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fori IraiKjlii-'os (juo présenleiU certaines coloriitions divisant,
la surface de la même substance en zones et plaques particulières
et semblant ainsi indiquer autant d'éléments distincts.
Ainsi, plusieurs variétés bigari'ées de teintes roses
et blanches et mouchetées de noir rappellent à s'y méprendre
les granites, en simulant un feldspath couleur de
chair, un quartz blanc et un mica noir, et ce sont ces variétés
qui ont pu très-naturellement porter W. Hamilton à
signaler le granite sur le cône central du mont Argée. Cependant
une étude comparée de toutes ces innombrables
variétés, souvent fort embarrassantes, prouve qu'aucune ne
renferme des cristaux de quartz ou de mica, et que toutes,
malgré les apparences les plus spécieuses, ne sont composées
que tl'élcments qui caractérisent le Irachijle dioritiifue
de G. Rose, ce qui assignerait à la l'oche du mont Argée
une place à côté de celle qui compose les régions élevées du
Caucase, de l'Ararat, ainsi que certains volcans éteints ou
encore actifs de l'Auvergne et du Jlexique. Quant aux pics
qui constituent la sommité du cône central et qui se trouvent
figurés sur la planche 20 de mon Allas pilloresiiue, ils
ont été évidemment formés postérieurement à l'époque de
la naissance de ce dernier, puisqu'ils ne sont composés que
de fragments de toutes les roches qui percent à ti'avers le
cône même, fragments cimentés en un conglomérat trèssolide
qui est divisé en bancs presque horizontaux ou légèrement
inclinés.
Du pied des pics, et par conséquent du point le plus
élevé du mont Argée (car les pics eux-mêmes sont inaccessibles
ou du moins ne pourraient être gravis qu' à l'aide de
cordes qui hisseraient l'observateur en le suspendant audessus
des précipices), on jouit d'une vue très-bel le, (luoiciue
C H A P I T R E IV, li a
beaucoup moins étendue et moins distincte que l'on ne serait
tenté de s'y attendre. Au sud, sud-ouest et sud-est,
l'horizon est limité par les chaînes du Boulgar Dagh, de
l'Ala Dagh et de l'Anti-Taurus' ; à l'ouest, une agglomération
confuse de montagnes masque complètement le vaste
plateau de la Lycaonie dont on ne voit même pas surgir les
groupes élevés du Karadja Dagh et du Kara Dagli; enfin,
au nord, nord-est et nord-ouest, le panorama est bien
moins distinct, car les montagues se perdent dans une vapeur
bleuâtre, et l'on ne voit qu'une immense surface horizontale
sillonnée par un mince cordon foncé qui figure le
Kizil Irmak; cependant on découvre la ville de Kaïsarié
sous forme d'un point noir microscopique. Dans tous les
cas, ni la mer Noire, du côté du nord, ni la Méditerranée
du côté du midi, ne présentent une trace quelconque,
malgré ce qu'en a dit Srabon qui, d'ailleurs, n'ajamais fait
l'ascension du mont Argée, et même aura eu de la peine à
consulter quelqu'un capable de parler d'après le témoignage
de ses propres yeux^
Au reste, le géologue seconsolerait aisément de ces quel -
ques déceptions artistiques si, au prix des elîorts qu'il a
faits pour gravir le versant méridional du solitaire colosse,
il etàt pu, du haut de son sommet, jeter un coup d'oeil scru-
1. Ce sont les crôtes neigeuses de ces chaînes qui figurent sur l'arrière
plan de la planche xx de l'Atlas pilloresque de ma (léogr. phi/s. comp. de
l'Asie Mineure.
Strabon dit (lib. XII, 'i) : « sommet de l'Argoeus est constamment
revêtu de neige, et ceux qui sont parvenus à l'atteindre, ce qui n'est arrivé
qu'à un irès-pelii nombre d'individus, prétendent que par un ciel
serein ils ont pu apercevoir les doux mers : le Ponl-Euxin et la mer d'Issus
1) (te golfe d'.-Vlexandrette et par conséquent une partie de la Méditerranéo).
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