440 UOCI IES ÉKUL'ÏIVES.
les dépôts tertiaires se trouvent remplacés par une serpentine
gris-clair ii larges crislaux de diallages, roche qui constitue
un rempart considérable, très-boisé, dirigé en moyenne
du sud-ouest-sud au nord-est-nord, c'est-à-dire presque
parallèlement à la chaîne de l'Ala Dagli. Ce rempart serpentineus
nommé Tchaltynguibi se trouve traversé (à h
lieues environ de Karsanty Oglou) par le petit torrent
Tchaltynguibi Sou, enclavé dans une gorge [irofonde oil il
coule avec rapidité au sud-est-sud. Sa largeur est d'environ
12 mètres et l'altitude de son lit de 1,190 mètres.
A 1 lieue environ au nord-est de ce torrent s'en trouve
un autre nommé Hadjiman Son, qui traverse une gorge à
parois abruptes et encore plus profonde que la précédente.
Cette gorge appelée Hadjiman Deressi (vallée de Hadjiman)
, est bordée au nord-est-nord par un plateau qui s'élève
en len-asses superposées les unes aux autres et coin-onnées
par line plate-forme nommée Hadjiman Yaïla. Le plateau
terminal, dont l'altitude n'est pas inférieure à 1,800 mètres,
ainsi que les masses terrassiformes qu'il couronne sont composés
de serpentine foncée.
Bien (jue faisant en quelque sorte partie de la masse
principale de l'Ala Dagh dont il n'est séparé, à l'ouest et au
nord-est, ([ue par un certain nombre de renflements et de
gorges, le plateau élevé de Hadjiman Yaïla se détache d'une
manière fort tranchée de son imposant voisin, par la teinte
rougeàtre de la roche serpentineuse et par les belles foj'êts
qui la recouvrent, tandis quo les hauteurs dont se compose
la masse centrale de l'Ala Dagh sont nues et coloriées de
nuances claires. D'après les indigènes, les montages serpentineuses
seraient fort riches en minerais de cuivre et de fer ;
à en juger par les quelques échantillons que j'ai pu obtenir
C t l A P I Ï t i l i XVI. 441
à grand'peine, non à cause de leur rareté, mais grâce à la
méfiance soupçonneuse des habitants envers les étrangers,
les deux métaux se trouvent particulièrement à l'état de
pyrite.
Lorsque de Hadjiman Yaïla on se dirige au nord-estnord
en serrant de plus près le rempart de l'Ala Dagh, on
voit les hauteurs de serpentine s'abaisser et se confondre
graduellement avec les masses calcaires de l'Ala Dagh et, en
même temps, disparaître de plus en plus la magnifique végétation
arborescente, phénomène assez curieux, puisque
généralement la prédominance de l'élément magnésien n'est
point favorable à la végétation, tandis que dans ces parages
de l'Anti-Taurus elle semble au contraire s'attacher avec
prédilection aux roches serpenlineuses et fuir les calcaires.
En effet, la longue bande serpentineuse qui borde l'Ala Dagh
du côté de sud-est, depuis l'Ak Dagh jusqu'aux parages
limitrophes de l-arasoh, n'est qu'un massif non interrompu
de superbes forêts oii les essences les plus rares forment
des zones étagées le long de ces belles montagnes, de manière
que les régions supérieures sont occupées par les
espèces exclusivement anatoliques de sapin [Abies Cilicica et
Kolschyana), par les cèdres et par diverses espèces de genévriers
[Jxmipems drupacea et excelsa), tandis que les régions
inférieures servent particulièrement de domaine aux pins
lariccio, à de nombreuses espèces de chêne (Quercus calliprinos,
Q. halyphleos, Q. cerris, elc.), aux charmes (Carpinus
orienlalis), aux aubépines [Cmloetjus urientalis), aux
platanes [IHatanus orienlalis), etc.
A 2 lieues environ au nord-est-nord de Hadj iman Y'aïla,
les masses calcaires se trouvent séparées de celles de serpentine
par une gorge profonde dirigée presque parallèle-
• . S î ' i
t li