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68-2 TE R R A I N S DE TRANSITION,
plus la moindre trace organique, mais encore les roches
calcaires qui composent toutes ces monlagnes offrent de si
nombreuses variétés dans leur strucliire, leurs teintes et en
général dans tout leui- aspect, que souvent elles ne conservent
plus rien du fades des terrains de transition ; aussi n'ai-jc
point osé étendre le domaine dévonien au delà des parages
fossilifères du Karabounar Dagh, et ce n'est même qu'avec
toute réserve que je rapporte aux terrains de transition indéterminés
cette partie de l'Anti-Taurus comprise entre le
Karabounar Dagh et le Kalé Dagh, en considérant provisoirement
le Kalé Dagh comme marquant la limite septentrionale
de ces terrains.
I I .
Si, dans l'état actuel de nos connaissances relativement
à la région susmentionnée de l'Anti-Taurus, il n'est guère
possible de déterminer l'extension réelle des dépôts dévoniens
du Karabounar Dagh dans les directions de nord et
de nord-ouest-nord, par contre, le développement de ces
dépôts dans le sens de l'ouest pourrait être apprécié avec
assez de probabilité, puisque le Karabounar l!)agh ainsi que
le Katran Dagh ne sont séparés que par l'étroite vallée de
l'Aleous Tchaï, de la longue chaîne montagneuse qui forme
le bord oriental de la vallée de Zamantia Sou ; or, c'est
dans un des massifs qui composent cette chaîne que j'ai
constaté l'existence de fossiles dévoniens.
.l'ai fait cette intéressante découverte en me rendant (en
18^8) de Kaïsarié, par Tomarzé, dans l'intérieur de l'Anti-
1
C H A P I T R E IV. 68 3
Taurus, afin d'effectuer une coupe transversale depuis
Tomarzé ' jusqu'à ïladjin. C'est à 2 lieues environ au sudouest
sud de ce couvent arménien, situé à 8 lieues au sudest
de Kaïsarié. que les roches trachytiques se trouvent
remplacées par des calcaires tantôt blancs, éclatant sous le
marteau, tantôt noirs et luisants. Ils forment deux chaînes
parallèles qui bordent à une certaine distance les deux rives
du Zamantia Sou. La chaîne orientale fait déjà, partie du
grand inassif de TAnti-Taurus, désigné dans ces parages
par le nom collectif de Kozan Dagh. Sur plusieurs points,
1. Tomarzé ne consiste qu'en un grand couvent arménien, très-solideraenL
construit, et occupé par une trentaine de frères, il joui t dans toute
la contrée d'une immense considération, grâce non-seulement à l'honorab
i l i t é et à la vie active qui distinguent avantageusement cette congrégation
r e l i g i e u s e des autres couvents chrétiens de TOrient, mais surtout grâce à
l'cUtitude ferme et énergique qu'elle sait maintenir à l'égard des tribus
d é p r é d a t r i c e s des Âvchars; car, tout en se rendant utiles à ces homme.'i
féroces, par des actes de charité et des soins efficaces, les moines de
Tomarzé se servent admirablement de leurs fusils chaque fois qu'il s'agit
d e faire respecter l'inviohibilité de leur demeure solitaire. Aussi, lorsq
u ' a p r è s avoir passé la nuit dans ce couvent, je me préparais le lendemain
il cont inuer mon voyage, précisément à travers une région infestée par ces
b r i g a n d s privilégiés, le supérieur de Tomarzé nie conseilla de congédier
l ' e s c o r t e qui m'avait été donnée par le pacha de Kaïsarié et d' y substituer
u n sim|)le frère du couvent, n'ayant pour tout insigne extérieur que son
costum e monacal, très-analogue à celui des prèlres et des moines grecs.
J ' e u s lieu de me féliciter d'avoir accepté ce singulier [protectorat, car le
r e l i g i e u x chrétien, parfaitement armé et montant un superbe étalon, prod
u i s i t partout sur les fanal.i(iues musidmnns une impression que la milice
orthodoxe du pacha n'aurait jamais pu faire naître, Tellement il est \rai
q u e l'audaco des tribus nomades qui infe.stent les provinces lointaines de
l'empire ottoman [mise sa force [U-incipale. et peut -êt r e unique, dans la faiblesse
de son gouvei'nemenl dont les agents n'in¡i;rent ni confuince ni resp
e c t ; en sorte que ce qui manque à la Turquie, c'est moins la puissance
m a t c r i e l l o que lo prestige moral.
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