius Dios, y parle en témoin oculaire :
(( Apol lonia, colonie des Corynthiens, jouit de la plus avantageuse positiou
relativement à la mer , au continent et particulièrement aux rivières,
mais ce cpii m' y a paru le plus remarquable, c'est la Ilamme qui sort fi'équemment
du sol près de la rivière Anas (Aous), sans se répandre dans
la contrée limitrophe, et même sans desséclier ou consumer la terre d'où
elle s'échappe; au contraire, on, voi t tout près de la Qamme des plantes et
(les arbres parfaitement verts ; les fortes ondées augmentent la flamme et
la font s'élevoi- avec plus de vigueur, c'est pourquoi on la qualifie de Nymphaeum
etqu'elle sertd'oracl e (Cassius Dios, llisl. rom., lib. LXI, 45.)
On remarquera combien, dans tous ces passages, leurs auteurs insistent
s u r l'inirocu'ilé do la flamme d'.^l;ío//oííí(íexact6ment et presque en mêmes
termes que le fait Sénè(iuc à l'égard dos Hammes de la Chimoera.
1. Ce cap était désigné par Strabon, Ptoléméo et Pomponius Mêla sous
les noms de Promonlorium clielidoiiitim. Sacrum Promonloriiuii et
Tauri Promonlorium. C'est ce cap que les géographes anciens considéraient
comme le cominencemeut du Taurus.
ifr' ;
Il 'm
I II
i l