VI l'HÉFACL' .
nière mes ilinéraires par des lignes coloriées, parce que cela aurait
nui à la netteté des teintes nécessaires aux indications géologiques.
Mes itinéraires se trouvent d'ailleurs parfaitement reproduits dans
la carte topographique que j'ai jointe à mon ouvrage, non-seulement
parce qu'elle sert à reconnaître pas à pas les divers théâtres de mes
explorations, mais parce qu'elle est sans contredit la meilleure qui
existe sin- l'Asie Mineure, ,1e suis redevable de l'excellente exécution
do cette carte aux soins éclairés de M. le docteur A. Petermann, à
qui je ne saurais témoigner trop de reconnaissance
Je ne dois pas oublier de faire observer que, eu égard à l'échelle
très-resireinte de ma carte, j'ai été forcé de renoncer à y tigin-er beaucoup
de données géologiques qui occupent une place plus ou moins
considérable dans le texte de mon ouvrage; de sorte que c'est ce
texte qui devra être accepté chaque fois qu'il se présentera quelque
discordance sous le rapport purement géologique. Toutefois, la carte
devra être adoptée de préférence en tout ce qui concerne l'oi-thographe
des noms propres. Enfin, je me permettrai de dire quelques
mots sur le choix des teintes employées dans ma carte géologique,
question qui, malgré son caractère subordonné, a cependant une
certaine importance, puisqu'il est incontestalile que l'on se rend
compte d'une carte géologique avec d'autant plus de facilité et
de promptitude, que les teintes destinées à indiquer les divers
terrains se détachent les unes des autres avec plus de vigueur et de
netteté. 11 s'ensuit que, parmi toutes les combinaisons chromatiques
imaginables, la meilleure sera toujours celle qui permettra
de saisir et de comprendre les détails d'une carte géologique avec
le moins d'efforts possible, de même que parmi tous les genres
d'écritures on préférera celle qui se lit le plus aisément, sans se
1. L'indication détaillée de tous mes itinéraires a encore cet avantage, qu'elle
permet de distinguer au premier coup d'oeit les régions explorées par moi-même
de celles ciui n'ont été relevées sur ma carte géologique que par voie d'analogie
ou sur l'autorité d'autres observateurs. Ce dernier cas a notamment lieu dans ia
région est-sud-est de l'Asie Mineure, située en dehors de mes itinéraires, région
que j'ai coloriée provisoirement d'après les cartes géologitiues compulsées par
Sir R. Murcliison et A. Dumont, ainsi que d'après les renseignements fournis
par les travaux de J. tiussegger.
PRÎSKACR. vr i
t r op préoccuper du mérite calligraphique. Ce sont ces considérations
qui m'ont déterminé à faire choix des teintes les [ilus propres
à frapper les yeux et par conséquent à parler à l'esprit, sans me
laisser influencer par l'inconvénient qui peut en résulter dans le
sens purement artistique, en donnant lieu à ce qu'on qualifie de
taches ou do teintes criardes. D'ailleurs, cet inconvénient qui, eu
égard aux avantages qu'on oljtient, serait parfaitement insignihant,
lors même qu'il aurait le tort de contrarier la nature, a-t-il réellement
ce tort? Est-il vrai qu'en se trouvant dans une contrée
riche en roches les plus diverses, on les voit passer les unes aux
autres ? et lorsque des groupes noirs de basalte, à contours déchiquetés,
se dressent au milieu de dépôts lacustres d'une blancheur
éblouissante et alignés comme au cordeau, toutes ces masses ne
forment-elles pas réellement des contrastes tranchés, de véritables
taches dans le tableau'? Enfin, si, pour le peintre placé une certaine
hauteur, ce tableau semble offrir certaines transitions harmonieuses
de teintes qui n'existent point pour celui qui les voit de près, est-ce
une raison pour le géologue de sacrifier l'avantage de parler fortement
aux yeux, à une méthode artistique qui n'a pas même le
mérite d'être naturelle, et ne repose que sur une illusion?
Pour revenir à l'objet principal de ma nouvelle publication, je
terminerai en déclarant encore iine fois que je ne me présente
que comme un éclaireur de la science géologique dans l'Asie
Mineure. Toutefois, ce n'est peut-être pas sans quelque raison que
je me llatte d'avoir accompli des travaux durables' en rassemblant
une série de faits importants. C'est la partie vraiment solide de
mon ouvrage, celle qui restera acquise à la science , tandis que les
diverses conclusions que l'observateur se sera cru autorisé à tirer de
ces faits sont susceptibles de ne pas résister toutes à l'épreuve du
temps, et peuvent laisser place à d'autres interprétations basées sur
la découverte de nouveaux faits. On le voit donc, je suis loin d'exagérer
la portée réelle de mes travaux, puisque, malgré leur incontestable
mérite de nouveauté, j'ai réduit mes aspirations à des
proportions comparativement limitées.
Peut-être même n'auraient-elles pas été sullisantes pour jusiifier
le sacrifice de près de vingt années de la plus belle partie de ma