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Mi lìOCIIES KRUPTIVES.
des fragments tout à la l'ois de calcaire et de serpentine. A
Sahiikagik, oii les strates des marnes se trouvent verticalement
redressées, l'amygdaloïde est injectée dans la serpentine,
et, aux points de contact, les marnes offrent une teinte
rouge et une texture friable. Enfin, dans les parages de
ï c h a n d i r , les deux savants anglais nous font connaître un
profil très-instructif, qui constate parfaitement l'action des
Irapp sur les calcaires, car les premiers, à leur passage à
travers les calcaires, ont emporté des lambeaux de ces derniers
qui restent empiités dans la rociie éruptive.
Bien que la serpentine soit compai-ativement assez rare
sur la côte orientale de la l^ycie, en revanche cette còte
renferme le groupe serpentineux si célèbre dans l'antiquité
sous le nom de Chimoera, et qui aujourd'hui porte celui
d e Yanarlach ou pierre brijlaute. Ce fut vers la fin du
w i n " siècle que l'éminent hydrographe anglais, l'amiral
Beaufort (alors capitaine) , constata pour la première fois,
d ' u n e manière irrévocable, le phénomène curieux que présente
ce massif serpentineux et qui n'était connu jusqu'alors
que par les témoignages des auteurs classiques ou par ceux
d e quelques rares voyageurs modernes, dont la compétence
en fait de matière d'histoire naturelle n'offrait point toutes
les garanties désirables. Se trouvant pendant plusieurs jours
a n c r é tout jjrès de la côte que recouvrent les ruines de l'antique
Olympus, M. Beaufort fut étonné de voir une gerbe
de feu briller sans discontinuation sur le sommet d'une
montagne située dans la direction du nord ' . Ayant appris
des habitants que cette flamme ne cessait jamais de jaillii'
d ' u n e hauteur, distante de la côte seulement à une petite
1. Voy. Kommania, p. 3o. 52. 85.
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heure de marche, et parfaitement connue dans le pays sous
le nom do Yanarlach, il s'empressa de s'y faire conduire.
Dans le grand ouvrage où le célèbre navigateur consigne
les résultats des travaux hydrographiques effectués par lui
le long du littoral de la Karamanie, et oil il donne nn croijuis
de la montagne de Yanar lach, celle-ci est représentée comme
nn massif serpentineux et calcaire, qui laisse échapper une
gerbe de feu par une petite ouverture située au coin d'un
édifice ruiné; de plus, W. Beaufort signale sur la même
montagne plusieurs fentes ou fissures semblables à celle
d'où jaillit la fiamme, mais qui n'en émettaient point et
étaient probablement autant d'anciennes bouches ignivomes
éteintes à cette époque. \1\I. Spratt et Forbes, qui visitèrent
le Yanartach en 1842, non-seulement trouvèrent la
g e r b e de feu susmentionnée tout aussi lumineuse et aussi
constante que l'avait décrite M. Beaufort un demi-siècle
a u p a r a v a n t , mais encore ils purent constater plusieurs des
petites bouches ignivomes signalées comme éteintes par
leur prédécesseur et qu'ils virent dans une dépression cratériforme
dont le fond était rempli d'eau sulfureuse. Enfin,
en 1854, le peintre prussien M. Berg, qui a reproduit
t r è s - h a b i l e m e n t les traits de la célèbre montagne dans un
tableau magnifique conservé aujourd'hui à Berlin, adressa
à A. de Humboldt deux lettres fort intéressantes relatives
à cette localité, lettres qui furent publiées dans le Journal
géographique de Berlin". D'après la descr ipt ion de M. Berg,
l'endroit de la montagne d'oii jaillit la principale gerbe de
feu forme une dépression creusée dans la serpentine, ayant
.1
• il
I. Zeitschrift fur allgeimeine Erdkunde, première série, vol. III.
p. 307.