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428 KOC.HES liRUPTIVliS.
d'abord par Pindare', et ensuite par Ctcsias' qui parle du
feu immortel de la montagne Chimwra, siluée dans le pays
de l'haselis. Enfin les témoignages se multiplient à mesure
que nous nous rapprochons de l'ère ehrélienne, en soric
que, parmi les grands écrivains qui lleurircnt à celte époque,
il en est quatre qui s'occupent des feux de la Chimivra.
savoir : Strabon. l'line le Naturaliste, Sénèque et Virgile'.
Chez Pline, il ne s'agit pas seulement d'une flamme sortant
d'un seul endroit de la montagne, mais bien de plusieurs
sommets embrasés : « et ipsa (Chimaîra) soepe [lagrantilius
jugis; » il qualifie ces flammes d'immorlelles : « llagrat in
Phaselide mous Chimoera et quidem immortali diebus ac
noctibus llamma. » Mais c'est surtout Sénèque qui s'exprime
au sujet de ce phénomène d'une manière tellement
précise, que sa descriplion est encore parfaitement applicable
à l'état actuel des choses. En effet, au lieu de produire des
scènes de conflagrafiou et de ravage que semblerait faire
supposer la présence d'un incendie inextinguible, ces élégantes
mais inolTensives gerbes de flammes ne figurent là
plutôt que Comme des torches de fête allumées par la nature
afin d'éclairer, par une illumination perpétuelle, un riche et
pittoresque paysage; or, les paroles suivantes du philosophe
romain font positivement ressortir l'innocuïté des feux de la
Chimoera et le contraste qu'ils forment avec l'aspect verdoyant
de la contrée : » In Lycia regio nolissiina est,
Ephestion incote vocant, perforatum pluribus locis solum,
1. Olymp; XIII, ( 28. Pindaro naquit S30 et mourut 456 années avant
l ' è r e chrétienne.
2. Fraij)ti. Indie., XX el XXII. Ctéiiias, médecin d'Artaxerxès Slnemon,
vécut quatre siècles avant l'ère chrétienne.-
3. ,eneid., VI, S88,
CIIAIMTIÌIÌ XVI.
quod sine lilto nancentium danmo ignis innoxiuH circuit...
I.oela ila([ue regio est et lierbida, nil flammis adurenliltm. »
11 résulte de toutes ces citations dont il eût été facile
d'augmenler le nombre, qu'en ne faisant remonter qu'à
l'époque d'Homère le phénotnène de la Chimoera, aujourd'hui
encore si |);u'faitement intact, il n'aurait pas moins
de 2.761 années de durée historiquement prouvée. Or,
aucun phénomène de cette nature n'ofire des amiales aussi
imposantes, car nous ne possédons que des données histori{|
ues comparativement récentes sur les émanations des gaz
inflammables des Apennins, et quant à la célèbre localité
de Baku, les recherches consciencieuses dont elle a été
l'objet de la part de A. de Humboldt (.Isie centrale, vol. 11,
p. 201 et 503) prouvent qu'aucun auteur de l'antiquité
cla-sique n'a jamais mentionné les feux de la côte Caspienne.
I.e premier écrivain qui en ait parlé estMassoudy, historien
arabe du xi' siècle, en sorte qu'à l'époque oit les feux de
Baku furent pour la première fois signalés, ceux de la Lycie
étaient déjà cotmus depuis plus de deu.ic mille années'.
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1. Parmi les localités caractérisées aujourd'liui par l'émission constante
des gaz inflammables, il en est une qui a le droit de revendiquer une
n o t o r i é té historique, sinon égale à celle do la célèbre Chimoera, du moins
tort ancienne : c'est la région littorale de l'Albanie, où, dans les parages
d e Pollina, on voit, au sommet d'une colline, des dégagement s constants
d'Iiydrogène carburé qui souvent s'enllammo par des causes accidentelles.
Ce curieux phénomène, couslaté en 1861 par l'. Lenormant {Comptes
rendus, t. LXII, p. 1094}, a été si fréquemtnent signalé par les anciens,
q u ' i l acquiert par là un caractère classique, ce qni rond plus regrettable
l'oubli complet dans lequel il est tombé depuis les anciens, puisque, ainsi
que le fait observer M. Lenormant, ii n'a été mentionné par aucun géologue
moderne, bien que ce point de la côte de l'Albanie (situé vis-à-vis de
lïi-indisi et d'Otranto) soit assez souvent visité par les touristes. Cette circonstance
fut cause que M. Lenormant négligea de se livrer à l'explo-
' ' y à