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T E R R A I N S DE TRANSITION.
cette marche de prisonnier à travers une contrée où la
surface du sol est littéralement jonchée de précieux restes
organiques (dévoniens et carbonifères), ont été conquis au
risque de ma vie, puisque chaque fois que je descendais de
cheval pour les ramasser, mes Argus ne manquaient point
de me coucher en joue, on me criant que je n'avais la permission
de recueillir que des plantes et non des pierres.
Il paraît que depuis ma périlleuse excursion dans ces
régions inhospitalières, celles-ci ne sont guère devenues
plus accessibles aux étrangers, car 51. Kotschy, qui essaya
d'y pénétrer en 1859, nous apprend (loc. cit.) qu'à Belen Koï
lui aussi courut le danger d'êlre mis à mort par l'un des
chefs avchares, bien que les occupations exclusivement
botaniques de M. Kotschy aient été de nature à inspirer
beaucoup moins d'ombrage que ne devaient en causer les
allures du géologue.
Il ne me reste donc qu'à faire des voeux pour que l'état
de ces malheureuses contrées s'améliore pi-omptement, afin
de permettre aux explorateurs européens de découvrir les
dépôts houillers, dans la proximité immédiate desquels je me
suis probablement trouvé sans avoir eu le moyen de les
atteindre. Dans tous les cas, quand même sous le rapport
industriel ces dépôts ne répondraient point aux attentes, ils
pourraient offrir une importance scientifique, en nous éclairant
sur la question de savoir si la houille de cette contrée
est superposée au calcaire de montagne, ainsi qu'elle se
présente dans la majorité des grands bassins houillers de
l'Europe et de l'Amérique, ou bien si elle se trouve intercalée
dans le dernier, comme c'est le cas dans certaines
régions de la Russie.
Au reste l'Anti-Taurus n'est pas le seul endroit de la partie
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orientale de l'Asie Mineure capable de réaliser de légitimes
espérances relativement à l'existence de dépôts de houille
car la région comprise entre le lac de Van et celui d'UrumdjI
semble ofinr à cet égard des perspectives encore plus
satisfaisantes. En elfet, dans la relalion que M. Blau a
publiée ' de son voyage dans cette région, le savant allemand
signale le charbon de terre sur un grand nombre de
points, notamment entre les villages Khamadan et Tchobanly
(territoire persan), et entre Kaschkol et Gernavig
(territoire ottoman). Selon M. Blau, une excellente houille
bitunrineuse (Pechkohle) affleure dans tous ces endroits à
la surface même du sol et souvent en masses considérables
comme entre autres à peu de distance au nord de Gernavig'
dans les parages de Douane, où le combustible fossile
parait acquérir un remarquable développement, puisque
M. Blau le qualifie d'immenses dépôts do houille {ungeheure
Slemkohlenkger). A cette occasion, M. Blau fait observer
que déjà depuis longtemps il avait adressé de pressantes
représentations, tant aux habitants persans de Tebris qu'aux
Kurdes du territoire ottoman, afin de les déterminer à profiter
de ces richesses naturelles, d'autant plus précieuses que
les contrees dont il s'agit sont complètement dénuées de
vegetation arborescente; malheureusement, dit-il rien n'a
pu empêcher les indigènes de continuer à se servir de la
fiente desséchée de leurs troupeaux, comme unique matière
combustible destinée soit au chauffage des maisons, soit à
la preparation des aliments.
Les faits que je viens de passer en revue suffisent pour
prouver qu'en dehors de la cote septentrionale, des dépôts
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