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138 HO C H E S Éllül'TlVLiS.
on ne voit aucune trace bien distincte de tuf; celui-ci n'apparaît
qu'au pied septentrional du massif, et notamment sur
la lisière de la plaine qui sépare ce dernier du village lîndurluk,
et où il se présente en dépôts considérables horizontalement
stratifiés.
Bien que le cône septentrional soit le plus élevé, cependant,
vus d'Endm-luk, les deux cônes paraissent comme
étant de la même hauteur, et séparés seulement par une
légère dépression, qui dans le fait est une vallée assez profonde.
L'ascension de l'Ali Dagli n'olTre aucune difficulté,
c'est presque une promenade, malgré les quelques surfaces
un peu raides qu'on a à franchir. Mon baromètre s'étant
brisé juste au moment de l'ascension, je n'ai pu déterminer
l'altitude du point culminant de la montagne; je l'évalue à
environ 1,800-2,000 mètres. La vue dont on y jouit est
plutôt gracieuse qu'imposante, toutefois, l'aspect du mont
Argée est éminemment grandiose.
L'Ali Dagh se trouve complètement isolé, à l'exception
de son extrémité nord-ouest-nord qu'une série de collines
pointues rattache (quoique imparfaitement) à la lisière septentrionale
de l'Argée. La régularité de ces collines symétriquement
alignées ne permet guère de les considérer
comme une coulée de lave; elles paraissent plutôt représenter
l'épanchement d'une substance pâteuse le long d'une
fente. Du côté du nord, l'Ali Dagh est séparé par une
plaine élevée, d'un rempart semi-circulaire, ou d'une espèce
d'amphithéâtre adossé aux conire-foris de l'Argée, et au
pied duquel est situé le village Endurluk. La plaine est revêtue
d'une belle végétation herbacée qui, pendant les mois
de juillet et d'août, embaume l'air du parfum de plusieurs
plantes odoriférantes, et particulièrement de Vl/eliolropium
C H A P I T R E IV. 139
suaveolens Stev. ' L'espèce d'amphithéâtre dirigé d'ouestnord
ouest à l'est-sud-est, et dont la concavité est terminée
du côté de l'Ali Dagh, pourrait bien représenter les restes
d'un cratère extérieur qui jadis aurait entouré le massif de
l'Ali Dagh, comme la Somma entoure le cône central du
Vésuve, sans cependant offrir le phénomène des couches
rayonnantes qui a fait de la Somma une localité classique
pour les adeptes de la théorie des cratères de soulèvement,
et même pour ceux qui envisagent le phénomène sous un
autre point de vue, et en déduisent des conclusions différentes.
11 est vrai que le trachyte gris qui compose l'amphithéâtre
dont il s'agit se présente souvent disposé en couches,
mais celles-ci sont généralement horizontales et se trouvent
çà et là interrompues par des blocs de la môme roche entassés
pêle-mêle, sans trace quelconque de stratification.
La planche xii, p. ililO, de mon ouvrage susmentionné,
donne une idée de la manière dont l'Ali Dagli se présente
vu du côté du sud, c'est-à-dire du village Endurlulc, situé
à une lieue environ de ce massif. La maison du village sur-
I . Sous le rapport botanique l'Ali Dagh est encore plus intéressant que
le mont Argée, parce que, eu égard à leurs dimensions respectives, le premier
est proportionnellement beaucoup plus riche en espèces que le dernier.
Parmi celles que j'ai recueilliesen nombre suffisamment considérable
pour donner une idée de la Flore do l'Ali Dagli, je citerai : Campanula
inulUcaulis Boiss., Delphinium tuberosum Boiss., Asperula fascicnlala
Boiss., Alkaima Pinardi Boiss., Pimpinella Kolsckijana Boiss., Ttmim
pachygona Fisch., Saponaria ortegioïdes Boiss., Salviarecognitaf\&c\\.,
Pyretrum delicalulltm Fisch. Les trois dernières sont au nombre d'espèces
nouvelles que m'a fournies l'Ali Dagh; elles ont été décrites et figurées
dans la partie botanique de mon Asie Mineure. Quant aux autres,
publiées par M. Boissier dans son beau répertoire de plantes orientales,
elles appartiennent toutes exclusivement il l'Asie.