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4J6 UOCHE S ÉUl'PTIVES.
une altitude de 800 pieds au-dessus du niveau de la mer,
et se trouvant dominée par des rocliers calcaires qui s'élèvent
à 250 pieds au-dessus de la surface de la dépression.
La gerbe de feu, qui répand une odeur d'iode assez
agréable, atteint une liauleur de 3 à /| pieds ; elle s'échappe
d'une ouverture rappelant la forme d'une cheminée {caminartige
off«"«»)- A côté de ce jet principal, on en voit
d'autres plus petits sortant de fentes toutes situées dans la
serpentine. L'examen que fit Gustave Rose des échantillons
de roches apportés pai- M. Berg, a démontré que la roche
brun-rougeâtre signalée dans la relation de M. Berg comme
le siège des feux doni il s'agit, et qu'il qualifie de roche
érnptive ayant pénétré de bas en haut à travers les calcaires,
est effectivement une serpentine tantôt verte et de texture
compacte, tantôt brune et dans un état de désagrégation
plus ou moins avancée, l'une et l'autre renfermant de
la diallage.
IV.
On le voit, ainsi que l'avaient déjà fait observer 1\1M. Spratt
et Forbes' , les flammes si vantées de la Chimoera ne sont
autre chose qu'un dégagement de gaz inilammable à travers
une crevasse, exactement comme cela a lieu sur plusieurs
points des Apennins. Ce phénomène est donc loin d'être
unique dans son genre, mais ce qui le rend effectivement
tel, c'est que sa durée se trouve appuyée sur une série de
témoignages qui en font le phénomène le plus ancien p(u-nii
I. TraveU in Lycia, vol. il. |>- t«!.
C H A P l ï U l i XVI. 427
tous ceux de cet ordre constatés par des documents historiques.
Les citations suivantes, dont quelques-unes sont
empruntées au grand ouvi-age géographique de Charles
Bitter, mettront cette assertion hors de doute.
Déjà l lomère' rapporte une ti-ès-ancieiine légende populaire
qui, sous le nom de Chimoera. parle d'un dragon ignivome
ravageant jadis lal>ycie, légende d'ailleurs reproduite
sur phisieurs monuments lycéens qui figurent le monstre
exactement comme l'avait décrit Homère, c'est-à-dire muni
de trois têtes dont l'une représente celle d'un lion, l'autre
celle d'un sei-pent, et la troisième celle d'une espèce de
chèvre de montagne; les gueules béantes de toutes ces têtes
vomissent des flammes. Cette légende monumentale mentionnée
non-seulement par Homère, mais encore par son
prédécesseur Hésiode, qui également signale les trois têtes
ignivomes de la Chimoera, a sans nul doute pour point de
départ les éruptions volcaniques dont cette partie de la Lycie
aura été le théâtre bien antérieurement à l'époque d'Homère,
qui, d'après les marbres de Paros, vécut à peu près neuf
cents ans avant l'ère chrétienne' . Cinq siècles environ après
Homère, les flammes de la Chimoera sont mentionnées
I. Itim, VI, 160, (80; XV(, 3S8.
t . Cent ainsi que dójà Slriibon interprète (XtX, 664, 666) Fort
jiuliciousrment le mythe clianté par tlonière. D'aillenrs, dans son savant
travail snr les monnaies de Sicyon reproduisant également le monstre
Chtmoera {nom d'origine phéiiicienno provenant du mot Chamirak,
b r f j l é ) , M. Streber fait observer que si les monnaies antiques ne figurent
que la partie supérieure du monstre, c'est que, conformément à
l'usage symbolique des anciens, on ne représentait que les extrémités
supérieures des démons et des div inités internâtes, cliaque fois qu'on voulait
personnifier des forces mystérieuses dont les entrailles 96 notre glolié
sont le .siège.
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