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IliS liOCHE S ÉKUPTIVIiS.
entre Yenezi et Melegob est hérissée de cônes trachytiques
qui paraissent avoir été autant de foyers d'éruption. Ces
cônes, associés à des remparts linéaires de tuf, limitent de
tous côtés l'horizon sur lequel se dessinent au sud-ouest
les contours du llasan Dagh et au sud et sud-est ceux du
Boulgar Dagh et de l'Ala Dagh; ces trois massifs se présentaient
couronnés de neige lorsque, le 0 juin 1848, je traversais
les parages dont il s'agit. A 3 lieues à l'est de
Yenezi la conti-ée revêt le caractère d'une plaine horizontale
qui se déploie jusqu' à Jlelegob, et acquiert à Melegob même,
une altitude d'environ d,500 mètres'.
Entre Melegob et Oi-ta Koï, la puissance de la roche trachytique
apparaît dans toute sa force, car la contrée est sillonnée
de vallées et de gorges dont les énormes parois sont
taillées en colonnes avec une admirable régularité. Excepté
ces dépôts en forme de nappes d'une grande puissance, le
trachyte constitue fréquemment des cônes et des pics isolés.
11 est le plus souvent d'une teinte blanche, rougeâtre; la
pâte, tantôt poreuse et solide, tantôt friable ou terreuse, renferme
de petits cristaux d'orthose vitreuse, des paillettes
1. Miilgré cela, la vigne est cultivée à Melegob, quoiqu'elle n'y fournisse
presque jamais de vin. C'est pcuL-èLre la localilé la plus élevée où,
sous celte latitude, la vigne soit cultivée. En Europe, et notamment dans
l'Andalousie placée à peu de chose près sous le paraièlle de Melegob, elle
atteint l'altitude de 1,364 mètres, ainsi que nous l'apprend M. Boissier
{Voyaije bot. en Espagne, p. 236); mais c'est là u» l'ait e.^iceptiouuel et
isolé, car partout ailleurs la hauteur de 1,200 mètres, qui est celle où dans
le département des HautC:^-Alpes la vigne prospère encore, piirait être le
maximum de l'élévation jusqu' à laquelle la viticulture puisse s'aventurer
en Europe, maximum qui est par conséquent de 300 mètres inférieur à la
station de Melegob, qui, de plus, l'emporte de 136 mètres sur la localité la
plus favorisée (Andalousie) de l'Europe.
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de mica foncé, ainsi que quelques fi'agments d'une roche
trachytique beaucoup plus coinpacte. Ce trachyte fournit le
iTialériel de construction à tous les villages de la conirée,
dont plusieurs, au reste, ne sont taillés que dans la roche
elle-même, comme entre autres le village Kizil Euren, situé
sur le sentier qui conduit de Melegob à Orla Ko'i.
Les prodigieuses masses de Irachyle blancliàire alternent
souvent avec des dépôts non moins considérables de conglomérat
trachytique renfermant des morceaux d'un trachyte
noir, conglomérat pres(|ue toujours disposé en bancs aui'.si
réguliers que des matières déiritiques qui se seraient précipitées
dans un milieu a<iueux. Cela se présente, entre autres,
sur une échelle vraiment colossale, le long de la gorge
étroite au travers de laquelle on descend vers le village Orla
Koï, situé d'une manière'très-pittoresque au pied d'une
masse de trachyte blanc colonnaire taillé en amphithéâtre.
Vu du haut du défilé, le village offre un coup d'oeil des plus
grandioses : la ceinture de bosquets verdoyants qui l'entoure
contraste vivement avec l'éclat éblouissant de la teinte blanche
dont brillent les innombrables colonnes qui composent
cet ampliithéàtre. La gorge qui conduit du plateau trachytique
à Orta Ro'i est également très-pittoresque; ses parois
hérissées d'énormes rochers et de blocs sont revêtues de frais
buissons qui grimpent et s'entrelacent au milieu de toutes ces
saillies fantastiques
•1. Orta Ko't n'a pas moins de deux cents maisons, ce qui suppose une
population d'au inoins six cents individus. Or, lorsque précédé de mon
Tatar en costume O0iciel, la cravaclie obligatoire à la main et les longs
poignards dans la ceinture, je descendis le 20 juin 1847 vers le \'illage,
d'aussi loin que nous fûmes aperçus, toute ceUc population s'enfuit au cri
de sauve qui peut; je ne trouvai à mou arrivée que six vieillards plus ou
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