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ilîo ROCHES ÉRUPTIVIÎS.
tateur sur le versant opposé qui renferme précisément mie
des parties les plus intéressantes de la montagne, savoir, le
cratère. Malheureusement les nombreuses saillies des rochers
dérobent ce dernier presque complètement aux regards,
et d'ailleurs les pentes abruptes ne permettent guère au
géologue de quitter son périlleux observatoire pour se rapprocher
de l'abîme mystérieux qui se déploie à ses pieds.
A en juger par les rares échappées que présentent çà
et là les anfraetuosités des rochers, cet abîme apparaît
comme un entonnoir d'une immense profondeur, mais à
orifice considérablement restreint, ou bien comme un cône
renversé à sommet démesurément allongé et à base circonscrite.
Là oil les parois intérieures de cet entonnoir offrent
des pentes moins abruptes, on aperçoit des lambeaux de
neige dont la teinte bleuâtre semble indiquer une structure
compacte à la manière d'une glace solide; ce qui ferait
supposer que le cratère renferme de véritables glaciers,
quoique à la vérité peu étendus. Quant aux roches qui constituent
les parois et le fond du cratère, je n'ai pu y observer
rien qui attestât la présence d'anciennes coulées de laves,
phénomène qui d'ailleurs ne se voit distinctement sur aucun
point du revers méridional du cône, oii il aurait dû laisser
quelques traces, si les matières incandescentes avaient été
vomies à l'état fluide, car dans ce cas elles auraient déterminé
des coulées le long du revers méridional du cône
même, dont le cratère terminal n'a pu avoir à son origine
la forme qu'il présente aujourd'hui. Cette forme n'est évidemment
que le résultat de catastrophes subséquentes qui
ont complètement bouleversé l'ancien oiifice en en détruisant
les bords nord et nord-est, et en relevant démesurément
les bords sud et sud-est.
CHAPITRE tv. |3i
Voilà à peu près tout ce qu'il est permis de dire du
cratère du mont Argée, tant qu'on n'a pu l'observer que
de la sommité du revers méridional du cône central,
d'où le regard ne saurait plonger dans l'intérieur à cause
des saillies nombreuses qui le masquent, et d'oü, à plus
forte raison, il serait extrêmement difficile d'effectuer une
descente. Le seul moyen qui resterait pour étudier le cratère
du mont Argée, ce serait d'opérer l'ascension de la montagne
non par son versant méridional, mais par son revers
nord ou nord-est-nord, c'est-à-dire du côté de Kaïsarié.
Or, personne ne paraît l'avoir tenté encore, et je regrette
vivement que, malgré les fréquentes visites que j'avais faites
à cette ville où le toit hospitalier de M. Suter, consul d'Angleterre,
m'offrit en tout temps un refuge aussi sûr qu'agréable,
je n'aie jamais été dans le cas d'aborder le colosse
cappadocien par son revers septentrional, m'étant toujours
trouvé dans des conditions défavorables pour cette ascension,
peut-être moins difficile et moins dangereuse que ne
le prétendent les gens du pays ; car chaque fois que les
orientaux ont affaire aux étrangers, ils ne manquent jamais
de déclarer impraticable tout ce qu'ils n'ont pas fait euxmêmes,
ou tout ce qui exige des efforts quelconques dont
les motifs et le but leur sont incompréhensibles et souvent
suspects. En réservant donc l'examen du revers septentrional
du mont Argée, soit à mes explorations ultérieures,
soit à celles des géologues qui visiteront après moi celte
remarquable montagne dont j'ai à peine effleuré l'étude, je
dois me contenter pour le moment de l'ébauche générale que
je viens de tracer de son revers méridional, en y ajoutant
quelques observations que m'a fournies la partie de son revers
oriental par lequel je suis descendu pour retourner à Kaïsarié.