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n O C I l E S iillDPTlVES.
Cetic aUinite, qui se préseiile sous la forme d 'une masse
compacle, jaunàti'c, à cassure coiiehoîde, paraît former
dans la syénile (presque toujours assez fortement désagi'égée)
des nids ou des coins de dimensions peu considéral3les
tant dans le sens liorizontal que dans le sens vertical;
c'est du moins ce qui résulte de l'aspect qu'ont les excavations
d'où le minerai a été enlevé , excavations en forme
d'entonnoirs, très-fréquentes sui- les flancs des hauteurs qui
bordent la petite vallée arrosée par le ruisseau Lidjesé Sou,
à 2 lieues environ au nord-est-nord de Schabbkhanné Karaliissar,
et tout à côté du sentier qui conduit de cette ville
au village Lidjesé, dont l'altitude est de 1,725 mètres '.
Le minerai est d'abord grillé dans des espèces de fours
grossièrement construits en cailloux. On en remplit l'enceinte
intérieure de bois, sur lequel le minerai est empilé jusqu'il
l'orillce du four, et on met alors le feu au combustible.
Lorsque la calcination a réduit le minerai à une substance
fi-iable et poreuse, on l'expose pendant quatre à cinq mois
au grand air; puis coite matièi'e complètement désagrégée
et pulvérulente est jetée dans un chaudron en fer rempli
d'eau et muni à sa partie inférieure d'ini trou qu'on bouche
avec un tampon. Aussitôt que le feu allumé au-dessous du
chaudron a mis l'eau en ébulFition et qu'une partie du minerai
s'est dissoute, on laissant siu'nager une substance pâteuse,
ville {/.•am, noir, lussar, cliàlcau) ; la Iraduclion liltirale de Ctiabblchané-
Karahissar serait donc : « Château noir aux dépôts d'iitim. i>
I. Comme, à l'époqne (le'l.5juiiH8S8) où je visilais ces lieux, les liabitanls
de Lidjesé se bornaient à fondre le minerai extrait depuis plusieurs
années sans enlamer aucune nouvelle exploitation, il m'a été impossible
d'apprécier le gisement de l'alunite autrement ,pie par les excavations
vides qui la renfermaient, et qui toutes se trouvent ii une profondeur peu
considérable, en sorte que les travaux ont du se faire il ciel ouvert.
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C l l A l M T I l i ; XIV. ••¡81
on retire le tampon, el l'eau s'écoule par une petite rigole qui
conduit dans une excavation placée un peu plus bas que
celle qui supporte le chaudron. Recueillie dans cette enceinte
creiLsée dans la terre et sans que ses parois intérieures
soient munies d'un revêtement quelconque, l'eau ne tarde
point à précipiter la solulion, qui se prend en beaux cristaux
d'alun.
Malgré la simplicité primilive des procédés métallurgiques
tels qu'ils sont prali(|ués par les quelques pauvres
et ignorants Arméniens et Grecs des villages limitrophes de
Schabbkhané Karahissar, le produit qu'ils obtiennent e.st
tellement pur. que les cristaux artificiels d'alun recueillis
par moi sur les lieux mêmes, et examinés au laboratoire de"
l'licole des Mines, ont été trouvés presque aussi irréprochables
que les meilleurs aluns de nos fabriques, car ils
ne contenaient en fait de corps étrangers que très-peu de
chiuix.
Quand on considère d'un côté, la facilité avec laquelle
s'opère en ces lieux l'extraction de l'alunite qui n'exige
aucun travail souterrain, et d'un autre côté, l'abondance de
ce minerai qui afneure presque partout à travers la syenite,
on est naturellement amené ii admettre que si cette branche
d'industrie était confiée aux mains des Européens, qui, comme
de raison, commenceraient tout d'abord i)ar tracer des voies
carrossables entre Schabbkhané Karahissar et les points littoraux,
tels que Samsoun, Kireseun, Tripoli, Trébisonde, etc.,
cette partie du Pont ne tarderait point à fournir à l'EuropI
une immense quantité d'alun à des prix inférieurs aux
n ô t r e s ' . Aujourd'liui, .malgré le peu d'eH'orts et de frais
1. Le point littoral le plus rapproché de Schabbkhané Karahissar est la
ville de Iv.rescun, reliée il Constaulinoplc et à Marseille par un service
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